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Rassegna bibliografica
Settecento

Leger-Marie Deschamps, Correspondance générale, Avec les Lettres sur l’esprit du siècle, 1769 et La voix de la raison contre la raison du temps, 1770

Franco Piva
p. 448-449
Notizia bibliografica:

Leger-Marie Deschamps, Correspondance générale, établie à partir des Archives d’Argenson, Avec les Lettres sur l’esprit du siècle, 1769 et La voix de la raison contre la raison du temps, 1770. Introduction, édition et annotation par Bernard Delhaume, Préface de Jacques D’Hondt, Paris, Honoré Champion, 2006 («Bibliothèque des correspondances, mémoires et journaux», 23), pp. 1285.

Testo integrale

1Léger-Marie Deschamps, mieux connu sous le nom de Dom Deschamps, a été sans aucun doute un des esprits les plus singuliers du xviiie siècle; c’est aussi un de moins bien connus, malgré l’intérêt que lui ont porté ces dernières années quelques historiens de la pensée clandestine, français mais aussi bien russes et italiens. Mal ou peu connu, Dom Deschamps le fut, à vrai dire, déjà en son temps, à cause de son œuvre qui allait à l’encontre des tendances les plus novatrices de son époque, tout en professant des idées dont l’audace les empêchait de voir le jour. Métaphysicien au siècle de la raison expérimentale, Dom Deschamps ne pouvait être compris, ni accepté par les philosophes, alors qu’il ne pouvait trouver meilleure audience chez les hommes d’église à cause de son refus de toute sorte de religion constituée. Son système, qu’il illustra dans une œuvre, le Vrai système de la nature, restée manuscrite jusqu’à une date très récente, prévoyait en effet le passage de l’état des lois, pour reprendre ses propres termes, à l’état des mœurs, dans lequel l’on se passerait de Dieu, de la morale, de la propriété privée, du mariage, de la famille, de l’Etat, du clergé, de l’art, de la science, de l’histoire, du progrès, etc. et qui inaugurerait l’égalité parfaite entre les personnes, done le bonheur sur terre.

2L’appui qu’il ne réussit pas à avoir de la part des philosophes, Dom Deschamps l’obtint de la part d’un des personnages les plus importants de son temps: Marc-René de Voyer d’Argenson, dit le Marquis de Voyer, fils du comte d’Argenson, l’ancien ministre le la guerre de Louis XV. Non seulement il s’intéressa à ses idées, qu’il accueillit même avec enthousiasme, mais il le reçut dans son château d’Ormes, le protégea des attaques qui lui furent lancées de toutes parts, et créa autour de lui un petit cénacle d’adeptes fidèles. C’est dans le chateau d’Ormes que furent, et sont conservés la plupart des documents le concernant, en particulier ses lettres. C’est des archives des d’Argenson que Bernard Delhaume, qui il y a une vingtaine d’années avait publié chez Vrin les Œuvres philosophiques de Dom Deschamps, a tiré la plupart des lettres comprises dans le gros volume de la Correspondance générale qu’il vient de publier chez Champion. Il s’agit d’un peu plus de mille lettres envoyées ou reçues par Dom Deschamps, ou ayant en tout cas affaire à sa personne et à son activité. B. Delhaume nous les a restituées dans une graphie modernisée et avec une annotation capable de nous en faciliter la lecture et la compréhension. Ces lettres nous font voir Dom Deschamps dans l’intimité des amis qui l’ont écouté et protégé, mais aussi dans ses rapports avec ceux qui ont été à son égard plus perplexes, ou carrément critiques, comme Voltaire par exemple et Rousseau avec qui il a tenté, plus ou moins inutilement, d’entrer en contact, ou Diderot qui a été plus sensible à certaines de ses idées, jusqu’à en subir une sorte de fascination.

3Les lettres que Bernard Delhaume a recueillies dans ce volume permettront donc de mieux connaître ce personnage, par bien des aspects singuliers, mais dont le rôle, au dix-huitième siècle, fut bien plus important qu’il ne paraît de prime abord, et qui méritait de sortir de l’oubli dans lequel il est resté trop longtemps enseveli. Terminent le volume deux petits ouvrages par lesquels Dom Deschamps essaya de préparer ses contemporains à recevoir les idées qu’il a formulées dans le Vrai système de la nature; inutilement toutefois car les Lettres sur l’esprit du siècle passèrent pour une attaque contre la philosophie des Lumières et les encyclopédistes et que La voix de la raison contre la raison du temps passa pour une attaque à la fois contre le Système de la nature de d’Holbach et contre la religion instituée.

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Notizia bibliografica

Franco Piva, «Leger-Marie Deschamps, Correspondance générale, Avec les Lettres sur l’esprit du siècle, 1769 et La voix de la raison contre la raison du temps, 1770»Studi Francesi, 152 (LI | II) | 2007, 448-449.

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Franco Piva, «Leger-Marie Deschamps, Correspondance générale, Avec les Lettres sur l’esprit du siècle, 1769 et La voix de la raison contre la raison du temps, 1770»Studi Francesi [Online], 152 (LI | II) | 2007, online dal 30 novembre 2015, consultato il 19 mars 2024. URL: http://journals.openedition.org/studifrancesi/45900; DOI: https://doi.org/10.4000/studifrancesi.45900

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