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Présentation

Revue de l’Association internationale des sociologues de langue française, SociologieS publie des articles émanant de ses membres, d’auteur·rices en rapport avec des activités de l’AISLF, et plus généralement de sociologues du monde entier, principalement de langue française. Elle favorise le partage de la réflexion et l’ouverture à la diversité des courants théoriques et des perspectives méthodologiques, principalement à travers sa rubrique classique « Théories et recherches » et sa rubrique « Grands résumés » ; elle a l’ambition de faire le point sur des questions qui traversent la sociologie francophone à travers son autre rubrique importante, « Dossier ». Ouverte aux jeunes chercheur·ses grâce à sa rubrique « Premiers textes », aux expériences originales dans sa rubrique « Expériences de recherche », elle a aussi l’ambition de dynamiser l’espace scientifique francophone grâce à la traduction en français ou à la reproduction de textes anciens ou oubliés (rubrique « Découvertes/redécouvertes ») mais aussi en suscitant le débat sur des enjeux théoriques, méthodologiques ou institutionnels qui traversent la sociologie francophone (rubrique « Débat »).


La revue est publiée avec le soutien de l’Académie suisse des sciences humaines et sociales et de la Maison des sciences de l’Homme Paris Nord. Elle est soutenue par CNRS Sciences humaines & sociales, 2023-2024.

 

Livraison printemps 2024

 

L’année 2024 nous offre sa première livraison. Le dossier, qui en constitue l’épine dorsale, piloté par Natach Chetcuti-Osorovitz et Cynthia Colmellere, nous fait entrer dans les arcanes du monde universitaire, côté sombre. Il nous invite en effet à examiner les effets de la mise en place et du développement d’une forme de « capitalisme académique » sur ses marges, i. e. sur les actrices les plus fragilisées et les moins à même de répondre à ses exigences, les femmes. Chacune des autrices ayant contribué à ce dossier s’est appuyée, pour ce faire, sur sa propre expérience biographique pour proposer, par un effet de réflexivité critique, une documentation des effets, sur les trajectoires académiques, des inégalités systémiques sur lesquelles repose cet ordre universitaire. Rose-Marie Lagrave, prenant à rebours le roman méritocratique pour rendre compte de la mobilité sociale du transfuge de classes qu’elle incarne, rappelle que celle-ci fut au contraire le fruit d’une mobilisation collective constante d’une pluralité d’acteur·rices. Cynthia Colmellere porte son attention sur les accommodements qu’il est nécessaire de déployer lorsque l’on est sociologue dans une grande école d’ingénieur·es pour non seulement satisfaire aux exigences d’excellence et répondre aux attentes du capitalisme académique, mais aussi y faire reconnaître et y soutenir la place de la sociologie et des sciences humaines et sociales. Sandrine Sanos examine les stratégies de contournement qu’elle a dû développer afin de faire face aux logiques d’euphémisation institutionnelle à l’œuvre dans une université états-unienne et visant à invisibiliser les discriminations de genre et les violences sexuelles qui y adviennent. Camille Boutron fait retour sur l’expérience de mobilité géographique et épistémique à laquelle elle a été condamnée, en tant que chercheure féministe, et examine les contorsions et les compromis, mais aussi les résistances, qui ont jalonné son parcours.

Trois articles viennent nourrir la rubrique Théories et recherche. Le premier, celui de Valerie Deruelle et Jean-Luc Metzger s’interroge sur les modalités de gouvernance à mettre en place pour atteindre une sobriété numérique. Ilconclut à la faible efficacité des appels uniquement ciblés sur la responsabilisation individuelle et à la nécessaire délibération entre trois types d’acteurs, les pouvoirs publics, des collectifs de citoyenset les entreprises du numérique. Le second, porté par Thomas Renou, Philippe Terral et Delphine Azema, se penche sur les tensions partenariales d’une innovation technologique, une plate-forme d’e-santé dans un essai clinique cardiovasculaire, prise entre des enjeux de validation des données et des enjeux de personnalisation du suivi des patient·es. Le troisième, rédigé par Jacques Siracusa, se concentre sur les procédures d’écriture empathique dans les enquêtes de terrain compréhensives visant à rendre compte de l’expérience de groupes sociaux situés en bas de la hiérarchie sociale. Caroline Henchoz, Boris Wernli et Tristan Coste, dans leur article présenté dans la rubrique « La recherche en actes »,étudient, par des méthodes statistiques qu’il·elles détaillent dans leur article, l’endettement, davantage explicable par un cumul d’inégalités sociales que par l’existence de dispositions genrées vis-à-vis de l’endettementet de ses effets sur la santé mentale des individus.

Deux grands résumés alimentent également cette livraison. Le premier, celui de l’ouvrage de Sabine Chalvon-Demersay, Le Troisième Souffle. Parentés et sexualités dans les adaptations télévisées, propose une étude comparée des adaptations à la télévision de romans du xixe siècle. Sarah Lécossaiset Cédric Terzi nouent la discussion avec l’auteure, soulignant tout l’intérêt de cette analyse sociologique de la fiction et, notamment, de ce que cette dernière nous dit du monde dans lequel nous vivons. Le second, celui de Julien Larrègue, Héréditaire. L’éternel retour des théories biologiques du crime, examine, sous un angle historique, la naissance, le développement et l’institutionnalisation de la criminologie biosociale. Élodie Edwards-Grossi et Patrice Corriveau engagent un dialogue critique, mais bienveillant, avec l’idée, défendue dans cet ouvrage, d’une politisation de la science et d’une scientifisation de la politique dans le champ de la criminologie.

Enfin, Frederico Ágoas nous invite à découvrir/redécouvrir un texte d’Hermínio Martins publié en 1971, proposant une étude de la structure de classe dans le Portugal du début de la deuxième moitié du siècle dernier, qui s’avère, en dernière instance, constituer une des premières analyses dusalazarisme en tant que système politique et réalité sociale.

Derniers textes

  • Sarah Lécossais
    Discussion du Grand résumé de l’ouvrage de Sabine Chalvon-Demersay, Le Troisième Souffle. Parentés et sexualités dans les adaptations télévisées, Paris, Presse des Mines, coll. « Sciences sociales », 2021
    20 mars 2024
  • Cédric Terzi
    Discussion du grand résumé de l’ouvrage de Sabine Chalvon-Demersay, Le Troisième Souffle. Parentés et sexualités dans les adaptations télévisées, Paris, Presse des Mines, coll. « Sciences sociales », 2021
    20 mars 2024
  • Rose-Marie Lagrave
    Revisiting your academic career
    Revisar su carrera académica
    20 mars 2024
  • Cynthia Colmellere
    Itinéraire d’une enseignante-chercheure dans une grande école d’ingénieur
    Seizing Policies of Excellence to Strengthen the Place of Sociology and the Human and Social Sciences: The journey of a professor in an engineering school
    Aprovechar las políticas de excelencia para fortalecer el lugar de la sociología y las ciencias humanas y sociales: el viaje de un profesor en una escuela de ingeniería
    20 mars 2024
  • Sandrine Sanos
    Impossible Resistance: A Feminist Journey through the American University in Texas
    La resistencia imposible: un viaje feminista a través de la universidad americana en Texas
    20 mars 2024
  • Camille Boutron
    Émergence de nouvelles formes de carrières académiques
    Doing Research on the Margins or Staying on the Margins of Research: The emergence of new forms of academic careers
    Investigar al margen o quedarse al margen de la investigación: la aparición de nuevas formas de carrera académica
    20 mars 2024
  • Natacha Chetcuti-Osorovitz et Cynthia Colmellere
    Introduction au Dossier
    Thinking about Academic Capitalism through the Production of its Margins. Introduction to the thematic issue
    Pensar el capitalismo académico a través de la producción de sus márgenes. Introducción del dossier temático
    20 mars 2024
  • Caroline Henchoz, Boris Wernli et Tristan Coste
    Debt and Mental Health: A gender perspective
    Deuda y salud mental: una perspectiva de género
    20 mars 2024
  • Valérie Deruelle et Jean-Luc Metzger
    What Kind of Governance for a Sober Digital Future?
    ¿Qué tipo de gobernanza para un futuro digital sobrio?
    20 mars 2024
  • Thomas Renou, Philippe Terral et Delphine Azéma
    Tensions entre personnalisation et validation dans l’évaluation de la qualité de vie
    e-Health in Difficulty in Clinical Research: Tensions Between Personalization and Validation in the assessment of Quality of Life
    La e-Salud en dificultad en la investigación clínica: tensiones entre personalización y validación en la evaluación de la calidad de vida
    20 mars 2024
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