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2022
Le Caché de La Poste. Enquête sur l’organisation du travail des facteurs

Les effets délétères d’une « gouvernance par les nombres » 1 : un cas d’école

Discussion de l’ouvrage de Nicolas Jounin Le Caché de La Poste. Enquête sur l’organisation du travail des facteurs, Paris, Éditions La Découverte, 2021
Paul Bouffartigue

Notes de la rédaction

NDLR : Le Grand résumé de l’ouvrage par son auteur est accessible à l’adresse : https://journals.openedition.org/sociologies/18177 et la discussion par Isabelle Ferreras à l’adresse : https://journals.openedition.org/sociologies/18195

Texte intégral

  • 1 Alain Supiot (2015).

1Comment obtenir des salariés davantage de travail – sous-entendu à coût salarial unitaire constant, ce que Karl Marx appelle la plus-value absolue – sans toutefois provoquer trop de protestations collectives, de démissions, ou d’absentéisme, qui ruineraient cet objectif ? Nicolas Jounin choisit de poser cette question classique à l’aide d’une entrée minutieusement choisie : il examine à la loupe l’histoire et les effets concrets d’un outil de gestion de l’organisation du travail à la distribution du courrier postal en France. Ce « caché de La Poste » est un algorithme de modélisation et de prescription des tournées des facteurs et factrices, conçu dans les années 1990 et mis en œuvre depuis le début des années 2000. « Caché », à la fois parce que depuis qu’il a été utilisé à cette fin, la direction a prétendu en avoir égaré les sources et les modes de calcul ; et parce qu’elle se réfugie derrière le monopole patronal en matière d’organisation du travail pour en refuser la mise en débat.

  • 2 Nous avons nous-même pu en prendre la mesure au fil de plusieurs enquêtes conduites à la distributi (...)
  • 3 Le nombre de boîtes aux lettres est passé de 33 millions (2010) à 40,5 millions (2017) pendant que (...)

2Dans le « grand résumé » de son livre, l’auteur indique le mode de construction (très) original de son ouvrage, sans pouvoir, faute de place, donner à voir toute l’étendue de la prouesse à laquelle il est parvenu : permettre à un public large de saisir les implications très concrètes sur les conditions et les collectifs de travail de la mobilisation de cet outil par les directions, tout particulièrement au moment des réorganisations des bureaux de distribution qui scandent la vie des factrices et des facteurs. Ce défi, assez colossal quand on connaît la complexité du langage professionnel et la jungle des sigles qui font le monde de La Poste 2, il le relève brillamment. Et ce, en s’appuyant de bout en bout sur la combinaison de trois récits : celui qui restitue de façon très vivante son travail d’ethnographe – il a travaillé plusieurs semaines comme facteur au sein d’un bureau de distribution venant d’être réorganisé ; celui de dialogues imaginaires avec Frederick W. Taylor, dont il met le nez dans les contradictions ; et celui de la généalogie minutieusement reconstituée du fameux outil-logiciel. Il dévoile ainsi les deux grandes fonctions que cet instrument parvient largement à jouer : le pilotage des réorganisations continues du travail, accompagnées de suppressions d’emplois ; et l’interdiction du débat au sein de l’entreprise sur le fondement – désormais « scientifique » – de ces décisions. La réduction d’un tiers de la force de travail en quinze ans ne donne qu’une pâle idée de l’alourdissement de la charge de travail des facteurs et factrices si on ne la réfère qu’à la diminution, plus importante encore, de l’ordre de la moitié, du volume des plis adressés. En effet le nombre de destinataires – et donc de boîtes aux lettres – à desservir augmente également et la nature des objets à distribuer se modifie, sous l’effet notamment de la croissance des paquets et des plis recommandés 3.

  • 4 Dans le cas français il se peut qu’au travers de modalités plus officieuses le résultat pour le cou (...)

3Nicolas Jounin ne le précise pas dans ce résumé, mais la « contradiction économique » dans laquelle se trouve plongée La Poste depuis que le courrier décroît n’en serait pas une s’il s’agissait d’une activité commerciale ordinaire. Il suffirait en effet à l’opérateur de réduire bien plus drastiquement encore le service offert, par exemple en diminuant le nombre de distributions hebdomadaires du courrier affranchi au tarif de base, à deux comme cela s’est fait dans certains pays comme l’Italie ou les Pays Bas, voire une fois seulement par semaine, comme aux Pays-Bas 4. Voire de faire passer de l’expéditeur au destinataire de l’objet l’achat de la prestation d’acheminement. Mais La Poste reste soumise dans notre pays à quelques missions de service public dont le non-respect serait, pour l’heure, socialement explosif.

4Mais il a raison d’insister sur un point clef : le travail du facteur et de la factrice est particulièrement rebelle à toute approche taylorienne. Ce que reconnaissaient d’ailleurs jusque dans les années 1990 les dirigeants de La Poste. Les paramètres qui font sa variabilité et son imprévisibilité relatives sont innombrables. Ajoutons que les calculs des ingénieurs sont toujours fondés sur le mythe d’un « facteur moyen » et plutôt jeune, sportif et masculin… Alors que les dynamiques du groupe professionnel ont été dans le sens de sa féminisation et de son vieillissement. Paradoxalement passée presque inaperçue aux yeux des acteurs de l’entreprise, la féminisation s’est produite rapidement depuis 1975 et l’ouverture du recrutement sur le statut de référence qui était alors celui de fonctionnaire. Ainsi, depuis les années 2000 les factrices sont presque à parité. Les postiers ont également vieilli, leur âge moyen passant de 43 à 47 ans de 2003 à 2017. Si la définition officielle des tournées n’a jamais pris en compte la variabilité interindividuelle des capacités de travail – à rebours de la préconisation classique de l’ergonomie francophone visant à « adapter le travail à l’homme » et non l’inverse – dans une certaine mesure les régulations anciennes le permettaient. Au travers notamment du chronométrage manuel en situation réelle d’activité par un ancien facteur ; et de la « vente des quartiers » selon la logique d’une priorité à l’ancienneté permettant l’accès à des tournées moins pénibles au fil de la carrière. Or ces marges de jeu ont quasiment disparu. Comment s’étonner dès lors d’une détérioration de la santé physique et mentale des facteurs, la poussée de l’absentéisme pour maladie et la médiatisation d’un « malaise », voire de suicides au travail ?

5Une des questions centrales, bien identifiée par l’auteur, devient alors celle des modes de consentement – ou d’acceptation contrainte – de ces travailleurs et travailleuses à un tel alourdissement de leur charge de travail. C’est à propos de celle-ci qu’il convient de pousser la discussion. L’auteur n’accorde-t-il pas une place trop importante à l’outil-logiciel dans les dynamiques qui conduisent les postier.ère.s à subir les effets de la réorganisation/dégradation continue de leur activité professionnelle ?

6Nicolas Jounin met au jour un mécanisme central, celui de la « dette » qui

« se noue dans les algorithmes de La Poste, lesquels fabriquent des équivalences entre des quantités (de kilomètres parcourus, de boîtes aux lettres desservies, d’objets de correspondance remise) et des durées de travail, pendant que la formule de ces équivalences demeure monopolisée par la direction et que sa contestation pratique (par exemple en assumant de revenir de tournée avec du courrier non distribué) exposerait le facteur réfractaire à la sanction disciplinaire ».

7Et il explique que, qu’il admette ou non le « diagnostic » résultant de la moulinette de l’algorithme, il est piégé :

« Y croire, alors que l’on met fréquemment plus de temps pour faire sa tournée que ne le prévoit le calcul, c’est implicitement s’accuser soi-même de lenteur, de paresse, de nullité, c’est dériver vers l’aliénation. Ne pas y croire, c’est rejeter la prescription qui fonde son propre travail ; c’est risquer de se laisser gagner par une colère radicale, intenable, ou entrer en lutte, ou bien encore déserter, abandonner le métier. Entre ces deux pôles, nombre de facteurs entretiennent une demi-croyance, oscillant entre le désir de controverse et la tentation de l’abandon ».

8De manière convergente avec nos propres observations, il suggère que l’attitude dominante est celle du scepticisme à l’endroit de la pertinence des calculs justifiant les nouveaux temps alloués, accompagné d’un consentement pratique à leurs effets :

« Les modélisations de La Poste, leur apparence scientifique, leurs chiffres après la virgule ne gagnent pas les cœurs, mais ils les désarment ; ils ne colonisent pas les imaginaires, mais ils les bouchent […] Pour parler comme Pierre Bourdieu, il n’y a pas d’ajustement des structures subjectives aux structures objectives (par l’adoption du point de vue dominant), mais adaptation contrainte aux structures objectives (la charge de travail objectivée par la modélisation postale) qui met à l’épreuve les structures subjectives des factrices et facteurs (selon des modes différenciés par leur état de santé et leurs attentes) ».

9Cette idée de « mise à l’épreuve des structures subjectives » me semble très juste, tant nous avons nous-même pu constater l’extrême différenciation des réponses individuelles à la même pression générale à l’allongement et à l’alourdissement des tournées – ainsi que des réponses au fil du temps de la part du même individu – cette différenciation entretenant activement les divisions entre petits groupes et les tensions interpersonnelles au sein des bureaux. « Anciens » accumulant les heures supplémentaires non rémunérées, car attachés à  faire un travail de qualité, contre « jeunes » accusés de le bâcler en courant. Certains choisissant de ne pas « aviser » les plis recommandés pour ne pas déborder du temps de travail prescrit, quand d’autres décident de « tricher » avec certaines règles de manière à « faire le travail intelligemment ». D’autres encore les respectent scrupuleusement par crainte de sanctions. Tous privés désormais de ces temps collectifs au cours desquels s’entretenait informellement le « genre professionnel » (Clot, 2006) autour de la définition des règles de métier, ou de l’acceptation d’une diversité de « stratégie d’activité » au travers desquels un profil-type de facteurs s’ajustait à type de tournée (Demazière & Mercier, 2003). Bref, l’exemple des facteurs illustre remarquablement les modalités contemporaines de l’exploitation et de la domination au travail et des épreuves qu’elles imposent individualisent, mieux « singularisent » (Martuccelli, 2010) ou « dispersent » (Volkoff, 2008) les répliques qu’on y observe de la part des travailleurs et des travailleuses.

10Mais quel est exactement le rôle propre que joue l’outil logiciel dans ces processus ? S’il est manifestement très important, faut-il lui attribuer un poids aussi déterminant ? Cette question – à laquelle je conviens qu’il est très difficile de répondre – peut être étayée par une série d’autres observations.

11D’abord, force est de constater le très faible taux de démissions. Peu surprenant de la part des derniers fonctionnaires encore en activité et proches de l’âge de la retraite, il l’est davantage s’agissant de la majorité des facteurs et factrices désormais employé.e.s en CDI. Nombre de jeunes facteurs ayant franchi le cap du statut précaire de « rouleur en CDD », notamment de sexe masculin, projettent de quitter La Poste pour un autre emploi plus rémunérateur, mais fort peu nombreux sont ceux qui passent à l’acte. On ne peut ici que souligner l’effet disciplinaire du chômage de masse sur un groupe professionnel désormais massivement privé des protections collectives associées au statut de fonctionnaire. Si on y ajoute le recours structurel de La Poste aux emplois précaires – intérim et surtout CDD – ce bouleversement du statut d’emploi ne saurait être négligé lorsqu’on s’interroge sur les ressorts d’un consentement pratique aux réorganisations récurrentes.

  • 5 Nous donnons des exemples issus de nos enquêtes dans Bouffartigue & Bouteiller (2020).

12Ensuite, comme le précise Nicolas Jounin « de nombreux postiers remettent en cause la modélisation, parfois dans son principe, plus souvent dans ce qu’elle intègre et dans ce qu’elle escamote ». Mais comment apprécier précisément l’ampleur de cette contestation, dans son versant radical – le rejet du principe de la modélisation – comme dans son versant plus pragmatique – le refus de ses effets ? Nos enquêtes nous incitent à penser qu’elle est sans doute plus systématique que ce que suggère l’auteur. Rares sont les réorganisations qui ne donnent pas lieu à controverse, voire à conflit collectif. Et quand les organisations syndicales les plus critiques sont présentes sur le terrain, nombreuses sont les initiatives encourageant les facteurs et factrices à évaluer eux-mêmes leur tournée et à revendiquer sa « révision », parfois en parvenant à faire modifier des paramètres de base, telle la vitesse de déplacement attribuée à tel moyen de locomotion 5. Sans compter l’usage massif de contre-expertises par les CHSCT, quand ces mêmes syndicats les dirigent. Voire des cas d’articulation étroite entre la démarche d’expertise et une mobilisation collective (Bouffartigue & Bouteiller, 2020).

13Enfin la compréhension et l’évaluation du rapport des forces qui caractérise l’activité de distribution du courrier gagnent à être réinscrites dans une histoire sociale qui a son épaisseur propre. Or celle-ci s’est traduite par un affaiblissement du syndicalisme – notamment du syndicalisme de contestation – et la reproduction de fortes divisions entre organisations. Ce constat n’est guère original, mais il prend un relief spécifique s’agissant d’une ancienne entreprise publique ayant été une place forte de l’action syndicale. Une rupture majeure peut probablement être identifiée entre le moment de la mise en place des « 35 heures » (1999-2000) et la réforme dite « Facteur d’avenir » (2004-2006), laquelle signifie principalement le développement de la polyvalence sur les tournées. Cette séquence est aussi celle d’une nouvelle étape dans le processus d’automatisation/concentration des opérations de tri. Rupture majeure car elle se traduit par une première étape dans l’alourdissement de la charge de travail et s’accompagne de défaites syndicales et d’une mise en crise multiforme du groupe professionnel des facteurs et factrices, qui précèdent la mise en place de l’instrumentation des réorganisations des tournées à l’aide de l’outil logiciel. Rupture étroitement associée à une inflexion historique traumatique : c’est aussi le moment où commence l’effondrement du courrier-lettres, sans qu’on puisse en imaginer le terme. Le métier n’est pas menacé seulement par les transformations technico-organisationnelles : surgit le spectre de sa disparition à moyen terme, en même temps que celle de l’objet de travail. Il bascule ainsi dans une fragilisation structurelle qui ne peut qu’entamer sa combativité collective.

  • 6 « Accord sur l’amélioration des conditions de travail et sur l’évolution des métiers de la distribu (...)

14L’affaiblissement global du rapport des forces entre les facteurs et la direction de La Poste s’accompagne donc de la permanence d’un dissensus sur l’évaluation du travail. Ce paradoxe apparent s’éclaire aussi par le jeu d’acteurs au sein des relations professionnelles. À cet égard un dernier épisode important s’est déroulé au travers d’une négociation collective suivie d’un accord – avalisé par une partie seulement des syndicats – supposé traiter des conditions de travail et du métier de facteur 6. Les organisations les plus critiques – Solidaires et CGT – et certaines des « réformistes » – notamment FO – ont revendiqué avec force la révision des modes de calcul et de prescription du travail, mais seule la dernière, en tant que signataire de l’accord, a été admise à débattre au sein de la « commission de suivi » de l’accord compétente en la matière. Nicolas Jounin relève à juste titre que cela n’a pas empêché le fait qu’« une stricte séparation taylorienne a été maintenue, l’état-major de l’entreprise considérant la (re-)modélisation comme la seule affaire de ses ingénieurs, soustraite au regard et plus encore à l’intervention de ceux qui la subissent ». Mais, écartés de fait de la négociation de cette « boîte noire » en quoi consiste l’algorithme, les syndicats ne se privent pas de relayer sa contestation par les facteurs et factrices , sourde ou ouverte. C’est pourquoi il est nécessaire de prendre en compte aussi le travail des acteurs sociaux, ici des syndicats, dans sa double face d’impuissance relative et d’entretien de cette contestation, pour comprendre à la fois la reproduction de cette dernière et sa faible capacité à freiner la dégradation d’ensemble du travail des postiers et postières.

15Ces commentaires n’enlèvent rien à la contribution lumineuse de Nicolas Jounin au débat sur l’enjeu démocratique majeur qui se loge dans la capacité à discuter des outils de gestion en mettant à nu leur contenu de classe, dans les entreprises comme dans la cité, tant il est exact que « la révolution numérique va de pair avec celle qui se donne à voir en matière juridique, où l’idéal d’une gouvernance par les nombres tend à supplanter celui du gouvernement par les lois » (Supiot, 2015). Ils invitent simplement à bien inscrire l’emprise de ces outils dans toute l’épaisseur des rapports sociaux.

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Bibliographie

Bouffartigue P. & J. Bouteiller (2020), Du Facteur au livreur ? Dans les coulisses d’un service public en péril, Vulaines/Seine, Éditions Le Croquant.

Bouffartigue P. & J. Vandewattyne (dir.) (2021), Facteurs en Europe. Le syndicalisme face à la libéralisation et aux mutations des activités postales : Belgique, Bulgarie, Espagne, France et Royaume-Uni, Toulouse, Éditions Octarès.

Clot Y. (2006), La Fonction psychologique du travail, Paris, Presses universitaires de France.

Demazière D. & D. Mercier (2003), « La tournée des facteurs. Normes gestionnaires, régulation collective et stratégie d’activité », Sociologie du travail, n° 45, pp. 237-258.

Martucelli D. (2010), La Société singulariste, Paris, Éditions Armand Colin.

Supiot A. (2015), La Gouvernance par les nombres. Cours au collège de France (2012-2014), Paris, Éditions Fayard.

Volkoff S. (2008), « L’intensification du travail "disperse" les problèmes de santé », dans de Terssac G., Saint-Martin C. & C. Thébault (dir.), La Précarité : une relation entre travail, organisation et santé, Toulouse, Éditions Octarès, pp. 29-40.

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Notes

1 Alain Supiot (2015).

2 Nous avons nous-même pu en prendre la mesure au fil de plusieurs enquêtes conduites à la distribution du courrier entre 2006 et 2019 (Bouffartigue & Bouteiller, 2020 ; Bouffartigue & Vandewattyne, 2021).

3 Le nombre de boîtes aux lettres est passé de 33 millions (2010) à 40,5 millions (2017) pendant que celui des tournées diminuait de 61 150 à 51 000, soit un quasi doublement du nombre de boîtes aux lettres par tournée. La baisse, légère, du nombre moyen d’objets distribué par tournée va donc de pair avec un allongement de la durée et de l’intensité du travail de distribution, même sans tenir compte de la nature et des conditions de remise des objets. Même la Cour des comptes reconnaît que l’approche de la productivité du travail du facteur ne peut être « linéaire »… tout en incitant La Poste à intensifier les gains de productivité (Cour des comptes, Rapport annuel, Les facteurs au défi de la baisse du courrier : des mutations à accélérer, février 2016).

4 Dans le cas français il se peut qu’au travers de modalités plus officieuses le résultat pour le courrier non urgent soit peu différent. On pense notamment au principe d’« un arrêt au boites aux lettres uniquement si le courrier est en limite de date » prévu parmi les « nouvelles organisations » de la « Branche Services-Courrier-Colis » du Groupe postal depuis 2014… et à la multiplication de tournées non couvertes pour cause de non remplacement du facteur.

5 Nous donnons des exemples issus de nos enquêtes dans Bouffartigue & Bouteiller (2020).

6 « Accord sur l’amélioration des conditions de travail et sur l’évolution des métiers de la distribution et des services des factrices/facteurs et de leurs encadrantes/encadrant de proximité », signé début 2017 notamment par la CFDT et FO – après nombre d’hésitations par cette dernière – et rejeté par Sud/Solidaires et la CGT.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Paul Bouffartigue, « Les effets délétères d’une « gouvernance par les nombres »  : un cas d’école »SociologieS [En ligne], Grands résumés, mis en ligne le 22 février 2022, consulté le 20 mai 2025. URL : http://journals.openedition.org/sociologies/18185 ; DOI : https://doi.org/10.4000/sociologies.18185

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Auteur

Paul Bouffartigue

LEST, Aix-Marseille Université (France) - paul.bouffartigue@univ-amu.fr

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Droits d’auteur

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Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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