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De la Science à la Science-fiction

De la technicisation des corps à la post-humanité ? Le cyberpunk comme moment et espace de problématisation des transformations de la condition humaine

Yannick Rumpala
p. 279-294

Texte intégral

  • 1 Pour des éléments de présentation et de remise en contexte, voir par exemple Graham J. Murphy, « Cy (...)

1Des humains qui ne sont plus tout à fait des humains ? Le cyberpunk montrait dès les années 1980 les ambiguïtés de l’augmentation technicisée des corps et l’hybridation des individus amenée par l’intégration de parties machiniques et/ou cybernétiques. Plutôt qu’une originalité ou une nouveauté complète, une de ses forces était de replacer ces transformations dans des contextes sociaux, non seulement de développements techniques, mais aussi de dérégulation et de fléchissement des contraintes morales. Ces fictions anticipatrices ont renouvelé l’esthétique de la science-fiction et certaines de ses thématiques, avec un mélange expressif de haute technologie, de déliquescence sociale et de néoféodalisme économique, dans des environnements très souvent incertains et dangereux1. Une variété d’auteurs (William Gibson, John Shirley, Bruce Sterling, Walter Jon Williams, Pat Cadigan, Michael Swanwick, etc.) y abordait les transformations que pourraient amener les technologies numériques et leur généralisation dans les milieux les plus courants. Les visions du cyberpunk dépeignaient, voire soulignaient, les réagencements qui viennent avec la densification technique des conditions d’existence individuelles et collectives.

  • 2 Cf. Marina Maestrutti, « Techno-imaginaires du corps à l’ère des technosciences. Art contemporain e (...)
  • 3 Pour une entrée dans une analyse plus large de ces modes de représentation, voir Elaine Després et (...)

2Ces productions littéraires peuvent être intéressantes à analyser dans ce qu’elles véhiculent comme représentations et dans ce qu’elles problématisent par la même occasion. Ces représentations et ce « techno-imaginaire »2 se déploient dans les récits en donnant une place particulière aux interfaces entre technologies et corps humains, lesquelles même ne sont plus extérieures, mais viennent fréquemment pénétrer les chairs et les tissus organiques. Le cyberpunk n’est pas qu’une esthétisation d’une hybridation entre l’humanité et la technique : il offre l’avantage d’incarner des hypothèses abstraites et de mettre en scène des situations pour, en quelque sorte, les tester. D’une certaine manière, les auteurs du courant cyberpunk exploraient déjà les frontières de l’identité et de la nature humaines, et réfléchissaient sur le « post-humain » sans s’embarrasser de ce type de catégorie intellectuelle (de plus en plus mobilisée par la suite3).

  • 4 Cf. David Le Breton, « Des corps hypermodernes », Connexions, 2018/2 (n° 110), p. 87-98.

3Dans les récits, les connexions informatiques des individus s’y font de manière physique et souvent invasive (les recherches sur les « interfaces neuronales directes » ou « interfaces cerveau-machine » sont à peine naissantes au moment où paraissent les récits fondateurs du courant). Outils et autres artefacts utilitaires ne viennent plus comme des prolongements organiques : ils sont incorporés, au sens propre du terme. Les corps paraissaient continument modifiables par des modifications techniques, des ajouts d’implants, de prothèses, etc. De manière radicale, ces corps, leurs membres, leurs organes, étaient déjà mis en scène comme objets transformables4, et plus seulement pour des raisons médicales, laissant même entrevoir des territoires d’exploration nouveaux ou originaux à travers ces possibilités supplémentaires (des augmentations de capacités sensorielles jusqu’aux armes intégrées).

4Sur un mode analogue à celui des expériences de pensée, le cyberpunk replace ces modifications corporelles dans des situations (sociales, économiques, techniques, etc.), certes fictionnelles, mais potentiellement éclairantes par les questionnements tendanciellement introduits. Lorsque ces modifications sont pratiquées, il apparaît qu’elles ne sont pas sans coût, financier évidemment, mais, à travers le vécu des personnages, elles tendent aussi à révéler un autre prix à payer, dans ce qu’elles ont par exemple comme conséquences psychologiques sur l’appréhension du corps individuel et la constitution d’une subjectivité. Par les déclinaisons individuelles, le cyberpunk donnait à voir ce que pourraient être ces expériences et sensations (y compris la dématérialisation des corps par l’immersion dans le « cyberespace »). De fait, transformations et augmentations des corps sont susceptibles d’être perçues et considérées de manières très variées par les individus qui y recourent (bon gré mal gré).

  • 5 Cf. Yannick Rumpala, « Littérature à potentiel heuristique pour temps incertains. La science-fictio (...)
  • 6 S’insérant ainsi dans le réceptacle bien plus large que constituait déjà la science-fiction. Cf. Sh (...)
  • 7 Voir par exemple Daniela Cerqui et Barbara Müller, « La fusion de la chair et du métal : entre scie (...)
  • 8 Cf. Catherine Rémy, Myriam Winance, « Pour une sociologie des « frontières d’humanité » », Politix, (...)

5En considérant que ces imaginaires transposés fictionnellement comportent également des vertus heuristiques5 et sur la base d’un corpus des principales œuvres du genre et de leur paratexte, nous commencerons par dégager plus précisément les représentations (avec leurs parts ambiguës de fascination et d’anxiété) que le cyberpunk donne de la technicisation des corps6 et, à l’instar de ce qu’avaient commencé à explorer d’autres travaux, la charge symbolique qui est ainsi véhiculée7. Nous montrerons ensuite les questions que ce mouvement littéraire (mais aussi intellectuel à certains égards) permet de soulever ou de reprendre, et les ressources qu’il offre pour des discussions plus conceptuelles et théoriques autour de la « post-humanité », ou au moins pour contribuer d’une autre manière à une sociologie des « frontières d’humanité8 ».

Des technologies qui pénètrent les corps

6L’imaginaire déployé est un imaginaire de la pénétration et de l’invasion des corps par une variété de technologies. La technique poursuit son processus de colonisation jusqu’aux niveaux organiques les plus intimes. Non sans reprendre des idées déjà présentes auparavant, le cyberpunk paraît systématiser la palette des dispositifs mécaniques et électroniques utilisables.

  • 9 Walter Jon Williams, Câblé, Paris, Denoël (Hardwired, San Francisco, Night Shades Books, 1986), rep (...)

7Dans ces représentations, l’enfichage d’une prise dans une partie du corps est un moment iconique, comme Cowboy, le pilote mercenaire de Câblé de Walter Jon Williams, pour prendre les commandes de son véhicule et gagner en capacités cognitives et perceptives : « Cowboy grimpe au sommet du panzer se faufile à l’intérieur par la trappe dorsale et s’assoit dans le compartiment avant. Il se branche une fiche dans la tempe droite et brusquement sa vision s’élargit, comme si ses deux yeux s’étalaient autour de la tête tandis qu’un troisième faisait surface au sommet. Il sollicite les cartes qu’il a stockées en mémoire et des tableaux se mettent à pulser comme des stroboscopes à l’intérieur de son crâne. Sa tête est devenue un cube de mémoire morte9 ».

  • 10 « “The Mainstream Finds Its Own Uses for Things”: Cyberpunk and Commodification », in Graham J. Mur (...)
  • 11 Préface, in Bruce Sterling (éd.), Mozart en verres miroirs, Paris, Folio SF, 2001, p. 17 (Preface, (...)

8Ces pratiques sont devenues apparemment anodines pour les personnages ; elles le sont beaucoup moins avec le regard du présent. Sherryl Vint suggérait d’envisager le cyberpunk comme une « littérature d’anxiété quant aux conséquences de la technologie envahissant le corps10 ». Dans une des anthologies qui a balisé le mouvement, Bruce Sterling, qui en a été un protagoniste et promoteur, avait donné une liste illustrative de ce type de technologie pour mettre clairement en avant cet aspect invasif : « Certains thèmes centraux ressurgissent fréquemment dans la SF cyberpunk. Celui de l’invasion corporelle : membres artificiels, circuits implantés, chirurgie esthétique, altération génétique. Ou même, plus puissant encore, le thème de l’invasion cérébrale : interfaces cerveau-ordinateur, intelligence artificielle, neurochimie — techniques redéfinissant radicalement la nature de l’humanité, la nature du moi11 ».

  • 12 George Alec Effinger, Gravité à la manque, (When Gravity Fails, New York, Arbor House, 1987), repri (...)
  • 13 George Alec Effinger, op. cit., p. 41.
  • 14 Idem, p. 127-128.
  • 15 Idem, p. 128.

9Dans le monde imaginé par George Alec Effinger, un Moyen-Orient futuriste et trouble à la pointe des technologies, des « modules mimétiques enfichables » permettent de se mettre dans la peau d’un personnage, James Bond par exemple, et de récupérer ainsi quelques talents et compétences associés12. C’est même là aussi une pratique apparemment courante : « Dans le Boudayin, presque tout le monde autour de moi est plus ou moins modifié, avec des modules d’aptitude mimétique ou des périphériques câblés directement sur le cerveau, qui vous procurent aptitudes, talents et entrées d’informations […]13 ». Pour accéder instantanément à des connaissances supplémentaires, il y a d’autres dispositifs : « Les modules d’aptitude mimétique altèrent votre conscience en vous faisant croire temporairement que vous êtes quelqu’un d’autre. Les périphériques d’apprentissage intégré électroniques alimentent directement votre mémoire à court terme, en vous procurant une connaissance immédiate sur n’importe quel sujet ; cette aptitude disparaît dès que vous retirez la puce. Les périphériques connectables sur l’implant antérieur affectent plusieurs autres structures diencéphaliques plus spécialisées14 ». Certaines de ces modifications dans le cerveau permettent aussi d’agir presque consciemment sur ses propres paramètres physiologiques : « Le circuit raccordé à la glande pituitaire vous permettra de commander indirectement les autres glandes endocrines telles que la thyroïde et les surrénales. […] Comme vous pouvez le constater, vous serez en mesure de consacrer toute votre attention à vos diverses tâches sans être contraint de les interrompre périodiquement pour accomplir les fonctions corporelles normales. Cela dit, évidemment, on ne peut pas tenir indéfiniment sans dormir, boire ou vider sa vessie ; mais si tel est votre choix, vous pourrez négliger les signes avertisseurs insistants et de plus en plus désagréables15 ».

10Que ces modifications jouent ou non un rôle central dans les récits, les humains apparaissent ainsi comme des machines qu’il est possible d’ouvrir et de modifier. Leur particularité semble juste tenir à leur substrat organique. Le cyberpunk prend pour acquis que le corps soit colonisé par des composants technologiques et artificiels. Pour les moins aisés, pas forcément pour s’améliorer, mais souvent tout simplement pour survivre ou pouvoir résister un minimum dans des environnements sociaux très hostiles, voire dangereux.

11Lorsqu’il s’agit de dispositifs permettant de stimuler le cerveau, la frontière n’est pas loin avant de rencontrer l’addiction, comme dans Câblé :

  • 16 Walter Jon Williams, op. cit., p. 122.

Il porte à la ceinture une boîte noire d’où part un câble relié à une broche sur le crâne. Encore un accro branché sur une transe électronique quelconque dont il ne peut plus se passer.
Les embrochés rendent Cowboy nerveux ; il ne fait pas confiance aux junkies en général et professe une particulière aversion pour cette variété […] Franchir la Ligne, voilà la seule accoutumance dont Cowboy a besoin, et c’est quelque chose de concret, pas simplement une stimulation électronique des centres du plaisir du cerveau reptilien16.

  • 17 William Gibson, « Gravé sur Chrome », in Gravé sur chrome, Paris, J’ai lu (Burning Chrome, New York (...)

12Dans certaines descriptions, une nouvelle forme de sensualité tend même à être associée à ces prothèses, malgré leur apparence clairement mécanique : « Et sa main descendit le long de ce bras, ongles noirs dessinant le tracé d’un joint du revêtement, franchit l’articulation du coude anodisée noire, jusqu’au poignet, sa main aux phalanges douces comme celles d’une enfant, les doigts ouverts pour se refermer sur les miens, la paume contre le duralumin perforé17 ».

  • 18 Yves Eudes, « En Suède, des puces électroniques dans la peau », Le Monde, 3 octobre 2017, https://w (...)

13Majoritairement, le recours à ces prothèses et ajouts par les personnages présentés semble rester dans un souhait d’amélioration ou de correction de capacités personnelles. Il n’était pas imaginé que des implants puissent conditionner l’accès à certains espaces ou services, comme dans des expériences concrètes plus récentes où une puce électronique est implantée sous la peau en remplacement d’intermédiaires courants (billets de train, cartes bancaires, etc.)18.

Reprise et actualisation de la figure du cyborg

  • 19 Pour une remise en perspective, voir Christine Cornea, « Chapter 18. Figurations of the Cyborg in C (...)

14La thématique de l’hybridation et du cyborg (« cybernetic organism ») était déjà fortement présente dans l’imaginaire de science-fiction avant les années 198019. Sans être forcément novateur pour cela dans le genre, le cyberpunk a exploré lui aussi les possibilités de toute une gamme (non-exhaustive) de prothèses mécaniques, mais aussi électroniques. Bien avant donc que certaines recherches à la frontière de la médecine ne les rendent plus réalistes.

  • 20 William Gibson, Neuromancien, Paris, J’ai Lu, nouvelle édition (Neuromancer, New York, Ace Books, 1 (...)

15Dès la première page de Neuromancien, le contexte est donné par une description du type de modification possible et de son utilité : « Ratz officiait au comptoir, avec son bras artificiel qui tressautait sur un rythme monotone pour remplir les chopes de Kirin-pression ». Et plus loin, comme pour insister sur la part d’imperfection : « C’était une prothèse militaire russe, un manipulateur à sept degrés de liberté et rétroaction sensorielle, sous une enveloppe de plastique rose sale20 ».

16Dans les premiers textes de William Gibson, la figure de cyborg la plus saillante est Molly Millions, femme fatale rendue encore plus fatale avec ses implants oculaires et ses lames de rasoir rétractables au bout des doigts. Elle apparaît d’abord dans la nouvelle « Johnny Mnemonic » et revient dans Neuromancien pour embaucher Case et l’accompagner dans sa mission. Dans un moment d’évocation de souvenirs entre les deux personnages, on apprend que ces adaptations sont pour elle un choix éminemment personnel : inscrites dans un passé traumatique, elles correspondent à un moment où elle cherchait à fuir la prostitution. Choix radical…

  • 21 Walter Jon Williams, op. cit., p. 27.

17Les galeries de personnages dans les œuvres du cyberpunk sont couramment faites d’humains modifiés ou « augmentés ». Dans Câblé, Cowboy, le pilote de « panzer », bénéficie ainsi d’une vision améliorée, capable de voir le rayonnement infrarouge et fort utile (spécialement la nuit) pour les transports de contrebande pour lesquels il est payé. Dans ce roman, il est possible d’acheter de nouveaux yeux de la marque Kikuyu Optics. Tous les arguments publicitaires semblent bons pour attirer le chaland : « J’adore mes yeux Kikuyu, dit la primo pornostar Rod McLeish, et, avec l’option infrarouge, je peux savoir si mes partenaires sont vraiment excités ou si je me paie une tranche de silicone…21 »

18Ces personnages ont pour point commun d’avoir un corps qui ne fonctionne plus seulement sur des bases biologiques. Leur corps est devenu hybride, modulaire, en intégrant des prothèses mécaniques et/ou cybernétiques, des implants, des possibilités de raccordements sous forme de broches ou de prises qui permettent des relations directes avec des machines ou des environnements cybernétisés. Dans ces cas, le branchement finit par remplacer les interfaces. C’est cette représentation éminemment symbolique qui continuera par la suite à circuler jusqu’aux écrans de cinéma dans des films comme Matrix (1999) et eXistenz (1999). L’accès à des mondes virtuels paraît ainsi devenir plus facilement immersif.

19Des prothèses pour remplacer des membres, on en avait déjà vu dans la série télévisée L’homme qui valait trois milliards (The Six Million Dollar Man, 1974-1978) ou au cinéma, par exemple dans L’Empire contre-attaque (The Empire Strikes Back, 1980), deuxième épisode de la série des Star Wars, où Luke Skywalker peut retrouver une main fonctionnelle alors qu’elle avait été auparavant tranchée dans l’iconique combat contre Darth Vader. Il s’agissait de chirurgie réparatrice et ce dernier était déjà lui aussi un cyborg devenu dépendant de la technologie pour assurer ses fonctions vitales. Dans le cyberpunk, les usages étant plus larges, la population concernée est bien plus vaste.

  • 22 William Gibson, Gravé sur chrome, op. cit.

20Les modifications ne sont d’ailleurs pas nécessairement visibles à l’extérieur du corps. Johnny Mnemonic, dans la nouvelle de William Gibson du même nom22, a des implants dans le crâne qui lui permettent de transporter des données (de façon aussi à éviter de les faire circuler par un réseau informatique, avec tous les risques d’interception possibles). Dans l’équipe qui va se constituer dans Neuromancien, Peter Riviera est une espèce d’illusionniste dont le talent provient aussi d’un surplus technique, en l’occurrence des implants qui lui permettent de projeter des images holographiques.

21Ces modifications corporelles ne sont pas faites pour le plaisir de la transgression. De toute manière, la question de l’acceptation des cyborgs par le reste de la société ne semble pas se poser. Cette altérité n’est pas vue comme une monstruosité et donc pas synonyme de rejet. Le plus souvent, ces cyborgs ne sont pas des handicapés qui ont dû recourir à ces technologies pour pallier leurs problèmes physiques. Ce sont des individus qui ont fait des choix de modification de leur propre corps, généralement pour acquérir d’autres capacités. Cette différence est fondamentale : elle montre des subjectivités prêtes pour des options qui s’éloignent des assignations biologiques.

  • 23 « Before & After Science : La figure du posthumain dans les textes de William Gibson », Pop-en-Stoc (...)

22Mais comme le fait remarquer Christophe Becker, ce ne sont pas de belles prothèses impeccables : « Malgré la technologie avancée, les prothèses de Ratz et Automatic Jack sont décrites comme des antiquités, des vieilleries. Ainsi, dans « Burning Chrome », le personnage du Finnois demande à Automatic Jack s’il souhaite « mettre au clou » son bras mécanique et s’offrir une prothèse plus récente, débarrassée de ce bruit caractéristique si exaspérant, « quelque chose de moins bruyant »23 ». Plutôt que des êtres nécessairement surpuissants, les descriptions montrent aussi des fragilités. Du reste, si la prothèse est obsolète, elle peut être changée. La seule limitation aux modifications personnelles semble être les moyens financiers de celui ou celle qui les envisage : s’il n’y a pas de quoi payer, il faudra penser à autre chose.

  • 24 Cf. Donna Haraway, Manifeste cyborg et autres essais. Sciences – Fictions – Féminismes, Paris, Exil (...)
  • 25 Cf. « The Business of Cyberpunk: Symbolic Economy and Ideology in William Gibson », Configurations, (...)

23On peut ajouter cette supposition : si l’on croise peu de robots dans le cyberpunk, c’est peut-être parce que les humains devenus cyborgs gardent un avantage ou une efficacité supérieure. La cyborgisation est-elle pour autant une voie ou une étape vers l’émancipation, ou au moins un levier pour une contestation d’un certain ordre dominant, comme pourraient le penser celles et ceux s’inscrivant dans le sillage de Donna Haraway24 ? Si l’on prend le cyberpunk comme un laboratoire, il inciterait plutôt à nuancer largement une telle hypothèse et en tout cas à sortir des visions iréniques sur ces rapprochements entre humains et machines qui iraient jusqu’à l’hybridation. Puisqu’il faut vivre, ou plus précisément assurer sa survie, toutes ces modifications peuvent finir par n’être que de nouveaux moyens pour continuer à servir les riches et puissants… Le cyborg, dans l’analyse que David Brande fait de sa version cyberpunk, doit ainsi exister dans un monde qui n’est pas exempt d’une forme d’idéologie latente : il est aussi une résultante du capitalisme avancé et de la manière dont ce dernier restructure les modes et relations de production25.

Détotalisation des corps et extension du domaine de la marchandisation

  • 26 William Gibson, Comte Zéro, Paris, J’ai Lu, 1988 (Count Zero, London, Gollancz, 1986), p. 5.

24Dans ces représentations, le corps ne paraît plus être qu’une addition de parties adaptables ou modifiables. Les organes (améliorés ou non, artificiels ou non) deviennent marchandises et peuvent être achetés sur le « marché libre » (expression utilisée dans Comte zéro de William Gibson). Turner, le mercenaire de Comté zéro, a un contrat qui, au tout début du roman, va lui permettre d’être reconstruit grâce à des éléments corporels achetés sur ce type de marché. Pour le reste du travail chirurgical : « Il fallut au Hollandais et à son équipe trois mois pour rassembler les morceaux de Turner. Ils lui clonèrent un mètre carré de peau, ensemencée sur des plaques de collagène et de polysaccharides tirées de cartilage de requin26 ». D’ailleurs, une partie des activités médicales est devenue tout aussi interlope que certains secteurs de l’économie. Il existe dans ce futur une médecine de pointe, mais elle est extrêmement onéreuse. Ce sont ces conditions financières que Sarah, la « crade » de Câblé, doit accepter pour espérer pouvoir faire soigner son frère Daud dans les meilleures conditions.

  • 27 William Gibson, « Gravé sur Chrome », op. cit., p. 237.
  • 28 William Gibson, « Gravé sur Chrome », op. cit., p. 238.

25Les pièces pour ces corps réparables et modifiables sont évidemment de qualités variables. L’accès à la qualité supérieure est logiquement plus facile pour les individus les plus aisés ; les autres devront se contenter d’une offre moins fiable. Puisque ces prothèses et améliorations corporelles sont des produits commerciaux, il s’avère assez logique que se développent des inégalités pour y accéder. Dans la nouvelle « Gravé sur Chrome », c’est le cas des yeux Zeiss Ikon : « La marque des stars. Très chers27 ». Se contenter de marques de moindre qualité peut être plus risqué : « Il y a toutes les chances que les nerfs optiques de ce gosse commencent à se détériorer dans les six mois. […] Ces Sendaï sont interdits en Angleterre, au Danemark, dans plein de pays. Les nerfs, on ne peut pas les remplacer28 ».

26Tout désir utilitaire semble pouvoir trouver une offre commerciale pour le satisfaire. Y compris lorsque ce désir n’est qu’un appât du gain converti aux nouvelles technologies, comme dans cette publicité présentée dans Câblé :

  • 29 Walter Jon Williams, op. cit., p. 232-233.

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27En plus de la chirurgie esthétique, il devient possible de fabriquer son corps en choisissant parmi l’offre disponible en fonction de ses moyens. Dans le monde décrit par George Alec Effinger, notamment pour certaines activités dans les parties les plus interlopes, changer de sexe semble même une option relativement aisée.

  • 30 Walter Jon Williams, op. cit., p. 274.

28Ces augmentations et le recours à différents types de prothèses sont aussi souvent une condition de survie dans un environnement social extrêmement rude et violent. Pour affronter ce monde, mieux vaut en effet s’armer… Ou faire de son corps lui-même une arme potentielle… Le pragmatisme règne puisqu’il n’y a plus lieu de s’embarrasser de considérations morales. Est-ce bien ou mal ? Peu importe du moment que c’est utile… Dans le cas de Sarah dans Câblé, ancienne prostituée reconvertie garde du corps et tueuse à gages : « Le cybercobra est à présent moins une horreur qu’un pathétique moyen de se défendre, de se faire une place dans les ténèbres de l’ordre nouveau »30. Difficile donc de voir dans ces pratiques une espèce d’ambition prométhéenne : les technologies sont saisies parce qu’elles sont disponibles. Pur pragmatisme…

29De toute manière, toutes ces pratiques ne semblent plus soumises à aucune régulation juridique, et les multiples possibilités de recours à des cliniques illégales la rendraient en fait peu applicable et plutôt superflue. Au surplus, si ces activités ne pouvaient avoir lieu à un endroit, elles auraient lieu ailleurs et il y a pour elles toujours de la complaisance quelque part : la globalisation qui prévaut encore plus dans ce type de monde a aussi pour conséquence la circulation de ces technologies et l’élargissement des possibilités pour y accéder.

  • 31 William Gibson, Mona Lisa s’éclate, Paris, J’ai lu, 1990 (Mona Lisa Overdrive, London, Gollancz, 19 (...)

30Les corps humains ne sont plus que des débouchés commerciaux pour des offres de modifications proposées comme n’importe quel produit courant. Dans les premiers textes de William Gibson, la chirurgie esthétique apparaît comme un service banal et un moyen d’atteindre une espèce de perfection fantasmée, souvent alignée sur les représentations de stars des médias. Parce qu’elle ressemble à son idole, la Mona de Mona Lisa s’éclate31, paumée qui aurait dû être condamnée à errer dans les squats entre la drogue et la prostitution, subira cette intervention dont elle aurait peut-être rêvé, mais sans avoir rien demandé et pour des motifs plutôt tortueux.

31Dans ce contexte, l’identité humaine n’est donc jamais figée et paraît pouvoir être constamment recomposée. D’autant que les modes, pour les visages et les corps comme pour les vêtements, paraissent très éphémères. On n’est d’ailleurs guère surpris que la publicité pousse encore davantage à ce type de pratiques :

  • 32 Walter Jon Williams, op. cit., p. 303.

Fatigué de l’image que vous renvoie votre miroir ?
Confiez à CORPSMODERNE le soin de vous offrir un NOUVEAU visage !
Promotion du mois sur les physionomies célèbres32

  • 33 La société de consommation. Ses mythes, ses structures, Paris, Denoël, 1970.

32Le corps semble finalement devenu ce que pressentait déjà Jean Baudrillard en 1970 : « le plus bel objet de consommation33 ».

L’évasion post-biologique

33Quelle importance y a-t-il alors encore à garder son corps ? La mort elle-même peut être la promesse d’une forme de résurrection s’il devient possible de sauvegarder ou restaurer l’esprit sur un support informatique. Elle n’est plus une fin, mais une étape intermédiaire (et sans arrière-plan religieux).

  • 34 Walter Jon Williams, op. cit., p. 294-295.
  • 35 Idem, p. 324.
  • 36 Idem, p. 349.

34Dans Neuromancien par exemple, McCoy Pauley, l’ancien pirate informatique et mentor de Case, devenu Dixie le Trait-plat (Dixie Flatline en version originale), n’est plus qu’une forme d’enregistrement préservée dans un espace virtuel. Ce qui le place par ailleurs aussi dans une situation de complète dépendance. Situation similaire pour le personnage de Reno dans Câblé : « Reno est bien piégé quelque part dans le cristal, ce qui reste de lui est un spectre électronique, pris dans une boucle sans fin entre deux univers, fonçant vers nulle part à la vitesse de la lumière34 ». Avec l’espoir peut-être de retrouver une forme de matérialité corporelle, mais différente de l’ancienne : « La cuve de Reno est une matrice de cristal à La Havane, prête au transfert dans un corps cloné, sitôt qu’on estimera l’ADN assez proche de son aspect original et qu’on pourra faire croître un nouveau corps à partir de celui-ci35 ». Et une solution plus maléfique s’avère même disponible : « C’est un programme d’intrusion de la pire espèce. […] Il reconstitue un esprit dans un cristal. Puis entre dans un autre esprit, vivant, celui-là, et l’y implante par-dessus. Impose la première personnalité à la seconde. Exécute en quelque sorte une copie de sauvegarde du programme36 ».

  • 37 Voir par exemple Mind Children. The Future of Robot and Human Intelligence, Harvard, Harvard Univer (...)

35Avec ces possibilités, il ne s’agit plus seulement d’une mémoire exosomatique, autrement dit juste des souvenirs enregistrés sur un support artefactuel, mais aussi d’une conscience exosomatique. Ce qui laisse penser qu’un individu, avec tout son parcours personnel, peut maintenir ou trouver son identité par d’autres voies que celle de la matérialité organique enfermée dans un cerveau lui-même dépendant d’un corps. Une part de cet imaginaire se situe donc dans un registre qui peut être qualifié de post-biologique, si l’on reprend le terme que le roboticien Hans Moravec avait commencé à utiliser à la fin des années 198037, mais dans son cas avec un arrière-plan penchant vers le transhumanisme et une forme d’acceptation de l’abandon du corps au profit d’un transfert numérique de la conscience.

  • 38 Cf. Fabien Benoit (2019), « FM-2030, précurseur du transhumanisme », Slate, 10 avril 2019, http://w (...)
  • 39 William Gibson, Neuromancien, op. cit., p. 9.

36Un tel imaginaire n’est pas sans reproduire l’ancien dualisme, cartésien notamment, distinguant l’esprit et le corps. La distinction est même encore plus marquée dans le cas du cyberpunk. Il est de fait souvent associé à l’image d’un mépris du corps, rejeté comme un vulgaire tas de « viande ». Les personnages semblent porter un désir de fuir les inconforts et limitations de leur enveloppe corporelle (désir qu’on trouvait déjà chez certains précurseurs du transhumanisme38). Ce désir est aussi celui d’accéder à une espèce de dimension supérieure, ou au moins autre, comme si pouvait être ainsi ouvert un nouvel espace de liberté. C’est pour cela que pour Case, le hacker de Neuromancien, avoir le système nerveux endommagé et ne plus pouvoir accéder au cyberspace est une punition terrible (« Pour Case, qui n’avait vécu que pour l’exultation désincarnée du cyberespace, ce fut la Chute. Dans les bars qu’il fréquentait du temps de sa gloire, l’attitude élitiste exigeait un certain mépris pour la chair. Le corps, c’était de la viande. Case était tombé dans la prison de sa propre chair39. »). Comme si le corps enfermait dans des limites… Parler de « viande » à propos du corps, c’est aussi lui donner une faible valeur, ou en tout cas une valeur inférieure à d’autres éléments censés définir l’humain. Il est ravalé à sa matérialité : une matérialité encombrante, assimilée à un fardeau dont il s’agirait de se débarrasser, ou au moins de s’alléger.

37À suivre l’imaginaire du cyberpunk, la condition humaine sera une condition cybernétisée, baignant dans des flux d’informations et de données. Et pas forcément avec la possibilité de garder des prises sur celles-ci. Qu’est-ce que ça fait de ne plus être complètement propriétaire de son cerveau ? Johnny Mnemonic, dans la nouvelle du même nom, a fait le choix d’utiliser et de louer le sien comme dispositif de stockage de données (externes donc). Degré supplémentaire d’exploitation de l’individu, métaphorisant ainsi une aliénation redoublée ? Johnny Mnemonic n’est en effet qu’un vulgaire coursier, qui n’est même pas censé savoir ce qu’il transporte dans sa boîte crânienne. L’organe cérébral contient une mémoire, autre en l’occurrence, qui n’est pas la mémoire personnelle.

  • 40 Paris, Opta, 1986 (New York, Ace Books, 1982).

38Après la mort, il est même possible d’envisager la reconstruction de la personnalité sur un support artificiel. Des activités analogues aux activités cérébrales n’ont alors plus de matérialité organique, comme pour Dixie le Trait-plat qui, dans Neuromancien, n’existe plus qu’à l’état de « construct ». Plutôt qu’un sommeil éternel, il y aurait donc une « vie » possible après le décès, mais pas du type de celle laissée à l’imagination dans les religions. Si le corps n’est plus fonctionnel, l’esprit, lui, peut être accueilli ailleurs, dans un autre réceptacle. Dans Software de Rudy Rucker40, on trouvait aussi déjà la possibilité de transférer son esprit dans un ordinateur, possibilité offerte comme un accès à une forme d’immortalité.

39La vision produite est loin d’être complètement enchantée. Même avec un surcroît de technologie, l’existence paraît rester une condition douloureuse. Tout compte fait, sous différentes formes, les humains paraissent condamnés à devenir des objets, par morceaux ou entièrement.

40Dans Neuromancien, l’impression est encore davantage accentuée pour Armitage, ancien militaire à la personnalité reconstituée, qui, dans son rôle de recruteur, est devenu la marionnette de Muetdhiver (Wintermute). Son instrumentalisation par une intelligence artificielle donne une figuration à une crainte humaine latente : celle de finir sous le contrôle complet d’une machine invisible et de subir même une privation radicale de personnalité. Qui serait rassuré de savoir que des techniques permettent de pirater et de reconstruire l’esprit d’une personne ? Cette espèce de crainte réapparaîtra par exemple plus tard à travers les capacités du « Puppet Master » dans le manga puis les différentes versions cinématographiques de Ghost in the Shell.

41Le corps n’est qu’une enveloppe passagère. Il apparaît comme un support provisoire et presque contingent d’autre chose, une conscience ou un esprit qui peut avoir une existence ailleurs, comme un stock d’informations transférable, ouvrant ainsi vers le vertige métaphysique de possibilités radicalement nouvelles.

Conclusion

42Le cyberpunk ne donne pas seulement à voir des humains immergés dans une technicisation accrue de leurs environnements ; il problématise aussi les évolutions technologiques en questionnant les manières dont certaines sont susceptibles d’affecter les corps et les esprits. Par une variété d’incarnations fictionnelles, cet imaginaire est une forme de continuation de l’exploration de la vieille dichotomie cartésienne. Il retravaille l’interrogation archi-classique sur ce que cela signifie être humain (physiquement et spirituellement), mais à travers la transfiguration des transformations, modifications, ajouts, etc. que rendrait possible la technoscience (sous des formes souvent impures, d’ailleurs).

43L’humain apparaît ainsi comme une matière ou un matériau ayant une forte plasticité. Dans ces mondes hypertechnicisés et comme une conséquence (presque directe), il ne semble plus possible de lui donner une ontologie certaine. Le cyberpunk plonge au cœur de l’intime par l’intermédiaire des corps : il leur fait perdre leur part « naturelle », la rend contingente et presque modifiable à l’envi. Il n’est même plus question de se demander si ce type de transformations, le recours à des implants neuronaux ou des prothèses cybernétiques par exemple, est bien ou non, moralement acceptable ou non : elles paraissent presque acceptées comme une évidence, comme on achèterait un produit en magasin pour peu qu’on en ait les moyens.

44La technique n’est plus autour, comme quelque chose de séparé et d’instrumental. Elle est passée au-dedans des humains, affectant et machinisant ainsi encore davantage leur physiologie à des degrés divers. C’est aussi en même temps la condition du cyborg qui est révélée : celle d’une dépendance à l’égard des technologies.

45Où se trouve la frontière dont le franchissement, par-delà l’organique ou le biologique, finit par faire ressembler l’humain à une machine ? C’est à partir de ce type de questionnement que le cyberpunk peut être et a été vu non seulement comme une forme d’interrogation sur la condition humaine, mais aussi comme une étape et un élément dans le déploiement d’un imaginaire post-humain. Pour ces situations, faut-il parler de post-humain ou d’effacement de l’humain ? Tout s’y passe comme si le corps était une enveloppe sur le point de devenir obsolète. L’impression est même que l’identité humaine, dans sa base biologique de surcroît, est toujours instable, transitoire.

46Il reste toutefois difficile de raccrocher cet ensemble de projections au courant transhumaniste qui est devenu montant dans les décennies qui ont suivi. Il n’en a pas l’espèce de confiance optimiste qui pousse à voir les potentialités technologiques ouvertes comme des gains permettant nécessairement à l’humanité de dépasser les limites de sa condition. L’imaginaire cyberpunk laisse place à davantage d’ambiguïtés, voire de doutes sur ces gains et les effets sociaux à attendre. Une vie plus longue ou « augmentée » n’y semble pas la garantie d’une vie meilleure et plus satisfaisante…

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Bibliographie

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Notes

1 Pour des éléments de présentation et de remise en contexte, voir par exemple Graham J. Murphy, « Cyberpunk and Post-Cyberpunk », in Gerry Canavan and Eric Carl Link (eds), The Cambridge History of Science Fiction, Cambridge, Cambridge University Press, 2018.

2 Cf. Marina Maestrutti, « Techno-imaginaires du corps à l’ère des technosciences. Art contemporain et utopie de la transformation », Cahiers de recherche sociologique, n° 50, Printemps, 2011, p. 77-95.

3 Pour une entrée dans une analyse plus large de ces modes de représentation, voir Elaine Després et Hélène Machinal (dir.), PostHumains : frontières, évolutions, hybridités, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2014.

4 Cf. David Le Breton, « Des corps hypermodernes », Connexions, 2018/2 (n° 110), p. 87-98.

5 Cf. Yannick Rumpala, « Littérature à potentiel heuristique pour temps incertains. La science-fiction comme support de réflexion et de production de connaissance », Methodos [En ligne], n° 15, 2015. URL : http://journals.openedition.org/methodos/4178.

6 S’insérant ainsi dans le réceptacle bien plus large que constituait déjà la science-fiction. Cf. Sherryl Vint, Bodies of Tomorrow: Technology, Subjectivity, Science Fiction, Toronto, University of Toronto Press, 2007.

7 Voir par exemple Daniela Cerqui et Barbara Müller, « La fusion de la chair et du métal : entre science-fiction et expérimentation scientifique », Sociologie et sociétés, vol. 42, n° 2, Automne 2010, p. 43-65.

8 Cf. Catherine Rémy, Myriam Winance, « Pour une sociologie des « frontières d’humanité » », Politix, 2010/2 (n° 90), p. 7-19.

9 Walter Jon Williams, Câblé, Paris, Denoël (Hardwired, San Francisco, Night Shades Books, 1986), repris dans le recueil Câblé +, Paris, Denoël, 2004, p. 67.

10 « “The Mainstream Finds Its Own Uses for Things”: Cyberpunk and Commodification », in Graham J. Murphy and Sherryl Vint (eds), Beyond Cyberpunk: New Critical Perspectives, New York, Routledge, 2010, p. 101.

11 Préface, in Bruce Sterling (éd.), Mozart en verres miroirs, Paris, Folio SF, 2001, p. 17 (Preface, in Bruce Sterling (ed.), Mirrorshades: The Cyberpunk Anthology, New York, Arbor House, 1986).

12 George Alec Effinger, Gravité à la manque, (When Gravity Fails, New York, Arbor House, 1987), repris dans Les nuits du Boudayin, Saint-Laurent d’Oingt, 2015, p. 10.

13 George Alec Effinger, op. cit., p. 41.

14 Idem, p. 127-128.

15 Idem, p. 128.

16 Walter Jon Williams, op. cit., p. 122.

17 William Gibson, « Gravé sur Chrome », in Gravé sur chrome, Paris, J’ai lu (Burning Chrome, New York, Arbor House, 1986), p. 228.

18 Yves Eudes, « En Suède, des puces électroniques dans la peau », Le Monde, 3 octobre 2017, https://www.lemonde.fr/lifestyle/article/2017/10/03/en-suede-des-puces-electroniques-dans-la-peau_5195287_1616922.html.

19 Pour une remise en perspective, voir Christine Cornea, « Chapter 18. Figurations of the Cyborg in Contemporary Science Fiction Novels and Film », in David Seed (ed.), A Companion to Science Fiction, Malden, Blackwell Publishing Ltd, 2005.

20 William Gibson, Neuromancien, Paris, J’ai Lu, nouvelle édition (Neuromancer, New York, Ace Books, 1984), p. 6 et 7.

21 Walter Jon Williams, op. cit., p. 27.

22 William Gibson, Gravé sur chrome, op. cit.

23 « Before & After Science : La figure du posthumain dans les textes de William Gibson », Pop-en-Stock, 01/12/2015, http://popenstock.ca/after-science-la-figure-du-posthumain-dans-les-textes-de-william-gibson.

24 Cf. Donna Haraway, Manifeste cyborg et autres essais. Sciences – Fictions – Féminismes, Paris, Exils, 2007 ; Ian Larue, Libère-toi cyborg ! Le pouvoir transformateur de la science-fiction féministe, Paris, Éditions Cambourakis, 2018.

25 Cf. « The Business of Cyberpunk: Symbolic Economy and Ideology in William Gibson », Configurations, vol. 2, n° 3, 1994, p. 508.

26 William Gibson, Comte Zéro, Paris, J’ai Lu, 1988 (Count Zero, London, Gollancz, 1986), p. 5.

27 William Gibson, « Gravé sur Chrome », op. cit., p. 237.

28 William Gibson, « Gravé sur Chrome », op. cit., p. 238.

29 Walter Jon Williams, op. cit., p. 232-233.

30 Walter Jon Williams, op. cit., p. 274.

31 William Gibson, Mona Lisa s’éclate, Paris, J’ai lu, 1990 (Mona Lisa Overdrive, London, Gollancz, 1988).

32 Walter Jon Williams, op. cit., p. 303.

33 La société de consommation. Ses mythes, ses structures, Paris, Denoël, 1970.

34 Walter Jon Williams, op. cit., p. 294-295.

35 Idem, p. 324.

36 Idem, p. 349.

37 Voir par exemple Mind Children. The Future of Robot and Human Intelligence, Harvard, Harvard University Press, 1990.

38 Cf. Fabien Benoit (2019), « FM-2030, précurseur du transhumanisme », Slate, 10 avril 2019, http://www.slate.fr/story/175443/fm-2030-fereidoun-m-esfandiary-transhumanisme-futurologie.

39 William Gibson, Neuromancien, op. cit., p. 9.

40 Paris, Opta, 1986 (New York, Ace Books, 1982).

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Pour citer cet article

Référence papier

Yannick Rumpala, « De la technicisation des corps à la post-humanité ? Le cyberpunk comme moment et espace de problématisation des transformations de la condition humaine »Revue des sciences humaines, 341 | 2021, 279-294.

Référence électronique

Yannick Rumpala, « De la technicisation des corps à la post-humanité ? Le cyberpunk comme moment et espace de problématisation des transformations de la condition humaine »Revue des sciences humaines [En ligne], 341 | 2021, mis en ligne le 01 janvier 2023, consulté le 24 avril 2025. URL : http://journals.openedition.org/rsh/441 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rsh.441

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