Huon et ses figures: images neuves et bois de réemploi dans les éditions de Michel Le Noir (1513, 1516)
Abstract
The 20 new woodcuts of the 1513 and 1516 editions sold by Michel Le Noir give to the protagonist a preferential figure, which shows him wearing his armor and represents him from a rather caricatured point of view. But as this series of new material covers only one third of the whole, the image collections from the woodcuts in Paris et Vienne, Artus de Bretagne, Olivier de Castille, Les Sept Sages de Rome, Hercules, Euvres et Brefves Exposicions were also used. Olivier de Castille was printed by Le Noir in 1505 (such a book had been put on sale in 1888, then disappeared), so the three illustrations brought by Hp reveal the value of their testimony. Reused woodcuts are useful, even when the meaning of their drawings has still a part that resists, because these images resonate with intertextual concerns. Several substitutes came in help to expand the great circle of literary references, with a concern for effective modernization, even if the advertising carried out relies more on the datation of printed publication of the texts concerned than on the original dates for the writing of such stories. Finally, new or to be classified in the category of reused woodcuts, the figures attributed to Huon as well as to his relatives have a lot of interesting information to reveal on their circulation, their dating and the justification of the associations which pushed them to take up and then resume service in Hp. Even silences can be talkative.
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- 1 Concernant le secteur des œuvres romanesques publiées par Michel Le Noir, cf. S. Cappello, Michel (...)
- 2 Les prouesses et faicts merveilleux du noble Huon de Bordeaulx…, Paris, Michel Le Noir, 26 novembr (...)
1Michel Le Noir a fait réaliser pour son Huon en prose (Hp) 20 bois neufs qui illustrent de manière originale les aventures du protagoniste et des membres de sa famille1. Les scènes spécialement gravées pour ce livre de luxe, imprimé fin 1513 puis réédité fin 15162, se repèrent par leur format et par leur adéquation avec l’évolution du récit. Mais le remaniement cyclique est long et, si l’on ne comptabilise pas ses identifiants d’encadrement (la marque éditoriale et la page de titre), l’édition princeps utilise 74 bois narratifs différents, 12 d’entre eux servant deux fois; la série neuve ne fournit donc qu’un petit tiers de l’ensemble. D’une provenance autre, les bois qui n’ont pas été créés pour ce roman ont aussi leur histoire à raconter. Quelles collections de portraits du héros peut-on établir ici comme là? La collaboration des images de réemploi vient-elle perturber ou enrichir l’intelligibilité de ce récit?
I. Bois neufs et portraits du héros
2La figuration préférentielle de Huon fait de lui un chevalier en armure. Une salade à rouelles dont les renforcements latéraux sont très apparents encadre le visage. De fortes spallières et cubitières articulées complètent un plastron d’armure que des braconnières prolongent en dessous de la ceinture. Jambières, genouillères et solerets s’observent en partie basse (f. 15a, f. 26d, f. 27c, f. 38b, f. 106r, f. 117c, f. 118d, par exemple). Sans quitter son casque Huon embrasse Esclarmonde (f. 30a) et ne revêt une tenue élégante que pour la fille d’Yvoyrin (f. 44d). La systématisation de l’emploi de cet équipement guerrier pour le Bordelais n’est pas absolue. Charlot attaque Gérard à la lance (f. 5a) et relève de la même typologie. Une copie conforme de Huon, vue à l’horizontale, montre l’arrière-petit-fils du héros endormi sur une botte de paille (f. 184c); le message non verbal que fait passer le dernier bois de la série neuve s’écarte du texte (Croissant a monnayé tous ses vêtements et devrait être pauvrement habillé): par leur identité de traits physiques et d’équipement, les personnages des deux extrémités de la lignée symbolisent que leur vertu se transmet de génération en génération.
- 3 Chroniques de Froissart, ms. Bnf fr. 2643, f. 292 (la miniature réalisée c. 1475 dépeint la batail (...)
3La protubérance des éléments défensifs, la taille grossie des armes tenues en main exagèrent le croquis de ces silhouettes. Il y a idéalisation d’une personnalité dont le visage reste apparent et la mobilité supposée non atteinte par le port d’une armure complète. L’équipement de base qui caractérise le protagoniste, pour le casque et la protection des membres, correspond à celui porté par un seigneur brandissant une longue épée dans une miniature de Loyset Liédet3, sauf que le rendu huonien frôle la caricature. Les bois neufs, dont la répartition est disséminée, forment une collection sélective. Conçues avec la pleine conscience que leur apport restera minoritaire, les créations inédites profitent de bons compagnons, les bois de réemploi, qui ont leurs autres points de vue à formuler.
II. Tisser des liens avec quantité d’autres histoires imprimées
4Après soustraction de l’image du titre, de la marque éditoriale, de la série neuve et des 12 emplois bissés, il reste encore 54 bois différents. La richesse du corpus des réemplois fait grande impression.
- 4 P. de la Cépède, Paris et Vienne, Imprime a Paris par Michel le noir libraire demourant sur le pon (...)
- 5 Pour la datation des éditions de Paris et Vienne de Le Noir, cf. infra.
5La série dédiée en direct à Huon n’avait pas assez développé la thématique sentimentale. Ayant doté son Paris et Vienne4 de belles illustrations, M. Le Noir possède de quoi combler les manques pressentis5. Il puise dans cette réserve 7 bois (qui fournissent 9 images). Après une brillante sortie militaire, Huon retrouve la belle Esclarmonde, qu’il embrasse tendrement (chap. 142, f. 140c), ou bien le même s’entretient avec elle pour lui annoncer son intention de rejoindre Obéron (chap. 98, f. 87b). Dans ces deux passages, véritables icônes de la relation passionnelle, Paris et Vienne prêtent leurs traits, leurs gestes tendres et leurs beaux costumes aux Bordelais (PML, f. C1v; f. C6r). La tour que le dauphin de Vienne fait construire (f. C4r) et le franchissement de la porte de cette prison par Vienne et Ysabeau (PML, f. E5r) servent dans Hp pour quitter la tour du géant (chap. 41, f. 32c), quand Huon reçoit la visite d’Esclarmonde (chap. 40, f. 32a) ou quand Gerasmes descend dans la même geôle avec la Sarrasine (chap. 42, f. 34c). Une navigation qui conduisait Paris outremer (PML, E5r) montre Huon et sa compagnie arrivant à Brandis (chap. 63, f. 53c). Messire Jacques alité (PML, B5r) vaut pour Obéron sur son lit de mort (chap. 149, f. 145d) et le mariage de Paris et de la fille du dauphin (PML, f. F5v) glisse sur les unions officielles de Florent et de Croissant (chap. 162, f. 164c avec Clairette, chap. 186, f. 187d avec Katherine). Les tenues amples, avec bordures d’hermine, rendent Huon élégant et physiquement bien apparié à une demoiselle que plus aucun détail vestimentaire n’associe à une Sarrasine, et pour cause.
- 6 M.-D. Leclerc, De l’usage des bois gravés dans les éditions d’“Artus de Bretagne” du xvie siècle, (...)
- 7 Artus, Wien, ÖNB, BE.6.P.39 (fig. O_02 et fig. O_03); la comparaison avec le bois qui décrit avec (...)
6M.-D. Leclerc a noté l’intérêt que Le Noir a porté à Artus de Bretaigne, imprimé par lui avec plus de 30 images, et en même temps la limitation de son effort puisque le «matériel iconographique» reste «hétéroclite avec réemploi de bois gravés antérieurs et réapparition, à plusieurs reprises, des mêmes illustrations»6. Or la galerie des portraits applicables à Huon profite de deux représentations, qui étaient également des réemplois dans cette œuvre: celle du chap. 9 d’Artus 1502 montre le chevalier en armure, descendu de sa monture, allant trouver Jeannette, et celle du chap. 23 est supposée lui faire occire 12 chevaliers coupables d’avoir enlevé une jeune fille et de l’avoir liée à un arbre, mais qui le montre en réalité dans Hp 1513 (chap. 30, f. 23a) sans protection et bien habillé, enfonçant la pointe d’une épée dans une gorge, un autre adversaire en armure ne lui ayant pas résisté7. L’utilisation dans Hp au chap. 83, f. 70a est mieux appropriée à l’action (le Bordelais prend congé d’Esclarmonde, qui a plus de raison que Jeannette d’être dépeinte comme une noble dame). Dans le second cas, Artus et Hp coïncident en utilisant un bois dont les contextes de fonctionnement ne sont pas bons (Huon, qui s’équipe, détranche quantité de païens).
7Olivier de Castille et Artus d’Algarbe a-t-il contribué à fournir des éléments à la galerie des figures prêtées à Huon? Un exemplaire de ce roman imprimé par Le Noir le 6 octobre 1505 figure dans le catalogue de S. de la Roche-Lacarelle (1888). Trois bois au moins permettent de soupçonner ces emprunts, même si lesdites gravures paraissent créer un décalage avec les besoins réels. Au chap. 27, f. 20d, Huon trouve à se loger à Tourmont et apprend que le duc de cette cité ne veut pas entendre parler de Dieu; au chap. 69, f. 58a, Gérard et Gybouart comptent s’en prendre à l’abbaye Saint Maurisse. Dans l’image répétée accompagnant pareilles circonstances, le jeune seigneur rappelle celui croisé dans le chap. 23 d’Artus, bien que l’action soit similaire à celle qui, dans l’Olivier de Castille imprimé par Cruse avant 1492, montre des chevaliers apportant un équipement de tournoyeur à Olivier devant la porte de son ermitage. Au chap. 67, f. 56a, il semble que Huon et Gérard dialoguent sous des arbres en empruntant leur attitude à l’échange des promesses ayant lieu entre Olivier et un chevalier inconnu, qui le tire par la manche et lui propose son aide. Le geste de la dextre du personnage à gauche rendrait l’engagement pris par serment. Enfin, la mise en scène de Huon tuant le serpent du château de l’Aimant (chap. 104, f. 94b) constitue une réplique du combat d’Artus contre la merveilleuse bête, aux longues dents et à la redoutable queue (l’image de l’édition Cruse étant elle-même à comparer avec la miniature de Loyset Liédet dans le ms. BNF fr.12574, Gallica vue 268) (fig.O_05). Dans Hp l’animal terrifiant se sert peu de sa queue et il n’est pas question de ses dents tranchantes; Huon vient à bout du serpent en projetant un épieu dans sa gorge, alors qu’Artus frappe le monstre qui le concerne à l’épée et sous le nombril.
- 8 Deux rédactions du roman des Sept Sages de Rome, éd. G. Paris, Paris, Firmin Didot, 1876, p. 74; e (...)
- 9 G. Paris, éd. cit., pp. 162-163.
8Il faut ajouter aux trois célèbres héros que sont Paris, Artus et Olivier, quelques autres participants au brillant exercice de substitution, et ces derniers entraînent encore vers d’autres sphères. Des images qu’à Genève Louis Garbin associait en 1492 aux Sept Sages de Rome, M. Le Noir avait fait confectionner des variantes pour son édition du même titre, ce qui permet à deux jeunes figures masculines de paraître enrichir la collection des Huon occasionnels alors que cet emprunt s’applique à des personnages d’un rang moindre. En effet, au chap. 94, f. 81b, on voit le vieux Gerasmes conduit au bûcher se servir des traits de Dioclétian en marche vers le même supplice8, et l’illustration de la noyade de Bernard relève de la même méthode indirecte et troublante (chap. 151). Les énigmes posées au f. 147c ne peuvent pas être résolues (on voit un personnage debout observant un nageur, un rossignol et la scène de présentation d’un bassin et d’une serviette, éléments tirés de la tierce partie du même livre dans les Sept Sages, qui porte «l’ystoire de Alexandre, filz d’un chevalier, qui pour la interpretacion du chant d’un rouseignol fut gecté en la mer par son pére»)9. À la différence de cet exemple, Bernard dans Hp est instantanément noyé.
- 10 Les Proesses… du preux Hercules, M. Le Noir, 1500 (fig. O_07 et O_08).
- 11 Les Proesses… Hercules, M. Le Noir, 1500 (fig. O_09). Ce bois copie un bois du 2e livre du recueil (...)
- 12 L.-G. Bonicoli, Jules César à la conquête des éditions parisiennes et vénitiennes (1485-1541), Par (...)
9La matière antique prodigue encore quelques autres applications. M. Le Noir se sert d’un combat naval, celui d’Hercule contre Philotes, ou plus loin du même contre Gérion, taillé pour ses Proesses et vaillances du preux Hercules (1500)10, afin d’illustrer comment Huon et l’amiral de Perse auront à combattre les païens d’Angorie, sauf que les phylactères ne sont pas remplis. Armé d’une massue, vêtu d’une tunique en peau, un hardi petit bonhomme s’en prend à un roi, et devient le rendu imagé d’un Huon en plein exploit maritime (Hp, chap. 121, f. 115c). Au chap. 115, avant de subir la noyade qui l’attend, Bernard quitte Cluny pour aller chercher son seigneur jusqu’à la grande cité de Thauris (f. 108d). Cette thématique est curieusement abordée. Dans le compartiment gauche de l’image d’Hercules, Atlas, une pile de livres sur son dos, suit le héros à la massue et en partie droite Hercule charge un messager d’aller proclamer la trêve qu’il instaure11. La mise en correspondance avec le départ outremer du cousin de Huon n’est pas évidente, même si un bout de décor maritime et la proue d’un bateau sont visibles. Enfin, quand l’horrible géant Agrappart convoque ses armées païennes pour aller attaquer Babylone, M. Le Noir propose à cet endroit (f. 35b) la vision d’«un prince qui s’adresse à ses troupes», gravure utilisée par lui pour la première fois, pense L.-G. Bonicoli, dans ses Euvres et brefves exposisitions sur le fait des batailles de Gaule12. Qui le souhaite pourra imaginer que ce prince qui prend la pose offre d’apercevoir au chap. 43 un Huon très élégant. En revanche, dans les neuf «bois troyens», aucune des silhouettes antiques, qu’il s’agisse de Grecs ou de Troyens, n’invite à une mise en relation occasionnelle avec le héros des Prouesses.
III. Élargir visuellement le grand cercle des références littéraires
- 13 Ce manuscrit disparu est référencé sous les n°1278 et n°1691, qui renvoient au même livre, dans la (...)
10Les illustrations de Hp prolongent et enrichissent dans de nouvelles directions un processus transformationnel qui remonte à loin. Le noyau de la source en vers établissait d’emblée un brassage entre chanson de geste, féerie arthurienne et histoire antique et ses continuations ont développé des aventures qui reposaient sur des hypotextes venus d’horizons génériques encore plus diversifiés. On ne peut rien dire des images qui l’ornaient dans le livre «historié» que possédait Philippe le Bon13, mais la prose a changé nombre d’effets d’intertexte pour se mettre plus en rapport avec la littérature appréciée à la cour de Bourgogne. Un demi-siècle plus tard, l’ouvrage mécanisé dirigé par M. Le Noir s’adresse aux riches Parisiens du temps de Louis XII.
11Même si son cadre général s’installait au départ sous Charlemagne, le remaniement achevé en janvier 1455 s’appuyait tantôt sur l’histoire antique, tantôt sur l’épopée des croisades, lançant non par hasard des allusions à Hercule (f. 13a), à Julius César poursuivant Pompée (f. 66c), à Cléopatras mariée à Marcus Anthonius (f. 100d) et rappelant la sépulture de «Godeffroy de Billon et Baudouyn, son frere» (f. 15b). Ce réseau animé fonctionnait en bonne correspondance avec le contenu des livres dont le Grand Duc remplissait sa bibliothèque et avait toutes les chances de plaire ensuite à Paris, où l’admiration pour la mythologie et l’histoire gréco-latines, les hauts faits carolingiens, les exploits réalisés en Terre Sainte restera entière.
- 14 Hp f. 104 b et f. 104c, chap. 111.
- 15 Neuf bois dont un avec un emploi bissé (f. 1 c-d; 9 a-b; f. 62 c-d; f. 64 a-b; f. 73 a-b; f. 120 a (...)
- 16 F.W. Bourdillon, Somes notes on two early romances – Huon de Bordeaux and Melusine, in The Library(...)
- 17 Cf. J. Milet, la Destruction de Troye la Grant, M. Le Noir, 3 octobre 1508.
- 18 Cf. Le receuil des histoires troyennes et la genealogie de Saturne et de Jupiter son filz, Michel (...)
- 19 R. Le Febvre, Hercules (pas de copie survivante); 1er mars 1508; Moreau 144, Brunet III, 112; vent (...)
- 20 L.-G. Bonicoli, Jules César…, C001 à C005.
- 21 Les euvres et brefves exposicions sur le fait des batailles de Gaule, tr. R. Gaguin, le 1er décemb (...)
- 22 Généalogie de Godefroi de Bouillon, édit. impr. par le Petit Laurens pour Jean Petit en 1500 et le (...)
12Huon se dit prêt à aller «combatre aux infernaulx comme fist le fort Hercules» (f. 13a). Après cette fière déclaration, qui s’étonnera que l’atelier de M. Le Noir glisse dans Hp quelques bois rectangulaires où le fils de Jupiter et d’Alcmena remplace Huon ou Bernard? Près du château de l’Aimant se trouve un bloc rocheux qui tire son nom du passage sur lui d’Alexandre14. Dans le château d’Aimant, Huon ouvre la porte d’une chambre où «estoyent pourtraictes toutes les batailles de Troyes» (f. 101b). Le fait qu’Obéron soit né des amours de Jullius Cezar et de la dame de l’Isle Celée, et que viennent le trouver Arthur, Morgue et Meurvin, fils d’Ogier le Danois, font du protecteur du chevalier un net marqueur des brassages génériques originels enrichis de nouveaux détails. Les allusions que la prose jette spontanément vers le monde antique trouvent une vibrante résonance dans l’exploitation des bois troyens dont M. Le Noir a déjà fait usage dans plusieurs de ses productions. Ces bois, qui ornent Hp d’une série de 10 grandes images15, avaient commencé à exister en 1484 dans l’édition par Jean Bonhomme de La Destruction de Troye le Grant, et deux versions de ce texte théâtral, dont une embellie de couleurs, avaient été imprimées pour Antoine Vérard le 8 mai 1498. Après Vérard, et contrairement à ce que supposait F.W. Bourdillon16 avant la mort de cet éditeur, M. Le Noir était en mesure de faire usage de 11 images troyennes distinctes. L’intérêt de son atelier pour ce sujet s’était manifesté dès 1499 (Abrégé de la destruction de Troye la Grant) et renforcé en 1508 (année où sortent la Destruction de Troye la Grant17, le Receuil des histoires troyennes18 et un Hercules individualisé19). Loin d’être cantonnées à n’illustrer que le mystère profane composé par Jacques Milet, les images liées au vieil affrontement avaient déjà dérivé vers d’autres horizons historiques (L.-G. Bonicoli a repéré cinq «scènes chevaleresques» troyennes qui, en avant-première, montrent qu’en 1502 l’illustration de la guerre des Gaules racontée par Jules César20 avait permis chez M. Le Noir à ces tableaux de changer de temporalité et de se romaniser21; un autre déménagement et écart de contexte ayant lieu dans La Généalogie de Godefroi de Bouillon du même éditeur22). Hp se sert de presque toute la série que M. Le Noir avait à sa disposition et surtout son remarquable déploiement s’applique dans un roman de chevalerie qui réinvente le règne de Charlemagne en le faisant visiter par le souvenir des batailles de Troie et les figures de César et de Godefroy de Bouillon. D’une certaine façon remplacer Charlemagne par Priam ou Agamemnon entre en résonance avec une caractéristique fondamentale de la prose, celle du mixage des temporalités de référence, encore plus accentué que dans la source en vers. Les images aperçues dans Hercules ou encore les Sept Sages de Rome relèvent du même type de superposition efficace.
- 23 Paris et Vienne, Le Noir, 16 janvier 1502, Pierpont Morgan Library. Je remercie très vivement M. J (...)
- 24 Hercules, Le Noir, 1500 (fig. O_11).
13Quand Huon se préoccupe d’exploits chevaleresques, les gravures neuves sont prioritaires alors que, pour la part sentimentale et quelques incidents de parcours, les réemplois puisent dans Paris et Vienne, Artus ou Olivier de Castille. Hp raconte l’idylle nouée entre Clairette et Florent, malgré l’opposition du roi d’Aragon, comme le cycle en vers le faisait pour Clarisse et Florent, en décalquant, assortie de transformations, l’aventure liant Aucassin à Nicolette. Mais, quand bien même son empreinte reste perceptible dans plusieurs proses, la chantefable n’est pas entrée dans le processus des anciens imprimés. C’est par la continuation en vers que les chap. 150-154 de Hp héritent de cette thématique alors qu’avant eux Pierre de La Cépède avait échafaudé une autre histoire de mésalliance. Jean Trepperel a fourni deux belles éditions illustrées de Paris et Vienne en 1498 et 1499 et M. Le Noir, quand il réalise un projet comparable, fait fabriquer une série de bois différente de celle de son beau-père. Cette collection d’images est employée le 16 janvier 1502 dans l’exemplaire que possède la Pierpont Morgan Library23, toutefois, comme le bois de «l’aubade» était déjà utilisé par M. Le Noir dans son Hercules en 150024, on peut induire qu’un Paris et Vienne de Le Noir antérieur à ce repère a existé. Le couple principal de Hp est très bien servi par les gracieuses images d’un roman d’amour modernisé et allégé par les éditions imprimées qui le diffusent largement.
- 25 Il ne m’a pas été possible d’aller vérifier que l’édition de Michel Le Noir de La conqueste du gra (...)
- 26 De Vingle, la chevauchée pour Ogier et aussi Les Quatre fils Aymon.
- 27 Cf. exemplaire Ogier, Vérard, 1498 (fig. O_14); Doolin, 1501 (fig. O_15), f. 35r. Cf. Bonicoli, La (...)
14Autour de Huon et de son lignage, plusieurs personnages épiques mettaient la prose en communication avec les acteurs d’autres chansons de geste. Pour raviver le souvenir de ces références par un biais M. Le Noir glisse au f. 8a la découverte par Charlemagne du corps du grand mort de Roncevaux (bois qui sert dans la Conqueste du grand roy Charlemagne de Bagnyon de l’édition d’Alain Lotrian, 1534, au chap. «de la vision de la mort de Roland et de la doulleur de Charles», puis dans celle de Simon Calvarin, 1552-159325); au chap. 137 la chevauchée que Huon et Bernard effectuent (f.132c) prend appui sur la copie d’un bois, quelque peu retouché, que Vérard avait fait tailler sur un modèle antérieur lyonnais26 et employé au début de son édition d’Ogier (1498)27 et dans Doolin de Maience (1501). Quant au «bois du chevalier» de la page de titre, il était déjà en place dans le Beuves d’Anthonnes, Le Noir, du 8 octobre 1502.
15Quantité de vignettes ornementales forment un «matériel roulant» facilement inséré, des bois «passe-partout», qui expriment des situations ou des actions stéréotypées, lesquels créent entre les différents textes qui les emploient une liaison moins forte que les images parfaitement reconnues comme renvoyant à des titres, des héros et des exploits précis. En 1500 M. Le Noir a fait copier, à partir d’éditions lyonnaises, 18 bois pour Hercules (Hp se sert de 2 de ces pièces et partage aussi 3 bois «passe-partout»). Le Paris et Vienne de la PML dispose d’une série de 15 bois, dont 1 seul est répété, et l’édition du 16 janvier 1502 valorise cette harmonie interne en ne créant pas de mélange avec des images plus communes. En se servant de 7 de ces bois, Hp crée un lien évident avec ce roman. Les 32 images narratives de l’Artus de 1502 sont de provenance hétéroclite, et s’il y a bien 2 bois qui copient à distance ceux attachés à l’édition de Jean de La Fontaine (1493), le reste constitue plutôt un rassemblement d’emprunts, dont certains à Hercule et à Paris et Vienne. Les recoupements entre les images d’Artus (où il y a des emplois triplés) et celles de Hp se montent à une vingtaine: au total les Prouesses de Huon, qui ont lieu à une époque où le personnage d’Arthur est vivant, se trouvent artificiellement reliées au «dernier roman arthurien médiéval», qui concerne désormais le Petit Artus, descendant du célèbre roi d’après le nom duquel il a été baptisé. La somme des bois communiqués à Huon à partir d’Olivier de Castille est impossible à tenir, parce que l’exemplaire n. 150 de la vente La Roche-Lacarelle n’est plus observable. Avec la Généalogie de Godefroi de Pierre Desrey, le phénomène de type «boule-de-neige» s’est accentué: 30 images de Hp sont déjà dans la centaine des illustrations de la Généalogie.
16Le marchand-libraire parisien éduque son public d’acheteurs en l’accoutumant à une belle mise en page, à l’apparition de nouveautés visuelles mais aussi à l’établissement d’une mise en relation intelligente avec d’autres livres parus dans le même environnement. En invitant leur lecteur, via les images, à faire des rapprochements avec des publications assez récentes, les clins d’œil créent une réelle modernisation contextuelle, en se servant d’œuvres dont pourtant, à l’origine, les dates de composition étaient moins jeunes que l’impression qu’elles cherchent à donner (par ex. le texte d’Artus a été composé entre 1276 et 1312 et celui de Paris et Vienne commencé en 1432 alors que la mise en prose de Huon n’existait pas encore).
17Les figures attribuées à Huon dans les éditions 1513 et 1516 de Michel Le Noir nous ont obligée à consulter nombre de livres anciens. La méthode de travail dans cet atelier se laisse peu à peu deviner. Le secteur des Belles-Lettres occupe désormais une situation prépondérante et une attente est créée du côté des illustrations. D’un livre à un autre, un effet d’accoutumance se met en place. La silhouette du protagoniste est généralement en armure dans les nouveaux bois, alors que dans les réemplois ses aperçus sont plus variables, mélangeant approches courtoises et rappels antiques, chaque sectorisation étant motivée. Bien qu’employés dans un rapport plus indirect que la série spécialement taillée pour accompagner Les Prouesses, les réemplois, avec l’impression de «déjà vu ailleurs» qu’ils produisent, peuvent être de type «passe-partout», mais aussi apporter un «surplus de sens», fournir en libre interprétation un équivalent à l’intertextualité que les mots marqués dans la prose font surgir au travers des lignes. Les éditions plus tardives de Hp (telles que Le Noir à la rose blanche couronnée, s.d.; Denis Janot, s.d. [1535-40?]; Jean Bonfons, s.d. [1550]) perdront beaucoup à déformer ou à supprimer cette valeur ajoutée. Car ces agents d’animation sont là aussi pour communiquer. Témoins importants, ils montrent comment au fil du temps la banque des images que possédait M. Le Noir s’accroissait et se rendait utile, créant des liens entre plusieurs ouvrages publiés dans ce dynamique atelier parisien. Les premiers Hp imprimés jouent un rôle conservatoire capital parce que plusieurs de leurs silences parlent. Plusieurs livres, mentionnés ici ou là mais qui ont aujourd’hui disparu, prouvent grâce à la survie de leurs illustrations que leur existence a laissé des traces.
Fig. O_12 Jean Bagnyon, Fierabras, Lyon, Pierre Mareschal et Barnabas Chaussard, 1497, BnF, Rés. Y2.993, f. K3r
Fig. O_13 Jean Bagnyon, Fierabras, Lyon, Martin Havard, 1505, BnF, Arsenal, Réserve 4.BL.4251, f. bb3r
Note
1 Concernant le secteur des œuvres romanesques publiées par Michel Le Noir, cf. S. Cappello, Michel Le Noir (1486-1520), éditeur de romans. Pour un recensement des éditions perdues, “Le Moyen Français” 83, 2018, pp. 1-14; pour une première approche des bois utilisés dans Hp, cf. mon étude Coller au texte, laisser l’imagination décoller. L’illustration des premiers imprimés du “Huon de Bordeaux” en prose, Raconter en prose. xive-xvie s., éds. P. Cifarelli et alii, Paris, Classiques Garnier, 2017, pp. 147-165.
2 Les prouesses et faicts merveilleux du noble Huon de Bordeaulx…, Paris, Michel Le Noir, 26 novembre 1513 et 24 décembre 1516 (exemplaires consultés: Boston, PL, G-f-400-38; Paris, BnF, Rés.Y2-77). Cf. la fiche Huon de Bordeaux, in Nouveau Répertoire de mises en prose (xive-xvie s.), éds. M. Colombo Timelli et alii, Paris, Classiques Garnier, 2014, pp. 495-510.
3 Chroniques de Froissart, ms. Bnf fr. 2643, f. 292 (la miniature réalisée c. 1475 dépeint la bataille d’Auray, le 29 septembre 1364) (fig. O_01).
4 P. de la Cépède, Paris et Vienne, Imprime a Paris par Michel le noir libraire demourant sur le pont saint Michel a lymaige saint Jehan levangeliste, le xvi iour de ianuier lan mil cinq centz et deux (New York, PML, 52242).
5 Pour la datation des éditions de Paris et Vienne de Le Noir, cf. infra.
6 M.-D. Leclerc, De l’usage des bois gravés dans les éditions d’“Artus de Bretagne” du xvie siècle, Artus de Bretagne. Du manuscrit à l’imprimé (xive-xixe siècle), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2015, pp. 208-209.
7 Artus, Wien, ÖNB, BE.6.P.39 (fig. O_02 et fig. O_03); la comparaison avec le bois qui décrit avec exactitude la même action chez Jean La Fontaine (7 juillet 1493, Wien, ÖNB, Ink.11.F.35) (fig. O_04) montre l’infériorité de ce qui correspond à un bois exogène dans l’éd. Le Noir (15 février 1502).
8 Deux rédactions du roman des Sept Sages de Rome, éd. G. Paris, Paris, Firmin Didot, 1876, p. 74; et Les sept sages de Rome, Le Noir (s.d.), sec. partie, chap. 2, exemplaire de la Bibl. Mazarine (4 emplois); à comparer avec l’édition de Louis Cruse, Genève, 1492 (fig. O_06).
9 G. Paris, éd. cit., pp. 162-163.
10 Les Proesses… du preux Hercules, M. Le Noir, 1500 (fig. O_07 et O_08).
11 Les Proesses… Hercules, M. Le Noir, 1500 (fig. O_09). Ce bois copie un bois du 2e livre du recueil dans l’édition lyonnaise de Jacques Maillet de 1494/95 (fig. O_10).
12 L.-G. Bonicoli, Jules César à la conquête des éditions parisiennes et vénitiennes (1485-1541), Paris, Presses universitaires de Paris Ouest, 2014, fig. O_04a.
13 Ce manuscrit disparu est référencé sous les n°1278 et n°1691, qui renvoient au même livre, dans la Bibliothèque protypographique de Joseph Barrois (Paris, Treuttel et Würtz, 1830).
14 Hp f. 104 b et f. 104c, chap. 111.
15 Neuf bois dont un avec un emploi bissé (f. 1 c-d; 9 a-b; f. 62 c-d; f. 64 a-b; f. 73 a-b; f. 120 a-b; f. 123 c-d; f. 127 c-d; f. 153 c-d; f. 171 a-b).
16 F.W. Bourdillon, Somes notes on two early romances – Huon de Bordeaux and Melusine, in The Library, I, 1920, pp. 21-39, p. 24.
17 Cf. J. Milet, la Destruction de Troye la Grant, M. Le Noir, 3 octobre 1508.
18 Cf. Le receuil des histoires troyennes et la genealogie de Saturne et de Jupiter son filz, Michel Le Noir, 22 novembre 1508 (Bibl. Mazarine).
19 R. Le Febvre, Hercules (pas de copie survivante); 1er mars 1508; Moreau 144, Brunet III, 112; vente La Vallière IV, 1783, 4084.
20 L.-G. Bonicoli, Jules César…, C001 à C005.
21 Les euvres et brefves exposicions sur le fait des batailles de Gaule, tr. R. Gaguin, le 1er décembre 1502 (exemplaire de Yale).
22 Généalogie de Godefroi de Bouillon, édit. impr. par le Petit Laurens pour Jean Petit en 1500 et le 10 octobre 1504 pour Jean Petit à «l’enseigne du lion d’argent»; le 10 octobre 1504 édit. de M. Le Noir à l’image saint Jean l’Evangéliste, puis le 29 octobre 1511 M. Le Noir à l’enseigne de la rose blanche couronnée pour Jean Petit.
23 Paris et Vienne, Le Noir, 16 janvier 1502, Pierpont Morgan Library. Je remercie très vivement M. John T. McQuillen, Associate Curator of Printed Books & Bindings à la PML pour l’aide précieuse qu’il m’a apportée.
24 Hercules, Le Noir, 1500 (fig. O_11).
25 Il ne m’a pas été possible d’aller vérifier que l’édition de Michel Le Noir de La conqueste du grant roy Charlemaigne des Espagnes, du 20 juin 1520, conservée à la British Library, comporte également ce bois; si tel est le cas Hp permettrait de supposer pour ce texte de Bagnyon l’existence d’une édition Le Noir antérieure et perdue. Les éditions lyonnaises 1497, Pierre Mareschal et Barnabas Chaussard (fig. O_12) et 1505 Martin Havard (fig. O_13), proposent un modèle dont les éléments comparables sont inversés.
26 De Vingle, la chevauchée pour Ogier et aussi Les Quatre fils Aymon.
27 Cf. exemplaire Ogier, Vérard, 1498 (fig. O_14); Doolin, 1501 (fig. O_15), f. 35r. Cf. Bonicoli, La production du libraire-éditeur parisien Antoine Vérard (1485-1512): nature, fonctions et circulation des images dans les premiers imprimés illustrés, Thèse de doctorat en histoire de l’art présentée le 3 décembre 2015 à l’université Paris Ouest Nanterre-la Défense, p. 283, n. 003 de la série Ogier le Danois, basé sur un modèle établi à Lyon par Jean de Vingle; autre utilisation pour une chevauchée dans Doolin, 1501, f. 35r.
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Titolo | Fig. O_01 Froissart, Chroniques, BnF, manuscrit fr. 2643, f. 292r |
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Titolo | Fig. O_02 Artus de Bretagne, Paris, Michel Le Noir, 1502, Wien, ÖNB, BE.6.P.39, f. B5r |
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Titolo | Fig. O_03 Artus de Bretagne, Paris, Michel Le Noir, 1502, Wien, ÖNB, BE.6.P.39, f. C3v |
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Titolo | Fig. O_04 Artus de Bretagne, Lyon, Jean de La Fontaine, 1493, Wien, ÖNB, Ink.11.F.35, f. C 2v |
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Titolo | Fig. O_05 Olivier de Castille et Artus d’Algarbe, BnF, manuscrit fr. 12574, f. 131v |
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Titolo | Fig. O_06 Sept sages de Rome, Genève, Louis Cruse, 1492, BnF, Arsenal, Réserve 4.BL.4235(1), f. C5v |
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Titolo | Fig. O_07 Les Proesses… du preux Hercules, Paris, Michel Le Noir, 1500, BnF, Rés. Y2.689, f. C3v |
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Titolo | Fig. O_08 Les Proesses… du preux Hercules, Paris, Michel Le Noir, 1500, BnF, Rés. Y2.689, f. L3r |
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Titolo | Fig. O_09 Les Proesses… du preux Hercules, Paris, Michel Le Noir, 1500, BnF, Rés. Y2.689, f. I1r |
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Titolo | Fig. O_10 Les Proesses… du preux Hercules, Lyon, Jacques Maillet, 1494/1495, f. o3r |
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Titolo | Fig. O_11 Les Proesses… du preux Hercules, Paris, Michel Le Noir, 1500, BnF, Rés. Y2.689, f. G1r |
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Titolo | Fig. O_12 Jean Bagnyon, Fierabras, Lyon, Pierre Mareschal et Barnabas Chaussard, 1497, BnF, Rés. Y2.993, f. K3r |
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Titolo | Fig. O_13 Jean Bagnyon, Fierabras, Lyon, Martin Havard, 1505, BnF, Arsenal, Réserve 4.BL.4251, f. bb3r |
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Titolo | Fig. O_14 Ogier le Danois, Paris, Antoine Vérard, 1498, BnF, Réserve, VELINS 1125, f. a7v |
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Titolo | Fig. O_15 Doolin de Maience, Paris, Antoine Vérard, 1501, BnF, Rés. Y2.78, f. 35r |
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Per citare questo articolo
Notizia bibliografica
Caroline Cazanave, «Huon et ses figures: images neuves et bois de réemploi dans les éditions de Michel Le Noir (1513, 1516)», Studi Francesi, 192 (LXIV | III) | 2020, 622-629.
Notizia bibliografica digitale
Caroline Cazanave, «Huon et ses figures: images neuves et bois de réemploi dans les éditions de Michel Le Noir (1513, 1516)», Studi Francesi [Online], 192 (LXIV | III) | 2020, online dal 01 décembre 2021, consultato il 17 avril 2024. URL: http://journals.openedition.org/studifrancesi/41713; DOI: https://doi.org/10.4000/studifrancesi.41713
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