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Rassegna bibliografica
Ottocento a) dal 1800 al 1850 a cura di Lise Sabourin e Valentina Ponzetto

Les Encyclopédismes en France à l’ère des révolutions (1789-1850), dir. V. Bourdeau, J.-L. Chappey, J. Vincent

Lise Sabourin
p. 182-183
Notizia bibliografica:

Les Encyclopédismes en France à l’ère des révolutions (1789-1850), dir. V. Bourdeau, J.-L. Chappey, J. Vincent, Presses de l’Université de Franche-Comté, 2020, 349 pp.

Testo integrale

1Après la Révolution française, l’idée d’encyclopédie prend une extension considérable jusqu’au printemps des Peuples de 1848. Si déjà des travaux ont sondé les antécédents des travaux de Diderot et d’Alembert, le présent volume, issu d’un colloque à l’ENS et d’une journée d’études à Paris I en 2015-2016, s’est proposé par la réunion d’historiens, de philosophes et de littéraires, d’explorer le rôle majeur de l’encyclopédisme dans le développement des institutions liées aux savoirs durant le premier xixe siècle, comme le précise l’Introduction de Vincent Bourdeau, Jean-Luc Chappey et Julien Vincent (pp. 7-17). Accélération de la spécialisation et polarisation de ses lieux de production caractérisent déjà la période révolutionnaire, mais la réflexion du début de siècle se focalise sur les avantages et inconvénients des dictionnaires historiques ou encyclopédiques. Le besoin d’une réflexion d’ensemble au-delà des articles, souvent compilés ou médiocres au gré des souscriptions, se fait sentir: il faut fonder une théorie du progrès, synthétiser les résultats des sciences et les rendre accessibles à de nouvelles classes urbaines. Ce qui recourt à l’édition de livres et de revues, mais aussi suggère des modes neufs de sociabilité et d’organisations savantes.

2La première partie du volume plaide «Pour une histoire politique de l’encyclopédisme», d’abord avec les Batailles encyclopédiques entre Révolution et Empire (Jean-Luc Chappey, pp. 21-42): après la suppression des Académies, la méfiance des révolutionnaires est contrebattue par le Directoire puis par Napoléon qui valorise une «encyclopédie vivante» autoritairement dirigée. Un document atteste d’ailleurs les résistances que surent manifester néojacobins, républicains, libéraux et monarchistes pour revendiquer tolérance et libre discussion dans le développement des savoirs, littéraires comme scientifiques (Les réseaux de l’encyclopédisme sous l’Empire. Les souscripteurs des “Lettres philosophiques” de Rigomer Bazin en 1807-1808, Jean-Luc Chappey, pp. 43-48). On trouve leur descendance dans «La Grande Famille réunie» que constituent Les réseaux de l’encyclopédisme dans la première moitié du xixe siècle (Julien Vincent, pp. 49-74), avec la figure de l’entrepreneur d’encyclopédie sous la Restauration. Se reconstitue Un encyclopédisme républicain sous la monarchie de Juillet, notamment autour de Jean Reynaud (1806-1863) et “L’Encyclopédie nouvelle” (Vincent Bourdeau, pp. 75-93): la reformulation d’un projet politique, en l’occurrence républicain, intègre la religion à l’exposé des connaissances nouvelles. Le cas le plus connu est celui de L’encyclopédisme en acte de Pierre Leroux, qui, entre savoirs savants et savoirs d’atelier, met son passé de typographe au service de sa théorie socialiste (Andrea Lanza, pp. 95-99).

3La deuxième partie scrute les «Arbres, tableaux et systèmes» qui structurent politiquement les savoirs au xixe siècle, notamment dans L’encyclopédisme de Saint-Simon, qui passe de l’idéologie au socialisme pour réorganiser la société (Thomas Lalevée, pp. 103-121): les encyclopédies de 1830, notamment par l’intégration des travaux physiologiques de Cabanis, veulent unifier les savoirs sur la base de l’universalité de l’existence humaine. Le débat est vif aussi entre Guizot, adepte de Stewart, pour définir l’encyclopédie comme un instrument de civilisation et de diffusion des connaissances, et le courant catholique, mais aussi républicain et socialiste, qui la voit comme lieu de formulation d’une idéologie neuve pour le siècle (La crise des discours préliminaires. L’encyclopédisme à l’épreuve des sciences morales et politiques (1803-1832), Julien Vincent, pp. 123-149). Cette alliance de camps originellement divergents se retrouve, autour de Lamennais, aux origines de “L’Encyclopédie du xixe siècle”, lancée en 1836 par Pierre Sébastien Laurentie pour penser et réécrire les sciences catholiques (Estelle Berthereau, pp. 151-164). Structure et fonction de l’encyclopédie chez Auguste Comte (Laurent Clauzade, pp. 165-185) repensent métaphysique dogmatique et projet encyclopédique du xviiie siècle selon une volonté d’homogénéité et de complétude, dont la “Bibiliothèque du prolétaire au xixe siècle” donne un bon exemple d’encyclopédie positiviste (Frédéric Dupin, pp. 187-198). De son côté, le courant post-saint-simonien cherche à concilier, grâce au renouveau des sciences philologiques, traditions religieuses et synthèse républicaine dans la “Revue encyclopédique” (Aurélien Aramini, pp. 199-212).

4Du point de vue des exigences matérielles et de la réception de ces idées, la troisième partie se penche sur les «Pratiques et publics» de l’encyclopédisme. Sa popularisation est assurée, depuis le projet de Guinguené en 1792 jusqu’à sa réalisation commerciale par Roret en 1822, par La construction d’un encyclopédisme populaire dans le premier xixe siècle nourri de compétences professionnelles plus que politiques (Carole Christen, pp. 215-233) – la vulgarisation scientifique viendra dans un second temps. Les Pratiques de lecture encyclopédiques à l’époque de la Restauration reposent aussi sur la “Revue encyclopédique” (1819-1831), avec son projet méthodologique, à vocation européenne grâce au choix de collaborateurs très diversifiés par Marc-Antoine Jullien (Barbara Revelli, pp. 235-254). La diffusion des savoirs, entre conservation et innovation, tient aussi à L’écriture encyclopédique au pratique: le médecin Achille Requin sait rompre avec les codes savants pour mettre à portée de tous la physiologie et l’hygiène dans “L’Encyclopédie nouvelle” (Pierre Philippe, pp. 255-270). Même Décrire les mœurs passe désormais du tableau à l’encyclopédie: “Les Français peints par eux-mêmes” cherchent une typologie pour effectuer un «archivage du présent» (Aude Déruelle, pp. 271-280). Leur promoteur, Curmer, fournit ainsi les bibliothèques populaires afin de constituer un savoir encyclopédique moral pour le peuple (Carole Christen, pp. 281-286).

5Cet intéressant ouvrage, muni d’une chronologie des principales encyclopédies, d’une bibliographie, d’index nominum, des œuvres littéraires et des périodiques, contribue ainsi à élucider la question qui tenaillait cette société du premier xixe siècle: comment refonder la société «en poussière» après la Révolution française, selon la formule de Pierre Leroux? L’encyclopédisme cherche à répondre au dilemme entre retour au statu quo et besoin de réconciliation par la construction d’un nouveau mode de vie et de pensée sociales.

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Lise Sabourin, «Les Encyclopédismes en France à l’ère des révolutions (1789-1850), dir. V. Bourdeau, J.-L. Chappey, J. Vincent»Studi Francesi, 196 (LXVI | I) | 2022, 182-183.

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Lise Sabourin, «Les Encyclopédismes en France à l’ère des révolutions (1789-1850), dir. V. Bourdeau, J.-L. Chappey, J. Vincent»Studi Francesi [Online], 196 (LXVI | I) | 2022, online dal 01 avril 2002, consultato il 18 avril 2024. URL: http://journals.openedition.org/studifrancesi/48779; DOI: https://doi.org/10.4000/studifrancesi.48779

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