1Le dossier qui suit consiste essentiellement en la publication des actes d’un colloque réuni à Beyrouth du 27 au 29 novembre 2014 par le département d’Archéologie et d’Histoire de l’Antiquité (DAHA) de l’Institut français du Proche-Orient (Ifpo) et le Centre de recherches et de publications de l’Orient chrétien (CERPOC) de l’université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ), dans les locaux de cette dernière, sur le thème de l’Initiation chrétienne au Proche-Orient protobyzantin et médiéval : rencontre d’archéologie et de patristique. Les organisateurs se proposaient un double objectif : faire le point sur les découvertes archéologiques relatives à la pratique ancienne du baptême (baptistères, inscriptions, iconographie) intervenues dans les pays de la région, alors que l’on avait surtout tenu compte de témoignages écrits pour restituer la liturgie de l’initiation chrétienne ; inversement, mesurer comment ces textes patristiques, hagiographiques ou canoniques pouvaient éclairer le travail de terrain. Dans le même espace géographique, l’iconographie médiévale, enracinée dans une longue tradition religieuse, nous est aujourd’hui beaucoup mieux connue, notamment grâce au travail de savants libanais qu’il paraissait opportun d’associer à la réflexion des antiquisants. Des archéologues, épigraphistes, historiens de l’art religieux, spécialistes des Pères de l’Église et de la liturgie ancienne, ont donc confronté leurs regards sur des découvertes récentes intervenues en Jordanie, Palestine, Syrie et au Liban. Ajoutons que la triste actualité qui a touché et meurtri des sites majeurs du patrimoine chrétien de la Syrie, dont celui fameux de Saint-Syméon-le-Stylite, conférait à cette réunion scientifique un caractère d’urgence. Urgence également triste que d’en publier aujourd’hui les actes, tandis que le Liban et l’USJ elle-même, hôtes éclairés de ces travaux, connaissent aussi de dures épreuves. Les contributeurs de ce dossier l’ont bien compris, qui ont répondu très vite à l’appel des éditeurs. Ces derniers remercient vivement la revue Syria, non seulement attentive à l’actualité archéologique du Proche-Orient mais solidaire aussi du destin régional, d’en accueillir la publication.

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Service des publications et de la communication de l’université Saint-Joseph de Beyrouth (© Spcom-USJ)

2Celle-ci se conforme largement au plan adopté lors de la tenue du colloque. Deux conférences inaugurales portaient respectivement sur les « Baptistères d’Orient » dans le ressort des patriarcats d’Antioche et de Jérusalem, donnée par le P^r Jean-Pierre Sodini, membre de l’Institut, et sur « L’initiation chrétienne : témoignage de l’Église primitive », par le RP Nagi Edelby, coordinateur du CERPOC. Il s’agissait de dresser un double état de la question, archéologique et littéraire, avant que de présenter des cas particuliers ou de nouvelles analyses. La contribution de M. Sodini précise donc le cadre architectural du baptême et ses possibles significations pour les rites qui y étaient pratiqués, en constante évolution entre les iv^e et vii^e siècles. Celle du RP Edelby rappelle les données sacramentelles de l’initiation et les étapes historiques qu’elle a connues, telles qu’elles se trouvent documentées dans les textes depuis les origines chrétiennes.

3On adoptera ensuite une progression géographique. Le sud de la région, qui correspond surtout au ressort patriarcal de Jérusalem, ou du moins qui se trouve placé sous son influence liturgique, fait l’objet de quatre contributions. Anne Michel présente un catalogue exhaustif et raisonné des « Baptistères de Jordanie à l’époque protobyzantine (v^e-viii^e siècles) », qui concerne ainsi les provinces de Palestine II^e et III^e (dans l’obédience de Jérusalem) et d’Arabie (sous l’autorité plus lointaine d’Antioche). Les contributions de René Elter sur les baptistères de Saint-Hilarion à Gaza (Tell Umm el-ʿAmr), en Palestine I^re, et de Pierre-Marie Blanc et Pauline Piraud-Fournet, en quête de ceux de Bosra, en Arabie, se situent dans la continuité de ce riche inventaire. Bertrand Riba, dont la fouille a débuté seulement en 2016 à ʿAin el-Maʿmoudiyeh, en Palestine I^re, a rejoint le dossier pour y verser une note à propos du baptistère, au dispositif exceptionnel à eau courante, que réserve ce site proche de Hébron, lié à la mémoire de saint Jean-Baptiste.

4En Syrie du Nord, le site de Qalʿat Simʿān méritait une place éminente. Jean-Luc Biscop, chef de la mission archéologique franco-syrienne de Saint-Syméon, offre une présentation architecturale complète de son grand baptistère octogonal, soulignant sa place dans le dispositif de pèlerinage au Stylite, et retraçant son évolution. Déjà Saint-Hilarion de Gaza ou ʿAin el-Maʿmoudiyeh, comme plusieurs sites jordaniens, laissaient concevoir une étroite association entre l’administration du baptême et le culte des martyrs ou des saints athlètes. Widad Khoury mène l’enquête à ce propos, en Syrie du Nord, établissant une liste significative et argumentée de baptistères qui sont autant de martyria. Dans la même zone géographique, Komeit Abdallah analyse les décors de pavements en mosaïques dont la symbolique fait référence au sacrement baptismal. On pourra constater d’ailleurs que certains motifs vont traverser les siècles, comme l’atteste la représentation du baptême du Christ sur l’icône bilatérale de Kaftoun, au Liban Nord, analysée par Nada Hélou.

5Enfin, l’étude des inscriptions qui ornent les salles des fonts baptismaux protobyzantins, conduite par Frédéric Alpi, permet de définir la terminologie sacramentelle en usage en Orient, de préciser parfois la liturgie mise en œuvre et, partant, d’éclairer quelque peu la théologie dont elles procèdent.

6Les organisateurs du colloque tiennent à remercier encore une fois les institutions qui ont promu et accueilli celui-ci, singulièrement l’USJ, en la personne de son recteur et directeur du CERPOC, le P^r Salim Daccache. Leur gratitude s’adresse aussi et tout particulièrement aux efficaces et compétentes assistantes de direction, Elsy el-Khoury (CERPOC) et Fatina Khoury-Fehde (Ifpo/DAHA), qui n’ont pas ménagé leurs efforts pour sa préparation et pendant sa tenue. L’Ifpo (DAHA) et ses autorités de tutelle, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et européennes et l’Institut des sciences humaines et sociales du CNRS, ont poursuivi leur soutien en facilitant la parution de ces actes dans Syria, par les soins attentifs de Gaëlle Coqueugniot, éditrice, et sous l’impulsion des directeurs de la revue, Françoise Briquel Chatonnet et Dominique Pieri.