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Hommage à Claude Javeau

Quelques orientations en hommage à Claude Javeau

Louis Jacob
p. 117-122

Résumés

Ce texte écrit en hommage au professeur Claude Javeau évoque trois aspects importants de son œuvre : l’érudition et le goût de la lecture, au sens large du terme ; le déchiffrement des routines quotidiennes ; la quête d’objectivité et la liberté de jugement. Quelques propositions sont brièvement commentées, et inspirent surtout un retour sur des questions fondamentales touchant à la problématisation de l’objet sociologique, la redéfinition des corpus, l’effort d’interprétation, la persistance des espaces d’incertitude, les cadres sociaux de l’argumentation.

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Texte intégral

1J’entends distinctement la voix de Claude Javeau à mon oreille en trois circonstances. La première, lorsqu’on demande pourquoi il faudrait relire les classiques – ou pourquoi même il faudrait lire des livres, quand on n’a plus de temps que pour les résumés et les ateliers participatifs. La deuxième, lorsqu’on s’inquiète de la disparition imminente d’une autre de nos « bonnes manières », ou d’une autre règle quelconque de « bienséance », plutôt que de s’émerveiller du foisonnement des manières et des règles, et de les comprendre. La troisième, lorsqu’on invoque l’objectivité et la neutralité de la science pour faire avaler quelque chose à un public pas toujours consentant.

Le plus beau peut être, c’est que dans ces circonstances, sur lesquelles je vais m’attarder un peu dans les lignes qui suivent, la voix de Claude Javeau à mon oreille est une invitation à faire à ma façon. C’est précisément ce dont j’ai bénéficié pendant mes études doctorales avec son accueil généreux à l’Institut, pendant près de cinq ans, c’était au huitième étage je crois. J’ai eu droit à un bureau et un téléphone, que je partageais avec Daniel Vander Gucht et les autres membres du laboratoire. On trouvait là toute la latitude imaginable en matière de théories, de modèles, d’hypothèses, et, en contrebas, une vue sur Ixelles et le jardin de l’Abbaye de la Cambre.

Lire des livres

  • 1 Claude Javeau, Le bricolage du social. Un traité de sociologie, Paris, PUF, 2001, p. 221.

2Comme Benjamin arpentant les villes qui le fascinent, le travail du sociologue est un work in progress, qui voit se superposer couche après couche des impressions, des analyses, des comparaisons, des intuitions, des « lectures », pour prendre ce mot dans son sens le plus large1.

  • 2 Ibid. p. 215.

Le genre particulier d’érudition que commande la sociologie selon Claude Javeau est un genre savant, mais capable surtout d’empathie, d’attention, d’écoute. Une érudition qui appelle au décentrement ou au déplacement2. On passe derrière le décor, on se ressouvient des choses oubliées, on met en branle des idées insoupçonnées. L’exigence en question passe par l’observation et l’interaction, et par les livres, par toute sorte de lectures : des classiques et des canoniques, d’autres plus excentrées et parfois très éloignées du corpus disciplinaires, et toutes les littératures, grandes ou petites, toutes sortes d’écritures, ordinaires, banales, cachées, inspirées ou pas.

La production de tout objet conceptuel, dans la recherche sociologique ou ailleurs, est le résultat d’un parcours vivant qui s’inscrit dans un espace ou un champ théorique. Ce qui est remarquable, c’est que l’espace théorique de la sociologie est le résultat d’échanges, de débats, de querelles, qui ont structuré toutes les discussions dans l’histoire de la discipline, et cet espace demeure ouvert. On est donc aujourd’hui en présence de plusieurs paradigmes, et plusieurs disciplines, qui coexistent et entre lesquels on peut choisir plus ou moins librement, de façon plus ou moins exclusive, selon nos intérêts de recherche et notre axiologie, et bien entendu selon le contexte institutionnel et organisationnel dans lequel nous œuvrons. À chaque fois, il y a une exigence de cohérence, de réflexivité, de rationalité discursive qui doit trouver sa solution particulière.

En 1996, le rapport de la Commission Gulbelkian intitulé Ouvrir les sciences sociales identifiait les changements mondiaux qui ont profondément influencé la structure des sciences sociales : ce sont les bouleversements politiques depuis 1945, la massification des études supérieures et l’expansion du système universitaire, puis dans un deuxième temps, la remise en question des frontières disciplinaires et de l’eurocentrisme, la contestation à la fois politique et épistémologique des modèles scientifiques, la prise en compte de la nouvelle complexité des sociétés humaines et l’appel à une pensée mondiale et décentrée, plus inclusive.

  • 3 Edward Said, Culture and Imperialism, New York, Vintage Books, 1993, p. 43-61, 239-261.

Le panthéon n’est pas seulement encombré, il est aussi très agité. On y entre et on en sort dans un mouvement que je qualifierais d’effervescent. Ne serait-ce que pour mieux connaître les effets de mode intellectuelle, fréquenter les classiques de la sociologie reste toujours une bonne idée, mais alors il faut pouvoir les lire en « contrepoint » avec les perspectives alternatives et adverses, comme le préconisait Edward Said, pour faire entendre plus clairement aussi leurs limites, éventuellement leurs silences3. Ce travail d’érudition n’est pas simplement tourné vers le passé, mais vers le présent. Il invite à mettre à jour nos corpus et écouter de nouveaux récits.

Comprendre les bonnes manières

  • 4 Claude Javeau, Le petit murmure et le bruit du monde, Bruxelles, Éditions Jacques Antoine, 1985, p. (...)

3Au détour du labyrinthe, où l’intelligence emprisonne les intelligences, se laisse entendre la petite musique. Sans doute n’est-elle que promesse4.

  • 5 Claude Javeau, Le bricolage du social, op.cit., p. 8.

Un des aspects essentiels de l’interaction sur lequel Goffman insistait, et que je retrouve abondamment dans le Murmure et le Bricolage du social qu’explore Claude Javeau, est la part irréductible d’improvisation et le jeu avec les règles. Dans ses comptes rendus et ses exercices d’élucidation au second degré – ou mieux : au énième degré, un degré qui s’ajoute aux autres – la sociologie qui s’intéresse à « la plasticité de l’espèce humaine »5 démontre alors une sorte de réalisme irrévérencieux, plus proche de la musique que de l’imagerie policière, si on veut.

Il y a donc des règles, beaucoup de règles, avec des formes et des contraintes spécifiques, des lisibilités plus moins fragiles, plus ou moins fermes ; ce sont les sédimentations du social et leurs agencements routiniers. Et puis il y a l’expérience, la performance des individus, qui ne reflètent pas seulement des opportunités d’agir et des attentes réciproques liées aux situations telles qu’elles leur sont faites et telles qu’elles sont redéfinies dans leur interaction ; le bricolage traduit aussi des inquiétudes, des appréhensions, des aspirations qui peuvent rester long- temps obscures ou mal définies, des désirs diffus qui n’« appartiennent » pas aux individus, pas davantage aux groupes ou aux siècles.

Comprendre les manières de l’espèce humaine effectivement est une entreprise soucieuse de montrer les ambiguïtés et les ambivalences. Une forme ou une structure ne se comprennent jamais sans un effort d’interprétation qui identifie les incohérences, les conflits, les rapports de force, qui le plus souvent renvoient encore à des histoires occultées ou enfouies. Je crois qu’on pourrait même en faire un principe de méthode : comprendre une forme, une configuration sociale quelconque, c’est porter attention aux tensions irrésolues et à celles qui tendent vers leur résolution, et surtout discerner, dans la forme, les menaces d’effondrement.

Changer de registre

  • 6 Claude Javeau, « Argumentation scientifique et argumentation mondaine dans la sociologie académique (...)

4Selon la célèbre distinction introduite par Perelman, « argumenter » recouvre au moins deux opérations qui, pour être séparées, n’en sont pas moins conjointes : a) persuader un auditoire restreint de la vérité des propositions lui sont soumises ; b) convaincre un public universel, c’est-à-dire « tout être de raison », de ce même carac- tère de vérité6.

  • 7 Chaïm Perelman et Lucie Olbrechts-Tytega, Traité de l’argumentation. La nouvelle rhétorique, 6e éd. (...)

5Voilà un des champs particulièrement effervescents de l’épistémologie : les formes de l’argumentation et la rhétorique des sciences. Pour Perelman, argumenter oblige à considérer les conditions de la communauté intellectuelle et de l’auditoire auquel on s’adresse. C’est une idée que je m’efforce moi aussi de transmettre dans mes enseignements. La nouvelle rhétorique, au contraire peut-être des rhétoriques traditionnelles, reconnaît qu’il y a une pluralité des lieux d’énonciation qu’il est très difficile de cartographier ; il y a une pluralité des voix mais aussi des genres de discours et des publics. Cette situation fait que la « communauté intellectuelle » ne va pas de soi, comme le soulignait Perelman7.

On dira que la communauté intellectuelle, si elle est nécessaire, si elle est parfois présupposée et même parfois déjà-là, comme préalable à toute conversation, en général doit encore se construire au fil de la discussion. Cette construction demande de travailler à la fois pour l’égalité des sujets qui prennent la parole, parce qu’elle n’est jamais parfaitement acquise, et pour l’inclusion, parce que l’auditoire universel existe peut-être en droit, mais toujours à partir des auditoires particuliers, forcément limités.

  • 8 Antonia Larraín et Andrés Haye, « A Dialogical Conception of Concepts », Theory & Psychology, vol.  (...)

On pourrait faire valoir que toute exploration du raisonnement dans la recherche sociologique, comme la nouvelle rhétorique, renvoie à des dimensions fondamentales de la pensée et de l’expérience langagière en société. Larraín et Haye, par exemple, dans le sillage de Bakhtine, invoquent une « socialité de la pensée » : toute pensée est informée par le discours social, tout acte de compréhension, même celui qui paraît le plus intime ou privé (comme se remémorer un souvenir, exprimer une sensation, ou faire le récit de soi), entraîne une prise de position dans un processus social incessant d’échanges, d’idéations et d’évaluations8.

  • 9 Michel Meyer, La rhétorique, 3e éd., Paris, PUF, 2004, p. 10-11.

Un autre aspect de la nouvelle rhétorique que je m’efforce de partager est non seulement la pluralité des voix, mais la valeur positive du désaccord. Michel Meyer l’a parfaitement dit : « la rhétorique est la négociation de la différence », et « la négociation de la distance ne consiste pas forcément à la réduire »9. Lorsque la sociologie intervient dans l’espace public, avec les procédés et les instruments scientifiques qui sont les siens, ce n’est pas pour abolir, mais plutôt pour faire entendre la dimension conflictuelle de la prise de parole et de la délibération.

  • 10 Daniel Céfaï, « Publics, problèmes publics, arènes publiques », Questions de communication, vol. 30 (...)
  • 11 Howard S. Becker, « Rendre la sociologie pertinente pour la société », SociologieS [En ligne], 2012

Dans une perspective pragmatique, une arène publique se définit par des « épreuves de réalité » et des « épreuves de validité », un travail d’enquête, d’expérimentation et d’interprétation largement partagé ou disséminé entre des acteurs qui ont des points de vue et des intérêts divergents10. En arrière-plan, il y a toujours la menace, parfaitement contraire à l’idée démocratique, qu’un des acteurs (individuels ou collectifs) confisque en quelque sorte le problème, et s’approprie de manière exclusive le contrôle de ce problème. Cette menace, selon Céfaï, est redoublée par le danger de manipulation de l’opinion (la rumeur, la fausse information, le mensonge, etc.). On pourrait ajouter que le danger vient souvent, de l’intérieur : non seulement des « experts », mais des porte-parole, des « entrepreneurs de morale » comme les appelait Becker11 .

  • 12 Sandra Harding, « Précis of Objectivity and Diversity : Another Logic of Scientific Research », Phi (...)

Mais on peut encore se demander comment les argumentations de la sociologie prennent elles-mêmes place dans le débat public. Il existe en fait plusieurs postures, outre celle de la « neutralité axiologique », et elles ne sont pas incompatibles avec l’idéal d’objectivité et de réflexivité, comme le démontre par exemple Sandra Harding12. Le débat sur la place du raisonnement sociologique dans l’espace public est sans doute aussi ancien que la discipline, et on voit s’opposer des conceptions différentes du travail intellectuel, de la discussion, de l’engagement.

  • 13 Claude Javeau, Petit manuel d’épistémologie des sciences du social, Bruxelles, La Lettre volée, 200 (...)

La quête d’objectivité, comme l’écrira Claude Javeau, est une quête collective. Cette quête doit forcément s’inscrire dans une démarche analytique, par laquelle nous clarifions et nous soumettons à la discussion les dimensions normatives ou métathéoriques de notre projet de connaissance. J’appelle cette démarche une axiologie ; et c’est bien autre chose que le neutralisme ou l’abstentionnisme auxquelles certains s’arrêtent dans leur lecture de la Wertfreiheit wébérienne. Comme Claude Javeau, il faut comprendre la « liberté de valeur » comme un effort soutenu et une vigilance13. Expliciter le plus possible ses engagements et ses convictions, et même prendre distance par rapport à ses propres jugements tant qu’on le peut, éviter de juger ou de se précipiter trop vite sur la solution, mais, avec tout autant de force, lutter contre les contraintes à la liberté de pensée et les obstacles à la capacité de jugement, dont ceux qu’incarne l’autoritarisme politique ou moral.

  • 14 Bob Jessop, « On Academic Capitalism », Critical Policy Studies, vol. 12, n° 1, 2018, p. 104-109 ; (...)
  • 15 Jean-Marc Larouche, « Les sciences sociales et l’éthique en recherche en contexte canadien. Régulat (...)

La vigilance s’exerce aussi à l’endroit des institutions et des organismes censés protéger la liberté académique. La marchandisation et l’instrumentalisation du savoir continuent à nourrir les débats acerbes qui ont cours depuis plus de quarante ans maintenant. Certaines des transformations de la recherche et de l’enseignement supérieur viennent miner les principes d’égalité, d’équité, d’inclusion et de transparence qui permettent que l’institution universitaire moderne contribue à la vie démocratique14. La bureaucratisation des règles de certification éthique et les dispositions du cadre législatif elles-mêmes contraignent, voire empêche la réflexivité et l’intégrité sociale de la recherche15, et c’est à bon droit qu’on peut être porté à regarder ailleurs, vers d’autres formes de production et de partage des savoirs.

Tous ces débats forcent le questionnement sur les cadres sociaux de l’argumentation. On ne devrait pas seulement constater la diversification des lieux, des genres et des types de discours sociologiques, et la pluralité des paradigmes, mais s’intéresser de près aux conditions dans lesquelles s’exerce le raisonnement. C’est encore ce que dit Claude Javeau, pour qui la pensée critique rime avec humilité et avec ouverture, et bien évidemment ne se dérobe pas devant la nécessité de prendre position.

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Notes

1 Claude Javeau, Le bricolage du social. Un traité de sociologie, Paris, PUF, 2001, p. 221.

2 Ibid. p. 215.

3 Edward Said, Culture and Imperialism, New York, Vintage Books, 1993, p. 43-61, 239-261.

4 Claude Javeau, Le petit murmure et le bruit du monde, Bruxelles, Éditions Jacques Antoine, 1985, p. 63.

5 Claude Javeau, Le bricolage du social, op.cit., p. 8.

6 Claude Javeau, « Argumentation scientifique et argumentation mondaine dans la sociologie académique », Cahiers internationaux de sociologie, vol. 110, 2001, p. 83.

7 Chaïm Perelman et Lucie Olbrechts-Tytega, Traité de l’argumentation. La nouvelle rhétorique, 6e éd. Bruxelles, Éditions de l’Université Libre de Bruxelles, 2008 [1958], p. 40-46.

8 Antonia Larraín et Andrés Haye, « A Dialogical Conception of Concepts », Theory & Psychology, vol. 24, n° 4, 2014, p. 459-478.

9 Michel Meyer, La rhétorique, 3e éd., Paris, PUF, 2004, p. 10-11.

10 Daniel Céfaï, « Publics, problèmes publics, arènes publiques », Questions de communication, vol. 30, n° 2, 2016, p. 25-64.

11 Howard S. Becker, « Rendre la sociologie pertinente pour la société », SociologieS [En ligne], 2012.

12 Sandra Harding, « Précis of Objectivity and Diversity : Another Logic of Scientific Research », Philosophical Studies, vol. 174, n° 7, 2017, p. 1801-1806.

13 Claude Javeau, Petit manuel d’épistémologie des sciences du social, Bruxelles, La Lettre volée, 2003, p. 44-52. D’autres relectures wébériennes qui vont dans le même sens : Camille Tarot, « Difficultés liées à la neutralité axiologique », in L’Actualité de la religion. Introduction critiques aux sciences sociales des religions, Lormont, Le Bord de l’eau, 2019, p. 40-48 ; Marc-Kevin Daoust, « Repenser la neutralité axiologique », Revue européenne des sciences sociales, vol. 53, n° 1,2015, p. 199-225 ; Fabien Granjon, « La critique est-elle indigne de la sociologie ? », Sociologie, vol. 3, n° 1, 2012, p. 75-86 ; Philippe Corcuff, « Le savant et le politique », SociologieS [En ligne], 2011.

14 Bob Jessop, « On Academic Capitalism », Critical Policy Studies, vol. 12, n° 1, 2018, p. 104-109 ; Dalie Giroux, Dimitrios Kharmis et Christian Rouillard, « Between the Managerial and the Democratic University : Governance Structure and Academic Freedom as Sites of Political Struggle », Studies in Social Justice, vol. 9, n° 2, 2015, p. 142-158.

15 Jean-Marc Larouche, « Les sciences sociales et l’éthique en recherche en contexte canadien. Régulation imposée ou approche réflexive ? », Revue d’anthropologie des connaissances [En ligne], vol. 13, n° 2, 2019.

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Pour citer cet article

Référence papier

Louis Jacob, « Quelques orientations en hommage à Claude Javeau »Revue de l’Institut de Sociologie, 91 | 2022, 117-122.

Référence électronique

Louis Jacob, « Quelques orientations en hommage à Claude Javeau »Revue de l’Institut de Sociologie [En ligne], 91 | 2022, mis en ligne le 01 décembre 2024, consulté le 12 mai 2025. URL : http://journals.openedition.org/ris/957

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Auteur

Louis Jacob

Professeur au département de sociologie de l’Université du Québec, à Montréal

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