• 1 Élue en 2002, je serai ensuite réélue et resterai au comité exécutif de l’AFS et à la coordination (...)
• 2 Sans poste statutaire, que je n’obtiendrai qu’en 2006 à l’Université d’Amiens, je travaillais essen (...)
• 3 Pour la SFS et sa refondation/transformation vers l’AFS voir les archives en ligne de Philippe Cibo (...)

1Dans cette contribution, sous la forme d’un article-témoignage je propose de revenir sur les premières années de l’Association française de sociologie1. Je veux en particulier m’intéresser à quelques-uns des débats qui ont eu lieu au sein du premier comité exécutif (CE) ainsi qu’à certains des chantiers auxquels j’ai participé. Si ces débats ont été décisifs dans la construction de ma carrière de sociologue et dans ma vision du métier, ils sont aussi révélateurs, avec vingt ans de recul, de ce qui animait ce CE et qui a participé à forger l’identité de l’AFS. Ma position lorsque j’ai candidaté pour intégrer ce premier comité exécutif était celle d’une « nouvellement » docteure en sociologie, habitant en province, avec un statut précaire2 – ce qui me confère probablement une perception et des souvenirs de ces premières années de l’AFS différents de ceux de mes collègues, qui pour une bonne part avaient l’âge et la position institutionnelle qui sont les miens aujourd’hui et étaient pour la majorité dans des universités parisiennes. Il y avait toutefois au sein de ce premier comité exécutif des profils très différents (tableau 1) avec des sociologues hors des mondes académiques et de jeunes sociologues, ce qui a impulsé une dynamique et des orientations de travail bien différentes de celles qui s’étaient mises en place à la Société française de sociologie (SFS)3.

• 4 « La refondation de la Société française de sociologie. Compte-rendu de la rencontre commune AISLF, (...)
• 5 Bruno Péquignot a été l’un de mes rapporteurs pour la qualification au CNU, je l’avais croisé dans (...)

2Pour ma part, c’est à Bruno Péquignot que je dois d’être allée à cette assemblée de l’ASES4 où était débattue la nécessité de refonder la SFS5 et de s’orienter vers une structure associative. Les interventions, notamment de Daniel Filâtre et Daniel Bertaux, m’ont convaincue de présenter ma candidature. Ma situation, alors sans poste fixe, aura l’avantage de ses défauts : elle me permettra d’investir beaucoup de temps et d’énergie pour l’AFS et d’être l’une des chevilles ouvrières dans nombre des activités qui vont structurer son action.

• 7 Voir « Mais que deviennent nos étudiants ? Une enquête sur le devenir professionnel des étudiants e (...)

3Si, comme dans toute structure collective, le groupe élargi du départ (soit l’ensemble du Comité exécutif) se resserra assez vite autour de certains membres très investis dans les tâches concrètes de structuration des actions de l’association (organisation des réseaux thématiques, préparation du premier congrès notamment), il est important de noter que dans ce groupe plus restreint, nous étions trois jeunes docteures, Isabelle Garabuau Moussaoui (thèse en 1999), Laurence Grandchamp-Florentino (thèse en 2001) et moi-même (thèse en 2000). Très investies et présentes, notre parcours de doctorantes encore récent et nos statuts nous ont permis de défendre des positions qui ont influé sur certaines décisions et nous avons bénéficié d’une écoute attentive. Cela a été le cas lorsqu’il s’est agi de défendre la cause des doctorant·es et post-doctorant·es aux statuts précaires, par exemple en insistant face à d’autres membres du CE pour distinguer, concernant les frais d’adhésion et d’inscription au congrès, les doctorant·es allocataires de ceux sans allocations. Nous avions argumenté sur la nécessité de l’équité (à défaut de revendiquer l’égalité), la situation d’un doctorant·e en sociologie en province, sans financement de thèse, dans une équipe d’accueil avec peu de moyens, n’étant pas comparable à celle d’un doctorant·e dans une université parisienne, avec un contrat doctoral, inséré·e dans des programmes de recherche et faisant sa thèse dans une UMR dotée de moyens. Nous avons été entendues et avons convaincu ceux qui ne l’étaient pas (plus indifférents que réticents) que l’AFS devait afficher de cette manière son soutien aux jeunes sociologues et à ceux au chômage (l’adhésion sera de 15 euros pour eux contre 30 pour tous les autres). Cette attention à l’insertion des jeunes sociologues, et la volonté qu’ils prennent une part active à la construction d’une communauté de sociologues, a participé pleinement à la construction de cet « esprit » AFS qui a été impulsé par ce premier CE et qui perdure. Il est à noter que les débats sur les conditions de l’insertion professionnelle et la difficulté d’accéder aux postes académiques faisaient partie de ceux qui animaient la communauté des sociologues depuis quelques années déjà, notamment au sein de l’ASES7. Si les orientations choisies et les actions entreprises à l’AFS tenaient pour une part à la volonté de s’aligner sur ce qui se faisait ailleurs en termes d’association professionnelle de sociologues, je pense que la composition et la diversité des points de vue qui ont pu s’exprimer dans ce premier comité exécutif ont aussi été décisives.

• 8 En référence au roman de David Lodge.
• 9 C’est Bruno Péquignot qui aura en charge de s’occuper de la structuration des Réseaux thématiques.
• 10 Réseau thématique en formation.
• 11 Le GDR a pris fin, ce dispositif ayant une durée limitée, mais la liste de diffusion est toujours a (...)
• 12 À noter aussi que le format des bureaux de RT a lui aussi été laissé à l’appréciation des membres : (...)

4Parmi les débats qui ont marqué ce premier comité de l’AFS, il y a eu ceux sur les Réseaux thématiques9 et les choix inhérents à leur mise en place : quels sociologues allaient en prendre les rênes, avec quels effets de visibilité pour les uns au détriment des autres, avec quel impact sur la reconnaissance des différents champs dans la discipline ? Il va de soi que la présence de certains spécialistes de champs spécifiques au sein du CE de l’AFS n’a pas été sans incidence sur les choix et orientations. Par exemple pour le RTf10 14 (« Sociologie des arts et de la culture »), Bruno Péquignot et moi-même étions à la fois au CE de l’AFS et très investis dans ce champ de la discipline, ce qui a eu pour effet de structurer rapidement ce réseau, en lien étroit avec le GDR Opus (Groupement de recherche « Œuvres, Publics et Sociétés11 »). Pour d’autres RTf, les échanges, les tensions, les concurrences ont été saillants. Construire les RT et participer aux bureaux avaient des conséquences directes sur la définition du périmètre et la légitimité de certains domaines et champs de recherche, et il n’était pas neutre de valider l’intitulé ni d’entériner qui allaient en être les représentant·es. C’est entre autres pourquoi il a été décidé de mettre en place une phase « probatoire » pour la constitution des réseaux, qui étaient « en formation » dans une première phase, le temps de structurer une équipe et de définir les axes de travail. Le format « Groupe de travail » (GT) a ensuite aussi été proposé pour des thématiques/domaines en cours de construction. Ces options (RTf et GT) permettaient ainsi au départ de laisser en suspens la question de la nécessité (ou non) de limiter le nombre de réseaux. Au fil du temps – et les 50 réseaux actifs aujourd’hui en témoignent – l’option de l’ouverture et non de la clôture restera celle privilégiée. C’est ici aussi que l’on peut parler d’un « esprit » AFS impulsé par ce premier CE, qui laissait toute sa place à une approche ouverte de la discipline12 et à une volonté de construction collaborative avec les membres de l’association.

5Un autre débat qu’il me semble important de signaler, et qui a animé nombre des CE (et nourri les échanges avec les membres de l’AFS) renvoie à ce constat de l’absence de « culture de congrès » dans la communauté des sociologues en France au moment où l’AFS se met en place. Daniel Bertaux le rappelle dans un courrier au CE à propos du premier congrès à organiser :

• 14 Voir par exemple : https://agora.hypotheses.org/930, consulté le 21 juin 2023 ; ou encore : https:/ (...)

7Un autre débat a largement animé nos échanges : il concernait la nécessité (ou non) de mettre en place une charte déontologique. C’est probablement sur ce point que les différences entre les sociologues des mondes académiques (enseignement supérieur, CNRS, autres EPST) et « les autres » seront les plus saillantes. Si la question de la désignation du sociologue quand il exerce « hors des mondes académiques » a été débattue – est-il sociologue « professionnel » (supposant que les autres ne le seraient pas), « sociologue praticien », plus simplement « sociologue » – c’est surtout la question des contraintes spécifiques auxquelles se heurtaient les uns et les autres qui a émergé et, au sein du premier CE, la diversité des manières d’être sociologues. La rédaction d’une charte impliquait de se mettre d’accord sur un certain nombre de fondamentaux. Or, ceux-ci se sont rapidement révélés différemment perçus selon l’ancrage professionnel (que ce soit sur le rapport aux commanditaires, aux enquêtés, sur la diffusion des résultats) et il est vite apparu que tous les sociologues ne partageaient pas la même vision. Le travail de charte déontologique sera concrètement engagé en 2006, prenant modèle sur ce qui était fait par d’autres associations (Association américaine de sociologie, l’Association britannique de sociologie, l’Association internationale de sociologie, l’Association portugaise de sociologie, et la Société canadienne de sociologie et d’anthropologie, etc.). Néanmoins, malgré la mise en place d’un groupe de travail, malgré un long processus d’échanges et des réécritures, ce projet de charte se soldera par un rejet de la communauté des membres de l’AFS. Ce projet soulevait en effet de trop nombreuses questions et posait notamment des problèmes en termes de liberté d’enquête – on peut encore trouver, aujourd’hui, des traces numériques des débats mouvementés sur le sujet14. Si l’on retient que la charte n’a pas été validée, les discussions suscitées ont néanmoins permis de mettre en évidence la diversité des manières d’exercer le métier de sociologue, en montrant en particulier qu’il était possible de sortir d’une vision centrée sur le profil de sociologue académique (enseignant-chercheur ou chercheur), d’ailleurs souvent idéalisée.

• 15 Le programme de 2006 est accessible ici : https://ciboispagesperso.fr/livreAFS2006bordeaux.pdf.
• 16 Pour la « petite histoire » et l’envers du décor : autodidacte en informatique, j’ai construit les (...)
• 17 Voir trois exemples de feuille d’info ici :
  https://ancmsp.com/2009/03/02/chartes-deontologiques-en (...)

9Parmi mes missions au sein du CE figuraient celles liées au congrès (par exemple, pour celui de 2006, le travail de préparation avec les RT pour la construction des sessions, la mise en forme du programme15, etc.), mais l’activité à laquelle j’ai le plus contribué renvoie au site, à la feuille d’info et à la valorisation de l’AFS. Webmaster autodidacte16, j’ai reconstruit le site à la suite de Philippe Cibois, qui avait conçu la première version, et j’ai repris la rédaction de la feuille d’information bimensuelle17 dont j’assurais la préparation, la rédaction et l’envoi.

• 18 Le CE décidera collectivement que cela représentait un vrai travail et me proposera un contrat en b (...)
• 19 Un véritable atout pour les cours que je ferai ensuite, car s’il est vrai qu’à partir de la thèse e (...)
• 20 Je serai dès lors chargée de l’information à destination des doctorant·es et jeunes docteur·es pour (...)
• 21 Par exemple, nous avions acté que, pour les publications, nous nous en tenions aux signalées par le (...)
• 22 La solution serait de recruter sur la base d’un contrat de 2 ans à mi-temps ou tiers de temps un ou (...)

10Ce travail pour la Feuille d’info18 est probablement l’une des activités qui m’a le plus intéressée, en me permettant de créer une dynamique d’échange avec tous les membres de l’AFS, mais plus généralement dans ma carrière de sociologue. Cela m’a permis de découvrir la sociologie en train de se faire et dans tous les champs de recherche19, d’échanger avec de très nombreux·ses collègues qui m’envoyaient les informations à diffuser, de comprendre comment se structurait le monde du travail du sociologue, et de sortir d’une vision polarisée autour des classiques de la discipline et de quelques figures de sociologues emblématiques. Recrutée au CNRS sur contrat, puis réussissant le concours pour un poste de maitre de conférences à Amiens, je n’ai plus pu continuer ce travail et la Feuille dans ce format bimensuel a peu à peu disparu20. Je pense que c’est dommage, tant en termes de contenu que par sa récurrence et régularité : la Feuille d’infos contribuait à créer du lien et à renforcer l’effet « communauté ». S’il existe des espaces d’échanges entre sociologues, je pense notamment à la liste de diffusion de l’ASES, cela ne remplace pas une information construite et structurée comme le proposait la Feuille, d’une part pour l’animation de la communauté en dehors des congrès, mais aussi pour les jeunes sociologues qui apprennent à connaitre la sociologie en train de se faire, et d’autre part pour l’esprit d’initiative et d’implication que cela entraîne de la part de tous, car le principe de la Feuille reposait sur l’envoi des infos spécifiquement sociologiques, par les membres de l’AFS eux-mêmes, et non sur une forme de « compilation » via des interfaces partagées et participatives comme le propose d’autres sites aujourd’hui. Cela représente certes du travail (et implique des choix à faire21, notamment face à la démultiplication des activités de recherche par rapport au début des années 2000), mais cela me parait avoir été probant pour la construction, l’esprit de communauté de l’AFS et cela reste une des meilleures manières d’animer le lien entre tous les RT et entre les congrès22.

• 23 Sur l’Affaire Elizabeth Teissier, voir l’article de Patricia Vannier dans ce numéro.

11Un autre chantier était moins « fondamentalement » lié à la discipline, mais je le signale parce qu’il manque toujours aujourd’hui. Dans la lignée de ce qui se mettait en place pour mieux communiquer, favoriser l’interconnaissance et les débats sur la discipline (on était encore peu de temps après les débats déclenchés par la thèse d’Élizabeth Teissier23), la nécessité de mettre en place un Forum d’échange nous a paru nécessaire en plus de la Feuille d’info. L’idée étant de disposer d’un espace de discussion partagé par la communauté des sociologues avec un forum général et thématique pour tous les membres (sur les congrès, le métier de sociologue, etc.) et des forums spécifiques à chaque RT. Je me souviens bien des débats et réticences que cela avait suscités chez certains au sein du CE (était-ce bien utile ? fallait-il modérer ou non ? est-ce que cela n’allait pas ouvrir la voie à des échanges inappropriés, ou à des querelles de chapelle ?). J’ai mis en place tout le dispositif et l’interface en ligne en 2005, mais paradoxalement, après une première vague d’inscriptions et d’échanges, cela n’a pas pris : le forum général est resté peu actif et les RT ne se sont pas saisis de l’opportunité. Plusieurs facteurs peuvent l’expliquer, en premier lieu l’absence d’habitus d’utilisation de ce format d’échange pour nombre de sociologues au début des années 2000 (peut-être était-ce trop tôt), le manque de conviction de nombre des membres du CE, de responsables de RT qui n’ont pas utilisé ce forum ni relayé son intérêt ; mais c’est aussi plus concrètement dû au manque de temps dont je disposais pour animer les forums en plus des autres taches et suite à mon recrutement sur un contrat post-doctoral au CNRS dans le cadre d’un projet ANR. Cette précision pour témoigner que ces activités d’appui pour la discipline requièrent du temps, des savoirs et savoir-faire sociologiques, utilisés pour la valorisation de la discipline, la diffusion des résultats à des cercles de publics élargis (médias, élus, professionnels d’un secteur donné, etc.). Ce sont à mon sens des activités trop peu valorisées, considérées comme secondaires (par rapport à l’enseignement et la recherche), or ce devrait être une voie de professionnalisation pour les étudiant·es et doctorant·es en sociologie, qui n’intégreront pas tous les mondes académiques.

• 24 Voir leur site : https://www.abg.asso.fr/fr/vue/l-abg, consulté le 21 juin 2023.

12Parmi les chantiers que nous avions aussi entamés, et qui à mon sens devraient être repris, il y avait le projet de création d’une plateforme de ressources pour les doctorant·es et post-doctorant·es en sociologie. Nous nous étions inspirés de ce que faisait alors l’Association Bernard Gregory (ABG24) et la guilde des doctorant·es, une référence au début des années 2000. Face au constat de la méconnaissance des procédures de qualification, de recrutement, de réponses à des appels d’offre, d’opportunités de postes en dehors des mondes académiques, de stratégies de publications, etc., il était urgent et essentiel de rassembler et transmettre les ressources et procédures. À ma connaissance, si nous sommes nombreux à faire ce travail auprès de nos étudiant·es, les CV des candidat·es aux concours de MCF en témoignent largement, il n’existe toujours pas de plateforme de ce type qui rassemble l’ensemble des informations pour les étudiant·es et doctorant·es en sociologie.

• 25 Source : https://afs-socio.fr/repertoire/, consulté le 21 juin 2023.
• 26 Voir le site https://www.researchgate.net/, consulté le 21 juin 2023.
• 27 Voir le site https://shs.hal.science/search/index, consulté le 21 juin 2023.
• 28 Voir le site https://journals.openedition.org/, consulté le 21 juin 2023.
• 29 Voir l’entretien de Sylvain Bourmeau sur ce sujet (https://www.politika.io/fr/entretien/journalisme (...)
• 30 Voir le site : https://expertes.fr/, consulté le 21 juin 2023.

13Enfin, un des chantiers amorcés dès la création de l’AFS et qui me parait devoir être repensé et repris concerne le répertoire25 mis en place par Philippe Cibois. Si l’existence d’un tel répertoire est essentielle à la communauté, elle l’est tout autant en externe, que ce soit pour les médias, mais aussi pour tout autre acteur et structure qui souhaite connaitre l’actualité des recherches sociologiques sur un sujet donné, solliciter un ou une sociologue pour un avis, une expertise, une étude. La présence des sociologues dans les médias montre de manière récurrente, et encore récemment avec des sujets comme le Covid, que si quelques-uns sont très présents et très sollicités, et occupent le devant de la scène médiatique, la grande majorité reste dans l’ombre malgré des travaux récents, accessibles, etc. Si je prends mon domaine, et la question des publics, je suis toujours étonnée de la faible connaissance des ressources disponibles par les médias et les acteurs impliqués dans les structures culturelles ; mais si l’on y réfléchit, il n’est pas si simple de les trouver et de discerner celles les plus ajustées sans être expert de la question. S’il existe aujourd’hui de nombreuses plateformes qui permettent le repérage et la connaissance des travaux sociologiques récents – on pensera à Researchgate26, Halshs27 ou Openedition28 – et que nos travaux sont listés sur nos sites institutionnels, ces formats restent peu adaptés pour une appropriation de la diversité de nos résultats par des non-spécialistes, notamment par des journalistes pressés par le temps29. C’est ici que le répertoire de l’AFS a un rôle à jouer, et que son format pourrait être repensé pour une accessibilité ajustée à l’actualité des recherches en sociologie et à la diversité des résultats produits. Un modèle qui pourrait être pris est celui du site des Expertes30, le format de leur répertoire ayant l’avantage de concilier l’accessibilité à des non-spécialistes et la spécification de l’expertise (avec un classement par types des expertes recensées, entre « Recherche », « Société civile » et « Journalistes).

• 31 Voir notamment tout le travail initié par le Comité d’Action Sociologie Professionnelle (CASP) : ht (...)
• 32 Les annonces ne contiennent que rarement une référence explicite à la sociologie, les fonctions et (...)
• 33 Professeur, universitaire, mais très impliquée dans les mondes culturels et socio-économiques avec (...)

15Si le travail de reconnaissance et de légitimation des sociologues hors des mondes académiques fait partie des avancées que l’association a permises31, si l’insertion professionnelle des jeunes sociologues et leur connaissance des stratégies à mettre en œuvre pour réussir leur intégration dans « le métier de sociologue » (en référence à l’ouvrage de Pierre Bourdieu, Jean-Claude Chamboredon, Jean-Claude Passeron) doivent beaucoup aux efforts entrepris par l’AFS et ses réseaux depuis 20 ans, il reste à mon sens tout un travail à faire pour renforcer la valorisation et mise en visibilité des « métiers de la sociologie ». Il s’agit de tous ceux où les études en sociologie (les compétences acquises en termes d’analyse de situation, de techniques d’enquête, d’organisation des données, etc.) sont aussi utiles que recherchées (je pense particulièrement aux domaines de l’éducation, du numérique, de la santé, de la culture, etc.), mais qui souffrent d’une forme d’invisibilité32. De là où je parle aujourd’hui33, il me semble que ces métiers de la sociologie sont encore trop peu présents et présentés dans les cursus universitaires, ou le sont « par défaut », par opposition aux postes académiques. Est-ce par réticence et/ou méconnaissance, c’est une question dont l’AFS pourrait s’emparer.