Isabelle Astier, RMI et souci d’insertion
Isabelle Astier, RMI et souci d’insertion, Desclée de Brouwer, Paris, 1997, 276 p.
Texte intégral
1Que peut-on encore dire sur le RMI après la pléthore d’ouvrages sur le sujet ? Isabelle Astier de « la place » privilégiée qu’elle a occupée en tant que chargée de mission auprès du Préfet pour la mise en place du RMI dans un département situé au nord de Paris, développe un thème original, celui de l’instant où se décide dans les commissions locales, le sort professionnel d’individus, en situation de précarité.
2L’auteur formule l’hypothèse forte selon laquelle la perte de la centralité du travail et la dégradation du salariat, la déstabilisation des façons de penser la protection des sujets, a fait naître un individualisme renouvelé à l’égard des dépossédés. Celui-ci se traduit par une exigence en leur direction de répondre de leurs actions. Leurs initiatives, leurs difficultés. Ces individus sont invités « à se dire » à travers le récit de leur vie, afin que les évaluateurs, cette sorte de nouvelle « magistrature sociale » puisse arbitrer entre aptitudes et déficits pour leur donner une nouvelle chance. Dans ce contexte, comment va s’opérer la pragmatique du jugement : comment les « évaluateurs » vont-ils se positionner entre le niveau particulier, celui de la singularité des trajectoires des individus, altérées par son cortège d’accidents de parcours, ses ruptures professionnelles et familiales.
3L’observation fine de ces moments développée dans la première partie de l’ouvrage : « la confection du récit public » fait apparaître « les litiges et les dilemmes, les disputes et les désaccords qui se font jour au sein de l’action publique d’insertion ». Dans la deuxième partie de l’ouvrage l’auteur nous présente » les figures de l’évaluation » issues des travaux de recherche qui vont de l’exemple, au cas, à la figure, jusqu’à la typologie, autant d’échelons témoignant de la montée en généralité de la réalité sociale. Dans la troisième partie la question cruciale de l’employabilité des chômeurs (vrais ou faux), que tout un chacun travaillant dans cette thématique a fini par se poser, nous invite à engager un débat sur la notion d’utilité sociale.
Pour citer cet article
Référence papier
Annie Rieu, « Isabelle Astier, RMI et souci d’insertion », Sociologie du travail, Vol. 41 - n° 1 | 1999, 112-112.
Référence électronique
Annie Rieu, « Isabelle Astier, RMI et souci d’insertion », Sociologie du travail [En ligne], Vol. 41 - n° 1 | Janvier-Mars 1999, mis en ligne le 05 mars 2000, consulté le 18 avril 2024. URL : http://journals.openedition.org/sdt/37535 ; DOI : https://doi.org/10.4000/sdt.37535
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