1Peu connu en France, F. Rielo (1923-2004), né à Madrid, fonde en 1959, après presque dix ans de formation chez les Rédemptoristes, un institut religieux, les Missionnaires Identès, puis une école de pensée, l’École Idente. On doit à plusieurs de ses membres la traduction française de ce livre posthume, composé à partir des manuscrits et notes de F. Rielo. Réflexion sur la place centrale de l’expérience mystique dans une vie chrétienne authentique, ces pages proposent un « humanisme “christologique” », selon Marie-Jeanne Coutagne et Michel Faye, qui soulignent également dans la préface la grande importance de M. Blondel dans la pensée de F. Rielo (p. 13, 15).

2Il faut bien constater que la lecture est quelque peu entravée par un vocabulaire volontiers fait de néologismes — sûrement source de difficultés pour les traducteurs ! — et porté à des transcriptions d’allure mathématique (ainsi P₁, P₂ P₃ pour les personnes trinitaires, p. 122). Mais l’affirmation de l’homme comme capax Dei et des aspirations qui orientent sa vie (chap. iii, « La définition mystique de l'être humain ») vient achever la réflexion des deux premiers chapitres sur ce qu'est l’être humain, la personne humaine, « un esprit psychosomatisé défini par la divine présence constitutive » (p. 72, 83…) ; dans ses analyses, Rielo insiste tout particulièrement sur la conscience, la perception intime que peut avoir chacun de cette présence.

3À une époque où l'Église a appris à se méfier de la « fausse mystique », la deuxième moitié du livre apporte des éléments de discernement, ainsi la définition de « mécanismes de défense » mis en œuvre pour conforter la négation de Dieu (chap. iv, « Déformation de la vie mystique ») ; surtout, l’analyse des degrés de la prière et des états mystiques — avec la place centrale accordée à la notion de recueillement — montre que le propos de F. Rielo est d’ouvrir à tout croyant la réalisation quotidienne, sans idéalisation, de ce qu'il nomme la « conscience filiale mystique » (p. 157-159 et 187-195).

4Signalons deux autres écrits de Rielo déjà traduits en français : Transfiguration (trad. de B. Sesé, préf. de J.-C. Renard, Paris, 1986) et Fernando Rielo : un dialogue à trois voix (Entretiens avec M.-L. Gazarian, Saint-Léger, 2019).