• 1 R. Koliński, « Settlement history of Iraqi Kurdistan: An assessment halfway into the project », Po (...)

1Cette publication représente le cinquième volume de la série Settlement History of Iraqi Kurdistan, qui diffuse les résultats du projet Upper Greater Zab Archaeological Reconnaissance (UGZAR), un vaste programme de prospection intensive visant l’identification et la documentation systématique des sites et monuments archéologiques présents dans une partie du territoire de la région autonome du Kurdistan d’Irak au nord de la ville d’Erbil, dans la province de Duhok 1. Le projet, soutenu par des financements du Polish National Science Centre et lancé en 2012 sous la direction du professeur Rafał Koliński (université Adam Mickiewicz, Poznań), contribue à implémenter les données fournies par les autres prospections menées dans la région – notamment, la Land of Nineveh Archaeological Project (LoNAP, université d’Udine), la Eastern Khabur Archaeological Survey (EHAS, université de Tübingen) et la Erbil Plain Archaeological Survey (EPAS, université d’Harvard). Depuis, des campagnes annuelles de prospection sur le terrain ont permis de produire une large documentation topographique et photographique, ainsi que de collecter une grande quantité de matériel de surface diagnostique afin d’encadrer les périodes d’occupation des sites identifiés et répertoriés.

• 2 R. Koliński, « An archaeological reconnaissance in the Greater Zab area of the Iraqi Kurdistan (UG (...)

2Le volume présente l’ensemble des données concernant 34 sites archéologiques étudiés entre 2013 et 2015 2 et localisés dans les régions de Grdapān et Ākrê. Il se compose de deux parties principales. La première partie documente 12 sites du plateau de Grdapān, situé au sud de la plaine de Navkūr et délimité au nord par la chaîne des montagnes Bardaṟaș et à l’est et au sud-est par la vallée du Grand Zab. Cette partie est suivie d’un bref chapitre concernant un groupe de sites au-delà des limites occidentales fixées pour le projet UGZAR – rapidement visités et identifiés grâce à l’accord des autorités locales –, ainsi que d’une proposition d’identification d’autres sites supplémentaires sur la base de l’analyse de la documentation satellite et aérienne. La deuxième partie du volume contient les données concernant 11 sites localisés dans le massif de Ākrê, 3 sites dans les montagnes Sart, 4 dans le plateau de Ākrê, 3 dans les montages PRT et 1 dans le plateau de PRT (à noter que le site n. 105, se situant à la limite entre ces deux dernières zones, apparaît sur les cartes de la première, alors que les données le concernant sont ensuite présentées dans la section successive relative au plateau).

• 3 I. Salman (éd.), Archaeological Sites in Iraq, Bagdad, General Directorate of Antiquities, 1970 ; (...)
• 4 R. Koliński, « The use of satellite imagery in an archaeological survey in Iraqi Kurdistan », Cont (...)

3Le projet, dont la démarche méthodologique est résumée dans l’introduction (p. 23), s’est appuyé tout d’abord sur les données concernant les sites répertoriés dans les années 1970 par l’Iraqi State Board of Antiquities and Heritage à travers la publication de l’Archaeological Sites in Iraq (ASI) et de l’Atlas of the Archaeological Sites in Iraq (AASI) 3. Afin de préciser et compléter le portrait archéologique de la région, cette documentation a été recoupée avec les photos issues du programme des satellites de reconnaissance optique CORONA et les images aériennes déclassifiées des avions U2 prises dans les années 1950 et 1960 4. À cela se sont ajoutées les indications obtenues à travers les échanges directs avec la population locale, ce qui a permis d’orienter de manière efficace les recherches en incrémentant considérablement le nombre des sites identifiés. Cette approche est bien illustrée par une série de cartes résultant de l’assemblage combiné de celles de l’AASI. Elles sont accompagnées par des tableaux résumant les correspondances entre les identifications AASI et UGZAR, ainsi que par des tableaux indexant tous les sites présents dans les cartes AASI de la zone en question.

• 5 J. A. Ur, Working Ceramic Typology, manuscrit, 2013.

4L’introduction, rédigée sur un modèle standard commun aux volumes de la série, fournit les explications nécessaires à la compréhension des données présentées et de leur organisation – du système de numération et d’identification des sites à leur emplacement géographique et cadre environnemental, aux critères descriptifs et abréviations employés. L’identification typo-chronologique du matériel céramique collecté a été d’abord proposée sur la base des éléments définis dans la documentation de la Working Ceramic Typology 5 habituellement utilisée par les équipes travaillant dans le Kurdistan d’Irak, pour être ensuite reliée à la périodisation établie contextuellement au projet UGZAR, éventuellement réajustée au cas par cas grâce à la collaboration de spécialistes de différentes périodes. Aux pages 18-19, deux tableaux résument les 21 périodes couvertes par le projet, de l’époque Hassuna-Samarra à l’époque islamique, et les périodes d’occupation attestées pour chaque site prospecté.

• 6 Cf. notamment J. Curtis, Excavations at Qasrij Cliff and Khirbet Qasrij, Londres, British Museum, (...)
• 7 R. Koliński, « The Post-Assyrian period in the Eastern Assyria », dans R. Koliński et al. (éd.), A (...)

10Le nombre élevé de fragments céramiques sans attribution chronologique reflète l’état de connaissance de la culture matérielle de la région, qui est encore en train de se construire, ainsi que la nécessité de comparer les éléments observés au cours des prospections avec des assemblages cohérents, reliés à des contextes et à des séquences stratigraphiques fiables. Ces données font également apparaître les problèmes posés par des reconstructions chronologiques et historiques qui reposent encore en bonne partie sur les attributions établies pour les assemblages céramiques de grands sites syriens. Le cas de la soi-disant période « post-assyrienne », apparemment marquée par une disparition presque totale des occupations, pourrait se révéler emblématique à cet égard. En effet, il reste difficile d’isoler de manière certaine les types céramiques d’usage quotidien diagnostiques pour cette époque. Dans le cas du matériel illustré dans le volume par exemple, les fragments identifiés comme appartenant à la période néo-assyrienne tardive correspondent bien souvent à des bols profonds à parois convexes avec lèvre repliée et épaissie vers l’extérieur. Or, il s’agit là de types bien attestés dans la région pour les deux périodes à la fois, connus aussi par les sites documentés plus au nord dans le cadre du programme Eski Mosul Dam Salvage Project 6. La forte continuité des formes et types céramiques en usage au cours de la période néo-assyrienne tardive et de la période achéménide étant désormais reconnue, et compte tenu du fait que la quasi-totalité des sites prospectés dans le cadre du projet UGZAR témoignent d’une continuité d’occupation entre ces deux époques, la présence de matériel daté de la deuxième pourrait donc être encore sous-estimée. Ainsi, si une diminution générale des occupations pour la période achéménide n’est pas à remettre en question, ses proportions sont peut-être à nuancer et restent à mieux définir avec les années à venir – comme l’a déjà remarqué R. Koliński 7.