Papathomas, Grigorios D. (dir.), Droit canonique et ecclésiastique de l’Église orthodoxe. Sources, histoire, institutions et particularités
Papathomas, Grigorios D. (dir.), Droit canonique et ecclésiastique de l’Église orthodoxe. Sources, histoire, institutions et particularités, Strasbourg, Presses universitaires, 2024, 393 p.
Texte intégral
1Le titre et le sous-titre de cet ouvrage sont explicites, ils en disent l’objet et le contenu, dont la quatrième de couverture expose les grandes lignes. Quant à son maître d’œuvre, il est bien connu à Strasbourg, et plus précisément dans l’Institut de droit canonique où il assure régulièrement des enseignements et participe à des recherches et des colloques depuis de nombreuses années. L’importante publication qu’il vient de faire paraître s’inscrit dans la collection « Société, droit et religion », dont le fondateur, le Pr Francis Messner, a rédigé un avant-propos pour situer le droit canonique orthodoxe par rapport aux autres droits confessionnels ou internes des religions. En effet, les religions et les confessions sont organisées chacune selon des systèmes d’organisation propres qui, dans les relations avec les instances de l’État, placent celles-ci devant un pluralisme juridique d’autant plus complexe que la multiplication des religions présentes dans un même pays ne fait que s’accroître. À cet égard, l’orthodoxie se présente sous des formes multiples, en raison de l’autocéphalie de ses Églises. Cette multiplicité explique la pluralité des contributeurs de l’ouvrage ; ils sont treize, exerçant à Strasbourg, à Paris (Institut Saint-Serge), en Grèce (Athènes et Thessalonique), en Roumanie, à Moscou et en Suède.
2L’ouvrage est organisé en trois parties : les sources protocanoniques (la Bible) ; l’émergence du droit canon, avec la formation du corpus des canons (temps apostoliques – 883) et les systématisations de l’ère post-byzantine (1453-1821) ; l’enseignement du droit canonique et ecclésiastique dans les Églises locales (Grèce et Roumanie, 1821-2011). Ces exposés sont suivis de nombreux instruments pour l’étude et la recherche : des plans explicatifs, des glossaires, des tableaux des sources canoniques et enfin d’importantes bibliographies, indiquant les manuels français, grecs, russes et roumains. Les tableaux des sources canoniques sont très explicites, avec indication détaillée des titres, des pièces et des canons de chaque document, mention des origines et datation, etc.
3Alors que le droit canonique de l’Église latine a été recueilli dans deux codes successifs promulgués respectivement en 1917 (2 414 canons) et en 1983 (1 752 canons), sans emprunts explicites ni références à la Bible, le droit canonique de l’Église orthodoxe, par contre, plonge ses racines dans le terreau biblique (p. 21-62) et manifeste la continuité de la Loi reçue de Dieu et relayée par les apôtres (Ac 15, 5-29). En effet, lesdits Canons des Apôtres ont été placés en tête du Corpus Canonum de l’Église orthodoxe (p. 366) et de la collection des canons établie par le concile In Trullo (691, can. 2), qui les reconnaissait comme authentiques, leur rédaction pseudépigraphique n’ayant été reconnue qu’à l’époque moderne, À cet égard, les collections de canons ont été constituées d’abord par des instances ecclésiastiques lors des conciles, puis par des initiatives privées, dans le milieu des canonistes (le Pidalion, avant 1800, et le Syntagma, 1852-1859). Ainsi, le Corpus Canonum a été constitué pendant le premier millénaire, tandis qu’avec le deuxième millénaire est venu le temps des commentaires, des interprétations et des systématisations.
4L’histoire mouvementée des Églises orthodoxes autocéphales a, bien sûr, marqué l’évolution de leur droit, entraînant des césures importantes, dont les prises de Constantinople par les croisés en 1204, puis par les Turcs en 1453, et leurs incidences sur les relations des Églises avec les autorités impériales ou civiles, du fait des nombreux changements de régime politique, avec la fin de l’Empire byzantin chrétien, puis la succession des différentes dominations en Europe centrale, à savoir ottomane, autrichienne et autres. D’autres évolutions intervinrent lorsque la Grèce conquit son indépendance par rapport à l’Empire ottoman (1821).
5Cette importante publication, Droit canonique et ecclésiastique de l’Église orthodoxe, met ainsi à la disposition des théologiens, des canonistes et de tout lecteur souhaitant mieux connaître l’orthodoxie, un excellent manuel, réunissant une documentation considérable, très instructif et très accessible par sa présentation et son organisation.
Pour citer cet article
Référence papier
Marcel Metzger, « Papathomas, Grigorios D. (dir.), Droit canonique et ecclésiastique de l’Église orthodoxe. Sources, histoire, institutions et particularités », Revue des sciences religieuses, 98/2-4 | 2024, 384-385.
Référence électronique
Marcel Metzger, « Papathomas, Grigorios D. (dir.), Droit canonique et ecclésiastique de l’Église orthodoxe. Sources, histoire, institutions et particularités », Revue des sciences religieuses [En ligne], 98/2-4 | 2024, mis en ligne le 31 décembre 2024, consulté le 21 mai 2025. URL : http://journals.openedition.org/rsr/14959 ; DOI : https://doi.org/10.4000/13by7
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