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(Dés)Enfanter

« Si la vie avait voulu que j’en aie ». Trajectoires de Québécoises sans enfant nées entre 1930 et 1950

Christine Labrie
p. 57-70

Résumés

La majorité des recherches sur la non-maternité ont été réalisées à partir des années 1980 et visaient à éclaircir le choix de ne pas avoir d’enfant. Ces recherches ont souvent mis en avant les jugements et les pressions expérimentés par les femmes refusant la maternité (Aubert 1987 ; Campbell 1985 ; Carmel 1990 ; Ireland 1993 ; Morell 1994 ; Veevers 1980 ; Vissing 2002). Partant de ce constat, nous avons voulu savoir si les femmes des générations précédentes ayant expérimenté la non-maternité avaient subi les mêmes pressions pour se conformer à l’idéal maternel. Nous avons recueilli les récits de vie de dix-huit Québécoises sans enfant nées entre 1930 et 1950, cette génération de femmes correspondant au moment dans le XXe siècle où la non-maternité était la plus marginale d’un point de vue statistique au Québec (Carmel 1990 ; Prioux et Girard 2010). Les témoignages recueillis ont permis de constater que, contrairement aux femmes des générations subséquentes, ces femmes n’ont que très rarement vécu des pressions sur le mariage ou sur la maternité (Labrie 2015). Cet article aborde les réflexions ou les circonstances ayant mené ces femmes à ne pas avoir d’enfant, que ce soit par rejet de la maternité ou par circonstances de la vie. Leurs témoignages montrent que la plupart d’entre elles font référence à une forme de destin pour décrire leur parcours, même lorsque l’absence d’enfants résulte de leurs choix. Cette notion semble contribuer à exclure la question des regrets au fil de leur vie, du moins jusqu’à ce que survienne une perte d’autonomie.

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Texte intégral

  • 1 D. Gauvreau, « Destins de femmes, destins de mères : images et réalités historiques de la maternit (...)
  • 2F. Prioux et C. Girard, « La fécondité en France et au Québec : des histoires contrastées », Santé (...)

1Au Québec, le déclin tardif dans le XXe siècle d’une fécondité très élevée, en particulier chez les franco-catholiques, a contribué à entretenir le stéréotype de la famille nombreuse1. Notre mémoire collective est tapissée de photos de famille sur lesquelles figurent plus d’une dizaine d’enfants, placés en ordre de grandeur devant la résidence familiale. Si ces images rendent compte d’une réalité sur le plan démographique, elles ne sont cependant pas représentatives de la diversité des destins des Québécoises. Non seulement ces dernières n’ont pas toutes de grandes familles, mais les démographes ont montré que les femmes sans enfant constituent une part non négligeable de la population au Québec. Environ 30% des femmes qui naissent entre 1895 et 1910 n’auront pas d’enfant. Ce taux amorce ensuite une diminution et atteint un minimum de 15% chez les femmes nées entre 1946 et 1951, avant de remonter rapidement au-dessus de 20% pour celles nées après 1951, et ce malgré la diminution du nombre de vocations religieuses2.

  • 3D. Baillargeon, « Pratiques et modèles sexuels féminins au XXe siècle jusqu’à l’avènement de la pi (...)
  • 4D. Gauvreau, D. Gervais et P. Gossage, La fécondité des Québécoises, 1870-1970, op. cit.
  • 5A. Lévesque, La norme et les déviantes. Des femmes au Québec pendant l’entre-deux-guerres, Montréa (...)

2En dépit de leur nombre, on dispose de peu d’informations sur la vie des femmes qui n’ont pas eu d’enfant, alors que le quotidien des mères de famille est documenté par de nombreuses chercheuses. L’association persistante entre féminité et maternité n’est peut-être pas étrangère à cet oubli. Les nombreux travaux en histoire des femmes réalisés depuis les années 1970 permettent de constater qu’au Québec comme ailleurs, le modèle de la ménagère mère de famille est longtemps mis en avant comme une des seules voies possibles pour les femmes. Ce discours, fortement influencé au Québec par la doctrine catholique et le discours nationaliste, se répercute entre autres dans les manuels de sexualité maritale, écrits par des médecins ou des clercs, selon lesquels la sexualité se limite à la procréation3. Bien que des couples tentent d’espacer les naissances dès le début du siècle, le modèle dicté par l’Église reste difficile à contourner jusqu’aux années 1960, en raison de la difficulté de se procurer des moyens de contraception efficaces4. Ceux qui ne s’y conforment pas s’exposent à une marginalisation et même à des sanctions, et les femmes qui n’obéissent pas aux normes sexuelles sont d’ailleurs jugées plus sévèrement que les hommes5.

  • 6G. Letherby, « Mother or not, mother or what? Problems of definition and identity », Women’s Studi (...)

3La maternité est à ce point liée à la féminité qu’on attend souvent des femmes qui ne font pas l’expérience de la maternité biologique qu’elles exercent néanmoins une certaine forme de maternité, comme le soutient Gayle Letherby, sociologue anglaise spécialiste des questions identitaires en lien avec la reproduction : « Social attitudes and institutions support the assumption that women’s ultimate role is motherhood and women who do not mother children are still expected to mother others; either vocationally as a teacher or a nurse or within the family as a sister, aunt, daughter, or wife/partner »6. Ainsi, à tout le moins au plan normatif, la réalisation des femmes dépendrait de l’exercice d’un rôle maternel, même en l’absence de la maternité biologique.

  • 7Ibid., p. 525‑526 ; R. Gillespie, « Childfree and Feminine: Understanding the Gender Identity of V (...)
  • 8M. S. Ireland, Reconceiving women: separating motherhood from female identity, New York, Guilford (...)

4Par ailleurs, la manière de nommer les femmes sans enfant fait apparaître de manière évidente le rattachement entre féminité et maternité. Les travaux publiés en anglais ont recours à un vocabulaire spécifique pour désigner les femmes sans enfant. Les termes les plus courants sont childless et childfree, dont les connotations sont différentes, mais qui réfèrent tous deux à l’enfant en soulignant son absence, et lient par le fait même l’identité féminine à la maternité7. Les femmes sans enfant sont ainsi définies par l’absence ou le manque de relation, biologique ou sociale, avec un enfant, comme l’explique Mardy Ireland, psychologue américaine : « It is nearly impossible to think about the adult woman who is not a mother without the specter of “absence”. Why? Having a child makes a girl a mother — it doesn’t necessarily make her an adult woman. Yet there is an implicit assumption that motherhood is intrinsic to adult female identity. This assumption necessarily implies an “absence” for any woman who is then not a mother »8.

  • 9M. Kelly, « Women’s Voluntary Childlessness: A Radical Rejection of Motherhood? », Women’s Studies (...)
  • 10C. M. Morell, Unwomanly conduct: the challenges of intentional childlessness, New York, Routledge, (...)

5Le problème de la définition de ces femmes par le manque réside d’une part en ce qu’elle accentue la divergence à la norme, et d’autre part en ce qu’elle ne correspond pas nécessairement à l’expérience de ces femmes, en particulier celles qui ont choisi de ne pas avoir d’enfant. Même les expressions voluntary childlessness, intentionally childless et childless by choice, qui soulignent le caractère souhaité de cette situation, impliquent l’idée d’un manque9. Le fait de définir ces femmes par un manque ou une absence (par exemple non-mother) implique aussi qu’elles valent moins que les autres. Ces termes sont donc politiquement et analytiquement problématiques, comme pourrait l’être l’usage de « non-blanc » pour désigner un noir, souligne Morell10.

  • 11R. Gillespie, « Childfree and Feminine: Understanding the Gender Identity of Voluntarily Childless (...)
  • 12G. Letherby, « Mother or not, mother or what? », loc. cit., p. 525‑526.
  • 13C. M. Morell, Unwomanly conduct, op. cit., p. 21.
  • 14M. Kelly, « Women’s Voluntary Childlessness », loc. cit.
  • 15C. M. Morell, Unwomanly conduct, op. cit., p. 21.

6Le terme childfree est utilisé pour mettre l’accent sur l’idée que ne pas avoir d’enfant peut être un choix et permettre l’épanouissement, mais il ne fait pas l’unanimité11. On lui reproche sa proximité avec carefree (insouciant), qui implique que ces femmes sont comme des enfants elles-mêmes, puisqu’elles n’ont pas de responsabilités12. Aux yeux de certaines auteures, le terme suggère que les femmes qui n’ont pas d’enfant souhaitent s’en débarrasser, en raison de sa similarité avec des expressions comme union-free ou smoke-free13. Maura Kelly, sociologue, résume bien le dilemme des chercheuses : « There is no term that suggests that both mothering and choosing not to mother are equally acceptable options »14. La majorité des auteures optent pour childless, tout en mettant en avant leurs critiques face à ce terme. Selon Morell, il faudrait créer une nouvelle expression neutre, qui ne renforcerait pas l’idéologie de la supériorité des mères sur les non-mères, de la même manière qu’on utilise single et non marriedless ou marriage-free15.

  • 16L. Aubert, « La non-maternité réalité et vécu », Mémoire de maîtrise, Montréal, Université du Québ (...)

7En français, il existe peu d’appellations spécifiques pour désigner les femmes sans enfant. En démographie et en médecine, on utilise l’expression « nullipare », qui réfère directement au fait de ne pas avoir donné naissance à un enfant, et définit donc ces femmes par l’absence. Certains travaux réfèrent au célibat et à la stérilité, mais ces concepts renvoient à des expériences particulières qui ne concernent pas toutes les femmes sans enfant, et qui n’impliquent pas nécessairement que les femmes qu’ils désignent n’ont pas d’enfant. Dans le langage populaire, l’expression « vieille fille » est utilisée, mais on ne la retrouve pas dans les études, et elle fait davantage référence au célibat qu’à la non-maternité. Au Québec, les quelques travaux sur la question parlent de non-mères et de non-maternité16, des termes qui induisent aussi l’idée de manque. La manière de désigner ces femmes n’a cependant pas fait l’objet d’une réflexion approfondie, contrairement à ce qu’on observe dans les travaux anglophones. J’utilise pour ma part l’expression « femme sans enfant » qui, bien qu’elle ne soit pas parfaite, accorde néanmoins le statut de femme aux personnes concernées.

  • 17L. Aubert, « La non-maternité réalité et vécu », loc. cit. ; E. Campbell, The childless marriage: (...)
  • 18M. Carmel, Ces femmes qui n’en veulent pas, op. cit., p. 130.

8Si peu d’historiennes se sont penchées spécifiquement sur les femmes sans enfant, les sociologues et les psychologues sont quant à elles nombreuses à s’y consacrer dès le début des années 1980. Des chercheuses des États-Unis, du Royaume-Uni et du Canada ont principalement tenté de comprendre le choix de ne pas avoir d’enfant17. Les témoignages récoltés auprès de femmes généralement dans la trentaine et la quarantaine montrent qu’en dépit des transformations sociales des années 1970, l’association entre féminité et maternité persiste à la fin du XXe siècle. Si l’accessibilité des moyens de contraception permet en théorie aux femmes de ne pas avoir d’enfant, les participantes de ces études racontent vivre des pressions de leur entourage pour devenir mères, être victimes de jugements négatifs de la part d’autrui et devoir sans cesse justifier leur choix de vie. Plusieurs se font dire qu’elles seront incomplètes tant qu’elles ne seront pas mères. Les conclusions de Marlène Carmel, qui a étudié les parcours de 400 Québécoises volontairement sans enfant à la fin des années 1980, vont aussi dans ce sens18.

  • 19Ibid., p. 27.

9Devant les difficultés dont font état les femmes sans enfant au cours des années 1980 et 1990, une période au cours de laquelle on pourrait croire que ce statut est accepté, je me suis questionnée sur l’expérience des femmes n’ayant pas eu d’enfant à une époque où le rôle des femmes est encore plus fortement associé à la maternité. Dans le cadre de cette recherche, je me suis penchée sur les femmes sans enfant nées entre 1930 et 1950, une période qui correspond au moment dans le XXe siècle où la non-maternité est la plus marginale d’un point de vue statistique19. L’ambition de cette recherche était de mieux comprendre le vécu de ces femmes, en particulier d’un point de vue social. Ont-elles subi des pressions en faveur de la maternité ? Quels sont les impacts de leur statut sur leur vie sociale au fil de leur vie ?

Méthodologie

  • 20La plupart des femmes rencontrées n’étaient pas mariées, mais le fait qu’elles soient célibataires (...)

10Afin d’obtenir des données qualitatives sur le vécu de ces femmes, dont bon nombre sont toujours en vie, j’ai récolté les témoignages oraux de dix-huit femmes originaires de différents milieux à travers le Québec et ayant choisi ou non de ne pas avoir d’enfant. Ces femmes sont toutes d’origine franco-catholique et nées entre 1928 et 1952. Elles étaient donc âgées entre 62 ans et 86 ans au moment de l’entrevue. Les témoignages recueillis portent sur l’ensemble de leur vie, de sorte que le cadre temporel à l’étude se situe entre les années 1930 et 2014. Cette recherche se distingue ainsi des autres travaux réalisés sur les femmes sans enfant au Québec, lesquels ont eu recours à des témoignages de femmes ayant fait le choix de ne pas avoir d’enfant, qui étaient pour la plupart toujours en âge de procréer. Elle se distingue aussi des travaux sur le célibat féminin, car il est ici question des femmes laïques sans enfant, sans égard à leur état civil ou leur situation conjugale20.

11Les participantes ont été recrutées par bouche-à-oreille. Cette approche a favorisé l’établissement d’un lien de confiance avec les femmes rencontrées et a permis la récolte de récits d’une grande profondeur. Malgré le recours à cette approche, jamais plus de deux femmes du corpus n’ont de liens entre elles, et la plupart ne connaissent aucune autre participante.

12Le guide d’entrevue se présente sous la forme d’une liste d’éléments regroupés par thèmes : l’enfance, les études, le travail et la vie adulte. La dernière section du guide porte quant à elle sur la période récente, et permet aux informatrices de dresser un bilan de leur vie. Contrairement aux autres sections, celle-ci contient des questions plus directives.

  • 21C. Labrie, « Être femme sans être mère : histoires de Québécoises sans enfant nées entre 1930 et 1 (...)

13Les récits des participantes, dont la moitié sont sans enfant par choix et l’autre par circonstances de la vie, montrent qu’elles ne correspondent pas au stéréotype voulant que ces femmes se soient sacrifiées pour prendre soin de leur famille. La plupart d’entre elles ont plutôt choisi de ne pas avoir d’enfant, ou ont fait des choix les ayant menées vers la non-maternité, par exemple en repoussant le mariage afin de poursuivre leurs études ou travailler. Contrairement aux femmes des générations subséquentes, elles ne vivent que très rarement des pressions pour avoir des enfants et bénéficient d’une grande acceptabilité sociale21.

14Dans cet article, il sera question des réflexions ou circonstances les ayant menées à ne pas avoir d’enfant. J’aborderai d’abord le rejet de la maternité, avant de me pencher sur la non-maternité par circonstances de la vie. Je développerai ensuite une réflexion sur l’enjeu des regrets des femmes sans enfant. En effet, j’ai pu constater que la plupart des femmes s’appuient sur la notion de destin pour décrire leur parcours, même lorsque l’absence d’enfants résulte de choix. Cette notion semble contribuer à exclure la question des regrets au fil de leur vie, du moins jusqu’à ce que survienne une perte d’autonomie.

Le rejet de la maternité

15La moitié des participantes rencontrées ne souhaitaient pas avoir d’enfant. Ces femmes ont en commun une perception négative de la maternité, qui a souvent pour origine le regard posé sur leur propre mère et les difficultés que celle-ci a dû traverser. Certaines prennent dès l’enfance une partie du fardeau de leur mère afin de l’en décharger, tant elles les sentent accablées. Une femme, par exemple, se souvient très bien du souci qu’elle se faisait :

Je vivais de l’inquiétude par rapport à ma mère. J’étais toujours inquiète de ma mère. Parce que ma mère avait souvent des maux de tête, et ma mère exprimait souvent son épuisement, sa fatigue, la lourdeur. Alors moi j’ai grandi avec ça, et j’ai été celle qui a été là, et qui quand elle n’était pas là, voulait être là, souhaitait être là, pour parer éventuellement à l’effondrement de ma mère.

16Les participantes décrivent le plus souvent leur mère comme une femme forte, qui a enduré beaucoup de choses, mais en dépit de leur admiration pour tout ce que les mères accomplissent au quotidien, elles ne considèrent pas cela comme un exemple à suivre, comme en témoigne cette autre femme :

Je me rappelle, plus jeune, puis je sais pas quel âge j’avais, où j’ai pris conscience que ma mère... que je voulais pas la vie de ma mère. [...] Je la voyais faire le ménage, entretenir la maison, soigner les enfants, s’occuper de tout, s’occuper de la ferme... Elle a travaillé très très très très fort, physiquement elle était forte, elle avait de l’endurance beaucoup, c’était une travaillante incroyable, y’avait pas de machinerie, y’avait pas de laveuse [...] Je me rappelle du jour où j’ai dit non, je veux pas faire ça.

17Ces femmes associent généralement la maternité à un fardeau, et savent très tôt qu’elles ne souhaitent pas devenir mères, parfois même avant l’adolescence. Une fois adultes, elles se donnent les moyens de ne jamais avoir d’enfant, et à travers ce choix se cristallise un rejet de la maternité et de l’univers de la vie domestique. Les mots qu’elles emploient pour expliquer leur décision sont sans équivoque : « Moi là la vie s’ouvrait devant moi, puis j’avais pas envie de me prendre dans un carcan, parce que je voyais ça un peu comme ça ». Ou encore « Moi je trouvais que c’était comme un enfermement dans une petite vie quotidienne que je pouvais pas m’imaginer que ce serait ça ma vie ».

  • 22M. Carmel, Ces femmes qui n’en veulent pas, op. cit., p. 108.

18Comme le constate Marlène Carmel pour les deux tiers de ses répondantes22, les participantes qui font ce choix sont pleinement conscientes que le mariage et la maternité s’accompagnent de la perte d’une liberté encore toute récente, dont elles souhaitent profiter pleinement pour mener à terme leurs projets académiques, professionnels, ou même de loisirs. Signe que cette perception négative de la maternité persiste dans le temps, en dépit de l’amélioration de la condition féminine, les propos récoltés par Louise Aubert auprès de femmes sans enfant par choix en âge de fonder une famille dans les années 1980 vont dans le même sens :

  • 23L. Aubert, « La non-maternité réalité et vécu », loc. cit., p. 93.

L’enfant semble amener une relation trop accaparante, il amène à des tâches qui nécessiteraient presque vingt-quatre heures par jour d’attention et empêcheraient par le fait même tout projet personnel à long terme. L’engagement face à un enfant, pratiquement irréversible, semble être incompatible avec la soif de liberté, d’apprentissage, d’épanouissement et la volonté de ne pas se laisser dominer de ces femmes23.

19Malgré la fermeté de leur décision, les participantes qui rejettent la maternité n’en informent généralement pas leurs proches, considérant que c’est une décision privée, et qu’elles n’ont pas de comptes à rendre. L’absence de grossesse chez celles qui sont en couple ne suscite pas de questions, et quelques participantes attribuent ce silence à des soupçons de leurs proches quant à des difficultés à concevoir, un sujet relativement tabou. Plusieurs femmes mentionnent aussi que leurs mères les ont encouragées à poursuivre des études et se trouver un métier afin d’être plus indépendantes, dans le cas d’un mauvais mariage. D’ailleurs, aucune des femmes, qu’elle soit sans enfant par choix ou par circonstances, n’est critiquée par sa mère pour son parcours.

La non-maternité par circonstances de la vie

20Si certaines femmes savent très tôt qu’elles ne veulent pas devenir mères, ce n’est évidemment pas le cas de toutes les femmes sans enfant. La moitié des femmes rencontrées sont sans enfant par circonstances de la vie. Ces femmes pensaient fonder une famille un jour, mais le projet ne se concrétise pas. Deux d’entre elles découvrent que leur union est stérile, et ne cherchent pas à y remédier. Les autres souhaitent attendre de rencontrer « la bonne personne ». Elles ont ainsi plusieurs fréquentations, parfois à long terme, mais ne réunissent jamais les conditions qu’elles jugent nécessaires pour fonder une famille. Parmi les conditions fréquemment mentionnées, il faut que l’homme soit disponible, qu’il soit bon et qu’il ait un emploi stable, et il faut surtout être amoureux.

21C’est très souvent en raison d’un modèle familial, soit très positif, ou au contraire très négatif, que ces femmes ont une conscience aiguë de l’importance qu’elles doivent accorder au choix de leur compagnon de vie. L’exemple de leurs parents est parfois considéré comme un idéal à atteindre. Une femme dit par exemple, à propos de son célibat : « C’est pas parce qu’on n’a pas eu des bons exemples, c’est peut-être parce que les exemples étaient tellement bons qu’on pouvait pas trouver pareil ». Elle soutient n’avoir rien contre le mariage, mais n’avoir simplement pas trouvé un homme aussi bon que son père. Une autre femme tient un discours semblable à propos de l’impact de son milieu familial sur sa recherche de l’époux idéal : « [Ma mère] était très amoureuse de mon père. C’était un couple bien amoureux. C’est sûr, ils nous ont donné l’exemple d’un couple réussi. Mais en même temps aujourd’hui, après coup, nous là, on était plus exigeantes sur les hommes. »

  • 24R. B. Dandurand, « Les dissolutions matrimoniales, un phénomène latent dans le Québec des années 6 (...)

22D’autres femmes craignent de reproduire un modèle familial déficient. Elles ont conscience que le mariage de leurs parents n’est pas réussi, et que leur mère ne s’y épanouit pas. Elles perçoivent au sein de leur famille la dissolution maritale latente de l’époque, prévenue par le contrôle de la communauté et l’absence d’alternative pour les femmes, dont fait état Renée B. Dandurand24. Au moment où elles atteignent l’âge adulte, elles sont ainsi plus prudentes par rapport au mariage, car trouver un homme respectant leurs exigences est primordial.

23Contrairement à certaines idées préconçues, les femmes qui ne se marient pas n’ont pas nécessairement été laissées pour compte sur le marché matrimonial. Elles sont nombreuses à avoir refusé des demandes en mariage ou mis fin à une relation insatisfaisante. Pour ces femmes, le bonheur personnel a priorité sur le respect des normes : il ne suffit pas de se marier, il faut que leur mariage contribue à leur épanouissement. C’est généralement ce report du projet familial qui mène finalement à la non-maternité. L’exemple de cette participante est le plus caractéristique de ce parcours :

Dans mon esprit, je me disais « Ma mère s’est mariée à 35 ans, pas de presse pour moi, on était cinq ! » À l’époque, je me disais les gens ont deux, trois enfants, même si je me marie entre 30 et 35 ans, y’a pas de problème, je vais en avoir des enfants. Ah oui oui, moi je voulais des enfants, ça c’est sûr.

24Cette femme poursuit des études universitaires et se consacre à sa vie professionnelle, jusqu’à ce qu’elle rencontre vers 36 ans un homme avec qui elle souhaite fonder une famille. Le projet est partagé, mais son conjoint reçoit peu de temps après un diagnostic de maladie dégénérative. Très attachée à cet homme, dont la mobilité décline rapidement, elle choisit de mettre de côté son désir d’enfant pour prendre soin de son conjoint.

25D’autres encore ne trouvent pas le conjoint qui correspond à leurs attentes, et ne peuvent envisager d’avoir un enfant en dehors du cadre traditionnel de la famille. Même si elles ont conscience qu’il devient de plus en plus possible de se soustraire à ce modèle, l’idéal de la famille est bien ancré dans l’esprit de certaines femmes, comme cette participante :

De mon âge, j’ai des amies qui s’étaient pas mariées, mais qui se sont fait faire des enfants. Mais moi c’était pas… Moi fallait… C’était une famille que je voulais, c’était pas avoir des enfants. Je voulais une famille. Puis j’ai toujours toujours rêvé, d’aussi loin que je me souvienne, d’avoir une famille, à moi.

26Pour bon nombre des femmes qui sont sans enfant par circonstances de la vie, la non-maternité se présente comme le résultat d’une série de choix, et non comme un rejet de la vie familiale. Elle résulte par exemple de la décision de poursuivre des études et une carrière, à une époque où le mariage et la maternité riment encore très souvent avec le retrait de la vie professionnelle. Des femmes refusent ainsi de se marier, même si elles fréquentent un homme répondant à leurs attentes, car elles veulent exercer leur métier. Ces participantes ont en commun de ne pas rejeter la maternité, sans toutefois en faire un objectif de vie, contrairement à la majorité des femmes de leur génération qui choisissent de prioriser la maternité sur la vie professionnelle, par exemple, ou qui optent pour l’adoption face à l’infertilité.

Entre choix et destin

27Dans l’ensemble, on peut ainsi dire que la vaste majorité des participantes choisissent de ne pas être mères, soit parce qu’elles rejettent la maternité, soit parce qu’elles privilégient d’autres choix qui les éloignent de la maternité, sans que ce soit planifié. Seulement trois décrivent un processus d’acceptation plus long et éprouvant, s’apparentant au deuil d’un projet de vie. Pour les autres, leurs décisions ne sont presque jamais remises en question pendant la vie adulte. Quelques participantes affirment même n’y avoir pensé qu’une seule fois :

Ça a été tard. Ça a été justement au moment où on se dit qu’on peut pu en avoir, c’est là que je me disais « J’en aurai jamais » tsé. […] J’y ai pensé une fois pis c’était réglé.

Non, j’ai jamais regretté de pas avoir d’enfant. Une fois, quand j’étais chez les sœurs, j’étais à l’église. J’étais dans un banc et devant moi y’avait un homme pis une femme, pis entre les deux, deux enfants d’à peu près dix, onze ans. Je me suis dit « J’aurais pu faire ça moi aussi avec un homme, avoir deux enfants, ça a l’air beau ». C’est la seule fois que ça m’est passé dans l’idée que c’était possible pour moi.

[Mon conjoint n’était] pas très attiré par les enfants, fac j’ai dit « Y’a pas de problème, c’est réglé ». J’me suis pas obstinée, parce que moi aussi je voyais pas… Pour moi c’était pas une nécessité. Pis j’en ai jamais jamais jamais souffert. Jamais Jamais.

On n’en a à peu près jamais parlé. Tsé on disait « Ben on n’en a pas, on n’en a pas ». Tsé les premiers mois t’es déçue un peu là, mais après ça tu te dis « Ben coudonc ».

28La facilité avec laquelle la majorité des participantes acceptent leur statut peut sembler étonnante, surtout en regard de la force de la norme, mais leurs témoignages montrent qu’elles adoptent des stratégies pour être bien dans leur vie. Elles choisissent de passer à autre chose, par exemple en prenant soin ou en gâtant les enfants des autres. Elles développent souvent un lien très fort avec un neveu ou une nièce. Elles se débrouillent aussi pour remplir leur vie autrement, par des relations d’amitié, des voyages, une carrière bien remplie.

29Outre ces stratégies, l’analyse des témoignages permet de remarquer que les femmes rencontrées attribuent très souvent leur non-maternité au destin, même si elles souhaitaient avoir des enfants. Une des femmes qui a mis plusieurs années à accepter de ne pas devenir mère explique par exemple avoir commencé à être heureuse quand elle a arrêté de se « battre contre la vie ». Plusieurs font référence à « la vie » de cette manière. Une autre femme dit : « Mon célibat c’est la vie qui s’est présentée à moi comme ça, pis je l’ai pris comme ça ». Une autre encore soutient que « Probablement que si j’en avais eu, je les aurais aimés. Mais j’en ai pas eu, je peux pas passer ma vie à regretter hein. C’est sûr que si je m’étais mariée à 20 ans, 21 ans, comme tout le monde, 22, j’en aurais eu, c’est clair. Si la vie avait voulu que j’en aie. »

  • 25F.-R. Ouellette, « L’expérience de l’infertilité féminine vécue sous assistance médicale », Sociol (...)

30Françoise-Romaine Ouellette, qui s’est penchée sur les femmes ayant recours à des traitements de fertilité, remarque que pour ces dernières, la difficulté de la non-maternité réside dans l’acceptation d’une diversité de pertes, dont la perte de contrôle sur leur corps et sur leur vie. « Ne pas avoir d’enfant est vécu comme un échec »25, écrit-elle. Or, pour les femmes du corpus, la non-maternité n’est jamais perçue comme un échec personnel, mais bien comme l’œuvre de « la vie », pour reprendre leurs mots. Si certaines ont de la difficulté à accepter de ne pas devenir mères et traversent un processus d’acceptation s’apparentant au deuil, comme nous l’avons vu, elles ne vivent pas de sentiment de perte de contrôle, car elles supposent que ce qui leur arrive est l’œuvre de la vie, et que c’est probablement ce qu’il y a de mieux pour elles. Les deux participantes qui sont stériles acceptent ainsi leur situation sans chercher à y remédier, et prennent la décision en couple de ne pas avoir recours à l’adoption : « Moi c’est ma vie, pis je suis faite de même. Pis y peuvent pas me blâmer là-dessus », dit l’une, alors que l’autre soutient : « C’est parce que j’avais pas à en avoir, j’imagine. Si j’étais tombée enceinte, j’m’en serais occupée. Je l’aurais pas laissé sur le trottoir, j’m’en serais occupée. Mais j’ai pas cherché plus que ça ».

  • 26Ibid., p. 24.

31Selon Ouellette, il est dorénavant très difficile d’adopter la même attitude face à la stérilité. Sans doute en raison des avancées technologiques permettant la procréation assistée et des programmes gouvernementaux qui en facilitent l’accès, cette dernière n’est plus considérée comme une fatalité, mais comme un problème médical que l’on doit tenter de résoudre par tous les moyens : « Dans notre société, une difficulté quelconque à concevoir rapidement est perçue comme un problème relevant de la médecine et la principale responsabilité qui échoit aux femmes rencontrant une telle difficulté est celle de se soumettre à une investigation médicale »26.

32Or, les femmes rencontrées dans le cadre de ma recherche font partie d’une génération de transition, qui grandit dans un contexte où la religion catholique est omniprésente, mais qui abandonne au fil du temps les pratiques religieuses, ou du moins une partie de celles-ci, sans nécessairement rejeter les croyances. La présence d’une certaine forme de spiritualité persiste dans leur discours, ce qui semble favoriser l’acceptation de leur situation, qu’elle soit due à la stérilité ou aux circonstances de la vie. Ainsi, si elles ne font jamais allusion à la volonté de Dieu pour expliquer leur non-maternité, elles n’hésitent pas à attribuer celle-ci à « la vie » et considèrent que ce qui arrive est toujours pour le mieux.

33Par ailleurs, les participantes affirment très souvent en entrevue qu’elles n’auraient pas été de bonnes mères. Ce discours est tellement récurrent chez les femmes rencontrées que cela porte à croire que s’attribuer de faibles compétences parentales aide les femmes à mieux accepter leur situation, ou encore à mieux l’expliquer aux autres. Celles qui ont choisi de ne pas avoir d’enfant soutiennent souvent qu’elles n’ont pas le bon tempérament pour être mères :

J’suis pas sûre si j’aurais été une bonne mère de famille... Parce que, avec mon tempérament pis tout ça là, je sais pas, j’aime ça quand c’est clair, c’est net, c’est précis, c’est pas le tempérament idéal pour élever des enfants. J’aime beaucoup les enfants ! Mais... c’est fin quand ça arrive, c’est fin quand ça part.

J’aurais jamais fait une bonne éleveuse d’enfant j’pense.

J’étais pas portée à aimer les enfants non plus parce que moi j’étais pas habituée avec le bruit. J’étais toute seule (elle était enfant unique), alors dès que j’entendais des enfants tannants j’étais portée à m’en aller. Moi j’aime trop les endroits tranquilles.

34Certaines femmes ne se sentent pas suffisamment outillées pour être mères, et disent ne pas savoir comment prendre soin d’un enfant ou jouer avec lui. D’autres affirment même qu’elles n’auraient pas été en mesure de bien éduquer leurs enfants. L’une d’elles, pourtant enseignante au primaire, dit par exemple : « Une autre chose qui me retenait de désirer avoir des enfants : pour moi, l’éducation d’un enfant ça relevait du mystère. Je savais pas qu’est-ce que j’allais enseigner à mes enfants. Comment ? Ça allait être quoi éduquer mon enfant ? Je me sentais pas assez équipée moi-même ».

35L’impression qu’elles n’auraient pas été de bonnes mères confirme aux yeux de ces femmes qu’il est mieux pour elles de ne pas avoir d’enfant, et contribue à renforcer l’idée qu’elles ne sont pas destinées à fonder une famille. Cette conviction les aide au fil de leur vie à ne pas remettre leurs choix en question ou à accepter leur situation, selon que la non-maternité ait été choisie ou non.

36La défaillance du corps qui accompagne la vieillesse représente toutefois un défi supplémentaire pour les femmes sans enfant, et contribue parfois à l’émergence de regrets qui ne s’étaient pas manifestés auparavant. En effet, si vieillir ne se fait jamais sans bouleversements, certains défis supplémentaires peuvent se poser aux femmes âgées sans enfant, comme en témoignent les femmes rencontrées. Le rétrécissement du réseau social dû à la perte de mobilité, le deuil de la grand-parentalité et la question des soins – des préoccupations qui ne se font souvent sentir qu’à un âge avancé – sont souvent à l’origine de l’émergence de regret face à la non-maternité. Tant que le corps va bien, l’absence d’enfant est perçue positivement, même par les femmes qui ne l’avaient pas planifiée. Mais dès lors que le corps ne suffit plus pour répondre à ses besoins, plusieurs femmes sans descendance trouvent plus difficile de savoir vers qui se tourner.

Conclusion

  • 27La prescription de la pilule à des fins de contraception a été interdite jusqu’en 1969, mais elle (...)

37La non-maternité volontaire est un phénomène qu’on ne peut associer spécifiquement à la contraception moderne. Bien avant l’accessibilité de moyens de contraception efficaces, des femmes rejettent la maternité ou font des choix qui les en éloignent. Au Québec, l’entrée dans une communauté religieuse représente pendant longtemps une possibilité intéressante pour les femmes souhaitant éviter la maternité, tandis que d’autres choisissent la vie séculière en faisant preuve d’abstinence. Les femmes rencontrées dans le cadre de cette étude se situent à la jonction entre deux époques. Quelques-unes intègrent une communauté religieuse puis la quittent dans les années 1970, ou font preuve d’abstinence au moins jusqu’à la fin de leur vie féconde. La majorité a recours à la pilule contraceptive après sa légalisation en 1969, et plusieurs trouvent le moyen de l’obtenir quelques années auparavant en prétextant des raisons médicales27. Un bon nombre des femmes qui rejettent la maternité optent pour une solution définitive avec la ligature des trompes.

38Bien que la maternité constitue incontestablement la norme dans la société québécoise au cours de leur vie féconde, elles s’en éloignent et priorisent les études et la vie professionnelle, le plus souvent en réaction à la vie de leurs propres mères, toutes femmes au foyer. D’ailleurs, leurs mères les encouragent souvent à étudier afin d’acquérir une certaine autonomie. L’accessibilité récente aux études et au marché du travail, dont leurs mères n’ont pu bénéficier, est une occasion qu’elles souhaitent saisir.

39Le statut largement minoritaire des femmes sans enfant à l’époque semble avoir favorisé une plus grande acceptation des parcours de ces femmes : dans le contexte où un nombre record d’enfants voient le jour, que certaines femmes ne deviennent pas mères n’est pas considéré comme un problème. L’acceptabilité sociale du statut de femme sans enfant, pour la génération à laquelle je me suis intéressée, pourrait avoir favorisé l’augmentation significative du phénomène chez les femmes nées après 1950. Inversement, l’augmentation de la proportion de femmes sans enfant, dans le contexte d’un ralentissement important de la croissance démographique, pourrait expliquer pourquoi les femmes rencontrées par d’autres chercheures à partir des années 1980 ont témoigné d’aussi virulentes pressions vers le modèle de la maternité.

40Les femmes rencontrées dans le cadre de cette recherche vivent bien leur non-maternité, qu’elle soit choisie ou non. Même si elles font preuve d’une grande capacité d’agir sur leur vie, elles conçoivent leur parcours comme une forme de destin, ce qui semble les prémunir contre les regrets et les remises en question. L’évolution de cette conception de la vie vers une responsabilisation accrue des individus à l’égard de leur condition pourrait être une piste d’explication pour le développement récent d’une parole autour des regrets maternels.

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Notes

1 D. Gauvreau, « Destins de femmes, destins de mères : images et réalités historiques de la maternité au Québec », Recherches sociographiques, vol. 32, n° 3, 1991, p. 324 ; D. Gauvreau, D. Gervais et P. Gossage, La fécondité des Québécoises, 1870-1970 : d’une exception à l’autre, Montréal, Boréal, 2007.

2F. Prioux et C. Girard, « La fécondité en France et au Québec : des histoires contrastées », Santé, Société et Solidarité, vol. 9, n° 2, 2010, p. 46‑47.

3D. Baillargeon, « Pratiques et modèles sexuels féminins au XXe siècle jusqu’à l’avènement de la pilule », dans J.-P. Warren (dir.), Une histoire des sexualités au Québec au XXe siècle, Montréal, VLB éditeur, coll. « Études québécoises », 2012, p. 17‑31 ; I. Perreault, « Morale catholique et genre féminin : La sexualité dissertée dans les manuels de sexualité maritale au Québec, 1930-1960 », Revue d’histoire de l’Amérique française, vol. 57, n° 4, 2004, p. 567‑591.

4D. Gauvreau, D. Gervais et P. Gossage, La fécondité des Québécoises, 1870-1970, op. cit.

5A. Lévesque, La norme et les déviantes. Des femmes au Québec pendant l’entre-deux-guerres, Montréal, Éditions du remue-ménage, 1989.

6G. Letherby, « Mother or not, mother or what? Problems of definition and identity », Women’s Studies International Forum, vol. 17, n° 5, septembre 1994, p. 525.

7Ibid., p. 525‑526 ; R. Gillespie, « Childfree and Feminine: Understanding the Gender Identity of Voluntarily Childless Women », Gender and Society, vol. 17, n° 1, 2003, p. 123.

8M. S. Ireland, Reconceiving women: separating motherhood from female identity, New York, Guilford Press, 1993, p. 1.

9M. Kelly, « Women’s Voluntary Childlessness: A Radical Rejection of Motherhood? », Women’s Studies Quarterly, vol. 37, 2009, p. 157‑172.

10C. M. Morell, Unwomanly conduct: the challenges of intentional childlessness, New York, Routledge, 1994, p. 21.

11R. Gillespie, « Childfree and Feminine: Understanding the Gender Identity of Voluntarily Childless Women », loc. cit., p. 123.

12G. Letherby, « Mother or not, mother or what? », loc. cit., p. 525‑526.

13C. M. Morell, Unwomanly conduct, op. cit., p. 21.

14M. Kelly, « Women’s Voluntary Childlessness », loc. cit.

15C. M. Morell, Unwomanly conduct, op. cit., p. 21.

16L. Aubert, « La non-maternité réalité et vécu », Mémoire de maîtrise, Montréal, Université du Québec à Montréal, 1987 ; M. Carmel, Ces femmes qui n’en veulent pas: enquête sur la non-maternité volontaire au Québec, Montréal, Éditions Saint-Martin, 1990.

17L. Aubert, « La non-maternité réalité et vécu », loc. cit. ; E. Campbell, The childless marriage: an exploratory study of couples who do not want children, Londres, New York, Tavistock, 1985 ; M. Carmel, Ces femmes qui n’en veulent pas, op. cit. ; M. S. Ireland, Reconceiving women, op. cit. ; C. M. Morell, Unwomanly conduct, op. cit. ; J. E. Veevers, Childless by choice, Toronto, Butterworths, 1980 ; Y. M. Vissing, Women without children: nurturing lives, Nouveau Brunswick, N. J., Rutgers University Press, 2002.

18M. Carmel, Ces femmes qui n’en veulent pas, op. cit., p. 130.

19Ibid., p. 27.

20La plupart des femmes rencontrées n’étaient pas mariées, mais le fait qu’elles soient célibataires aux yeux de l’État ne veut pas dire qu’elles n’ont pas eu de conjoints. Quelques-unes se sont mariées après l’âge de la fertilité, et deux ont fait partie d’une communauté religieuse qu’elles ont quittée avant la fin de leur période de fertilité.

21C. Labrie, « Être femme sans être mère : histoires de Québécoises sans enfant nées entre 1930 et 1950 », Mémoire de maîtrise en histoire, Sherbrooke, Université de Sherbrooke, 2015.

22M. Carmel, Ces femmes qui n’en veulent pas, op. cit., p. 108.

23L. Aubert, « La non-maternité réalité et vécu », loc. cit., p. 93.

24R. B. Dandurand, « Les dissolutions matrimoniales, un phénomène latent dans le Québec des années 60 », Anthropologie et Sociétés, vol. 9, n° 3, 1985, p. 99.

25F.-R. Ouellette, « L’expérience de l’infertilité féminine vécue sous assistance médicale », Sociologie et sociétés, vol. 20, n° 1, 1988, p. 22.

26Ibid., p. 24.

27La prescription de la pilule à des fins de contraception a été interdite jusqu’en 1969, mais elle était autorisée au Canada à partir de 1961 et pouvait être prescrite à des fins médicales, par exemple pour contrôler des saignements irréguliers ou trop abondants. Une participante a aussi mentionné avoir obtenu une prescription pour la pilule afin de traiter son acné.

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Pour citer cet article

Référence papier

Christine Labrie, « « Si la vie avait voulu que j’en aie ». Trajectoires de Québécoises sans enfant nées entre 1930 et 1950 »Sextant, 36 | 2019, 57-70.

Référence électronique

Christine Labrie, « « Si la vie avait voulu que j’en aie ». Trajectoires de Québécoises sans enfant nées entre 1930 et 1950 »Sextant [En ligne], 36 | 2019, mis en ligne le 01 novembre 2021, consulté le 26 mars 2023. URL : http://journals.openedition.org/sextant/349 ; DOI : https://doi.org/10.4000/sextant.349

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Auteur

Christine Labrie

Christine Labrie est candidate au doctorat en études féministes à l’université d’Ottawa (Canada) et boursière Vanier. Ses recherches portent sur l’évolution de l’idéal maternel au XXe siècle au Québec. L’article proposé est tiré de son mémoire de maîtrise en histoire, lequel se penchait sur la non-maternité dans l’après-guerre au Québec.

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Droits d’auteur

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