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Comptes rendus

Éric Alary, Histoire des enfants, des années 1890 à nos jours

Juliette Massart
Référence(s) :

Éric Alary, Histoire des enfants, des années 1890 à nos jours, Paris, Passés composés, 2022.

Texte intégral

1L’enfant a une histoire qui lui est propre. Contrairement à la signification de son étymologie du xe siècle, infans, « celui qui ne parle pas », l’enfant a bel et bien une voix, qu’il appartient à l’historien de saisir et de décrypter. C’est à cette tâche ardue que s’attèle Éric Alary dans cet ouvrage de synthèse, qui se propose de retracer l’histoire des enfants de la Belle Époque à nos jours. Il n’est en effet pas évident de se placer à hauteur d’enfants. D’une part, les sources sont lacunaires. Les enfants laissent peu de traces et leurs souvenirs, lorsqu’ils sont rédigés et partagés, sont le reflet du regard des adultes qu’ils sont devenus. En dehors de quelques journaux intimes et autres carnets, les témoignages directs d’enfants, avec leur voix d’enfant, sont rares. La vie de l’enfant est principalement racontée par les adultes de son entourage, en particulier les parents et les enseignants. L’histoire des enfants est ainsi davantage l’histoire du regard porté sur les enfants et de ce que cela nous dit de son statut, de sa place dans la société, au sein de la famille et à l’école. D’autre part, cette Histoire des enfants, comme l’indique Éric Alary dès l’introduction, ne saurait être universelle : un enfant de 3 ans n’a pas la même histoire que son aîné de 6 ans, 10 ans ou 13 ans. D’ailleurs, le choix même de la tranche d’âge à considérer pour parler « d’enfant » ne va pas de soi selon les époques. Légalement, l’enfant est un individu mineur. Le seuil de la minorité correspond alors à l’âge légal du droit de vote. Pour autant, l’âge de l’enfant contemporain est plutôt défini en fonction d’une autre étape essentielle de sa vie : la fin de la scolarité, avec, en particulier, l’obtention d’un précieux sésame, le certificat d’études primaires (CEP). Au-delà de 13-14 ans, c’est pour beaucoup le début de la vie active et le début d’une autre période de vie, aujourd’hui appelée l’adolescence. Enfin, les enfants sont aussi le produit de leur environnement socio-culturel. Éric Alary fournit ainsi de multiples comparaisons pour prendre en compte les différences, éducatives, selon les milieux socio-économiques, les milieux géographiques ou encore selon le genre. Si le point commun des enfants de tous les horizons est d’avoir une vie planifiée pour eux, le chemin qui leur est tracé n’est pas le même pour tous et toutes.

  • 1 Pour le xixe siècle, il existe l’ouvrage fondamental de Catherine Rollet, Les enfants au xixe siècl (...)
  • 2 Ludivine Bantigny et Ivan Jablonka (dir.), Jeunesse oblige. Histoire des jeunes en France (xixe-xxi(...)
  • 3 Jean-Noël Luc, L’école en France. Du xixe siècle à nos jours, Paris, Hachette, coll. « Supérieure » (...)

2Par cette Histoire des enfants, Éric Alary se propose d’éclairer leur vie quotidienne, faite de jeux, de rêves, de devoirs pour l’école et de tâches à accomplir à la maison, dans le but d’analyser ces éléments comme des produits de leur temps et d’enjeux multiples – politiques, économiques, médicaux, culturels. Cette importante synthèse vient combler un manque historiographique, en particulier sur la deuxième moitié du xxe siècle1. Elle complète les travaux existants sur la jeunesse2 et les études sur la famille, les liens filiaux ou encore sur le système scolaire3.

3L’ouvrage se compose de six chapitres chronologiques, des années 1890 à nos jours, de l’enfant conçu comme un adulte miniature à l’enfant-roi choyé ; période riche en réflexions sur l’enfant et l’enfance, des débuts de la puériculture à la fin du xixe siècle aux réflexions contemporaines sur le bien-être, physique et psychologique, des enfants. Véritables césures, les grands drames du xxe siècle viennent scander naturellement le récit et posent les jalons d’une réflexion de fond sur la protection de l’enfant et la notion de traumatisme. Au fil des chapitres, les différentes perceptions de l’enfant se dessinent au détour des regards des médecins, des psychologues, des parents, des enseignants, des commerciaux et des hommes politiques. L’histoire des enfants s’inscrit ainsi à la croisée de l’histoire des représentations et de l’histoire des sensibilités tout en se superposant à l’histoire de l’hygiène et de la santé, de l’école, ou encore des femmes et de la parentalité.

  • 4 William Preyer publie en 1882 L’âme de l’enfant, un essai fondateur de la psychologie de l’enfant.

4Le choix de débuter cette histoire des enfants à la Belle Époque (chapitre 1) n’est pas anodin. Le regard porté sur l’enfant et l’enfance se renouvelle, en particulier sur le plan médical et scolaire. Dans un contexte de régression démographique qui inquiète le gouvernement après la défaite de 1870, les débuts de puériculture font porter davantage d’attention à la santé des nourrissons. Les campagnes natalistes se heurtent à la politique de l’enfant unique dans les milieux ruraux afin d’éviter le morcellement du domaine foncier, à une recherche d’amélioration des conditions de vie de couples bourgeois qui n’ont alors pas ou peu d’enfants, ou encore à la propagande néo-malthusienne, très présente dans les milieux ouvriers. Si le développement de la puériculture est le signe d’un changement d’état d’esprit vis-à-vis des enfants (en avoir moins pour s’en occuper mieux), en particulier des tout-petits, ce n’est pas tant l’enfant que la mère qui est au cœur du discours médical. Il est surtout question des gestes et des mesures à prendre par les mères pour changer et laver le bébé, le nourrir et le coucher. Il est ainsi recommandé de désinfecter les biberons et les tétines ou encore de faire dormir l’enfant dans un berceau en position latérale. Ces recommandations se heurtent bien souvent à des siècles de tradition. Le discours médical est relayé à l’école où les mesures d’hygiène sont enseignées aux enfants afin de poursuivre la guerre contre les microbes. Avec les lois de Jules Ferry, l’école, tant maternelle que primaire, est conçue comme un véritable lieu d’éducation et de transmission de savoirs. Parallèlement, les travaux en psychologie renouvellent la vision des enfants et de leur éducation4. Ce sont notamment les études sur les enfants infirmes ou considérés à l’époque comme « attardés » qui se font force de proposition en matière éducative, comme les recherches de la psychiatre Maria Montessori. Mais ces innovations restent des cas isolés.

  • 5 John Horne et Alan Kramer, 1914. Les atrocités allemandes. La vérité sur les crimes de guerre en Fr (...)

5Avec la Grande Guerre (chapitre 2), la cellule familiale éclate. Les pères, les frères, les oncles sont appelés au front. Les enfants sont à la fois victimes de la guerre et acteurs de l’effort de guerre. Celle-ci s’imprime dans l’imaginaire des enfants, dont les dessins se remplissent de Zeppelins, d’explosions et de cadavres au sol. Les civils sont victimes de la violence de l’occupant, en particulier les femmes et les petites filles qui subissent des violences sexuelles, comme la petite Emma, âgée de 14 ans lorsqu’elle est violée par deux soldats allemands5. La vie quotidienne des enfants est marquée par les privations : les journaux de guerre de l’époque transcrivent l’obsession de la faim. La mortalité infantile repart à la hausse, comme dans les Ardennes où le régime alimentaire de pain noir et d’eau entraîne de graves problèmes gastriques chez les petits. Contrairement à la Belle Époque où les traces laissées par les enfants sont rarissimes et où leurs pensées et aspirations sont une véritable boîte noire, la période de la Grande Guerre, parce qu’elle constitue un véritable bouleversement dans la vie des enfants, a laissé davantage de traces exploitables par les historiens : dessins, journaux de guerre ou encore lettres envoyées à leur père. Les enfants sont également la cible d’une propagande patriotique, relayée par la littérature pour la jeunesse et par l’école. Tandis que Bécassine dénonce les atrocités allemandes, l’argent destiné aux prix remis aux enfants lors de l’obtention du certificat d’études est envoyé aux soldats par solidarité et les calculs d’investissement de l’épargne des Français par le biais des emprunts nationaux font leur chemin dans les exercices de mathématiques. Il est demandé aux enfants de tenir un rôle, de faire leur part comme les adultes. En cela, ils sont toujours des adultes miniatures. Si leur vie quotidienne est profondément bouleversée par la peur et, pour certains, le deuil, il est des choses qui ne changent pas. L’école poursuit son rôle éducatif et s’adapte en se faisant le relais d’une propagande patriotique. L’autorité paternelle reste toute puissante et continue à s’exercer par le biais des lettres. Chacun se raccroche à des semblants de normalité.

  • 6 La confirmation, célébrée à 12 ans dans la religion catholique, est un marqueur fort de la fin de l (...)
  • 7 Celui-ci crée en 1904, avec l’aide du médecin Théodore Simon et à la demande du ministère de l’Inst (...)

6L’entre-deux-guerres (chapitre 3) est à bien des égards une période de transition. Le retour à la paix est difficile et la reconstruction est lente dans bien des domaines. Les enfants grandissent dans une société frappée par le deuil, ce qui n’est pas sans impact sur leur maturation psychologique : dans les années 1930, des médecins font ainsi le constat de nombreux troubles et difficultés chez des individus qui, enfants pendant la guerre, ne se comportent pas en adultes et sont frappés de comportements régressifs. Pour ceux qui retrouvent leur père, le retour à l’ordinaire est loin d’être la règle. La dure réalité de ces pères de famille traumatisés par les combats, parfois estropiés, se noyant bien souvent dans l’alcool, vient briser le mythe du « papa héros » chez les enfants. Le nombre de divorces augmente sensiblement entre 1913 et 1920. Il est difficile d’avancer des chiffres concernant le nombre d’enfants de couples divorcés et les enquêtes sur l’expérience du divorce par les enfants n’existent pas. Toujours est-il que cette crise du mariage devient une réalité supplémentaire qui bouleverse leur quotidien et qui rend d’autant plus impossible un retour à la vie d’avant, la fameuse « Belle Époque ». En dehors de ce milieu familial touché par la guerre, la socialisation des enfants est prise en charge par l’Église et par l’école. Les sacrements religieux6 d’un côté et l’obtention du certificat d’études de l’autre font figure de rite de passage de l’enfance vers l’âge adulte. La massification de la scolarisation se poursuit et se double d’une lutte contre les inégalités sociales, le temps de la classe du moins, car une fois adultes, les chemins se séparent entre une ultra-minorité qui peut envisager une poursuite d’études et ceux qui entrent dans la vie active. Ces réflexions sur les inégalités se retrouvent dans les recherches en psychologie de l’enfant de l’époque, en particulier chez Alfred Binet7 ou Jean Piaget, qui s’intéressent à la mesure et au développement de l’intelligence chez les enfants. Enfin, de nouvelles sociabilités collectives se développent, avec le scoutisme et les colonies de vacances. Après l’innocence enfantine sacrifiée pendant la guerre, le temps libre et les loisirs des enfants évoluent quelque peu.

  • 8 Dans son enquête publiée en 1945, Alfred Brauner montre que les enfants de plus de 12 ans se souvie (...)
  • 9 La Croix-Rouge recense alors près de 90 000 enfants perdus.
  • 10 Selon les estimations, entre 60 000 et 70 000 enfants ont été sauvés de l’extermination.

7Mais avec les années noires (chapitre 4), les enfants sont de nouveau victimes de la guerre et de ses atrocités. Lors de la drôle de guerre, la vie des enfants est rythmée par les exercices d’alerte et de nouveaux objets, comme le masque à gaz, s’imposent dans leur quotidien. Avec l’offensive allemande du 10 mai 1940, c’est le début de l’exode, une période éprouvante pour les enfants8, qui côtoient la mort et sont parfois séparés de leur famille9. Là encore, les dessins s’imprègnent du traumatisme des attaques aériennes et des cadavres vus dans les fossés. Entre les rationnements alimentaires et la dureté de l’hiver 1940-1941, la mortalité infantile repart à la hausse : de 77 pour 1000 en 1939 à 101 pour 1000 en 1940. Le système de cartes de rationnement, élaboré dès 1940 puis repris par le gouvernement de Vichy, n’est pas sans impact sur la croissance des enfants. D’après les médecins, les enfants de 1942 enregistrent des déficits de poids (de 1 à 7 kilos) et de taille (de 1 à 5 centimètres pour les garçons et de 1,5 à 2 centimètres pour les filles) par rapport à la génération de 1938. Les enfants Juifs et tsiganes, quant à eux, sont frappés par un danger qui leur est propre. Persécutés, traqués, raflés et déportés dans toute l’Europe, les enfants, parce qu’ils représentent l’avenir, sont au cœur de l’entreprise génocidaire nazie. Les autobiographies, comme celle de Joseph Joffo, permettent de retracer les étapes de la persécution et de plonger dans le quotidien des enfants Juifs. L’été 1942 marque un tournant dans la mise en place de la « solution finale » sur le sol français, avec la rafle du Vel d’Hiv’ des 16 et 17 juillet : 12 884 personnes raflées dont 4 051 enfants. Éric Alary rappelle avec justesse la sinistre logique de Vichy pour justifier de l’arrestation des enfants, y compris en bas âge : garder les familles ensemble, car sinon, que deviendraient tous ces enfants ? Pour autant, les séparations des familles sont récurrentes, notamment dans les camps d’internement du Loiret. Le témoignage du docteur Adélaïde Hautval, présente à Pithiviers, relaie le déchirement de la séparation des mères et de leurs enfants, les cris des petits laissés seuls, condamnés à errer dans le camp. Il existe toutefois des systèmes d’entraide, par le biais de l’école, de l’Église ou de filières comme l’Œuvre de secours aux enfants (OSE), qui permettent aux enfants Juifs d’échapper aux camps et à la déportation10. Enfin, les enfants sont aussi les victimes de l’endoctrinement du régime de Vichy, présent partout, depuis les lectures enfantines à l’école en passant par les jeux de société. Leur avenir est aussi soumis aux choix de leurs parents. Éric Alary soulève ici plusieurs pistes de réflexion : quel fut en effet l’impact de l’endoctrinement sur les enfants ? Qu’est-il advenu des enfants de collaborateurs ou de résistants ? Comment ont-ils grandi avec cet héritage parental ? Difficile ici d’entrer dans les esprits des enfants de l’époque. Ce qui est certain, c’est que les dégâts physiologiques et psychologiques de la guerre furent profonds et durables.

  • 11 Avec l’ordonnance du 31 octobre 1945, le dépistage de la tuberculose devient obligatoire et les pou (...)
  • 12 Il faut toutefois attendre la loi Haby du 11 juillet 1975 pour que la mixité devienne obligatoire d (...)
  • 13 Grâce notamment aux ouvrages de Laurence Pernoud J’attends un enfant (1956) ou encore J’élève mon e (...)
  • 14 L’éparpillement des sources rend cette histoire délicate à mener.

8La période des Trente Glorieuses (chapitre 5) ouvre un temps de renouveau sans précédent. Les enfants traumatisés par la guerre sont au cœur des préoccupations de l’État, qui fait de la santé11 et de l’éducation des enfants une priorité. L’heure est à la protection de l’enfance après le cataclysme de la guerre, y compris à l’échelle internationale avec la fondation de l’Unesco en 1945. Alors que le concept de « traumatisme » se développe, il devient urgent de protéger les enfants et de leur assurer un avenir meilleur. Cela prend la forme, du côté de l’État et de la justice, d’une lutte contre la délinquance juvénile, en hausse pendant et après la guerre. Lorsque cela est matériellement possible, les écoles rouvrent au plus vite, dans le but de reconquérir « les nombreux esprits éloignés des valeurs républicaines par la guerre » (p. 218), tandis que la mixité s’impose peu à peu dans les établissements12. En parallèle, la renaissance des colonies de vacances, subventionnées jusqu’à 50 % par l’État, participe à la formation et à la « rééducation » de ces jeunes citoyens. L’accès à la contraception et la vulgarisation des conseils en puériculture13 font des enfants du baby-boom des enfants choisis et sujets de multiples réflexions éducatives. L’enfant est désormais intégré à un projet de couple. C’est l’époque de ceux qu’Éric Alary nomme les « enfants du bonheur ». Pour autant, il rappelle que tout un pan d’histoire reste à faire pour les enfants des colonies14 et qu’il existe des disparités profondes.

  • 15 Par exemple, il faut attendre 2012 pour qu’une enseigne commerciale, les magasins Super U, publie u (...)

9Enfin, à partir des années 1970 s’ouvre le temps de « l’enfant-roi » (chapitre 6), même si Éric Alary ne manque pas de signaler que ce concept, reflet des perceptions du temps, relève bien plus d’un mythe que d’une réalité. Il transcrit en tout cas la nouvelle place de l’enfant, en particulier au sein de la famille. L’enfant est « l’enfant du désir » (Marcel Gauchet). Son bien-être est au cœur des réflexions parentales, mais aussi de celles des psychologues et législateurs devant les nouvelles situations familiales dans un contexte de hausse des divorces et des familles recomposées. Cette recherche du bien-être de l’enfant se traduit aussi par une explosion de l’industrie du jouet et de l’habillement : l’enfant devient un consommateur écouté par ses parents et en tant que tel une cible du marketing. Pour autant, cette course au bien-être ne va pas sans effet pervers. La société de consommation, symbole de liberté et de modernité, crée ses propres carcans par la promotion d’une certaine « normalité », notamment genrée15. Le mythe de « l’enfant-roi » se superpose au mythe de « l’enfant-parfait ». Les attentes et exigences à l’égard de l’enfant se multiplient : il faut réussir à l’école, performer dans des activités extra-scolaires, mais aussi, pour s’intégrer dans la cour de récré, savoir jouer à la console ou encore se conformer aux canons de la mode. L’enfant du xxie siècle ne travaille plus à l’usine ou aux champs après l’école, mais son temps libre reste régenté par ses parents, dans une tendance globale à la performance et à la compétition. Cette pression constante n’est pas sans impact sur son psychisme, comme le constatent les pédopsychiatres et les sociologues. Par ailleurs, cette quête de la « normalité » et de « l’enfant-parfait » marginalise les enfants qui ne correspondent pas aux normes sociales promues par la société, comme les enfants en situation de handicap, même si la loi d’orientation du 8 juillet 2013 fait la promotion du principe d’inclusion scolaire. Enfin, derrière le mythe de « l’enfant-roi » pourri gâté se cache aussi une toute autre réalité pour les enfants victimes de maltraitance. Depuis les années 1970, les enfants sont certes plus choyés, mais le tabou des violences vécues par les enfants est encore difficile à lever.

10Ainsi, en un peu plus d’un siècle, les enfants ont été dotés de droits et leur voix a été de plus en plus écoutée et considérée. Pour autant, l’enfant reste en situation de dépendance vis-à-vis des adultes ; dépendance qui, selon Éric Alary, nous oblige. L’histoire des enfants est ainsi, en creux, l’histoire de la responsabilité des adultes. Nous sommes autant responsables de la société que nous lèguerons aux enfants et de la place que nous leur accordons en son sein, que des enfants que nous préparons pour le futur et que nous lèguerons au monde.

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Notes

1 Pour le xixe siècle, il existe l’ouvrage fondamental de Catherine Rollet, Les enfants au xixe siècle, Paris, Hachette, 2001, sans compter les travaux pionniers de Jean-Noël Luc sur la petite enfance.

2 Ludivine Bantigny et Ivan Jablonka (dir.), Jeunesse oblige. Histoire des jeunes en France (xixe-xxie siècle), Paris, Presses Universitaires de France, 2009.

3 Jean-Noël Luc, L’école en France. Du xixe siècle à nos jours, Paris, Hachette, coll. « Supérieure », 2014 (4e éd.).

4 William Preyer publie en 1882 L’âme de l’enfant, un essai fondateur de la psychologie de l’enfant.

5 John Horne et Alan Kramer, 1914. Les atrocités allemandes. La vérité sur les crimes de guerre en France et en Belgique, Paris, Tallandier, coll. « Texto », 2011, p. 300.

6 La confirmation, célébrée à 12 ans dans la religion catholique, est un marqueur fort de la fin de l’enfance du communiant. Chez les protestants, la confirmation, qui permet de renouveler le sacrement du baptême, est généralement célébrée à 14 ans. Pour les enfants Juifs, la célébration de la Bar Mitzvah à 13 ans pour les garçons et de la Bat Mitzvah à 12 ans pour les filles marque leur majorité religieuse.

7 Celui-ci crée en 1904, avec l’aide du médecin Théodore Simon et à la demande du ministère de l’Instruction publique, une échelle métrique de l’intelligence. Le Ministère effectue alors des tests pour identifier les enfants en difficulté scolaire.

8 Dans son enquête publiée en 1945, Alfred Brauner montre que les enfants de plus de 12 ans se souviennent parfaitement des violences vécues durant l’exode.

9 La Croix-Rouge recense alors près de 90 000 enfants perdus.

10 Selon les estimations, entre 60 000 et 70 000 enfants ont été sauvés de l’extermination.

11 Avec l’ordonnance du 31 octobre 1945, le dépistage de la tuberculose devient obligatoire et les poumons des enfants sont radiographiés soigneusement.

12 Il faut toutefois attendre la loi Haby du 11 juillet 1975 pour que la mixité devienne obligatoire de la maternelle au lycée.

13 Grâce notamment aux ouvrages de Laurence Pernoud J’attends un enfant (1956) ou encore J’élève mon enfant (1965).

14 L’éparpillement des sources rend cette histoire délicate à mener.

15 Par exemple, il faut attendre 2012 pour qu’une enseigne commerciale, les magasins Super U, publie un catalogue de jouets sans distinction entre « jouets pour filles » et « jouets pour garçons ».

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Pour citer cet article

Référence électronique

Juliette Massart, « Éric Alary, Histoire des enfants, des années 1890 à nos jours »Strenæ [En ligne], 25 | 2024, mis en ligne le 01 novembre 2024, consulté le 16 février 2025. URL : http://journals.openedition.org/strenae/11417 ; DOI : https://doi.org/10.4000/130tq

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Auteur

Juliette Massart

Laboratoire Pléiade Université Paris Sorbonne Nord, doctorat sous la direction d’Ivan Jablonka

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Droits d’auteur

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