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Nécrologies

Chaker Ghadban (Ras Baalbek, 3 septembre 1936 – Ras Baalbek, 31 mars 2021)

Frédéric Alpi
p. 453-454

Texte intégral

Chaker Ghadban

Chaker Ghadban

avec l’autorisation de D. Rizk

1L’archéologue franco-libanais Chaker Ghadban s’est éteint à l’âge de 85 ans, des suites d’une longue maladie, dans le village même de la Békaa septentrionale qui l’avait vu naître.

2Cinquième garçon d’une famille de confession grecque-catholique (melkite), ses dispositions à l’étude le distinguaient pour le séminaire des Pères blancs de Rayak, où il effectua de solides études secondaires. Sans embrasser par la suite l’état ecclésiastique, il garda de cette première formation une vraie familiarité des langues grecque et latine qui, avec l’arabe classique et les principales langues scientifiques occidentales (allemand, anglais, français et italien), constituaient le socle de sa culture et fonderont fermement sa pratique d’antiquisant et d’épigraphiste. En effet, le baccalauréat obtenu et après avoir enseigné un temps dans son village, il obtint une bourse pour poursuivre des études supérieures d’archéologie à l’École du Louvre.

3 De retour au Liban en 1963, il rejoignit la Direction générale des antiquités (DGA) qui l’employa notamment sur les chantiers de Sidon et de Tyr, tout en ayant recours à son expertise dans la lutte contre le commerce illégal des antiquités. Sous la tutelle éclairée mais pesante de l’émir Maurice Chéhab, Directeur général des antiquités, il peinait toutefois à donner toute la mesure de ses compétences. Un compromis lui valut une affectation dans la Békaa, comme inspecteur des antiquités de sa région d’origine, dont il devint le spécialiste reconnu, singulièrement des inscriptions grecques et latines qu’il savait découvrir jusque dans des secteurs les plus difficiles d’accès (les juruds). Ses prospections fructueuses lui valaient une réputation bien établie de chercheur de terrain. De riches rapports administratifs témoignent de l’activité qu’il déployait alors, tandis qu’il fréquentait aussi la bibliothèque de l’Institut français d’archéologie de Beyrouth (IFAB) et son directeur, Ernest Will, mettant sa connaissance intime du terrain au profit de ses collègues français. À partir de 1975, la guerre du Liban rendit son activité plus difficile. Il partit alors fouiller en Syrie le sanctuaire paléochrétien de Ḥūarte, en Apamène, avec l’équipe de Pierre Canivet.

4Recruté à l’université des sciences humaines de Strasbourg, il y enseigna l’archéologie du Proche-Orient hellénistique et romain jusqu’en 1996. Dans ces années alsaciennes, il put donner plusieurs articles sur les antiquités de la Békaa à la revue Ktèma, animée notamment par E. Frézouls, un ancien de l’IFAB, et contribuer aux colloques réunis par ce savant. En 1978, il avait soutenu à l’institut Fernand-Courby de l’université de Lyon II sa thèse, préparée sous la direction de Jean Pouilloux, qui rassemble les observations et les analyses de ses prospections libanaises : Nouvelles inscriptions et topographie de la Béqaʿ.

5Retourné au Liban à l’issue de la guerre civile, tout en enseignant à l’Université libanaise (UL), puis à l’université Saint-Esprit de Kaslik (USEK), il réintégra la DGA dont il se vit enfin confier la direction pour un an et demi (1998-1999). Caractérisé par des rapports cordiaux avec l’Institut français d’archéologie du Proche-Orient (IFAPO), son mandat ne put cependant pas être prolongé au-delà de l’âge légal de 64 ans. Sa dernière période d’activité scientifique fut marquée par des contributions épigraphiques au Bulletin d’architecture et d’archéologie libanaises (BAAL) et à Syria. Tant que sa santé le lui permit, C. Ghadban a poursuivi ses activités d’enseignement, laissant à ses étudiants de Strasbourg ou de Kaslik le souvenir d’un professeur érudit, disponible et chaleureux.

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Table des illustrations

Titre Chaker Ghadban
Crédits avec l’autorisation de D. Rizk
URL http://journals.openedition.org/syria/docannexe/image/13702/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 40k
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Pour citer cet article

Référence papier

Frédéric Alpi, « Chaker Ghadban (Ras Baalbek, 3 septembre 1936 – Ras Baalbek, 31 mars 2021) »Syria, 98 | 2021, 453-454.

Référence électronique

Frédéric Alpi, « Chaker Ghadban (Ras Baalbek, 3 septembre 1936 – Ras Baalbek, 31 mars 2021) »Syria [En ligne], 98 | 2021, mis en ligne le 29 août 2022, consulté le 31 mai 2023. URL : http://journals.openedition.org/syria/13702 ; DOI : https://doi.org/10.4000/syria.13702

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