1L’ouvrage collectif dirigé par F. Messner est une contribution à la réflexion sur l’organisation de l’islam dans la France d’aujourd’hui à travers une étude sur le statut des imams. Ce volume restitue ainsi les résultats d’une recherche collective sur ce thème financée par le Bureau central des cultes. L’étude proposée se découpe en quatre parties (p. 19-110 ; 113-162 ; 165-245 ; 249-272) précédées d’une introduction (p. 7-15) et d’une conclusion (p. 273-277).

2Plusieurs constats, indiqués par F. Messner dans son introduction, sont à l’origine de l’ouvrage : seul un tiers des imams en France sont de nationalité française et moins de la moitié sont rémunérés au titre de leur ministère religieux (p. 8). De plus, il n’existe pas encore de texte régissant le statut des imams, tâche qui incombe à l’autorité centrale du culte musulman (CFCM) et non à l’État, tenu de respecter le principe constitutionnel de laïcité (p. 9). Pour comprendre les éléments permettant une structuration du culte musulman, l’ouvrage propose donc une analyse du statut des imams dans une approche comparative.

3Ainsi la première partie, intitulée « Les droits internes des religions », présente les conditions de l’imam en droit musulman (article d’A. Ramadan, p. 19-46) mais aussi le statut des prêtres (A. Ky-Zerbo, p. 47-68), des pasteurs (J.-P. Willaime, p. 69-92), des rabbins (Messner, p. 93-106) et des moines bouddhistes (R. Wang-Genh, p. 107-110). F. Messner avertit cependant le lecteur : « Il ne s’agit pas d’imposer un modèle, mais plutôt de dégager des bonnes pratiques facilitant l’exercice des fonctions cultuelles » (p. 10).

4La deuxième partie, intitulée « Les imams en France et leur organisation sur le terrain », se compose de trois contributions. La première, écrite par F. Frégosi, pose la question de la gouvernance de l’imamat en France (p. 113-143). Après en avoir présenté la réalité sociale, la contribution se conclut sur les trois logiques d’action publiques derrière la mise en place d’un statut officiel pour les imams : « une professionnalisation de la fonction d’imam, une tentative de bureaucratisation de l’imamat et enfin la production d’un islam religieusement et socialement réputé sûr pour la société » (p. 134). La deuxième contribution (p. 145-151), écrite par J. Dessertaine porte sur la procédure d’affiliation des imams à la Caisse d’assurance vieillesse, invalidité et maladie des cultes (CAVIMAC) et présente les spécificités et particularismes de ce régime. Cette partie se clôt par contribution de H. Amode, qui porte sur les statuts des imams à la Réunion (p. 153-159).

5Toujours selon une approche comparative, la troisième partie, intitulée « Fixer un statut pour les imams. Les exemples étrangers », propose une étude du statut des imams dans différents pays : la Belgique (J.-F. Husson, p. 165-184), l’Espagne (J. L. Llaquet, p. 185-218), l’Autriche (W. Wieshaider, p. 219-232) et enfin le Sénégal (S. Diamil Niane, p. 233-247).

6La dernière partie, intitulée « Rédiger une charte ou un statut des imams en France », restitue une réflexion autour de deux textes de portée différente : la charte nationale des imams du CFCM et le statut de l’imam du CRCM (Strasbourg). Cette partie se clôt sur la version intégrale des deux textes, organisés en quatre chapitres pour la première et en dix-sept articles pour le second.

7En conclusion, F. Messner rappelle que si l’élaboration d’un statut officiel fait l’objet d’un consensus chez les différents acteurs concernés, des divergences de fond empêchent encore sa réalisation (p. 273). Par ailleurs, la neutralité de l’État, garantie par la constitution, n’exclut pas une intervention de celui-ci dans l’accompagnement des acteurs religieux dans le processus de rédaction d’une charte des imams. Cette conclusion, et le livre, se closent sur l’importance de renforcer les pôles d’islamologie, d’histoire de la pensée et de théologie musulmane au sein des universités françaises (p. 277).