1Après l’incendie de la cathédrale de Notre-Dame de Paris, le chantier national pour la reconstruction mobilise les efforts de tous les corps de métier. La question première qui a été soulevée dès la mise en chantier a été la suivante : faut-il innover ou reconstruire à l’identique ?, s’interrogeant ainsi sur l’identité du bâtiment. Spécialiste de philosophie esthétique, l’A. pose le problème d’un double point de vue théologique et philosophique. Il montre tout d’abord que la question est, en fait, un remake entre Viollet-le-Duc et Ruskin, entre la restauration active et l’esthétique de la ruine.

2L’identité de Notre-Dame est plurielle : elle est une identité d’artefact, mais possède une identité propre car elle n’est pas n’importe quelle construction. Elle est davantage qu’une simple œuvre culturelle. C’est en identifiant son essence propre que l’on comprend son fonctionnement esthétique. Et, comme le souligne l’A., « s’agissant de Notre-Dame, ce fonctionnement ne peut pas être esthétique sans être religieux et même théologique » (p. 170). Elle est ainsi beaucoup plus qu’un simple emblème patrimonial, elle procure l’intelligence de la foi : « Pour appréhender Notre-Dame comme ce qu’elle est, il faut non pas seulement comprendre ce qu’elle manifeste, son contexte religieux, mais croire ce qu’elle manifeste » (p. 212). L’appréciation de l’identité de la cathédrale incendiée passe par la foi, et la question de sa restauration est indissociable d’un acte de foi. Toute restauration à l’identique qui ne prend pas en compte cette dimension peut ruiner toute la signification de Notre-Dame. Cet ouvrage propose un certain nombre de thèses esthétiques réalistes et fournit ainsi un guide de réflexion dans le contexte actuel de la rénovation.