1Cette contribution porte sur les deux principaux aspects du choix scolaire dans l’enseignement primaire et secondaire en Australie : le choix d’une école et celui d’une filière d’études dans l’enseignement secondaire supérieur. Après un aperçu de la structure et de l’organisation de l’enseignement scolaire en Australie, nous examinerons le choix scolaire sous trois angles : la nature et la fréquence des choix scolaires ; les parties prenantes dans le choix de la filière d’études ; et les politiques publiques en la matière. Nous aborderons enfin les implications du choix scolaire en Australie en termes d’équité et d’efficacité de l’éducation, et formulerons des recommandations pour améliorer l’équité du système, tout en préservant les possibilités de choix.
2L’Australie dispose d’un système scolaire intégré en douze ans. Dans la plupart des États, l’école primaire couvre les six premières années de la scolarité et l’enseignement secondaire de la septième à la douzième année. De la première à la dixième année, tous les élèves suivent un curriculum intégré et étudient les mêmes matières principales. Au cours des deux dernières années de la scolarité, les élèves choisissent des matières spécifiques ainsi qu’une filière d’études.
- 1 L’Australie, ou Commonwealth d’Australie, est un pays à régime fédéral comprenant six États (Austr (...)
3L’enseignement scolaire relève de la responsabilité des États et territoires australiens1, mais le gouvernement fédéral joue également un rôle. Les autorités éducatives des États financent, organisent et gèrent les établissements d’enseignement publics dans leur État ou territoire respectif. Le gouvernement fédéral conçoit les curriculums nationaux, évalue et rend compte des résultats des élèves via l’ACARA (Australian Curriculum, Assessment and Reporting Authority). L’ACARA évalue la littératie et la numératie des élèves au cours des troisième, cinquième, septième et neuvième années, par le biais d’un test standardisé, le NAPLAN (National Assessment Program – Literacy and Numeracy). Tous les élèves sont tenus de passer le NAPLAN. Les résultats moyens des établissements à ce test sont publiés sur le site Web MySchool, géré par l’ACARA, qui vise à fournir aux familles des informations sur les écoles.
4L’Australie dispose également d’un important secteur éducatif privé. Les écoles publiques (government schools) sont gérées et financées par les autorités éducatives des États. Les écoles privées (non-government schools) sont financées par des sources privées – familles, associations, Églises – tout en bénéficiant également d’un financement public, qui provient principalement du gouvernement fédéral mais également des autorités éducatives des États. Plus d’un tiers des élèves australiens fréquentent une école privée et 40 % fréquentent un établissement secondaire privé (Australian Bureau of Statistics, 2024).
5Dans cette section, nous examinerons les choix scolaires sous deux angles : le choix d’une école par les familles et le choix d’une filière d’études par les élèves dans l’enseignement secondaire supérieur.
6En Australie, les familles disposent de nombreuses possibilités de choix d’école. Les écoles publiques australiennes ont des secteurs de recrutement : les élèves d’un secteur donné sont assurés d’avoir une place dans leur école de secteur. Ils peuvent également demander à s’inscrire dans une école publique hors secteur, mais leur admission est à la discrétion de l’établissement. Les familles peuvent également choisir l’une des nombreuses écoles privées qui existent en Australie. Ces écoles comprennent principalement des écoles confessionnelles, mais également des écoles fondées sur des philosophies alternatives, telles que Steiner ou Montessori. Les écoles catholiques peuvent donner la priorité aux membres de l’Église catholique locale ou du diocèse.
7Les écoles secondaires publiques, notamment celles situées dans les quartiers aisés des grandes villes, sont souvent sursollicitées, le nombre de demandes d’inscription dépassant les capacités d’accueil. Face à cette demande excédentaire, il est fréquent que les autorités éducatives des États créent des programmes sélectifs pour les élèves résidant hors secteur. Dans ce cas, ces élèves ne sont admis que s’ils obtiennent une place dans le programme d’entrée sélectif. Ces établissements sont dits « partiellement sélectifs » car la plupart des élèves y sont inscrits sur la base de leur résidence dans le secteur de l’école et seule une minorité d’élèves y est admise via le programme d’entrée sélectif. Les écoles publiques entièrement sélectives, qui ne sont pas liées à un secteur et recrutent leurs élèves sur la base d’une sélection scolaire, sont relativement rares, représentant 1 % des écoles publiques australiennes (Tham et al., 2024). Si le pourcentage d’élèves qui fréquentent ces écoles est très faible, la demande est bien supérieure à l’offre de places. Ainsi, en 2024, 18 500 élèves ont passé le test d’entrée sélectif pour le lycée en Nouvelles-Galles du Sud pour 4 200 places disponibles (ibid.).
- 2 Un dollar australien équivaut à 0,62 euro (novembre 2024) (NdlR).
8Le choix scolaire est également permis par l’existence d’un vaste secteur éducatif privé en Australie. Les écoles privées sont nombreuses et variées. La plupart ont une orientation religieuse, généralement catholique ou protestante. Les frais de scolarité pratiqués par ces écoles varient considérablement, de quelques milliers de dollars australiens (AUD) pour les moins chères à plus de 30 000 AUD2 dans les écoles les plus prestigieuses et élitistes. Les écoles privées sont rarement sélectives sur le plan scolaire, bien qu’elles puissent admettre les élèves sur la base de leurs antécédents scolaires ou de leur comportement.
9La seconde dimension majeure du choix scolaire en Australie est le choix d’une filière d’études dans l’enseignement secondaire. Le curriculum national fournit un cadre intégré pour les élèves de la première à la dixième année de scolarité. En onzième et douzième années, les parcours scolaires se scindent en filières générales et professionnelles, avec des variations substantielles au sein de chaque filière. Les élèves peuvent obtenir un certificat de fin d’études (c’est-à-dire un diplôme de fin d’études secondaires) en suivant soit la filière générale, soit la filière professionnelle.
10Dans la filière générale, il faut valider quatre à six matières en onzième et douzième années pour obtenir un certificat de fin d’études secondaires. Ces matières sont proposées à deux niveaux : des matières « générales » pour les élèves qui ne souhaitent pas poursuivre leurs études et des matières faisant l’objet d’une évaluation externe. Les matières faisant l’objet d’une évaluation externe donnent lieu à un score dans le classement d’admission à l’université australien (ATAR : Australian Tertiary Admission Rank), utilisé par les universités australiennes pour recruter les étudiants. Ces examens externes sont conçus et administrés par les autorités éducatives de chaque État ou territoire.
11Chaque autorité éducative étatique élabore les normes et les programmes pour les matières générales et les matières faisant l’objet d’une évaluation externe. Ces matières couvrent huit domaines d’apprentissage : les arts, l’anglais, l’éducation physique et à la santé, les sciences humaines et sociales, les langues, les mathématiques, les sciences et les technologies. Chaque domaine d’apprentissage est composé de matières spécifiques. Ainsi, le domaine d’apprentissage des sciences comprend des matières distinctes : biologie, chimie, sciences de la Terre et de l’environnement, biologie humaine, physique et psychologie. Chaque juridiction éducative propose généralement autour de quatre-vingts matières, voire plus, pouvant être étudiées dans les écoles.
12Les écoles choisissent les matières qu’elles proposent à leurs élèves. Très peu d’établissements offrent l’ensemble ou la plupart des matières disponibles dans leur État. La plupart d’entre eux proposent des matières fondamentales en anglais, en sciences et en mathématiques, mais d’importantes variations existent entre les offres des établissements s’agissant des matières plus spécialisées. Les propositions dans le domaine des arts et des sciences humaines, notamment en langues étrangères, sont particulièrement variées.
13Les élèves disposent d’une grande flexibilité pour choisir les matières qui correspondent à leurs intérêts et à leurs aspirations parmi celles qui sont proposées par leur école. S’ils sont tenus de suivre un cours d’anglais et un cours de mathématiques, de sciences ou de technologie, ils sont par ailleurs autorisés à se spécialiser et à choisir des cours qui correspondent à leurs intérêts et à leurs aptitudes.
14En Australie, l’enseignement professionnel permet d’obtenir des certificats reconnus, accrédités et standardisés au niveau national, à quatre niveaux (le certificat de niveau 1 étant le plus élémentaire et celui de niveau 4 le plus avancé). Par exemple, pour devenir électricien, il faut obtenir un certificat de niveau 2 en électrotechnologie, puis suivre un apprentissage et une formation structurée supplémentaire, débouchant sur un certificat de niveau 3 d’électricien en électrotechnologie.
15Les élèves de l’enseignement secondaire peuvent suivre une filière d’enseignement professionnel soit par le biais d’une formation dans leur école, soit dans un établissement de formation agréé. De nombreuses écoles secondaires proposent des filières d’enseignement professionnel menant à un certificat de niveau 2, mais peu d’entre elles offrent une gamme complète de qualifications professionnelles (DET, 2017). La plupart des filières professionnelles proposées dans les écoles secondaires relèvent des secteurs des soins et de l’hôtellerie, où les emplois sont relativement mal rémunérés (Polesel, 2008). Cela a très certainement à voir avec le fait que les formations professionnelles plus spécialisées conduisant à des métiers qualifiés sont coûteuses à mettre en place dans des établissements d’enseignement secondaire.
16Pour obtenir un diplôme de fin d’études secondaires, les élèves peuvent choisir la filière générale ou professionnelle. Dans la voie professionnelle, il leur faut généralement obtenir un certificat de niveau 2. Les élèves peuvent suivre les filières professionnelles proposées dans leur école secondaire, ou bien obtenir un certificat de niveau 2 dans un établissement de formation technique. Pour les élèves, il est plus confortable de suivre une filière professionnelle dans leur école, mais l’offre est généralement limitée. Les élèves peuvent également obtenir un diplôme de fin d’études secondaires en suivant une filière générale. Les élèves inscrits dans la filière générale choisissent de suivre des matières générales ou faisant l’objet d’une évaluation externe. Le fait de valider au moins quatre matières faisant l’objet d’une évaluation externe permet d’obtenir un score dans le classement d’admission dans l’enseignement supérieur australien (ATAR), utilisé par les universités pour recruter les étudiants.
17Si les filières d’études sont choisies par les élèves, les écoles orientent et conseillent ces derniers dans leur choix. Il n’existe pas d’approche globale ou standardisée pour cela, et les écoles disposent d’une certaine flexibilité pour informer les élèves et les orienter comme elles l’entendent. On constate, un peu tristement mais sans surprise, que les élèves ayant de bons résultats scolaires sont généralement encouragés à suivre une filière générale, tandis que les élèves moins performants ou démotivés sont souvent encouragés à choisir la voie professionnelle – cela étant considéré comme le plus pertinent pour eux. En général, les élèves issus de milieux socio-économiques défavorisés sont plus susceptibles de s’engager dans la voie professionnelle que leurs pairs provenant de milieux socio-économiques plus élevés (Lamb et al., 2015).
18Le système scolaire australien est très fortement soumis à la logique du marché, les écoles étant en concurrence pour attirer les élèves sur le marché éducatif. Dans la plupart des juridictions, les résultats des élèves dans les matières ATAR font l’objet d’un rapport public annuel, à travers la publication de classements dans les médias. Les écoles sont par exemple classées en fonction du pourcentage d’élèves ayant obtenu de bons résultats aux examens ATAR. Les établissements sont conscients que ces classements peuvent influencer les familles dans le choix d’une école et sont donc encouragés à maximiser leur classement ATAR global (Perry et Lubienski, 2020). Pour cela, ils peuvent encourager les élèves perçus comme peu performants à abandonner les matières ATAR afin de préserver l’image et la réputation de l’école (ibid.). Certains élèves peuvent ainsi être dissuadés, voire empêchés d’étudier certaines matières ATAR en onzième et douzième années, si leur établissement pense qu’ils n’en ont pas la capacité.
19En général, les autorités publiques n’influencent ni ne contraignent directement le choix des élèves en matière de filière d’études. Elles ne limitent pas le nombre d’élèves autorisés à étudier certaines matières ou dans certaines filières. Le choix des élèves est plutôt influencé par leurs motivations individuelles, l’offre disponible dans leur établissement et les conseils reçus, de la part des enseignants ou des écoles, quant à leur aptitude à suivre une matière spécifique.
20On peut cependant avancer que les autorités éducatives influencent indirectement le choix des élèves, par le biais de l’organisation du système et de la fourniture de ressources et de financement aux écoles. Les choix des élèves en matière de filière d’études sont en grande partie déterminés par l’offre disponible dans leur école. Cette offre est elle-même influencée par les ressources dont dispose l’école, ainsi que par son positionnement sur un marché éducatif concurrentiel (ibid.).
21L’orientation professionnelle prend différentes formes en Australie. Le curriculum australien prévoit une matière dédiée à l’orientation professionnelle, proposée en tant que matière facultative (non obligatoire) en neuvième année, lorsque les élèves ont autour de 15 ans. Pour le reste, les élèves reçoivent des informations par le biais de leurs enseignants, des conseillers d’orientation des écoles, de leurs parents et de leurs pairs (D’Angelo et Dollinger, 2023). L’information en matière d’orientation professionnelle n’est pas fournie de façon uniforme, complète ni systématique en Australie ; elle varie considérablement d’une école à l’autre et d’une juridiction à l’autre (DET, 2017). Des politiques publiques fédérales ont été élaborées pour favoriser une approche davantage structurée et cohérente, notamment deux stratégies : National Career Development Strategy et Future Ready: A Student Focused National Career Education Strategy. Néanmoins, l’orientation professionnelle reste relativement peu coordonnée et structurée dans l’enseignement australien.
22Le système scolaire australien offre de nombreuses possibilités de choix scolaire, notamment grâce au large éventail de matières proposées aux élèves de l’enseignement secondaire supérieur, ainsi qu’à la grande diversité d’écoles dans lesquelles les familles peuvent choisir d’inscrire leurs enfants. Cette grande liberté en matière de choix scolaire s’accompagne cependant de plusieurs défis en termes d’efficacité et d’équité éducatives.
23Premièrement, le choix d’école est contraint. L’admission dans une école publique hors secteur n’est pas garantie et demeure à la discrétion des établissements. Dans les faits, cela signifie que les écoles peuvent ne pas accepter les élèves présentant des caractéristiques jugées indésirables, par exemple des problèmes de comportement ou des difficultés d’apprentissage. L’admission dépend également des places disponibles pour les élèves résidant hors secteur, en particulier dans les écoles secondaires publiques situées dans des quartiers aisés qui sont généralement les plus recherchées par les familles. Ces établissements limitent souvent les admissions hors secteur aux élèves dotés de capacités scolaires, sportives ou artistiques exceptionnelles. Les frais de transport additionnels peuvent également empêcher certaines familles de choisir une école publique hors secteur.
24Des barrières existent également s’agissant du choix d’un établissement privé, principalement d’ordre financier. Les écoles privées les moins chères facturent quelques milliers de dollars australiens par an, mais le coût annuel moyen d’une école privée est d’environ 10 000 AUD et certains établissements facturent jusqu’à 20 000 AUD par an, voire plus. Un coût prohibitif pour de nombreux ménages australiens.
- 3 On parle de stunted outcomes en anglais, pour désigner la façon dont la ségrégation scolaire a une (...)
25L’exercice du choix scolaire est très répandu en Australie, de nombreuses options existant pour de nombreux ménages, du moins pour ceux disposant de ressources. Parmi les pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), l’Australie présente l’un des niveaux les plus élevés de choix scolaire et de concurrence entre écoles. Cette situation a toutefois un coût, car elle est associée à des niveaux plus élevés de stratification et de ségrégation scolaires, ce qui est susceptible d’entraver les résultats3 des élèves issus de milieux socio-économiques défavorisés (Perry et al., 2024). Cette situation est préjudiciable pour ces élèves et leurs communautés, et elle a également des répercussions négatives sur la société dans son ensemble (Lamb et al., 2015).
26Deuxièmement, le choix des matières au niveau de l’enseignement secondaire supérieur est limité dans de nombreux établissements. Le nombre de matières pouvant potentiellement être proposées dans une juridiction donnée est certes très important, mais peu d’écoles sont en mesure de proposer une grande diversité de matières. En outre, les différences entre établissements en matière de type et de nombre de matières proposées ne sont pas fortuites. Le nombre de matières proposées dans une école dépend de son statut (public ou privé), de sa taille et de sa composition socio-économique (Perry et Southwell, 2014). Les écoles privées et les écoles publiques à la composition socio-économique élevée sont celles proposant le plus grand nombre de matières, tandis que les petites écoles aux profils socio-économiques les plus bas, pour la plupart des écoles publiques, sont celles qui en proposent le moins. Cela signifie que les élèves résidant dans des communautés aisées ou ayant la capacité de payer une école privée ont davantage de possibilités de choix curriculaire.
27Enfin, les filières d’enseignement professionnel ne sont pas suffisamment disponibles ni particulièrement bien organisées en Australie (DET, 2017). La plupart des programmes proposés dans les établissements d’enseignement secondaire – les plus adaptés à des élèves d’âge scolaire – sont de faible qualité et/ou se situent dans des secteurs où les emplois sont mal rémunérés (Polesel, 2008). Les jeunes peuvent également étudier dans un établissement supérieur d’enseignement technique (TAFE : Technical and Further Education), mais ces établissements sont généralement conçus pour des apprenants adultes et ne sont donc pas toujours adaptés à des élèves d’âge scolaire. Les jeunes peuvent également s’engager dans la voie professionnelle par le biais d’un apprentissage, mais il n’est pas facile d’y accéder. De manière générale, les filières d’enseignement professionnel disponibles pour les élèves du secondaire sont donc limitées, peu adaptées aux jeunes ou difficiles d’accès.
28Accroître les possibilités de choix scolaire pourrait contribuer à renforcer l’équité et l’efficacité de l’éducation en Australie. Le marché du travail australien fait régulièrement face à de graves pénuries de compétences, notamment dans les secteurs de la santé, de l’ingénierie, de la finance et de la comptabilité, de la construction, de l’extraction minière et bien d’autres. Ces pénuries concernent aussi bien les métiers spécialisés que les professions nécessitant un diplôme universitaire (DET, 2017). Les gouvernements des États et des territoires ainsi que le gouvernement fédéral entendent améliorer la capacité du système scolaire australien à remédier à ces pénuries de compétences. Cela implique de lever les obstacles pouvant empêcher les jeunes de développer leurs talents et d’atteindre leurs objectifs. L’Australie ne peut s’offrir le luxe de gâcher des talents.
29Une recommandation évidente est d’améliorer l’accès à des filières d’enseignement professionnel de qualité. De manière générale, il est nécessaire de développer et de coordonner bien davantage ces filières, notamment pour les jeunes d’âge scolaire. Mettre en place une offre d’enseignement professionnel de qualité est coûteux pour les écoles ; la planification et le financement de ces filières devraient donc être centralisés au niveau des autorités éducatives de niveau supérieur. Une possibilité serait que chaque juridiction éducative conçoive une gamme de parcours professionnels impliquant différents établissements, chacun se concentrant sur une industrie particulière (par exemple, l’automobile). Parvenir à créer des filières professionnelles de meilleure qualité dans les établissements d’enseignement secondaire nécessite des fonds supplémentaires, qui pourraient être dégagés en mettant un terme au financement public par les États et les territoires des écoles privées pratiquant des frais de scolarité élevés.
30Une autre recommandation est de réformer les mécanismes de financement des écoles. Les gouvernements des États et des territoires et le gouvernement fédéral australien accordent un financement public important aux écoles privées, afin de promouvoir la diversité des options scolaires (Perry, 2024). Ces mécanismes de financement favorisent un système scolaire stratifié, avec de grandes différences entre les établissements socialement favorisés et défavorisés. L’Australie est en effet l’un des pays de l’OCDE où l’allocation des ressources entre les écoles socialement défavorisées et les écoles favorisées est la plus inéquitable. Ces fortes différences entre établissements exercent une pression sur les familles et les incitent à choisir une « bonne » école, ce qui a pour effet d’accroître encore davantage la ségrégation scolaire et de créer un cercle vicieux, dont il est difficile de sortir. Une recommandation serait de n’apporter un financement public aux écoles privées que dans la mesure où elles respectent l’allocation par élève définie au niveau fédéral. Les écoles privées pratiquant des frais de scolarité au-delà de cette allocation cesseraient de recevoir des financements publics. Ces fonds pourraient alors être utilisés pour soutenir les expériences, les opportunités et les résultats scolaires des élèves défavorisés et des établissements sous-financés.
31L’Australie dispose d’un système éducatif intégré pour le primaire et le secondaire, dans lequel un seul type d’établissement secondaire supérieur offre différents choix aux élèves dans l’enseignement général comme professionnel. Tous les élèves suivent le curriculum national intégré de la première à la dixième année de leur scolarité, puis, au cours des deux dernières années de l’enseignement secondaire, ils choisissent une filière générale ou professionnelle. Une minorité d’élèves quittent l’école secondaire après la dixième année pour entrer dans la vie active, suivre un apprentissage ou fréquenter un établissement supérieur d’enseignement technique. Les élèves et leurs familles choisissent une filière d’études en fonction des intérêts et des aspirations des élèves. Les enseignants et les établissements leur prodiguent des conseils et encouragent souvent les élèves ayant de moins bons résultats à choisir une filière professionnelle dans le second cycle de l’enseignement secondaire. Dans certains cas, ces conseils sont une façon de réduire l’incidence négative sur la réputation scolaire de l’établissement, les résultats moyens des écoles étant rendus publics.
32En Australie, le choix scolaire passe également par le choix d’une l’école. L’Australie est l’un des pays de l’OCDE où le choix scolaire et la concurrence entre écoles sont les plus élevés. Le pays dispose d’un vaste secteur éducatif privé et plus de 40 % des élèves du secondaire sont scolarisés dans une école privée. Mais le choix scolaire concerne également le secteur public, les écoles publiques pouvant admettre des élèves résidant en dehors de leur secteur de recrutement. Les mécanismes de financement des écoles favorisent le choix scolaire, car ils sont fondés sur des allocations par élève ; ainsi, les établissements sont récompensés lorsqu’ils attirent des élèves. Toutes les écoles privées, y compris les écoles religieuses et celles fondées sur des philosophies alternatives, bénéficient d’un financement public. Les écoles privées pratiquent également des frais de scolarité, qui peuvent varier considérablement.
33L’Australie offre aux élèves et à leurs familles une grande diversité en termes de choix scolaire, leur permettant de choisir leur établissement, mais également les matières de l’enseignement secondaire supérieur. Ces choix sont cependant contraints par les ressources financières des familles et des établissements. Ainsi, la possibilité de choisir l’école de son choix est limitée par la capacité à payer les frais de scolarité d’une école privée (les plus prestigieuses d’entre elles étant financièrement excluantes), par le fait de résider dans le secteur de recrutement de l’établissement public souhaité, de disposer d’un moyen de transport pour se rendre dans une école hors secteur ou d’avoir des capacités scolaires, sportives ou artistiques suffisantes pour être admis dans une école publique hors secteur très demandée. De même, la possibilité de choisir une matière dans l’enseignement secondaire supérieur est déterminée par l’offre curriculaire de l’établissement, elle-même déterminée par sa composition socio-économique, son statut public ou privé, sa taille et ses ressources. Tous ces facteurs se combinent et s’exacerbent mutuellement, les écoles privées pratiquant des frais de scolarité élevés et les écoles publiques situées dans les quartiers aisés offrant le plus grand choix curriculaire, tandis que les écoles publiques socialement défavorisées sont celles où le choix est le plus restreint. Enfin, les propositions en matière d’enseignement professionnel dans les établissements du secondaire supérieur ne sont pas suffisamment disponibles ni promues, ce qui signifie que choisir cette voie exige des efforts et des ressources considérables de la part des familles.
*
**
34Le système éducatif australien offre de nombreuses possibilités de choix scolaire. Il autorise une assez grande flexibilité et les élèves et leurs familles disposent de nombreuses options pour choisir leur école et leur filière d’études. Cependant, ces choix sont compromis par des politiques éducatives qui ont conduit à un système scolaire stratifié et ségrégué. Promouvoir le choix scolaire de manière plus équitable permettrait d’obtenir de meilleurs résultats et de mieux satisfaire l’ensemble des élèves et des familles, et non uniquement ceux disposant de plus de ressources.