1À partir d’une perspective située entre sémiologie et sociologie, Valeria Tettamanti se penche sur la présence des couleurs usées, ou dégradées, en régime naturaliste en comparant L’Assommoir de Zola (1877) à La Tribuna d’Emilia Pardo Bazán (1883). L’étude se focalise sur les choix lexicaux ainsi que sur les «comportement[s] syntaxique[s] et stylistique[s]» adoptés par ces écrivains au sein des romans pris en examen. D’après l’A., les couleurs jouent un rôle herméneutique essentiel dans la représentation «de détails figuratifs, de tâches, d’objets du paysage moderne» et acquièrent la fonction de marques, de «signes de classe et de classement social» capables de dévoiler la dialectique subjacente aux rapports entre observant et observé ou entre dominant et dominé. Une telle clé de lecture s’avère d’autant plus stratégique dans la mesure où elle ne se limiterait pas à creuser la représentation elle-même du social: elle permettrait de dégager le positionnement culturel et idéologique de chaque écrivain vers celui-ci. Car si dans La Tribuna émerge une «esthétique de l’harmonie ou de l’harmonisation» qui reflète les enjeux poétiques et sociaux de la pensée de Pardo Bazán, à travers L’Assommoir s’épanche une «esthétique de l’oxymore» où les couleurs montrent, en filigrane, la tension constante qui existe entre cultures dominantes et cultures populaires.