1Une nouvelle revue est toujours un avènement. Éditée par l’université de Bordeaux, la revue Études et Pédagogies (https://etudesetpedagogies.fr/​) mérite d’être connue pour de nombreuses raisons : non seulement elle est numérique, en accès libre, et publie au fil de l’eau, mais plus fondamentalement, elle vise l’amélioration de la formation universitaire en étant consciente des enjeux sociétaux auxquels celle-ci doit faire face. C’est là un objectif pertinent et ambitieux qu’elle tente de réaliser grâce à des « Retours d’expériences », des « Enquêtes et recherches », des « Regards croisés », des « Notes de lecture » et des « Annonces ».

2Ainsi, les deux retours d’expériences publiés fin avril 2023, au moment où elle est lancée, montrent, d’une part, l’émergence et la nécessité d’un nouveau métier à l’université, celui de « coordinateur ou coordinatrice pédagogique », et, d’autre part, le rôle important de retours réguliers pour donner du sens à la note obtenue, celle-ci étant souvent incomprise par les étudiants. Ceci est d’ailleurs conforté par une enquête auprès de six mille étudiants de l’université de Bordeaux : ceux-ci accordent une grande importance aux dispositifs d’évaluation des acquis mais soulignent le manque de rétroactions, l’opacité des critères utilisés pour juger des travaux, l’univocité des dispositifs utilisés, le sentiment d’iniquité et de stress qui ressortent des expériences vécues.

3Les articles des « Regards croisés » permettent d’inspirer ceux qui ont le souci d’améliorer la formation universitaire. Ainsi, huit enseignants-chercheurs de l’université de Bordeaux témoignent de l’importance des modalités d’accompagnement des enseignants, tout particulièrement les ateliers d’échanges de pratiques, les soutiens apportés aux équipes pédagogiques, la collaboration d’un enseignant compagnon et d’un ingénieur pédagogique. Mais les regards croisés peuvent aussi être internationaux. Les rencontres franco-québecoises indiquent des éléments incontournables pour réussir la transformation pédagogique universitaire : l’ouverture des cursus (alignement pédagogique, parcours et progression personnalisés) ; l’ancrage des programmes de formation (compétences transversales, ancrage dans la recherche, enjeux sociétaux) ; l’autonomisation et la responsabilisation des étudiants, tant au sein de l’acte d’apprentissage et au sein des programmes que dans l’environnement d’étude.

4Ce regard croisé a sans doute amené la revue à présenter une première note de lecture sur le « Plan d’action pour la réussite en enseignement supérieur au Québec 2021-2026 ». Celui-ci tente d’agir sur l’accessibilité des formations, l’intégration des étudiants dans leur environnement, l’accompagnement tout au long de la formation et une réelle augmentation du taux de réussite. La seconde note de lecture n’est pas moins intéressante, en ces temps marqués par les effets de la pandémie de Covid et la montée en puissance des dispositifs hybrides. Sur la base d’une revue critique de la littérature internationale, les deux auteurs identifient six types de dispositifs hybrides. Le type 1 correspond à un dispositif très fermé, avec peu de participation active étudiante, pas ou peu d’outils mis à disposition, peu d’accompagnement et peu d’interrogations sur le rapport étudiant au savoir. À l’autre bout du spectre, le type 6 présente les caractéristiques inverses, en étant centré sur l’apprentissage alors que le premier est centré sur l’enseignement. Au terme de leur article, les auteurs mettent en évidence combien de tels dispositifs sont susceptibles de transformer le milieu pédagogique, de remettre en question le métier d’enseignant et exigent de développer de nouvelles compétences.

5En plus des rubriques précitées, la revue présente des annonces, en l’occurrence ici un nouveau projet de thèse sur l’analyse du discours professoral, un nouvel outil pédagogique au service de l’apprentissage des étudiants (Web Interactive Multipurpose Server) et la parution d’un ouvrage, Plaisir d’enseigner. Itinéraire de deux martiennes.

6Cette nouvelle revue mérite d’être connue. Puisse-t-elle contribuer à transformer la formation universitaire pour répondre aux enjeux sociétaux dans un monde caractérisé par une incertitude fondamentale.