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Un bain public D’Antioche, propriété de Saint-Pierre de Rome (Liber Pontificalis, XXXIIII. Sylvestre, 19)

Grégoire Poccardi
p. 281-287

Résumés

Le Liber Pontificalis signale, dans la longue liste des dons faits par l’empereur Constantin au martyrium de Saint-Pierre de Rome, un bain situé dans un quartier d’Antioche de Syrie. Comme pour les autres possessiones offertes à ce sanctuaire romain, et dont certaines étaient situées en Orient et en particulier à Antioche, cet établissement public permettait à celui-ci d’en tirer un revenu (annuel) pour son fonctionnement. L’exploitation d’un bain public pour une église n’est pas un phénomène isolé, puisque l’on retrouve d’autres exemples pour des églises à Rome et dans sa région, en particulier pour la cathédrale constantinienne d’Ostie.

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Texte intégral

  • 1 Liber Pontificalis, XXXIIII. Sylvestre, 19  : Item in reditum, donum quod obtulit Constantinus Augu (...)
  • 2 Ce bain est signalé par Downey 1961, p. 516, n. 58, La vie ancienne de saint Syméon Stylite le jeun (...)

1Une mention du Liber Pontificalis signale un balneum situé “in Cerateas” à Antioche, dans le diocèse d’Orient1. Ce complexe balnéaire fait partie de la longue liste des dons offerts au martyrium de Saint-Pierre du Vatican, au moment de sa construction par l’empereur Constantin sous le pontificat de Sylvestre Ier (314-335). Son exploitation permettait de dégager un revenu de 42 solidi au bénéfice du sanctuaire romain. Cette mention est intéressante à plusieurs titres, car il s’agit d’abord d’un bain peu connu, localisé non seulement à l’intérieur de la ville (in civitate), mais plus précisément dans un secteur de celle-ci (in Cerateas)2. Ensuite, elle atteste l’existence de possessions foncières et immobilières de Saint-Pierre de Rome dans la métropole de l’Orient au début du ive siècle.

Un bain public à Antioche

  • 3 On en compte une bonne dizaine : thermes de Jules César, d’Agrippa (au nombre de deux), de Tibère, (...)
  • 4 Elderkin 1934, p. 5-33 (pour les bains A à C), Stillwell 1941 (pour le bain F), p. 8-9, et Levi 194 (...)
  • 5 Ibid., p. 326-337, pl. 79-80, et Lassus 1969, p. 137-146 (to demosin, to pribaton ’Ardabourion).
  • 6 Pline l’Ancien, Histoire Naturelle, XXXVI, 121 ; Libellus de regionibus Urbis Romae, p. 105 (somme (...)
  • 7 Notitia Urbis Constantinopolitanae, p. 227-243. Les balneae privatae sont ouverts au public.

2Comme toutes les grandes villes de l’Empire, Antioche était dotée d’un tissu balnéaire dense, composé de grands thermes publics, de bains privés, que l’on rencontre principalement dans les villae suburbaines de Daphné, et surtout d’un réseau de bains publics fort peu connu. La majorité de ces monuments est attestée par les sources littéraires, en particulier les grands ensembles publics, théoriquement tous financés par la générosité impériale3. En revanche l’archéologie n’a livré que six complexes balnéaires (bains A à F), concentrés pour la plupart dans l’ancienne île ou Ville Neuve, au nord d’Antioche, et quelques bains privés à Daphné4. Il faut ajouter ceux représentés sur la bordure topographique de la mosaïque de la Mégalopsyché, dans une villa tardive de Daphné (fig. 1)5. À titre de comparaison, Pline l’Ancien évoque 170 bal(i)nea ouverts à Rome par M. Agrippa à l’époque de son édilité, en 33 av. J.-C., tandis que le catalogue des Régionnaires, daté du règne de Constantin, mentionne 11 thermae et 856 bal(i)nea (voire 942 pour le Curiosum et 967 pour la Notitia), et qu’au milieu du vie siècle Zacharie le Rhéteur donne le nombre de 926 établissements6. À Constantinople, on comptait, en 425, huit grands thermae et 153 balneae privatae7. Pour Antioche, où seuls sont pris en compte les thermes publics, il devait y avoir aussi un grand nombre de bains, tant publics que privés, sans que ceux-ci soient aussi nombreux que dans la capitale de l’Empire.

Figure 1

Figure 1

Fragment de la bordure topographique de la mosaïque de la Mégalopsyché d’une villa aristocratique de Daphné/Yakto (seconde moitié du ve siècle) : personnage devant un demosi(o)n (bain public) sur l’un des grands axes de l’Antioche tardive. Levi 1947, t. II, pl. LXXIX (b).

  • 8 Le sanctuaire n’était pas directement le gestionnaire de l’établissement, mais l’affermait contre u (...)
  • 9 Liber Pontificalis, XXXVIII. Damase, 4 (titulus romain) ; Liber Pontificalis, XLII. Innocent, 6 (ég (...)
  • 10 Liber Pontificalis, XXXIIII. Sylvestre, 28. Il existe actuellement une localité située au nord-est (...)

3Le balneum considéré faisait partie sans aucun doute possible de la catégorie des bains publics, puisqu’il permettait au martyrium de Saint-Pierre de Rome d’en retirer 42 solidi de revenus8. Il peut sembler étonnant qu’un bain public fasse partie du patrimoine foncier d’un sanctuaire chrétien, surtout aussi éloigné que celui de Saint-Pierre de Rome. Pourtant, le cas du bain d’Antioche n’est pas isolé, trois autres exemples sont connus à Rome. Un premier balneum rapportait 27 solidi de revenu à un titulus (maison transformée en église avant l’édit de Milan de 313), deux autres balnea rapportaient 32 solidi et 42 solidi et 3 siliques à l’église Saint-Gervais-et-Saint-Protais (cf tableau ci-contre)9. À Ostie, au moment de la construction de la cathédrale Saint-Pierre-Saint-Paul-et-Saint-Jean-Baptiste, l’évêque de la ville a reçu, entre autres dons, un balneolum situé dans le territoire de la cité portuaire. Ce petit établissement de bains assurait un revenu de 42 solidi à l’église cathédrale (soit une somme identique à celle que rapportait le balneum antiochien)10.

Églises bénéficiaires

Lieu

Pontificat

Date

Édifices

Localisation

Revenus

Saint-Pierre-Saint-Paul-et-Saint-Jean-Baptiste

Ostie

Sylvestre

314-335

Balneolum

Territoire d’Ostie

42 solidi

Saint-Pierre

Rome

Sylvestre

Balneum

in Cerateas” (quartier d’Antioche de Syrie)

42 solidi

Titulus

Rome

Damase

366-384

Balneum

Édifice accolé

à la basilique

27 solidi

Saint-Gervais-et-Saint-Protais

Rome

Innocent

401-417

Balneum

Près du temple

de Mamurus

32 solidi

Saint-Gervais-et-Saint-Protais

Rome

Innocent

401-417

Balneum

Vicus Longus

42 solidi

et 3 siliquae

4Le cas du balneum antiochien est donc remarquable, car il s’agit d’un établissement situé dans une province éloignée de l’Urbs, contrairement aux autres cas, logiquement situés à Rome ou dans une cité voisine. De plus, tous ces balnea sont à dater dans une fourchette chronologique d’environ cent ans : entre le début du ive siècle et celui du ve siècle. Or, cette donation constantinienne intervient au début de la période, alors que le prestige du pape n’était pas encore aussi grand que celui des évêques d’Alexandrie ou d’Antioche. D’ailleurs, l’édification du martyrium du Vatican a été une initiative impériale et non pas ecclésiastique, excédant les ressources du siège romain.

Les possessions orientales des grands martyria romains

5Généralement, les possessions foncières des églises romaines étaient concentrées à Rome même, dans sa région, voire dans le reste de l’Italie, ou exceptionnellement dans les provinces occidentales de la Méditerranée. Pourtant, les deux grands sanctuaires apostoliques de Saint-Pierre du Vatican et, dans une moindre mesure, de Saint-Paul sur la via Ostiensis font exception, sans aucun doute à cause de leur rayonnement œcuménique. À Antioche, outre ce balneum, le Liber Pontificalis cite plusieurs autres possessions dont Saint-Pierre tirait des revenus. La grande majorité d’entre eux était située in civitate.

Édifices

Localisation (in civitate)

Revenus (annuels ?)

Domus Datiani

Non localisé

140 solidi

Domuncula

In Caene

20 solidi et tremissium

Cellae

In Afrodosias

20 solidi

Balneum

In Cerateas

42 solidi

Pistrinum

Près du balneum

23 solidi

Propina

Près du balneum et du pistrinum

10 solidi

Hortus Maronis

Non localisé

10 solidi

Hortus

Près de celui de Maronis

11 solidi

  • 11 Voir les cas des Praedia de Iulia Felix, à Pompéi, et, à Ostie, des thermes du Forum et de Neptune, (...)
  • 12 Il en va de même pour le martyrium de Saint-Paul hors-les-murs, sur la via Ostiensis, sous le même (...)

6Il faut ajouter à cette liste, située en dehors de la ville (sub civitatem Antiochiam), la possessio Sybilles, donata Augusto, praest. sol. CCCXXII. D’autre part, la limite entre la ville (in civitate) et les périphéries (sub civitatem) était marquée par l’enceinte construite à l’époque de Tibère (14-37). Elle couvrait un périmètre de 12 km environ. Son tracé fut modifié par deux fois, la première sous Théodose II (408-450) et la seconde sous Justinien (527-565). Nous considérons donc ici que la limite entre les secteurs in civitate Antiochia et sub civitatem Antiochiam était établie d’après la muraille du Haut-Empire. On notera aussi la présence d’une boulangerie (pistrinum) et surtout d’un lieu de restauration (propina) juste à proximité du bain, ces deux négoces relevant également du patrimoine du martyrium romain. Ce voisinage rappelle les découvertes archéologiques faites à Pompéi et à Ostie, où des restaurants et débits de boisson se trouvent tout près des entrées de nombreux bains11. Enfin, le patrimoine de Saint-Pierre de Rome ne se limitait pas, en Orient, à des possessions antiochiennes, on en trouvait aussi aux environs d’Alexandrie d’Égypte et de Cyrrhus en Euphratésie12.

Une localisation à l’intérieur de la ville d’Antioche : le quartier sud-est du Kerateion

  • 13 Évagre le Scholastique, Histoire ecclésiastique, II, 12, donne le nom d’un quartier appelé Kainè (l (...)
  • 14 Cf. n. 2.
  • 15 La porte des Chérubins, qui marquait la limite sud de la ville intra muros, permettait de se rendre (...)
  • 16 Au sujet de la synagogue d’Antioche et de son éventuelle transformation en église, voir notamment T (...)
  • 17 Procope de Césarée, De bello Persico, II, 10, 7-8.
  • 18 La vie ancienne de saint Syméon Stylite le jeune, § 126. Ce passage relate l’intervention du saint (...)
  • 19 Ibid., § 3 (Dandalique), § 72 (Saint-Job), § 141 et 188 (Apatè).

7Si nous connaissons mal la topographie d’Antioche par l’archéologie du fait de difficultés aussi bien matérielles qu’historiques, l’abondance des sources littéraires a permis de combler en partie cette lacune et d’avoir une image assez nette de l’organisation urbaine. L. Duchesne note que la référence à Caene, pour la domuncula rapportant 240 solidi, renvoie au nom d’un quartier d’Antioche mentionné par Évagre le Scholastique, quand celui-ci décrit le séisme de 458 qui détruisit une grande partie de la « Ville Neuve » (quartier du palais impérial de l’hippodrome et probablement de la cathédrale de Constantin, dans l’île aujourd’hui disparue), ainsi que les remparts de la ville13. Ce savant en déduit que les passages évoquant les cellae in Afrodisias et le balneum in Cerateas concernent aussi des monuments situés dans des quartiers de la cité. Gl. Downey considère, avec raison, quant à lui, que la localisation « in Cerateas » renvoie au quartier qu’il désigne comme le Kerateion et dont le nom apparaît dans la littérature ancienne sous diverses formes : Kerateion, Kerataion, Kerateia14. Il s’agissait alors d’un secteur intra muros, sis au sud de la ville, dépendant du quartier d’Epiphaneia, entre la grande rue à portiques et les flancs du mont Silpios, près de la porte des Chérubins (fig. 2)15. C’est dans ce quartier qu’aurait vécu la communauté juive de la ville, autour de la grande synagogue dédiée aux frères Maccabées et à leur mère (Kenesheth Hasmunish), peut-être transformée en église à la fin du ive siècle tout en gardant la même dédicace16. L’existence de ce quartier est aussi signalée par plusieurs auteurs antiques. Quand Procope de Césarée décrit la prise d’Antioche par l’armée sassanide du roi Chrosroès Ier en 540, il évoque des maisons du Kerataion épargnées car elles étaient situées à l’extrémité de la ville17. Dans la vie de saint Syméon le Jeune, au milieu du vie siècle, le quartier est mis en relation à la fois avec la porte du Midi (ou porte de Daphné) qui conduit au célèbre faubourg et à l’ancienne porte désaffectée des Chérubins18. On apprend aussi, grâce à ce texte, l’existence d’autres quartiers d’Antioche, intra muros (Dandalique) et extra muros (Apatè et Saint-Job)19.

Figure 2

Figure 2

Plan - restitution de la ville d’Antioche dans la première moitié du ive siècle (G. Poccardi, d’après R. Stillwell [éd.], Antioch-on-the-Orontes, II - Excavations of 1933-1936, Princeton, 1938, p. 215, pl. I).

8Ce passage du Liber Pontificalis témoigne donc de l’existence d’un bain public, localisé dans un quartier bien attesté de la métropole de l’Orient romain et qui, à partir de Constantin, a relevé du patrimoine du martyrium de Saint-Pierre du Vatican. On observe aussi la manière dont ce sanctuaire en tirait un revenu, soit un système de franchise lui permettant de s’assurer une redevance annuelle. Enfin, eu égard à la relative modestie de l’influence que connaissait alors le siège romain, c’est à l’autorité spirituelle de saint Pierre lui-même que l’on doit rapporter l’initiative impériale à l’origine de cette attribution.

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Bibliographie

Sources anciennes

Corpus Iuris Ciuilis, éd. P. Krüger et Th. Mommsen, Berlin, 1870.

Évagre le Scholastique, Histoire ecclésiastique, éd. J. Bidez et L. Parmentier, Londres, 1898 et trad. d’A. J. Festugière, Byzantion, 40, 1975.

Libanios, Discours XI - Antiochikos, éd. R. Förster, Leipzig, 1903 et trad. partielle dans A.‑J. Festugière, Antioche païenne et chrétienne, Paris, BÉFAR, 200, 1955, p. 23-37.

Libellus de Regionibus Urbis Romae, éd. A. Nordh, Lund, 1949.

Liber Pontificalis, éd. L. Duchesne, t. 1, Paris, 1886.

Malalas, Chronique, éd. H. Thurn, Berlin, 2000.

Notitia Urbis Constantinopolitanae et Laterculi provinciarum, éd. O. Seeck, Berlin, 1876.

Pline l’Ancien, Histoire Naturelle, XXXVI, éd. J. André, trad. R. Bloch et commentaire A. Rouveret, Paris, CUF, 1980.

Procope de Césarée, De bello Persico, éd. H. B. Dewing, t. 1, Londres-New York, 1914.

Sévère d’Antioche, Homélies 58 à 69, éd. M. Brière, PO, t. 8, Paris, 1911.

La vie ancienne de saint Syméon Stylite le Jeune, éd. P. van den Ven, Bruxelles, 1962-1970.

The Syriac Chronicle known as that of Zachariah of Mitylene, trad. angl. F. J. Hamilton et E. W. Brooks, Londres, 1899.

Bibliographie

Downey (Gl.) 1961 A History of Antioch in Syria from Seleucos to Arab Conquest, Princeton.

Elderkin (G.) éd. 1934 Antioch on-the-Orontes I - The Excavations of 1932, Princeton.

Gatier (P.-L.) 1988 « Un témoignage sur des églises d’Antioche », Syria, 65, p. 383-388.

Homo (L.) 1971 Rome impériale et l’urbanisme dans l’antiquité, Paris.

Lassus (J.) 1969 « Antioche en 459, d’après la mosaïque de Yakto », dans J. Balty éd., Apamée de Syrie : bilan des recherches archéologiques 19651968, Bruxelles, p. 137-146.

Levi (D.) 1947 Antioch Mosaic Pavements, Princeton.

Pietri (Ch.) 1976 Roma Christiana, Recherches sur l’Église de Rome, son organisation, sa politique, son idéologie, de Miltiade à Sixte III (311-440), Rome, BÉFAR, 224/1.

Saliou (C.) 2000 « Mesurer le paradis. Contribution au portrait d’Antioche aux époques romaine et protobyzantine », dans Cl. Nicolet, R. Ilbert et J.Ch. Depaule éd., Mégapoles méditerranéennes, Paris, Coll. de l’EFR, 261, p. 802-819.

2004 « Bains d’été et bains d’hiver : Antioche dans l’empire romain », dans Topoi, Suppl. 5, p. 289-309.

Soler (E.) 2006 Le sacré et le salut à Antioche au IVe siècle apr. J.-C. Pratiques festives et comportements religieux dans le processus de christianisation de la cité, Beyrouth, IFPO, BAH, 176.

Stillwell (R.) éd. 1941 Antioch on-the-Orontes III - The Excavations of 1937-1939, Princeton.

Triebel (L.) 2005 « Die angebliche Synagogue der Makkabäischen Martyrer in Antiochia am Orontes », dans ZAC, 9.

Yegül (F.) 2000 « Bath and bathing in Roman Antioch », dans Chr. Kondoleon éd., Antioch. The Lost Ancient City, Worcester.

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Notes

1 Liber Pontificalis, XXXIIII. Sylvestre, 19  : Item in reditum, donum quod obtulit Constantinus Augustus beato Petro apostolo per diocesem Orientis : in civitate Antiochia : balneum in Cerateas, praest. sol. XLII.

2 Ce bain est signalé par Downey 1961, p. 516, n. 58, La vie ancienne de saint Syméon Stylite le jeune, t. 2, p. 137, n. 3, et Gatier 1988, p. 387, n. 18.

3 On en compte une bonne dizaine : thermes de Jules César, d’Agrippa (au nombre de deux), de Tibère, de Caligula, de Domitien ou de « Médée », de Trajan, d’Hadrien, de Commode, de Septime Sévère, de Dioclétien, de Valens (et peut-être ceux de Justinien). Pour le dossier littéraire sur les bains d’Antioche, voir principalement les témoignages de Libanios, (Discours XI-Antiochikos), d’Évagre le Scholastique (Histoire ecclésiastique), La vie ancienne de saint Syméon Stylite le jeune, ou surtout la Chronique de Malalas. Voir pour les travaux récents : Saliou 2000, p. 802-819, Yégül 2000, p. 146-151, et Saliou 2004, p. 289-309.

4 Elderkin 1934, p. 5-33 (pour les bains A à C), Stillwell 1941 (pour le bain F), p. 8-9, et Levi 1947, passim.

5 Ibid., p. 326-337, pl. 79-80, et Lassus 1969, p. 137-146 (to demosin, to pribaton ’Ardabourion).

6 Pline l’Ancien, Histoire Naturelle, XXXVI, 121 ; Libellus de regionibus Urbis Romae, p. 105 (somme totale) ; The Syriac Chronicle known as that of Zachariah of Mitylene, p. 318. Homo 1971, p. 300-302, considère comme plus probable le chiffre de 967 donné par la Notitia. Toutefois, nous importe ici la différence de terminologie et de nombre entre « thermes » et « bains ».

7 Notitia Urbis Constantinopolitanae, p. 227-243. Les balneae privatae sont ouverts au public.

8 Le sanctuaire n’était pas directement le gestionnaire de l’établissement, mais l’affermait contre une redevance très certainement annuelle (voir Digeste, XIX, 2, 58, 2. Labeo lib. 4 Posteriorum a Javoleno epitomatorum : à propos d’un particulier ayant pris un bain municipal en fermage contre une redevance de 20 nummi par an).

9 Liber Pontificalis, XXXVIII. Damase, 4 (titulus romain) ; Liber Pontificalis, XLII. Innocent, 6 (église Saint-Gervais-et-Saint-Protais).

10 Liber Pontificalis, XXXIIII. Sylvestre, 28. Il existe actuellement une localité située au nord-est d’Ostie, sur la rive sud du Tibre, qui porte le nom de « Bagnolo ». Sans qu’il y ait forcément de lien direct avec le balneolum mentionné ici, cette dénomination indique peut-être qu’un petit bain a fonctionné dans ce secteur. Au sujet du patrimoine de l’Église de Rome, mais aussi d’Ostie, d’Albano, de Capoue et de Naples cf. Pietri 1976, p. 77-96.

11 Voir les cas des Praedia de Iulia Felix, à Pompéi, et, à Ostie, des thermes du Forum et de Neptune, des bains des Sept Sages et du Phare.

12 Il en va de même pour le martyrium de Saint-Paul hors-les-murs, sur la via Ostiensis, sous le même pontificat, qui bénéficiait des revenus de possessions orientales, en particulier à Tarse en Cilicie, ville d’origine du saint (Liber Pontificalis, XXXIIII. Sylvestre, 21). Pourtant, la basilique constantinienne était de petites dimensions (la grande ne fut construite qu’à la fin du ive siècle, à la demande des empereurs Théodose, Arcadius et Valentinien II).

13 Évagre le Scholastique, Histoire ecclésiastique, II, 12, donne le nom d’un quartier appelé Kainè (la Nouvelle), identifié à la « Ville Nouvelle » de l’île de l’Oronte, et désigné ainsi par opposition à celui de la Palaia (l’Ancienne), sur la rive gauche du fleuve. Voir aussi Libanios, Discours XI - Antiochikos, p. 506,17-510,11, et Sévère d’Antioche, Homélie 64, p. 313-320, à propos d’une église dite kata Kainèn.

14 Cf. n. 2.

15 La porte des Chérubins, qui marquait la limite sud de la ville intra muros, permettait de se rendre à Laodicée-sur-mer (actuelle Lattakié), via Daphné, célèbre faubourg méridional. Elle doit son nom aux Chérubins sculptés que Titus avait enlevés dans le temple de Jérusalem et placés en ce lieu. Sous Théodose II (408-450), l’enceinte de la ville fut portée plus au sud et la nouvelle portion de rempart reçut alors une nouvelle porte dite “de Daphné” ou “dorée”.

16 Au sujet de la synagogue d’Antioche et de son éventuelle transformation en église, voir notamment Triebel 2005, p. 464-495, et Soler 2006, p. 97-101, avec indication des sources.

17 Procope de Césarée, De bello Persico, II, 10, 7-8.

18 La vie ancienne de saint Syméon Stylite le jeune, § 126. Ce passage relate l’intervention du saint contre le diable qui a assailli Antioche. Il comporte la mention d’une porte de Syrie où le saint est transporté par des anges. Le diable s’enfuit ensuite par la porte du Midi, en direction de Daphné, traversant tout le quartier du Kerataion.

19 Ibid., § 3 (Dandalique), § 72 (Saint-Job), § 141 et 188 (Apatè).

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Table des illustrations

Titre Figure 1
Légende Fragment de la bordure topographique de la mosaïque de la Mégalopsyché d’une villa aristocratique de Daphné/Yakto (seconde moitié du ve siècle) : personnage devant un demosi(o)n (bain public) sur l’un des grands axes de l’Antioche tardive. Levi 1947, t. II, pl. LXXIX (b).
URL http://journals.openedition.org/syria/docannexe/image/536/img-1.png
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Titre Figure 2
Légende Plan - restitution de la ville d’Antioche dans la première moitié du ive siècle (G. Poccardi, d’après R. Stillwell [éd.], Antioch-on-the-Orontes, II - Excavations of 1933-1936, Princeton, 1938, p. 215, pl. I).
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Pour citer cet article

Référence papier

Grégoire Poccardi, « Un bain public D’Antioche, propriété de Saint-Pierre de Rome (Liber Pontificalis, XXXIIII. Sylvestre, 19) »Syria, 86 | 2009, 281-287.

Référence électronique

Grégoire Poccardi, « Un bain public D’Antioche, propriété de Saint-Pierre de Rome (Liber Pontificalis, XXXIIII. Sylvestre, 19) »Syria [En ligne], 86 | 2009, mis en ligne le 01 juillet 2016, consulté le 18 juillet 2025. URL : http://journals.openedition.org/syria/536 ; DOI : https://doi.org/10.4000/syria.536

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