Francis Ginsbourger, La gestion contre l’entreprise, réduire le coût du travail ou organiser sa mise en valeur
Francis Ginsbourger, La gestion contre l’entreprise, réduire le coût du travail ou organiser sa mise en valeur, La Découverte, Paris, 1998, 284 p.
Texte intégral
1Témoignage au long cours d’un acteur/analyste, l’ouvrage développe une lecture à thèse de vingt ans de politiques du travail et de l’emploi marquées par une succession d’échecs, de demi-succès vite oubliés ou absorbés.
2Deux idées fortes organisent cette fresque historique.
3D’abord la critique de la gestion économique, qui exacerbent les « impasses de la productivité taylorienne ». Empruntant aux travaux de M. Berry, aux approches conventionnalistes, F. Ginsbourger reprend la critique des logiques de gestion assises sur une mesure simpliste de la productivité physique du travail. La contradiction entre une gestion économique du travail qui bute sans cesse sur la mesure de cette productivité et une gestion (parfois) sociale de l’emploi (entreprise citoyenne, lutte contre l’exclusion) est ici décortiquée à travers de multiples exemples.
4Ensuite, et fort logiquement, la critique d’une approche emploi des politiques publiques qui oublie la question déterminante du travail et de son organisation. Les quelques exceptions des années 1980 (rapport Riboud, expériences de la mission Nouvelles qualifications…) sont vite laminées par la surdétermination gestionnaire, mais aussi par le consensus qui s’instaure de fait, pour traiter, le plus souvent en dehors de l’entreprise, d’un volume d’emploi déconnecté de l’organisation du travail. À la limite, si l’on suit l’auteur, plus les politiques de l’emploi deviennent « actives », plus elles sont « passives » du point de vue du travail.
5Le management à la française, nourri par des cadres dirigeants qui ne sont pas des industriels, s’en accommode d’autant mieux que les organisations syndicales ont perdu de vue la question du travail, de son organisation et son contenu. Et la fresque des politiques publiques pousserait à la même conclusion : qu’il s’agisse des politiques de formation, de celles qui visent l’abaissement du coût du travail, voire même de la loi sur les 35 heures, toutes ont en commun de ne pas porter le fer à l’intérieur de l’entreprise, sur les processus de négociation autour des qualités du travail.
Pour citer cet article
Référence papier
Philippe Méhaut, « Francis Ginsbourger, La gestion contre l’entreprise, réduire le coût du travail ou organiser sa mise en valeur », Sociologie du travail, Vol. 41 - n° 4 | 1999, 495-496.
Référence électronique
Philippe Méhaut, « Francis Ginsbourger, La gestion contre l’entreprise, réduire le coût du travail ou organiser sa mise en valeur », Sociologie du travail [En ligne], Vol. 41 - n° 4 | Octobre-Décembre 1999, mis en ligne le 05 mars 2000, consulté le 18 novembre 2025. URL : http://journals.openedition.org/sdt/38906 ; DOI : https://doi.org/10.4000/sdt.38906
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