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AccueilNuméros91Hommage à Claude JaveauDu côté de la vie bien remplie

Hommage à Claude Javeau

Du côté de la vie bien remplie

Claude Javeau en amicale connivence
Fabien Ollier
p. 45-55

Résumés

Dès notre première rencontre en 2006 et jusqu’à son décès, Claude a accompagné la plupart de mes projets éditoriaux. Au sein des revues Mortibus, Kitej et Quel Sport ?, ses interventions témoignent de sa passion pour une anthropologie philosophique ouverte, pluraliste, universaliste et critique.

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Texte intégral

2006, Bruxelles : première rencontre

  • 1 Jean-Paul Sartre, « Plaidoyer pour les intellectuels », Situations philosophiques, Paris, Gallimard (...)
  • 2 Voir Jean-Marie Brohm, Roger Dadoun et Fabien Ollier, Heidegger, le berger du néant. Critique d’une (...)
  • 3 Herbert Marcuse, Eros et civilisation. Contribution à Freud, Paris, Minuit, « Arguments », 1991, p. (...)

1Ma première rencontre avec Claude eut lieu à Bruxelles, le 8 novembre 2006, dans son bureau de l’Université Libre de Bruxelles, qui, dans mon souvenir, était recouvert de plusieurs strates d’ouvrages, de documents divers éparpillés, de dossiers plus ou moins épais à travers lesquels il semblait naviguer tout à son aise, comme par un pied de nez ironique à l’ordre bureaucratique des sociologues prestataires de services et autres « techniciens du savoir pratique »1 qui aiment tant mettre en fiches, classer, normer et hiérarchiser leurs objets de « recherche ». Par l’intermédiaire de son collègue et ami Jean-Marie Brohm avec qui je travaillais sur plusieurs projets (fondation de la revue Quel Sport ?, campagne de boycott des Jeux olympiques de Pékin 2008, ouvrage collectif contre l’ontologie politique nihiliste de Martin Heidegger2), je lui avais demandé de m’accorder un entretien pour le troisième numéro de la revue Mortibus. Critique du capitalisme incarné que je dirigeais à l’époque. Celui-ci était consacré aux formes insidieuses de répression sexuelle dans la société techno-porno-capitaliste où les emprises au corps passent par ce que Herbert Marcuse qualifie de « désublimation répressive » : « libération de la sexualité dans des modes et sous des formes qui diminuent et affaiblissent l’énergie érotique »3.

  • 4 Pierre Bourdieu, Homo academicus, Paris, Minuit, « Le sens commun », 2012, p. 46-47.
  • 5 « C’est libérer la praxis, le gai savoir des sociologues » (René Lourau, Le Gai Savoir des sociolog (...)

2Claude avait accepté sans hésiter, sans contrepartie aucune, et s’était appliqué pendant plus de deux heures, en cette matinée brumeuse et froide de novembre, à répondre précisément aux questions que je lui posais. Il le fit, et cela me le rendit immédiatement sympathique, avec une rigueur de pensée, une passion pour la formule ciselée et le concept affûté qui se situaient non seulement aux antipodes de l’apparence « bordélique » de son lieu de travail, mais également à mille lieues de cet « esprit de sérieux » propre aux nombreux « fonctionnaires de la science normale »4 dont regorgent désormais les « labos » de la sociologie d’allégeance (du sport, du genre, du décolonialisme, etc.). Sa langue déliée, sans jargon ni pédanterie de « spécialiste » ou d’« expert », son humour légèrement décalé, son gai savoir de sociologue5 installèrent vite entre nous un respect d’égal à égal qui rompait avec l’habitus mandarinal consistant à répudier voire même mépriser la recherche extra-muros, aventurière et sans attaches comme c’était le cas de Mortibus, jeune revue transdisciplinaire au tirage confidentiel, bien incapable de servir de faire-valoir au « narcissisme des petites différences » (Adorno) qui fait traditionnellement rage dans les luttes de placements et de classements universitaires.

  • 6 Voir à ce sujet Claude Javeau, La culotte de Madonna. Essai sur la sexualité de masse, Mons, Éditio (...)
  • 7 Voir Vladimir Jankélévitch, L’ironie, Paris, Flammarion, « Champs », 1979. « L’ironie est de nature (...)
  • 8 Henri Lefebvre, La vie quotidienne dans le monde moderne, Paris, Gallimard, « Idées », 1968, p. 56- (...)
  • 9 Louis-Vincent Thomas, « Le corps dévoré : du réel au fantasme », Les chairs de la mort. Corps, mort (...)

3Une fois l’entretien achevé, aux alentours de midi, Claude m’invita à rejoindre avec lui sa compagne, Anne, qui travaillait dans un autre bureau de l’ULB. Afin d’éviter sans doute que ne s’installe la gêne des premiers instants entre inconnus, il nous présenta en usant de quelques plaisanteries dont je n’ai malheureusement plus la mémoire exacte, seulement qu’elles nous mirent tous en joie et que nous allâmes donc partager un bon repas dans une brasserie située à proximité le rire aux lèvres, des notes d’humour dans chaque phrase, un goût de la dérision aussi savoureux que les mets que nous dégustâmes. L’air de rien, tout en subtilités, Claude était passé de la profondeur de l’analyse sur la sexualité de masse ou « pléonastique » selon son expression6, à la surface du quotidien et de ses apparentes insignifiances sans donner aucunement l’impression de dévaluer l’une par l’autre. Tout au contraire, par son ironie dont la force subversive n’est plus à prouver7, il ne manqua pas de poursuivre, une bonne serviette autour du cou, une investigation commencée par Marx, continuée par Freud et reprise par l’École de Francfort, les Situationnistes ou Henri Lefebvre : « saisir le quotidien [avec] distance critique, contestation, comparaison ». Il savait bien en effet que « l’analyse critique du quotidien révélera des idéologies et la connaissance du quotidien comprendra une critique idéologique, et bien entendu une autocritique perpétuelle »8. Le problème de la production industrielle de « biens sexuels » et de leur consommation nécrophile (« cannibalisme de l’œil » dirait Louis-Vincent Thomas9 que Claude appréciait beaucoup), problème ô combien préoccupant pour tout un chacun dans sa corporéité pathétique de chaque instant, Claude l’abordait ainsi :

  • 10 Claude Javeau, « Sexe de masse, sexe pléonastique », Mortibus. Critique du capitalisme incarné, n°  (...)

Je fais partie de ceux qui n’ont pas répudié l’idée d’une société de masse, à la suite de Canetti, Ortega ou l’École de Francfort. Les conduites sont normées par toute une série de modèles et cette normalisation atteint la plupart des gens. […] Pourquoi débouche-t-on sur la nécrophilie ? Bien que cela soit métaphorique, bien sûr, cela veut dire que les corps qui nous sont offerts à travers les images (sur la toile, dans les magazines, etc.) sont des corps à sexe mort. […] Il n’y a pas de présence réelle ni de dépassement vers un être singulier. Il y a une espèce de corps généralisé qui se consomme par images ou par masturbation. L’érotisme devient un produit de consommation, il entre dans la marchandise comme le reste. Le nouveau, c’est qu’il est généralisé par “démocratisation” de la marchandise. Quand Marx écrivait L’Idéologie allemande, il y avait une partie des gens qui pouvaient échapper au règne de la marchandise, alors que désormais c’est le sort de tout le monde de voir les mêmes marchandises sous les espèces de photos, les mêmes images, sans réfléchir à leur sujet. La sexualité de masse est envisagée sous l’angle de la performance, cette même performance que l’on a quand on utilise convenablement une machine10.

  • 11 Claude Javeau, Six novelettes obliques, Mons, Talus d’Approche, « Littérature », 1997.

4Après le repas, Claude eut la gentillesse de me raccompagner à la gare et m’offrit ses Six novelettes obliques11 ainsi qu’un magnifique ouvrage de son ami photographe Michel Hanique, Intérieurs jour, série de photographies en noir et blanc de femmes posant dans une pièce de leur propre maison, nues ou à peine habillées, dans des poses choisies par elles-mêmes. Il en avait écrit la préface et ces passages que j’ai lus et soulignés durant mon voyage retour, illustrent bien, ce me semble, la délicatesse autant que la précision sociologique de la plume de Claude quand elle se promenait sur les corps troublants des femmes de l’ordinaire :

  • 12 Claude Javeau, « Clotilde et le photographe », préface à Michel Hanique, Intérieurs jour, Bruxelles (...)

Qu’elle soit anodine ou provocante, la pose met en scène davantage qu’un corps unique. C’est quelque chose de l’ensemble des femmes d’aujourd’hui qui se trouve représenté. Non pas la Femme, cet “éternel féminin” qui n’a jamais été fêté que par les phallocrates bornés, mais bien les femmes concrètes, celles que nous croisons tous les jours au travail, dans la rue, dans les grandes surfaces ou sur les lieux de loisirs. […] Ce sont des femmes ordinaires qui, à la suite des courtisanes, ont découvert qu’elles avaient un corps et qu’il n’était pas illégitime de le montrer. Et elles le montrent comme elles croient que les corps d’aujourd’hui doivent être montrés. Avec ingénuité et perversité, avec innocence et appel du désir12.

Avec Mortibus et Kitej

  • 13 Voir Fabien Ollier, La vie en plein cœur, Cabris, Éditions Sulliver, « Littérature », 2011.
  • 14 Claude Javeau, Comprendre la sociologie, Verviers, Marabout Université, 1976 ; Leçons de sociologie(...)
  • 15 Claude Javeau, Haro sur la culture, Bruxelles, Éditions de l’Université de Bruxelles, 1974 ; Masse (...)
  • 16 Claude Javeau, Anatomie de la trahison, Belval, Circé, 2007. Cet ouvrage débute par : « À tous les (...)
  • 17 Claude Javeau, Les paradoxes de la postmodernité, Paris, PUF, « L’interrogation philosophique », 20 (...)
  • 18 Sur ces notions insaisissables qui remettent tout en question et en cause, voir Vladimir Jankélévit (...)
  • 19 Claude Javeau, Le petit murmure et le bruit du monde, Bruxelles, Les Éperonniers, « Passé présent » (...)
  • 20 Claude regrette les bons livres de Vian « qui nous changent de Marc Lévy, de Paul-Loup Sulitzer ou (...)

5Claude s’engagea dans l’aventure Mortibus trois ans durant, de 2006 à 2009, date de la mort de ma fille Lomé qui me força à y mettre un terme13. S’il ne souhaita pas participer à tous les numéros, c’était pour ne pas s’installer dans les pages de la revue tel un notable de sous-préfecture à la table de « son » restaurant. Refus de la facilité et de l’entre-soi complaisant. Même si la pluralité des sujets qu’il abordait lui aurait permis de me livrer aisément un article tous les six mois (de l’épistémologie de la sociologie14 à la critique de la culture, des universités et des aliénations de masse15, des différents ordres de la trahison16 aux leurres de la postmodernité17, en passant par des thèmes qui relèvent du « je-ne-sais-quoi et du presque-rien »18 comme le murmure, le futile, le plouc, le bricolage ou le mourir19), Claude préféra intervenir cum grano salis. Durant l’été 2008 il me fit le plaisir de participer au numéro 8/9 intitulé gravement « Gagner sa vie a-t-il un sens ? » en m’envoyant de stimulantes « Variations sur un thème de Boris Vian » sous-titrées par cette citation du romancier touche à tout : « Je ne gagne pas ma vie, je la vis ». Claude y ajouta un caustique « Et pas tout seul » L’interprétation érudite qu’il fait de la proposition vianesque rend bien compte de ses aspirations éthiques, politiques, utopiques (sans parler de ses goûts littéraires et musicaux qu’il évoque en passant20…) qui ne sauraient être réduites aux faux airs de social-démocrate qu’il arborait par goût de la ruse et de la feinte. Voici sa conclusion :

  • 21 Ibid. p. 200-201.

« Vivre la vie », ne serait-ce pas une autre manière de dire l’utopie ? […] En dépit des péans entonnés par les chantres de la mondialisation heureuse, le temps n’est pas passé de penser à des révolutions. Pacifiques, si possibles, mais ce n’est peut-être pas le vrai problème. Graduelles, sans doute, mais cela ne signifie pas nécessairement timorées ou au ralenti. Il va de soi que je n’en possède pas de recettes toutes faites. L’essentiel est d’en remettre l’idée dans les esprits. […] Plus loin qu’une vie à vivre chacun pour soi, il existe un horizon où se trouve inscrite la possibilité de vivre une vie collective qui aurait pour tous les membres de la collectivité la même saveur et la même capacité de renouvellement. C’est alors que « gagner sa vie » prendrait un tout autre sens, celui d’atteindre une autre vie, de « gagner » une autre rive de vie, ici-bas (pourquoi « bas » ?), au-delà de la consolation des malheurs subis. […] Le vieux dessein d’émancipation collective, qui remonte à bien plus loin dans la nuit des temps qu’à celui des Lumières, qui l’ont seulement revêtu de mots, n’est pas enterré avec l’« enrichissez-vous » des chantres du néo-paléo-libéralisme. Pour les intellectuels, la défense et l’illustration de ce dessein devraient être le fondement de tous leurs écrits. Dans une certaine mesure, Boris Vian indique le chemin, mieux sans doute que les “théoriciens de la révolution” transformés en momies du savoir21.

  • 22 Voir Kitej, n° 1, « Éclipses de la vie », automne 2010 ; n° 2, « Morts de la mort », automne 2011 ; (...)

6Claude avait poursuivi ses développements sur l’utopie révolutionnaire dans une série d’aphorismes intitulés « Le vide ou la vie ». Je les avais publiés en 2010 dans le premier numéro de la revue Kitej. Voir l’invisible, dire l’indicible, penser l’impensable, qui était la continuation de Mortibus. Solidaire de mes efforts qui consistaient alors à « manger » théoriquement la mort afin de résister à ses morsures après le cancer fulgurant de ma fille22, Claude m’envoya trente-deux aphorismes dressés contre l’esprit nécrophile de notre époque où la mort devient le sens de la vie plutôt que l’inverse. Il s’intéresse à un phénomène récent et circonscrit à la civilisation occidentale : le « devenir vieux », plus précisément le devenir « un-vieux » qui subit l’évidement progressif de la vie dans tous les non-états de « pré-mort » qu’il occupe désormais, de la retraite comme « recul » après une vie de labeur qui s’allonge de plus en plus, à la « maison de repos » comme « mise à l’écart », salle d’attente de la mort, mouroir définitif. Je ne résiste pas à l’envie de citer les 23e et 24e aphorismes sur l’euthanasie tant ils montrent à quel point Claude maniait – comme Louis-Vincent Thomas d’ailleurs – l’ironie féroce sur le sujet très sensible du « mourir dignement » :

  • 23 Claude Javeau, « Le vide ou la vie », Kitej, n° 1, op. cit., p. 202-203.

Quand il devient un « un-vieux », le vieux cesse d’être rentable. Pourquoi continuer à assumer des frais qu’aucune productivité, même celle du banal consommateur, ne vient plus compenser ? Avec des lois qui autorisent l’euthanasie (et même en l’absence de telles lois, il suffit d’être prudent), il n’est plus difficile d’escamoter le « un-vieux » de la scène des presque-déjà-plus-vivants. Comme il ou elle n’a plus sa tête à lui, comme on dit dans les coursives des maisons de repos, on trouvera bien des proches pour prendre la décision à sa place. Sa vie, dira-t-on dans son entourage, ne valait plus la peine d’être vécue. On ne lui demandera pas son avis à son sujet, et d’ailleurs il ou elle sera à ce moment incapable d’émettre un avis. En place pour la scène finale, âmes sensibles ne vous abstenez pas, c’est pour le bien de nos chers aînés, qui pourront ainsi partir dans la dignité retrouvée ou la mort digne, faute d’une vie encore digne d’être qualifiée de la sorte. […] Notre temps n’est plus celui de la glauque barbarie. Le « un-vieux » (pour les maniaques de la parité des genres, je souligne bien qu’il s’agit là d’un générique, le « un- vieux » pouvant évidemment – ce sera d’ailleurs ce qui se passera, si l’on en croit les démographes, dans la majorité des cas – être aussi une « une-vieille ») sera traité in articulo mortis avec tous les égards de sa dignité enfin retrouvée : décor de boudoir rose, musique d’ambiance jouée par André Rieu, chocolat du meilleur belge, thé servi dans une tasse de chez Wedgwood, respirez un bon coup, chère Madame, et voilà un bon départ pour le paradis des « un-vieux », et des héritiers, s’il en est, satisfaits, sinon à tout le moins, ce qui reste de la Sécu23.

  • 24 Voir Ernst Bloch, L’esprit de l’utopie, version de 1923 revue et modifiée, Paris, Gallimard, « Bibl (...)

7Contestant le « droit à la mort », sinistre achèvement technocratique d’une vie de plus en plus totalement administrée, Claude fait une pirouette et se tourne vers… « le droit à la paresse » de Paul Lafargue ! Une fois constaté que « si la vie ne cesse de s’évider, jusqu’au vide terminal subi par les “un-vieux”, c’est parce que domine cette passion funeste [du travail aliéné] », il se livre à une bascule utopique de type blochien24 et se prend à « imaginer un monde d’ouvriers basé sur le primat de la jouissance » impliquant « une espèce de révolution (ce qui dans les sciences physiques signifie un retour au départ, et pourquoi n’en serait-il pas de même dans mon discours, tant au niveau individuel que collectif ?), laquelle balaierait les idées et leurs mises en œuvre de croissance, de richesse comptée en monnaie, d’économie tout court ». En écho à toute une généalogie révolutionnaire, notamment le courant situationniste qui fut très actif en Belgique, Claude lance quelques mots d’ordre essentiels aux générations critiques :

  • 25 Claude Javeau, « Le vide ou la vie », Kitej, n° 1, op. cit., p. 205-206.

Vivre plus longtemps et en meilleur état ne doit pas contribuer à promouvoir le remplissage de la vie à grand renfort de loisirs organisés. Ceux qui les fabriquent seront trop heureux de s’approprier les moyens d’assurer un supplément de longévité. Ils en feront un marché comme les autres, avec toutes les paillettes dont n’est jamais avare la société du spectacle. Il est temps que les spectateurs se muent en acteurs, et que la fête, la vraie, celle de la vie bien emplie, pas celle que formatent les médias, commence !25.

Avec la critique du sport au sein de Quel Sport ?

  • 26 Claude Javeau, Je hais le foot, op. cit., p. 49.

8Claude n’était donc pas une de ces belles âmes contemplant le désastre au bord de l’abîme, se lamentant sur l’effondrement du monde tout en donnant des leçons de morale et de savoir-vivre du haut de sa tour d’ivoire. Sa lutte contre la « société du spectacle » et ses diverses formes de conditionnement prit notamment pour cible le sport-spectacle de compétition. Contre ce qu’il nommait la « barbarie du spectacle imposée aux masses sidérées » qui « réduit les individus en simples consommateurs avides de prouesses artificiellement produites, au sein d’un univers foncièrement immoral »26, Claude avait pris le parti de s’impliquer dans la revue Quel Sport ? Section française de la critique internationale du sport, dès sa création par Jean-Marie Brohm et moi-même en 2006-2007. Membre du comité scientifique international du numéro 1 au numéro 35/36 (le dernier qu’il reçut avant de mourir), donc pendant quinze ans sans rupture, il m’adressa plusieurs textes et interventions dans la presse où il n’hésitait jamais, sans perdre son sens décapant de l’humour et de la dérision, à pulvériser les lieux communs de la prétendue « culture sport ».

9Il serait trop long de présenter en détail chacune des interventions qu’il fit dans Quel Sport ?, aussi je voudrais simplement en faire un petit inventaire et en extraire quelques citations révélatrices de son œil sociologique aussi acéré que rarissime chez ses pairs :

Sur le rugby au moment de la Coupe du monde organisée en France : « Haka, ha, ka ! Un huron découvre l’Ovalie », Quel Sport ?, n° 2/3 (« La Coupe du monde des brutes et des abrutis »), janvier 2008.

Et je pensais qu’il avait fallu à Cro-Magnon se taper Platon et Aristote, Augustin et Thomas, Spinoza et Kant, Marx et Tocqueville, Newton et Einstein, Lévi-Strauss et Eco, et quelques autres, pour en arriver là, à ces deux quinzaines de gorilles se mélangeant l’une à l’autre en se frappant, s’enlaçant, s’étranglant, afin d’envoyer un œuf d’autruche entre deux perches plantées dans le sol (p. 47).

10En réponse à un questionnaire de Quel Sport ? envoyé à plusieurs intellectuels : « Le sport : un dispositif d’aliénation », Quel Sport ?, n° 4/5 (« Pékin 2008 : boycott des Jeux de la honte »), mai 2008.

Il ne s’agit évidemment pas ici de dénigrer l’activité physique, composante importante du bien-être individuel et collectif, mais bien la part prise par le sport-spectacle dans le nationalisme exacerbé, le racisme manifeste, la mise en œuvre du darwinisme social basé sur l’exaltation des résultats, etc. (p. 169).

11Au sujet des transferts exorbitants (le fameux « mercato ») dans le football belge : « Une histoire de transfert », Quel Sport ?, n° 16/17 (« La porcherie sportive »), novembre 2011.

Dans le même temps [qu’ont lieu des transferts s’élevant à plusieurs dizaines de millions d’euros], le pays où ces choses se passent – qui n’est sans doute pas plus pourri que ses voisins –, mais où le football joue le même rôle d’opium du peuple que chez eux, a peine à envoyer quatre millions d’euros en guise d’aide à la lutte contre la famine qui règne dans la corne de l’Afrique. Et lorsqu’il s’est agi, dans l’enseignement francophone, de trouver quelques moyens supplémentaires pour apporter un peu d’oxygène aux écoles les moins favorisées, les responsables politiques ont péniblement réussi à rassembler cinq millions d’euros. Comparés au prix payé par an par les organismes de télédistribution (francophones seulement, en l’occurrence) pour retransmettre les matchs de football de la Pro League, cela ressemble davantage à de l’aumône qu’à de la subvention » (p. 220-221).

12Pour dénoncer la corruption massive dans les instances du sport mondial, il cosigne en 2013 avec Jacques Ardoino, Patrick Baudry, Pierre Guerlain, Daniel Salvatore Schiffer et moi « Le sport : une monstrueuse mécanique d’enrichissement », Quel Sport ?, n° 21/22 (« Les vautours du sport »), mai 2013.

13Lors des JO de Sotchi 2014 durant lesquels Vladimir Poutine masquait ses nombreuses atteintes aux droits de l’Homme : « Athlètes homosexuels à Sotchi : un pied de nez qui n’est pas un pied au cul », Quel Sport ?, n° 23/24 (« L’infamie olympique »), janvier 2014.

La participation d’athlètes homosexuels des deux sexes, pardon, genres, entraînera-t-elle une modification des dispositions légales instaurées à leur encontre dans la Russie de l’ex-camarade Poutine ? On peut sincèrement en douter. Pour la réussite de “ses” Jeux qui ont coûté des sommes colossales, Poutine est certes prêt à mettre de l’eau dans sa vodka. Les Jeux constituent une occasion de rouler des mécaniques tant politiques que corporelles (il paraît que le cerveau y joue aussi un rôle, mais cela demanderait vérification). Vitrines de propagande, les grandes réunions sportives internationales n’ont certainement pas pour première intention d’améliorer la condition physique des Terriens, par l’exemple de compétitions dégagées de tout chauvinisme et de tout esprit de lucre (p. 52).

14Sur la pseudo-union nationale autour des « Diables rouges » qualifiés pour le Mondial au Brésil : « Belgique : l’hystérie des Diables rouges », Quel Sport ?, n° 25/26 (« Football, la colonisation du monde »), juin 2014.

L’album Panini que j’ai acheté chez Carrefour pour la somme modique de trois euros présente une vingtaine de titulaires de l’équipe prévue pour la campagne au Brésil. Seul un d’entre eux évolue dans une équipe localisée en Belgique, en l’occurrence celle d’Anderlecht. Tous les autres travaillent dans des clubs étrangers, à savoir dix en Grande-Bretagne, trois en Allemagne, deux en Espagne, deux en Russie, un au Portugal, un en Italie, un aux Pays-Bas. Il s’agit donc d’une équipe de mercenaires, dont chacun des membres gagne largement plus d’un million d’euros par an. C’est cette équipe qui est censée incarner une espèce de “renouveau belge” et qui alimente un matraquage médiatique omniprésent (p. 41-42).

15Sur les différentes espèces de « supporteurs » au moment de l’Euro 2016 en France : « Le supporteur en caméléon », Quel Sport ?, n° 30/31 (« Le football, une servitude volontaire »), mai 2016.

Le supporteur vit dans des sociotopes de toutes natures. On en trouve dans les banlieues comme dans les beaux quartiers. L’anthropologue s’attachera à repérer dans leurs habitations les traces de leur addiction : photos, fanions, publications spécialisées, maillots, dédicacés ou non, instruments de musique ad hoc, etc. Si le supporteur est du genre patate de fauteuil, il devra ajouter à sa liste la disposition des fauteuils face au poste de télé, et la présence, les soirs de représentation, de provisions de bouche spécifiques : cacahuètes, boissons alcooliques ou non, barres de chocolat, biscuits, et autres objets appartenant à une panoplie du parfait supporteur : sifflets, petits drapeaux, etc. (p. 166).

16Et enfin sur le football au moment du Mondial organisé par l’appareil d’État national-impérialiste du dictateur à vie Vladimir Poutine : « Le football, un système mondial pourri », Quel Sport ?, n° 33/34 (« Total football »), mai 2018.

Dans le monde actuel, rêver de libérer le foot des puissances d’argent, de le rendre au peuple, etc., est de l’ordre de l’utopie ou de l’extrême myopie, autre mot pour malhonnêteté volontaire. À cet égard, les “intellectuels” qui continuent à vouloir faire du foot un sport “populaire” sont des idiots utiles qui se font du peuple une représentation vertueuse tout à fait hors de mise : le foot fait bien partie de la culture populaire, mais tout n’est pas angélique dans cette culture : on y trouve aussi les jeux télévisés, la presse picole, la corrida et d’autres choses encore peu honorables (p. 51).

  • 27 Pour une déconstruction analytique des STAPS, voir Jean-Marie Brohm, Le Dossier STAPS. Autopromotio (...)

17En plus de sa participation active à Quel Sport ? – revue pourtant ostracisée par toute la « sociologie officielle », en particulier celle qui sévit en STAPS pour défendre et promouvoir sans réserve le sport « éducatif » et l’éducation par le sport27 –, Claude se joignit aux campagnes de boycott qu’elle initia dès son premier numéro contre les Jeux totalitaires de Pékin 2008, puis contre les Jeux de Sotchi 2014 et le Mondial 2018 en Russie impérialiste et va-t-en-guerre, et enfin contre les Jeux de Paris 2024, cette vaste gabegie financière au service du populisme politique le plus crasse. Il signa plusieurs appels parus dans la presse française ou belge qui contestaient explicitement l’infamie olympique et footballistique. En voici quelques-uns :

  • « Boycottons les Jeux de la honte d’un État liberticide ! », Le Figaro, 28 mars 2008.

  • « Jeux de Sotchi 2014 : nous ne serons pas complices ! L’important est de ne pas participer », Lemonde.fr, 7 février 2014.

  • « Non à la candidature de Paris aux JO 2024 ! », Liberation.fr, 6 octobre 2016.

  • « Il est irresponsable de dilapider l’argent public dans une opération de pres- tige pharaonique », Lemonde.fr, 15 septembre 2020.

18Par ailleurs, il s’associa souvent aux tribunes initiées par Quel Sport ? et soutenues par plusieurs intellectuels qui refusaient de sombrer dans les crédulités obligatoires du sport-system. Ainsi, lors de l’Euro 2016 :

  • « Le championnat d’Europe n’est qu’une diversion sociale », Le Monde, 12- 13 juin 2016.

  • « L’Euro 2016 : l’exutoire politique d’une violence de masse », Huffington Post, 21 juin 2016.

19Mais aussi lors de l’Euro 2021 que Poutine et son homme de main, le tortionnaire biélorusse Aleksander Loukachenko, instrumentalisaient pour museler la critique, traquer les dissidents et les emprisonner :

  • « Il faut retirer Saint-Pétersbourg de la liste des villes qui accueilleront l’Euro de football 2021 », Lemonde.fr, 31 mai 2021.

20Loin de fétichiser la FIFA comme la mère-patrie du « football éternel » à l’instar des (trop) nombreux sociologues des « passions populaires » procurées par le ballon rond, Claude n’hésita pas une seconde à la qualifier, avec Jean-Marie Brohm, Pierre-André Taguieff et moi, « d’honorable société du crime organisé » (Huffington Post, 17 juin 2015).

21Et lorsque l’équipe de France de handball participa au Mondial organisé par les émirs du Qatar quelques jours seulement après les attentats islamistes contre Charlie Hebdo, les Juifs de l’Hyper casher et les policiers parisiens, Claude ne tergiversa pas. Il ne faisait pour lui aucun doute qu’« en acceptant de participer au Mondial de handball organisé par le Qatar, une semaine seulement après avoir témoigné son soutien à Charlie Hebdo, l’équipe des “experts” censée “faire rêver” les Français se rend complice d’une lâcheté politique que Cabu, Charb, Honoré, Wolinski, Tignous et Maris ont toujours dénoncée : celle qui consiste à jouer au ballon pendant qu’on étrangle les libertés au nom de la Théocratie, qu’on extermine au nom du fascisme, ou qu’on massacre au nom d’Allah » (« Mondial de handball au Qatar : quand les “experts” jouent au pays des collecteurs de fonds du djihadisme », Huffington post, 28 janvier 2015).

  • 28 Claude Javeau, Mourir et autres textes sur la mort, Alboussière, QS ? Éditions, « Archives du futur (...)

22Le 3 octobre 2007, Claude m’offrit Les Paradoxes de la postmodernité. Dans sa dédicace, il écrit : « Avec mon amicale connivence ». Plus tard, en 2011, il me fit parvenir son Anatomie de la trahison avec ce petit mot : « Avec mon amicale complicité ». Ce sont ces connivences et complicités qui nous menèrent en 2019 au projet de rééditer son livre Mourir, revu et augmenté d’un propos sur l’euthanasie, aux Éditions QS ? Malheureusement la maladie puis la mort rattrapèrent Claude et bien que le sommaire du projet fût quasiment finalisé, nous n’eûmes pas le temps de le concrétiser ensemble. J’ai malgré tout le plaisir désormais de redonner vie à cet ouvrage28 qui n’a rien perdu de son mordant, comme le prouve ce passage qui ne peut que saisir désormais nos responsabilités d’hommes encore en mesure de résister un tant soit peu à la négativité du temps qui passe et efface tout :

Il n’y a égalité devant la mort ni avant, ni pendant, ni après le mourir, dit Claude. On a sans doute raboté les inégalités les plus criantes. Et il peut sembler aller de soi qu’un mourant n’a que faire d’une éventuelle gloire posthume, au moment même où l’inéluctable enfin rencontré peut lui révéler la vanité des honneurs, des renommées, de la vie elle-même. Encore que, l’égalité étant une valeur à l’usage des vivants, c’est à ces derniers qu’incombe la gestion des mémoires, individuelles ou collectives (Javeau 2023).

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Notes

1 Jean-Paul Sartre, « Plaidoyer pour les intellectuels », Situations philosophiques, Paris, Gallimard, « Tel », 1990, p. 228-229.

2 Voir Jean-Marie Brohm, Roger Dadoun et Fabien Ollier, Heidegger, le berger du néant. Critique d’une pensée politique, Paris, Homnisphères, « Horizon critique », 2007.

3 Herbert Marcuse, Eros et civilisation. Contribution à Freud, Paris, Minuit, « Arguments », 1991, p. 12.

4 Pierre Bourdieu, Homo academicus, Paris, Minuit, « Le sens commun », 2012, p. 46-47.

5 « C’est libérer la praxis, le gai savoir des sociologues » (René Lourau, Le Gai Savoir des sociologues, Paris, Union générale d’éditions, « 10/18 », 1977, p. 9).

6 Voir à ce sujet Claude Javeau, La culotte de Madonna. Essai sur la sexualité de masse, Mons, Éditions Talus d’Approche, « Libre choix 13 », 2001 ; Deux images et le désir, Bruxelles, La Lettre volée, « Essais », 1999.

7 Voir Vladimir Jankélévitch, L’ironie, Paris, Flammarion, « Champs », 1979. « L’ironie est de nature “critique”. […] L’ironiste est comme un acrobate qui se livre à des rétablissements vertigineux au bord de la crédulité et ne tient, en bon funambule, que par la précision de ses réflexes et par le mouvement » (p. 123 et 59). Claude était de ces rares sociologues-équilibristes…

8 Henri Lefebvre, La vie quotidienne dans le monde moderne, Paris, Gallimard, « Idées », 1968, p. 56-57.

9 Louis-Vincent Thomas, « Le corps dévoré : du réel au fantasme », Les chairs de la mort. Corps, mort, Afrique, préface de Jean-Marie Brohm, Paris, Institut d’Édition Sanofi-Synthélabo, « Les empêcheurs de penser en rond », 2000, p. 388-392.

10 Claude Javeau, « Sexe de masse, sexe pléonastique », Mortibus. Critique du capitalisme incarné, n° 3, « Éros zéro ? », printemps 2007, p. 55-56.

11 Claude Javeau, Six novelettes obliques, Mons, Talus d’Approche, « Littérature », 1997.

12 Claude Javeau, « Clotilde et le photographe », préface à Michel Hanique, Intérieurs jour, Bruxelles, La Lettre volée, 1995.

13 Voir Fabien Ollier, La vie en plein cœur, Cabris, Éditions Sulliver, « Littérature », 2011.

14 Claude Javeau, Comprendre la sociologie, Verviers, Marabout Université, 1976 ; Leçons de sociologie, Paris, Armand Colin, 1997 ; Des impostures sociologiques, postface de Jean-Marie Brohm, Lormont, Le Bord de l’eau, 2014.

15 Claude Javeau, Haro sur la culture, Bruxelles, Éditions de l’Université de Bruxelles, 1974 ; Masse et impuissance. Le désarroi des universités, Bruxelles, Labor, 1998 ; Je hais le foot, Lormont, Le Bord de l’Eau, « Altérité critique sport », 2015 ; Dieu est-il gnangnan ?, Mons, Talus d’approche, 1999.

16 Claude Javeau, Anatomie de la trahison, Belval, Circé, 2007. Cet ouvrage débute par : « À tous les faux-culs de mon entourage, passés, présents et à venir ». Il fallait oser…

17 Claude Javeau, Les paradoxes de la postmodernité, Paris, PUF, « L’interrogation philosophique », 2007.

18 Sur ces notions insaisissables qui remettent tout en question et en cause, voir Vladimir Jankélévitch, Le je-ne-sais-quoi et le presque-rien, tome 1 : La manière et l’occasion ; tome 2 : La méconnaissance. Le malentendu ; tome 3 : La volonté de vouloir, Paris, Seuil, « Points essais », 1980.

19 Claude Javeau, Le petit murmure et le bruit du monde, Bruxelles, Les Éperonniers, « Passé présent », 1999 ; Prendre le futile au sérieux, Paris, Le Cerf, « Humanités », 1998 ; Esquisse d’une histoire naturelle du plouc, Bruxelles, La Lettre volée, « Essais », 2014 (deuxième édition) ; Le bricolage du social. Un traité de sociologie, Paris, PUF, « Sociologie d’aujourd’hui », 2004 ; Mourir, préface de Patrick Baudry, Bruxelles, Les Éperonniers, « Sciences pour l’homme », 2000 (deuxième édition revue et augmentée).

20 Claude regrette les bons livres de Vian « qui nous changent de Marc Lévy, de Paul-Loup Sulitzer ou encore de Christine Angot. Pour ne pas citer Philippe Sollers ». Et c’est en écoutant le final de la Troisième symphonie de Saint-Saens (avec orgue) qu’il se revoit « au petit matin dans un lit avec une femme alors aimée ». Claude Javeau, « Variations sur un thème de Boris Vian. Je ne gagne pas ma vie, je la vis. Et pas tout seul », Mortibus, n° 8/9, « Gagner sa vie a-t-il un sens ? », automne 2008, p. 195 et 199.

21 Ibid. p. 200-201.

22 Voir Kitej, n° 1, « Éclipses de la vie », automne 2010 ; n° 2, « Morts de la mort », automne 2011 ; n° 3, « Naître ? », automne 2012.

23 Claude Javeau, « Le vide ou la vie », Kitej, n° 1, op. cit., p. 202-203.

24 Voir Ernst Bloch, L’esprit de l’utopie, version de 1923 revue et modifiée, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de philosophie », 2008.

25 Claude Javeau, « Le vide ou la vie », Kitej, n° 1, op. cit., p. 205-206.

26 Claude Javeau, Je hais le foot, op. cit., p. 49.

27 Pour une déconstruction analytique des STAPS, voir Jean-Marie Brohm, Le Dossier STAPS. Autopromotion d’une nomenklatura, Alboussière, QS ? Éditions, « Archives du futur », 2021.

28 Claude Javeau, Mourir et autres textes sur la mort, Alboussière, QS ? Éditions, « Archives du futur », 2023, p. 38

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Pour citer cet article

Référence papier

Fabien Ollier, « Du côté de la vie bien remplie »Revue de l’Institut de Sociologie, 91 | 2022, 45-55.

Référence électronique

Fabien Ollier, « Du côté de la vie bien remplie »Revue de l’Institut de Sociologie [En ligne], 91 | 2022, mis en ligne le 01 décembre 2024, consulté le 12 mai 2025. URL : http://journals.openedition.org/ris/917

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Auteur

Fabien Ollier

Directeur de la revue Quel sport ? et des éditions QS ?

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Droits d’auteur

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