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AccueilNumérosVol. 50 - n° 4Comptes rendusTravail et reconnaissance des com...

Comptes rendus

Travail et reconnaissance des compétences, W. Cavestro, C. Durieux, S. Monchatre (Eds.)

Economica, Paris (2007). 224 pp. 
Michèle Tallard
p. 577-578
Référence(s) :

William Cavestro, Christine Durieux et Sylvie Monchatre (dir.), Travail et reconnaissance des compétences, Economica, Paris, 2007, 224 pp.

Texte intégral

1Ce livre constitue les actes d’un séminaire coorganisé par le laboratoire d’économie de la production et de l’intégration internationale (LEPII) et le Céreq à Grenoble en 2005 et début 2006. Après une introduction du collectif des éditeurs rappelant que la question centrale du livre est celle de la construction et la reconnaissance des compétences individuelles et collectives, cet ouvrage, composé de 11 contributions, est structuré en trois parties correspondant, selon ces auteurs, aux trois niveaux où s’organise la relation salariale :

  • compétences et collectifs de travail (individu et collectif de travail) ;

  • compétences et métier (métiers des individus et métiers de l’entreprise) ;

  • compétences et négociations collectives (entreprise et branche).

2Il se clôt par une postface d’Hugues Bertrand qui propose des pistes de synthèse permettant d’esquisser des réponses aux principales questions soulevées. Il faut dès l’abord souligner l’intérêt de la présentation de cet ouvrage dans laquelle tant l’introduction générale que les introductions de chacune des parties et, enfin, la postface pointent pour le lecteur l’essentiel des apports de chaque contribution et le renouvellement des enjeux et des approches sur les questions traitées.

3La première partie s’attache à appréhender les différents aspects des liens entre compétences collectives et compétences individuelles. Réfutant la thèse selon laquelle les premières seraient la simple addition des secondes, les contributions mettent en évidence les articulations incontournables dans l’activité de travail entre ces deux ensembles et surtout les tensions engendrées par les procédures d’évaluation essentiellement centrées sur les compétences individuelles. Elles montrent également que les tentatives de quantification des compétences de coopération sont vouées à l’échec dans la mesure où les liens dans le collectif de travail relèvent de l’échange social régulé par la logique du don/contre-don. Enfin, se dégage de cette partie tout l’intérêt d’une confrontation entre les différentes disciplines (économie, sociologie, ergonomie, gestion) qui s’appuie sur les évolutions de chaque démarche disciplinaire pour trouver les voies d’une analyse féconde des articulations entre compétences collectives et compétences individuelles.

4La deuxième partie de ce livre approfondit les nombreuses facettes des transformations de la notion de métier en s’interrogeant notamment sur les liens entre métiers des individus et métiers de l’entreprise. Tout l’intérêt des contributions ici rassemblées est d’avancer de nouvelles pistes d’approches théoriques pour appréhender le rapport social dans lequel s’inscrivent les modes de mobilisation de la main d’œuvre par les compétences à travers, par exemple, la relation de « mandat » et d’établir leur congruence avec les riches analyses empiriques des transformations des rapports aux métiers tant dans la téléphonie sanitaire et sociale que parmi les experts designers, professions dans lesquelles l’enjeu de maintien du groupe professionnel face aux transformations de la demande (qu’elle soit publique dans le premier cas ou privée dans le second) est devenu stratégique.

5La troisième partie aborde les aspects institutionnels en tentant de cerner comment le système français de négociation collective, traditionnellement centré sur la branche, traite la question des compétences généralement considérée comme relevant du domaine de la gestion des ressources humaines de l’entreprise. Au-delà de la synthèse des travaux des spécialistes de relations professionnelles soulignant le maintien et la transformation du rôle de la branche, les auteurs apportent des éclairages nouveaux. Ils insistent sur la nécessité de prendre en compte le facteur exposition de la branche au marché ou mettent l’accent sur l’évolution dans la dernière décennie des stratégies des acteurs sociaux, notamment syndicaux. Ils cernent aussi avec précision les différentes configurations européennes d’émergence de la question de la formation tout au long de la vie et les difficultés rencontrées dans leur mise en œuvre, notamment l’articulation entre formation initiale et formation continue.

6On l’aura compris, il ne s’agit pas ici d’un recueil de plus sur la question si souvent traitée des compétences, mais d’une réflexion collective portée par des spécialistes de l’analyse des démarches compétences dont la diversité des regards sur la question de la construction et de la reconnaissance des compétences permet de faire émerger les contradictions inscrites dans ces démarches et de nouveaux concepts (ou pour le moins de nouveaux outils) pour appréhender les multiples configurations des modes de mise en œuvre de ces démarches.

7Toutefois, en dépit de ces fortes qualités, ce livre n’échappe pas totalement aux travers propres à ce type d’ouvrages à plusieurs mains. Ainsi, bien que les fils des rapports individus–collectifs de travail et celui des tensions engendrées par les procédures d’évaluation soient tenus au long des introductions et de la postface, ils ne sont pas suffisamment présents dans les contributions elles-mêmes entre lesquelles, en conséquence, les rebonds ne sont pas vraiment assurés, en particulier d’une partie à l’autre. On aurait, par exemple, souhaité que, dans les textes de la troisième partie, on s’interroge plus avant sur les modes de prise en compte de ces procédures dans les négociations ou sur la façon dont les négociateurs intégraient concrètement les tensions individuels–collectifs dans leurs stratégies. Ces dernières s’inscrivent dans la durée, et cette inscription temporelle variable selon les chapitres n’assure pas toujours la cohérence de l’analyse. Enfin, si certains auteurs ancrent leurs démonstrations dans des terrains empiriques solides, d’autres n’y font référence que de façon lointaine, ce mode d’exposition contribuant alors à des énoncés empreints de normativité.

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Pour citer cet article

Référence papier

Michèle Tallard, « Travail et reconnaissance des compétences, W. Cavestro, C. Durieux, S. Monchatre (Eds.) »Sociologie du travail, Vol. 50 - n° 4 | 2008, 577-578.

Référence électronique

Michèle Tallard, « Travail et reconnaissance des compétences, W. Cavestro, C. Durieux, S. Monchatre (Eds.) »Sociologie du travail [En ligne], Vol. 50 - n° 4 | Octobre-Décembre 2008, mis en ligne le 20 novembre 2008, consulté le 08 novembre 2025. URL : http://journals.openedition.org/sdt/20357 ; DOI : https://doi.org/10.4000/sdt.20357

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Auteur

Michèle Tallard

IRISES–CNRS (UMR 7170), université Paris-Dauphine, place du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, 75775 Paris cedex 16, France
michele.tallard[at]dauphine.fr

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