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HomeNuméros72Les pannes du monde moderneImaginaire de la guillotine

Les pannes du monde moderne

Imaginaire de la guillotine

Les ratés de la machine et le spectateur sentimental
Edward Jones-Imhotep
p. 30-45

Abstracts

Machine breakdowns have been central to the history of the modern period, its material cultures, its political ambitions, its cultural anxieties, and its social rhythms. Historians have nevertheless treated failing machines as objects without a proper history. This paper excavates the rich, varying meanings that machine failures held in their own times for the people who lived with them and through them. It explores one particularly illuminating episode from the history of broken worlds: the deep anxieties over the failure of the guillotine in the early French Revolution. The paper begins from the premise that, throughout the modern period, people understood the problem of failing machines as a problem of the self —a problem of the kinds of people that failing machines created, or threatened, or presupposed. It argues that anxieties about the guillotine’s failure were rooted in its origins as a sentimental machine, a device born out of the union between a profoundly public, late-18th century sentimentalist psychology and the contemporary mechanical arts. Focusing on the period before The Terror, the paper examines how fear of mechanical failure linked the guillotine’s design and construction to a broader theatre of potentially failing machines intended to secure financial solvency, military survival, and urban infrastructure in the technological imagination of the early French Republic. Through that examination, the paper speaks beyond its immediate 18th-century subject. It broadly demonstrates how failure shaped the very form of modern technologies by posing problems of social order around failing machines, both real and imagined. It expands the central idea of this special issue of Techniques&Culture by interrogating how failure is consubstantial not only to technical objects and bodies, but to technical objects and historical selves. And it illustrates how the history of technological failures provides a way of understanding the complex and contradictory histories of the self and of the social orders it has made possible, including our own.

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Image d’ouverture

Image d’ouverture

Cour du Commerce, rue Saint-André-des-Arts. La guillotine était initialement construite dans un appentis (aujourd’hui disparu) qui se trouvait sous la fenêtre ouverte que l’on aperçoit au premier étage sur le côté droit de la rue.

Charles Marville. Musée Carnavalet. CARPH000807.

1Avril 1792, Paris — Dans un petit atelier de la cour du Commerce, rue Saint-André-des-Arts, juste en face de l’imprimerie de Jean-Paul Marat, à côté du café Procope, Tobias Schmidt, un facteur de piano immigré d’Allemagne, se livre à une série d’expériences étranges sur sa dernière création mécanique : une « machine infaillible » qui deviendra moins de deux semaines plus tard la machine officielle de la Révolution. Schmidt n’en est pas à sa première invention étrange ni à sa première polémique. Les résidents du faubourg Saint-Germain le connaissent pour être l’inventeur d’instruments de musiques improbables : depuis le « piano harmonica » jusqu’au « piano violon », dont il fait la publicité dans le Journal de Paris. Au cours de l’été 1791, Schmidt prend aussi part à une querelle de priorité scientifique autour d’une « machine de plongée hydraulique » dont il fera plus tard la démonstration en plongeant dans la Seine et en y restant submergé une demi-heure. En dépit de son ambition, à cette époque, il n’est toutefois qu’un artisan relativement obscur. La machine qu’il construit dans la cour du Commerce est le fruit d’une généalogie complexe. Le secrétaire perpétuel de l’Académie royale de chirurgie, Antoine Louis, lui a communiqué les instructions exactes pour sa construction. Celui-ci s’est appuyé sur un engin hypothétique imaginé par le médecin et politicien Joseph Ignace Guillotin. Pour Schmidt, Louis a détaillé très précisément chaque aspect matériel de la machine : les dimensions des pièces de bois, la qualité de l’acier et l’épaisseur de la corde. Surtout, il a exprimé une inquiétude majeure : la machine ne peut, sous absolument aucun prétexte, défaillir.

2Les historiens ont longtemps traité les machines défaillantes comme des objets dépourvus d’histoire à proprement parler (Jones-Imhotep 2017a). Ces machines ont été négligées, bien que les dysfonctions et les pannes aient joué un rôle central dans l’histoire de la modernité ainsi que dans la définition même de la technique (Edgerton 2007, Hecht 1997, Kranakis 2004, Nye 2010, Perrow 1999, Petryna 2013, Schaffer 2011, Schivelbusch 1986). Cet article part de l’hypothèse que, au-delà des problèmes sociaux, économiques et culturels plus larges que posent les défaillances mécaniques, la pensée moderne comprend le problème de la machine défaillante comme un problème du soi : un problème lié au type de personne que les machines défaillantes produisent, menacent ou présupposent. Dans cette perspective, j’essaierai de retourner pour un temps la manière dont nous envisageons les rapports historiques entre les techniques et le soi. Plutôt que de retracer une fois de plus la manière dont des techniques ont historiquement participé à la formation de conceptions étroites et limitées du soi (Daston & Galison 2007, Davidson 1990, Eghigian, Killen & Leuenberger 2007, Galison 2004, Goldstein 1988, Hacking 1999, 2003 ; Hadot, Carlier & Davidson 2001, Porter 1997), je chercherai à l’inverse à comprendre comment certaines inquiétudes sur le soi, à la fois largement répandues et historiquement circonscrites, ont pu conditionner la forme même des techniques modernes, en associant aux machines défaillantes des problématiques d’ordre social.

3J’examinerai ces questions à partir d’un épisode particulièrement éclairant de l’histoire des mondes en crise : les inquiétudes aiguës qui ont porté sur la guillotine dans les premiers jours de la Révolution française. En particulier, j’étudierai la manière dont, avant la Terreur, les dysfonctionnements de la guillotine (à la fois réels et imaginaires) ont donné lieu à deux types de craintes différents. Tout d’abord, des inquiétudes portant sur le soi : l’idée d’Antoine Louis de concevoir une machine à exécuter infaillible naît d’un souci non pas pour la souffrance des condamnés, mais pour les effets d’une exécution manquée sur le soi sentimental des spectateurs (Jones-Imhotep 2017b). Ces inquiétudes ont guidé la conception des détails matériels de la guillotine, détails qui furent abandonnés par la suite du fait de la pression politique et populaire demandant que la machine soit prête rapidement. L’article examine ensuite l’effondrement de cette vision d’infaillibilité, au moment où la guillotine laisse apparaître ses premiers dysfonctionnements. J’examine alors la manière dont sont interprétés ces dysfonctionnements, non plus comme une source d’inquiétude pour les spectateurs, mais comme l’un des éléments d’un débat portant sur la question de savoir à qui ou à quoi doit être attribuée cette défaillance : aux opérateurs humains de la machine, à ses propriétés matérielles ou à l’artisan qui l’a fabriquée ? Considéré dans son ensemble, cet épisode illustre la manière dont les défaillances permettent d’appréhender les histoires complexes et contradictoires du soi, les rapports historiques entre l’être humain et la machine, et les ordres sociaux rendus possibles par ces derniers.

Des humains faillibles : une histoire sentimentale

4Le 1er décembre 1789, lorsqu’il propose pour la première fois une machine à décapiter, Guillotin (médecin, franc-maçon et membre du tiers état) commence par dresser un panorama détaillé des peines criminelles abominables utilisées par le passé : les bandits de grand chemin avaient les os brisés sur la roue ; les voleurs étaient pendus ; les régicides étaient écartelés ; les faussaires étaient bouillis vifs. Seule la décapitation était réservée à la noblesse, et même ces exécutions pouvaient être choquantes. Au cours des trois décennies précédant la proposition de Guillotin, le public parisien a assisté avec horreur à une succession d’exécutions publiques particulièrement brutales. En 1757, ils ont été témoins de l’agonie de Damiens, coupable d’une tentative de régicide, dont les quatre heures de torture et l’exécution seront citées par des réformateurs du droit comme Cesare Beccaria (2012) et Thomas Paine (1998), et fourniront la matière dramatique à un texte de Michel Foucault (1995). Plus tard, en 1766, le public amassé autour de l’échafaud et aux fenêtres de la place de Grève a pu assister à la décapitation ratée du comte de Lally, le gouverneur général de l’Inde française tombé en disgrâce après avoir été accusé à tort de trahison et exécuté, avant d’être réhabilité publiquement à titre posthume par Louis XVI en 1781. Une fois brossée cette toile de fond faite de terreur et de chaos, Guillotin propose à son auditoire de révolutionnaires la vision d’une peine unique pour tous les crimes capitaux, qui serait accomplie par une machine née des Lumières : « Le mécanisme tombe comme la foudre, la tête vole, le sang jaillit et l’homme n’est plus. » (Le Hodey 1789).

1. L’exécution ratée de Lally le 8 mai 1766 en place de Grève (de l’Hôtel-de-Ville, aujourd’hui)

1. L’exécution ratée de Lally le 8 mai 1766 en place de Grève (de l’Hôtel-de-Ville, aujourd’hui)

Charles-Henri Sanson, le bourreau, a également participé à l’exécution du régicide Damiens. On notera la foule de spectateurs.

Bibliothèque Nationale de France, réserve QB-201 (106)-FOL

2. Machine proposée à l’Assemblée Nationale Pour le Supplice des Criminels par Mr. Guillotin

2. Machine proposée à l’Assemblée Nationale Pour le Supplice des Criminels par Mr. Guillotin

Cette image est copiée d’une aquatinte de Janinet, réalisée entre 1789 et 1791. On remarquera la manière dont le bourreau se détourne au moment où la corde est coupée. On notera également l’usage de l’épée, outil traditionnellement réservé à la décapitation.

Bibliothèque Nationale de France, réserve QB-370 (29)-FT 4 [De Vinck, 4987]

  • 1 Cette remarque s’applique plus généralement aux réformes pénales de la période des Lumières. Des ré (...)

5Avec sa certitude mécanique, l’exposé de Guillotin reflète non seulement les élans rationalistes des Lumières, mais aussi les énormes enjeux que représentaient en 1789 les décapitations manquées. Dans les travaux universitaires, la guillotine est souvent vue comme une solution répondant à deux problèmes : la nécessité, d’une part, de rationaliser la peine capitale et, d’autre part, d’éviter ou d’éliminer la souffrance physique des condamnés (Arasse 1989, Carol 2012, Jordanova 1989, Martschukat 1998). Cependant, la souffrance du condamné n’est pas la seule – ni même la principale – source d’inquiétude pour Guillotin et ses contemporains. En cet âge de raison que constitue la fin du xviiie siècle, ils se préoccupent davantage des effets de cette souffrance sur les êtres sentimentaux qui assistent à ces spectacles1. En réalité, cette période est également marquée par l’apogée du sentimentalisme : une théorie de la vie intérieure qui considère les sensations comme la source des sentiments, et les sentiments comme les fondements de l’ordre social (Vila 1998, Vincent-Buffault 1991, Denby 1994, Riskin 2002). Introduit en France par Étienne Bonnot de Condillac puis élaboré par Denis Diderot, le sentimentalisme élabore une théorie du moi profondément publique qui se répand rapidement à travers la culture des salons et le langage vernaculaire des classes lettrées. Lorsque survient la Révolution, ce courant est la principale forme de psychologie publique en usage et un instrument politique puissant au service de la formation des citoyens vertueux de la République. D’éminents révolutionnaires comme Honoré Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau, puisent dans ses principes pour imaginer un Paris qui serait un théâtre des sens, où le port d’habits spéciaux par les fonctionnaires, le lancement de ballons tricolores sur le champ de Mars, le cycle des fêtes nationales, le renommage des rues de la ville et l’adoption du nouveau calendrier révolutionnaire seraient autant d’instruments sentimentalistes destinés à cultiver les idéaux de la République (De Baecque 1997, Ozouf 1976, Goldstein 2005). Grâce à ces projets, les citoyens deviendraient des acteurs conscients de leur propre formation républicaine.

6Toutefois, le sentimentalisme est porteur de périls tout autant que de promesses. Parce que les sens constituent un point d’accès privilégié à l’intériorité humaine, ceux-ci doivent être prudemment régulés et policés par une économie des sens. À de nombreuses reprises, les révolutionnaires soulignent que certaines sensations – en particulier le fait d’être témoin de scènes répétées de souffrance et de douleur – peuvent émousser les sentiments et dissoudre les liens sociaux ancrés dans l’empathie et la compassion. Ainsi, dans Émile, le roman sentimentaliste le plus populaire de son temps, Jean-Jacques Rousseau écrit :

« Ce qu’on voit trop on ne l’imagine plus, et ce n’est que l’imagination qui nous fait sentir les maux d’autrui : c’est ainsi qu’à force de voir mourir et souffrir, les prêtres et les médecins deviennent impitoyables. » (Rousseau 1999 [1762]).

7Or, c’est exactement ce type de spectacle et de théâtre anti-sentimental qu’offrent, à la fin du xviiie siècle, les exécutions publiques de l’Ancien Régime. Menées dans un espace ouvert offrant une vue panoramique sur l’échafaud qui se dresse comme sur une scène, les exécutions publiques telles qu’elles se pratiquent alors menacent le moi sentimental au cœur du projet révolutionnaire. La proposition initiale de Guillotin suggérait d’abolir les exécutions publiques. Une illustration présentée à l’appui de son exposé devant l’Assemblée nationale explique que les exécutions devraient avoir lieu hors de la ville, dans un lieu dédié exclusivement à cette fonction. Les exécutions devaient être, pour lui, des évènements rares, privés voire intimes. Cependant, dans le mois qui suit, l’Assemblée nationale « désinvente » l’appareil de Guillotin. Ici divergent l’histoire de la rationalisation et l’histoire du sentiment de la machine à décapiter.

  • 2 La décapitation est adoptée officiellement dans le cadre de la nouvelle Constitution votée par l’As (...)

8En janvier 1790, l’Assemblée approuve la proposition d’appliquer une méthode uniforme d’exécution de la peine capitale commune à tous les crimes : la décapitation. Cependant elle démonte deux éléments clés de la vision originelle de Guillotin. D’une part, l’idée d’une machine à décapiter n’est pas approuvée, laissant en suspens la manière dont les exécutions vont être effectuées. D’autre part, l’Assemblée insiste sur la valeur sociale et instructive des exécutions publiques (Carol 2012)2. Cette dissociation crée en France un vide juridique qui fait à nouveau planer la crainte des conséquences sentimentales des exécutions ratées. Dans tous les cas où la peine de mort sera prononcée contre un accusé, dit le texte, le criminel sera décapité. Cependant, les exécutions ne peuvent être menées à bien tant que la loi n’établit pas une méthode permettant d’éviter les horreurs de l’Ancien Régime.

9En mars 1792, la situation est désespérée. Pierre-Louis Roederer, procureur général syndic du département de Paris, reçoit des requêtes de plus en plus pressantes de la part des tribunaux criminels de la ville. Même le commissaire du roi s’enquiert avec impatience de la nouvelle méthode. Tous les correspondants expriment leurs craintes, auxquelles Roederer lui-même fait écho, quant à l’ordre public : les meurtres se multiplient et les condamnés deviennent désespérés et imprévisibles. Le public réclame que justice soit rendue au plus vite. Roederer fait remarquer qu’aucune exécution ne peut avoir lieu tant que le dispositif, dont on présume désormais qu’il sera mécanique, n’aura pas été construit et testé. Le directoire du département de Paris ne parvient plus à contenir son anxiété, à la fois sur la nécessité d’une telle méthode et sur les conséquences d’éventuelles défaillances. On s’inquiète que « par la défectuosité du moyen, ou faute d’expérience et par maladresse, le supplice devienne horrible pour le patient [sic] et pour les spectateurs » (Lenotre 1920 : 224). Roederer convoque Guillotin dans les bureaux du directoire place Vendôme, mais le docteur est désormais réticent à travailler sur ce projet.

Des machines défaillantes

10Roederer s’adresse donc à Antoine Louis, secrétaire perpétuel de l’Académie royale de chirurgie et l’un des plus grands experts sur la mort, pour qu’il détermine quelles méthodes pourraient permettre une exécution rapide et infaillible. Né à Metz, élevé par les Jésuites et chirurgien de l’hôpital de la Salpêtrière, Louis est considéré comme l’homme le mieux qualifié pour cette mission. En tant que chirurgien, il est familier avec les outils de dissection et leurs effets sur le corps. Il a par ailleurs signé l’article « Mort » de l’Encyclopédie. En 1752, il a participé au débat sur la certitude des signes de décès, qui avait été déclenché par une série de cas spectaculaires de résurrection de victimes de noyade brièvement déclarées comme décédées. Son traité, Lettres sur la certitude des signes de la mort (1752), visait à dissiper dans le public toute crainte d’être enterré vivant (Carol 2012). Plus tard, il utilisera ses recherches sur les cadavres de criminels pendus pour mettre en cause les conclusions officielles de l’affaire Calas : il suggérera que le fils de Calas s’est suicidé et qu’il n’a pas été assassiné par son père. Louis réclamera alors la création d’une « médecine légale » qui permettrait à la fois de dissuader les méchants d’être confondus et de redresser les erreurs judiciaires dont pouvaient dépendre la vie ou la mort des citoyens (Louis 1763).

3. Le mouton

3. Le mouton

Tiré de l’article « Charpenterie » de L’Encyclopédie. Le mouton est le poids qui tombe (a), bien que ce terme soit souvent utilisé pour désigner le mécanisme tout entier (montants, poulies, cordes et poids).

« Charpenterie », Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, vol. 2 (pl. XXIII), Paris, 1763

11Le 7 mars 1792, Louis communique ses conclusions. Sa mission reposait implicitement sur deux notions d’échec différent : raté et panne. Il commence par passer en revue les méthodes de décapitation utilisées au cours de l’histoire : « L’expérience et la raison démontrent que le mode en usage par le passé pour trancher la tête à un criminel, l’expose à un supplice plus affreux que la simple privation de la vie » ; l’exécution doit être faite « d’un seul coup ». Le cas de Lally, dont Louis apparaît avoir été témoin de première main, fournit une illustration horrible de ce principe : « Il était à genoux, les yeux bandés ; l’exécuteur l’a frappé à la nuque ; le coup n’a point séparé la tête et ne pouvait le faire. » Il a fallu « trois ou quatre coups de sabre » supplémentaires (administrés par le père de Charles-Henri Sanson, qui avait repris lui-même l’exécution) pour finir la tâche. « On a vu avec horreur cette hacherie. » Il est impossible, conclut Louis, d’obtenir une « prompte et parfaite séparation en la confiant à un agent susceptible de varier en adresse, pour des causes morales et physiques. Il faut nécessairement, pour la certitude du procédé, qu’il dépende de moyens mécaniques invariables, dont on puisse également déterminer la force et l’effet. » (Saint-Edme 1828.) Pour que la machine puisse mener à bien cette mission ambitieuse, son opération même doit se faire invisible. « L’exécuteur lâche le déclic, et l’homme n’est plus. » Et, phrase peut-être la plus extraordinaire de ce rapport hors du commun, Louis conclut qu’« il est aisé de faire construire une pareille machine, dont l’effet est immanquable » (Saint-Edme 1828).

12Le gouvernement approuve rapidement les conclusions de Louis. Roederer doit donc se hâter de faire construire la machine. Le 26 mars, le directoire prend en charge sa construction en promettant de transmettre une estimation des coûts pour approbation au ministre des Contributions publiques, le Jacobin suisse Étienne Clavière. On se met alors en quête d’un artisan capable de construire la machine. Des rumeurs ont déjà commencé à circuler sur cette machine imaginaire. Avant même que le directoire ne prenne en charge le projet, Louis a déjà écrit à Roederer pour le présenter à un « facteur de clavecins allemand » (désigné plus loin sous le nom de Tobias Schmidt), qui pense pouvoir « exercer son génie » à la construction de la machine à décapiter. « Je ne le connais pas », avoue Louis, « mais je loue son industrie » (Charavay 1876). Dans le même temps, Louis a écrit au charpentier royal, Guidon, à son domicile du faubourg du Temple. Guidon, qui est chargé de la construction du « bois de justice » (les échafauds servant aux exécutions), rend visite à Louis le matin du 30 mars, accompagné d’un de ses charpentiers. Louis explique que l’appareil doit s’inspirer du « mouton » : un poids qui tombe guidé par deux montants verticaux, très répandu dans l’industrie du bâtiment alors florissante dans le Paris des débuts de l’époque moderne, où il était utilisé dans les engins de battage servant à planter les pilotis des ponts qui traversaient la Seine et à poser les fondations des bâtiments. Les deux hommes discutent de l’invention : « Nous nous sommes parfaitement expliqués et entendus. » Guidon reçoit des instructions détaillées. « S’il y avait quelques erreurs dans ces détails » conclut Louis, « elles seraient faciles à vérifier par le constructeur le moins intelligent. » (Charavay 1876.)

  • 3 Environ 50 000 euros actuels.

13Le matin du premier avril, Guidon présente à Louis une estimation du coût : 5 660 livres3. Il justifie ce prix très élevé par la stigmatisation attachée à ce type de travail qui rend difficile le recrutement de travailleurs, et par la nécessité d’utiliser des chevaux et des attelages pour monter l’échafaud. Cependant, cette gigantesque inflation du prix est aussi due aux inquiétudes portant sur une éventuelle défaillance de la machine et à la nécessité d’anticiper de telles défaillances. L’estimation comprend le prix de deux lames supplémentaires. La proposition précise que la machine doit être construite avec du chêne neuf de la plus grande qualité, et non avec des matériaux réutilisés. Les coulisses, dans les montants verticaux de la machine, devront être tapissées de cuivre afin d’éviter que le bois ne gonfle ou n’adhère. Surtout, près de vingt pour cent du coût total (1 200 livres) sont consacrés à la construction d’un modèle miniature, « afin d’éviter, d’autant qu’il sera possible, les évènements, les prévenir pour la grande machine, et prouver l’évidence ». Le maître charpentier anticipe qu’une machine ainsi construite durera cinquante ans. Comme l’explique Louis, « il a bien saisi le plan et senti les avantages de la construction la plus soignée » (Charavay 1876).

14Cependant, fin mars, la précipitation prend le dessus sur le besoin de fiabilité. Lorsque Clavière reçoit le budget, il le rejette à cause de son prix exorbitant et demande à Roederer de faire appel à tous les artisans désireux de construire la machine. Roederer, conscient de l’énorme pression pour obtenir une machine prête, et secrètement informé que Schmidt se propose de produire la machine pour 960 livres, convainc Clavière d’autoriser le directoire à choisir un artisan. Le lendemain, Roederer invite Schmidt à venir le voir dans ses bureaux de la place Vendôme et lui confie le contrat.

15En étroite collaboration avec Louis, Schmidt se met au travail pour réaliser un prototype dans son atelier de la cour du Commerce Saint-André-des-Arts. Il le teste d’abord sur des animaux, précisément des moutons. La phase suivante des essais se déroule mi-avril sur des cadavres dans une cour de l’hôpital de Bicêtre. Les tests suggèrent que la lame doit être modifiée. Le 19 avril, dans un rapport à Roederer, Louis rapporte que la machine a été testée « sur trois cadavres qu’elle a décapités si nettement, qu’on a été étonné de la force et de la célérité de son action. Les fonctions de l’exécuteur se borneront à pousser la bascule qui permet la chute du mouton portant le tranchoir. » Louis n’envisage qu’une seule cause possible de défaillance : « C’est de la bonne trempe de l’instrument coupant que dépendra la sûreté de l’opération. » (Charavay 1876.) Comme garantie, Louis précise que Schmidt devra produire lui-même la lame pour les 83 départements. On trouvera ensuite aisément des charpentiers pour construire les autres parties de la machine.

16Le 25 avril, la machine exécute son premier condamné : un bandit de grand chemin du nom de Pelletier qui est accusé d’avoir volé 800 livres en assignats. Le jour de l’exécution de Pelletier, la Chronique de Paris rapporte que la machine présente un certain nombre d’avantages par rapport aux autres méthodes. Cependant, son effet sur le public est particulièrement troublant : « Le peuple, d’ailleurs, ne fut point satisfait : il n’avait rien vu ; la chose était trop rapide ; il se dispersa désappointé, chantant, pour se consoler de sa déception, un couplet d’à-propos : Rendez-moi ma potence de bois, Rendez-moi ma potence ! » (Chronique de Paris 1792.) À la grande déception du public, la machine fonctionne pendant un mois à Paris et à Versailles sans rencontrer de problèmes. Le 28 mai, le ministère des Contributions publiques confie à Schmidt le contrat pour les 83 départements.

4. 

4. 

L’un des rares tracés de la guillotine qui soit techniquement correct, montrant l’attache de la lame et le mécanisme de déclenchement. Cette image illustre également d’éventuels dysfonctionnements de la machine.

Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, réserve QB-370 (29)-FT 4 ; De Vinck, 4988

17Cependant, malgré le succès de la machine, Roederer commence à mettre en doute l’honnêteté de Schmidt, probablement du fait de rumeurs malveillantes. Vers la fin du mois de mai, il demande à Pierre Giraud, l’architecte du département de la Seine, de délivrer une opinion d’expert sur le véritable coût de la machine. Accompagné par un collègue, Giraud se rend à l’atelier de Schmidt. Tous deux prennent note des différents composants et évaluent le prix détaillé de chacun d’eux. Le rapport présente deux conclusions : le coût réel de la machine est tout juste supérieur à 300 livres et, « cette machine, quoique bien conçue en elle-même, n’est pas portée au degré de perfection dont elle est susceptible, et qui, pour la tranquillité publique, devrait y être ajoutée » (Giraud 1876). Selon Giraud, les imperfections de la machine sont avant tout le résultat d’une construction précipitée. Se faisant l’écho des accusations de travail bâclé (voire de fraude) qui portaient alors souvent sur les artisans étrangers récemment arrivés à Paris, Giraud fait la liste des « défectuosités » de la machine dont chacune représente la menace d’une panne possible. Des éléments essentiels (les coulisses, les languettes et les tourillons) ont été fabriqués en bois et non en métal, ce qui risque de ralentir le mouton dans sa chute ou même de le briser. Les crochets auxquels sont attachées les cordes auxquelles est suspendu le poids énorme du mouton sont fixés par des clous au lieu de l’être par des vis. Le mouton lui-même est simplement cloué à la lame. « Il manque un marchepied à la bascule ; les brides sont placées trop bas, ne sont pas assez solides, et sont trop ouvertes. » (Giraud 1792.) Comme le note Anne Carol, « toutes ces recommandations attestent d’une peur persistante que le mécanisme, réputé pour être plus fiable qu’un humain, ne dysfonctionne, reproduisant ainsi la cruauté des supplices de l’Ancien Régime » (Carol 2012). En outre, explique Giraud, en plus de corriger ces défauts, il est nécessaire de prévenir de futures avaries. Deux moutons garnis de leur couteau doivent être gardés en réserve pour remplacer immédiatement le défaillant en cas d’« accident » (Giraud 1792). Giraud conclut qu’une fois tous ces changements apportés à la machine pour la perfectionner, Schmidt devrait être payé 500 livres par engin. Enfin, dans une note spéciale à la fin du rapport, Giraud suggère que si Schmidt ne peut pas ou ne désire pas prendre en charge ces changements, alors il connaît un autre artisan qui pourrait le faire pour ce prix.

18Les imperfections de la machine, les spéculations quant à son coût et le spectre d’une défaillance vont fournir la matière à un récit toujours plus élaboré, à une quasi-mythologie qui vise à mettre en cause le monopole de Schmidt. La nouvelle de la création de la machine s’est répandue rapidement, en particulier à la cour du Commerce. Le candidat anonyme qu’évoque Giraud est un artisan rival, René-Noël Clairin, un charpentier dont l’atelier est voisin de celui de Schmidt. En juin, Roederer informe le ministère de ces rebondissements dans deux lettres séparées : l’une au ministre Clavière, l’autre à son successeur, Beaulieu. Les deux lettres insistent sur le prix excessif ; toutes deux soulignent également que pour 500 livres, la nouvelle machine « perfectionnée » (mais de toute évidence, toujours faillible) aurait deux moutons de rechange équipés d’une lame en cas d’« accident ». Lorsqu’on lui demande de répondre à l’analyse de Giraud, Schmidt refuse de produire la machine au prix proposé. Conseillé par Roederer, Beaulieu annule alors le contrat de Schmidt le 5 juillet. Le contrat officiel passé avec Clairin, l’artisan proposé par Giraud, promet de fournir les machines perfectionnées (peintes, avec tous les défauts corrigés et des instructions de fonctionnement) et de les faire inspecter par un architecte désigné par le ministre.

  • 4 Cette déclaration semble fausse. Il se peut que Roederer se soit souvenu de paroles prononcées par (...)

19Cependant, Schmidt ne peut pas être entièrement écarté. Il a déjà fourni des machines pour Paris, Versailles et plusieurs autres départements. Le 16 juillet, il apparaît au bureau de Roederer pour l’informer qu’il souhaite faire breveter la machine à décapiter. Il demande la lettre originale de Louis où celui-ci décrivait le succès de l’appareil lors des essais de Bicêtre. Le 28 juillet, alors que Schmidt attend le brevet, Roederer produit des preuves pour rapporter au ministre « les imperfections de la machine construite par M. Schmidt ». Lors de la dernière exécution qui a eu lieu dans la semaine à Paris, explique Roederer, « le cou de l’un des patients [sic] n’a pas été entièrement coupé » (Taschereau 1835). Différentes rumeurs circulent quant à la cause de ce dysfonctionnement. Roederer l’explique par le fait que les coulisses dans les poteaux auraient gonflé, ralentissant ainsi la chute du mouton. Roederer déclare que Schmidt avait lui-même envisagé cette possibilité et suggéré que les coulisses soient gainées de cuir, mais qu’il avait ensuite évité cette dépense par simple cupidité4. À Versailles, poursuit Roederer, l’exécuteur avait remarqué que le tranchoir de la machine était ébréché, et « craignait quelque accident pour l’exécution de cinq personnes qui [devait] incessamment avoir lieu » (Taschereau 1835). Si la lame était endommagée, alors les exécutions suivantes devraient être suspendues.

20Dans une lettre remarquable, Schmidt répond à ces accusations. Il explique que les exécutions ratées n’ont pu être causées par « l’imperfection de la machine, à laquelle il ne manque rien ». La faute incombait selon lui au bourreau qui « n’avait pas réussi à rassembler les extrémités de la corde qui suspendait le mouton ». La corde s’est ainsi trouvée prise entre le tranchoir et le croissant, ce qui a ralenti sa chute. Roederer avait anticipé cette défense en précisant dans sa lettre initiale que la corde n’était pas en cause et que c’était la construction qui était défectueuse. Mais Schmidt défend son cas : « pour détruire cette assertion », il suffit selon lui de recueillir les témoignages du public qui a assisté à la défaillance de la corde, ou bien celui du frère de l’exécuteur lui-même, qui a rendu visite à Schmidt le 29 juillet et a confirmé ses dires. Par ailleurs, insiste Schmidt, si c’étaient les coulisses qui étaient défectueuses, alors le même dysfonctionnement aurait eu lieu lors de la seconde exécution – ce qui n’a pas été le cas. Tous ces « inconvénients », écrit Schmidt, auraient pu être évités si l’on ordonnait expressément à l’exécuteur de suivre les instructions sur le maniement de la corde et de « s’assurer de tous ses mouvements » (Chérau 1870).

21Schmidt redouble d’assurance quant à l’infaillibilité de sa machine. Il rejette l’idée selon laquelle il serait nécessaire de disposer de moutons supplémentaires, en arguant que sa machine ne peut endommager la lame puisque celle-ci est installée en biais pour scier et non trancher. Si la lame de Versailles est ébréchée, ce n’est pas sa faute (et encore moins celle de sa machine). Schmidt insiste encore une fois sur le rôle de l’erreur humaine, en rappelant les exécutions qui ont eu lieu deux semaines plus tôt à Saint-Germain. Schmidt est arrivé « à l’instant précis où la garde nationale venait de former le cercle » autour de l’échafaud. Il a demandé à voir la machine et a remarqué qu’elle était « mal montée ». Il a alors « fait appeler le charpentier pour la faire remonter dans son vrai sens » et « fait descendre le mouton pour accrocher la corde comme elle devait l’être ». L’exécution des deux criminels s’est alors déroulée sans incident. « Après l’exécution, je suis monté sur l’échafaud avec plusieurs spectateurs ; je vis la lame sans le moindre défaut ». La lame n’avait pu s’ébrécher que si l’on avait laissé tomber le mouton au moment du montage ou du démontage de la machine. Dans tous les cas, Schmidt nie toute faute de négligence. Il est, souligne-t-il, de la responsabilité de l’exécuteur de s’assurer du bon état de la machine et de réparer tout problème. « Alors, jamais il ne peut survenir le moindre accident », conclut Schmidt. « Je le répète, cette machine répondra toujours au but que l’on doit en attendre, en ne négligeant pas les précautions requises. » (Chérau 1870.)

 

22En août 1792, la Commune de Paris décide de monter la machine de manière permanente sur la place du Carrousel et de faire retirer la lame chaque jour après chaque série d’exécutions. De nouveaux dysfonctionnements sont rapportés, en particulier pendant les périodes d’usage intensif, mais dans l’ensemble, et particulièrement à Paris, on ignore ces dysfonctionnements pour s’intéresser avant tout à l’efficacité stupéfiante et démoralisante de la machine. Le docteur Pierre-Jean Georges Cabanis, ami intime de Mirabeau et auteur véritable des articles sensationnalistes de ce dernier sur l’éducation publique (1791), proclame que « la mort d’un homme, ordonnée pour l’intérêt public, est sans doute le plus grand acte de la puissance sociale : il faudrait que cet appareil même rendît le supplice plus rare et plus difficile ; il faudrait aussi ne pas habituer le peuple à l’aspect du sang ». Pour Cabanis, qui avait été présent lors des premiers essais à Bicêtre, non seulement la guillotine manque de dignité dramatique, mais « les spectateurs ne voient rien ; il n’y a pas de tragédie pour eux ; ils n’ont pas le temps d’être émus » (Cabanis 1954). Chef de file de la psychologie sentimentaliste, Cabanis considère que cette même culture de la sensibilité qui avait réclamé une machine infaillible et présidé au développement de l’appareil jusqu’à sa forme matérielle finale, va finir par se retourner contre la guillotine elle-même, à l’heure où la Terreur y envoie un nombre toujours plus grand de « conspirateurs ». Au long de cette année sanglante, la machine fera le tour de Paris, déplacée de la place du Carrousel à la place de la Révolution, à la place Saint-Antoine, puis à la place du Trône-Renversé, avant d’être installée de nouveau à l’entrée des Tuileries, où seront exécutés Maximilien de Robespierre et ses compagnons.

23Même si Cabanis considère la guillotine comme allant à l’encontre des principes sentimentalistes qui l’avaient inspirée, au fil des années, elle devient étroitement associée à ce courant. Vers la fin mai 1794, Jérôme Pétion, poursuivi par les autorités révolutionnaires et déjà décidé à se suicider, écrit un article satirique destiné à l’Encyclopédie. Pétion, qui en mai 1790 s’était battu aux côtés de Robespierre pour l’abolition de la peine de mort et qui était présent aux Tuileries avec le roi et Roederer lors de la prise du palais en août 1792, dénonce l’hypocrisie des « prétendus hommes à principes » qui ont fait de la guillotine « un divertissement public ». Autrefois, poursuit Pétion, le public pouvait avoir « la faiblesse de s’attendrir à la vue du coupable qu’on allait mettre à mort ». Comme l’exécuteur représenté dans la proposition de Guillotin, « il détournait son regard au moment où on lui portait les coups. Aujourd’hui, plein d’une énergie républicaine, il regarde avec une joie avide la guillotine, et quand il a vu la tête séparée de son tronc […], il fait retentir l’air de ses cris d’allégresse et de Vive la République. » Il conclut en accusant les « législateurs barbares » de dépraver la morale du peuple, et de « [dénaturer] le caractère d’une nation sensible et généreuse » (Charavay 1876). Jamais, avertit Pétion, ceux-ci ne pourront expier les maux qu’ils ont faits à la France.

24Et, pendant que Pétion écrit ces mots, en attendant sa capture, le public sentimental guillotine son effigie.

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Notes

1 Cette remarque s’applique plus généralement aux réformes pénales de la période des Lumières. Des réformateurs comme Cesare Beccaria (1764) et des révolutionnaires comme Pierre Louis Lacretelle (1784) étaient plus sensibles à la manière dont de tels spectacles mettaient en péril les sensibilités de l’observateur qu’à la personne du criminel.

2 La décapitation est adoptée officiellement dans le cadre de la nouvelle Constitution votée par l’Assemblée le 3 juin 1971 (article 3) ; l’accent y est mis sur sa valeur instructive. L’article 4 spécifie que les exécutions doivent être publiques.

3 Environ 50 000 euros actuels.

4 Cette déclaration semble fausse. Il se peut que Roederer se soit souvenu de paroles prononcées par Guidon ou par Giraud.

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List of illustrations

Title Image d’ouverture
Caption Cour du Commerce, rue Saint-André-des-Arts. La guillotine était initialement construite dans un appentis (aujourd’hui disparu) qui se trouvait sous la fenêtre ouverte que l’on aperçoit au premier étage sur le côté droit de la rue.
Credits Charles Marville. Musée Carnavalet. CARPH000807.
URL http://journals.openedition.org/tc/docannexe/image/12258/img-1.jpg
File image/jpeg, 151k
Title 1. L’exécution ratée de Lally le 8 mai 1766 en place de Grève (de l’Hôtel-de-Ville, aujourd’hui)
Caption Charles-Henri Sanson, le bourreau, a également participé à l’exécution du régicide Damiens. On notera la foule de spectateurs.
Credits Bibliothèque Nationale de France, réserve QB-201 (106)-FOL
URL http://journals.openedition.org/tc/docannexe/image/12258/img-2.jpg
File image/jpeg, 146k
Title 2. Machine proposée à l’Assemblée Nationale Pour le Supplice des Criminels par Mr. Guillotin
Caption Cette image est copiée d’une aquatinte de Janinet, réalisée entre 1789 et 1791. On remarquera la manière dont le bourreau se détourne au moment où la corde est coupée. On notera également l’usage de l’épée, outil traditionnellement réservé à la décapitation.
Credits Bibliothèque Nationale de France, réserve QB-370 (29)-FT 4 [De Vinck, 4987]
URL http://journals.openedition.org/tc/docannexe/image/12258/img-3.jpg
File image/jpeg, 184k
Title 3. Le mouton
Caption Tiré de l’article « Charpenterie » de L’Encyclopédie. Le mouton est le poids qui tombe (a), bien que ce terme soit souvent utilisé pour désigner le mécanisme tout entier (montants, poulies, cordes et poids).
Credits « Charpenterie », Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, vol. 2 (pl. XXIII), Paris, 1763
URL http://journals.openedition.org/tc/docannexe/image/12258/img-4.jpg
File image/jpeg, 158k
Title 4. 
Caption L’un des rares tracés de la guillotine qui soit techniquement correct, montrant l’attache de la lame et le mécanisme de déclenchement. Cette image illustre également d’éventuels dysfonctionnements de la machine.
Credits Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, réserve QB-370 (29)-FT 4 ; De Vinck, 4988
URL http://journals.openedition.org/tc/docannexe/image/12258/img-5.jpg
File image/jpeg, 196k
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References

Bibliographical reference

Edward Jones-Imhotep, “Imaginaire de la guillotine”Techniques & Culture, 72 | 2019, 30-45.

Electronic reference

Edward Jones-Imhotep, “Imaginaire de la guillotine”Techniques & Culture [Online], 72 | 2019, Online since 02 January 2022, connection on 18 April 2024. URL: http://journals.openedition.org/tc/12258; DOI: https://doi.org/10.4000/tc.12258

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About the author

Edward Jones-Imhotep

Edward Jones-Imhotep est historien des sciences et de la technologie. Titulaire d’un doctorat en histoire des sciences de l’université Harvard, il est actuellement professeur agrégé d’histoire à l’université York de Toronto. Il est cofondateur du TechnoScience Salon de Toronto, un forum public de discussions en sciences humaines sur les sciences et la technologie, et professeur invité à l’université parisienne Panthéon-Assas. Son premier livre, The Unreliable Nation : Hostile Nature and Technological Failure in the Cold War (MIT Press), a remporté le prix Sidney Edelstein 2018 du meilleur ouvrage scientifique de l’histoire de la technologie. En 2017, il a reçu le prix Abbott Payson Usher de la Société d’histoire de la technologie.

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