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L’esprit de profondeur

Propos de Jean-Pierre Bartholeyns recueillis par Gil Bartholeyns
Jean-Pierre Bartholeyns et Gil Bartholeyns
p. 120-135

Texte intégral

Image d’ouverture

Image d’ouverture

Franchissement du lac d’entrée de la grotte de Gournier par Georges Thys sur « Le Gaillard » en 1964, Choranche, Vercors, France

© Francis Spinoy. Collection Georges Thys

« L’esprit d’équipe évolue avec les techniques »

La spéléologie est à la fois une technique et un état d’esprit. L’esprit d’équipe est central. L’effort commence seulement quand on arrive en bas, parce que c’est plus éprouvant de remonter que de descendre. En alpinisme, si on est fatigué avant d’être au sommet, on redescend à son rythme. Mais quand on est au fond de la grotte, il faut gérer la fatigue de la remontée en tenant compte de la forme des copains parce qu’on remonte tous ensemble. Du temps d’Édouard-Alfred Martel [1859-1938] et jusque dans les années 1950, on utilisait des échelles souples, d’abord en corde de chanvre puis en acier et aluminium. Au-dessus de chaque puits, quelqu’un assurait et contrôlait la descente des coéquipiers. S’il y avait 5 coéquipiers, il assurait les 5 personnes et il restait au sommet du puits, ainsi de suite pour chaque puits. Si bien qu’il y avait une limite. À 10, on allait plus loin qu’à 5. Après on a commencé à descendre en « rappel en S », une descente contrôlée par le frottement de la corde autour du buste, puis au descendeur. On remontait à l’échelle, mais cette fois on était auto-assuré grâce à un bloqueur, arrivé vers 1968. Attaché au baudrier, il coulissait le long de la corde. Si l’échelle cassait, on restait suspendu à la corde.

L’évolution du matériel a eu un impact immense à la fois sur l’esprit d’équipe et sur les possibilités d’exploration. La limite de l’exploration dépendait du nombre de participants mais aussi du poids et du volume du matériel de progression à transporter. Après les cordes en chanvre, on a utilisé des cordes semi-statiques en nylon de 10,5 à 12 mm de diamètre. En exploration, on descend maintenant sur des cordes semi-statiques en dyneema [un polyéthylène] de 6-8 mm, pratiquement toutes aussi résistantes. Dans un « kit bag », on mettait 60 mètres de corde, maintenant on en met 120. Pour aller à -1000, il fallait des dizaines de kits bags ! Or, on peut descendre ou remonter 2 kits bags, mais pas 5, tout seul. Aujourd’hui, tous les spéléos portent du matériel et peuvent poursuivre l’exploration jusqu’au fond.

Les détracteurs des techniques « modernes » prétendent qu’elles sont à l’origine de la mort de spéléos, alors qu’en réalité leur mort est souvent due à une défaillance physiologique ou à la malchance.

Il y a donc une limitation technique à aller loin. Se pose-t-on souvent la question du nombre de coéquipiers, selon l’objectif ?

La question se pose pour chaque expédition, même à chaque descente. Le nombre d’équipiers dépend de la disponibilité des uns et des autres, des affinités, de l’objectif espéré. On peut régler en partie le problème de l’encombrement en descendant par exemple à -500 à quatre, on remonte à vide, et on redescend de nouveau avec des kits bags. Alors là on peut descendre plus bas. En spéléo, contrairement à l’alpinisme, si on descend en rappel, on ne peut pas se permettre de rappeler nos cordes. C’est ce qui explique la quantité de matériel nécessaire par exploration. L’alpiniste, avec sa corde de 80 mètres, monte de 40 mètres, assuré par l’autre. Il s’installe au relais, puis il fait monter l’autre, et ainsi de suite. S’il tombe, il chute jusqu’au dernier piton. Une fois qu’ils sont au sommet, ils font des rappels successifs de relais de 40 mètres en 40 mètres en rappelant leur corde et en abandonnant parfois un mousqueton.

Les milieux « naturels » imposent leur contrainte, mais le spéléo est aussi aux prises avec des milieux « artificiels » ou partiellement artificiels.

Il faut effectivement faire une différence, et elle est de taille, entre les milieux naturels et les milieux souterrains artificiels comme les tunnels, les carrières, les mines… Ces réseaux-là sont à peu près connus. On n’appréhende pas la visite de sites connus et inconnus de la même façon. Dans l’inconnu, on avance en levant la topographie, car on ne sait pas vers où on va. Grâce aux mises à jour des topos après chaque visite, on appréhende progressivement la complexité du réseau. La célèbre mine de Kan-i-Gut, à 15 kilomètres du village de Samarkandyk au Kirghizstan, est une grotte-mine polymétallique, principalement d’argent (fig. 1). Elle est devenue un site patrimonial important du sud du pays. L’objectif de notre expédition Speleozistan 2017 était de réaliser une topographie moderne la plus complète possible de ce site entouré de légendes, de trésors et d’histoires assez terribles sur la vie des bagnards. Son nom signifie « la mine de la perdition ». Elle est explorée sur moins de 6 kilomètres, mais elle passe pour en faire au moins 30. Avec 5 400 mètres topographiés et 6 entrées, elle se présente comme un enchevêtrement de grandes galeries artificielles sur 5 étages, recoupant des salles et des galeries parfois d’origine naturelle, connectées entre elles par des puits très ébouleux. L’ambiance y est particulièrement sèche, poussiéreuse et désagréable. La mine est prédominante par rapport aux galeries et aux puits naturels. Elle a été exploitée depuis le Moyen Âge jusqu’à l’époque stalinienne. Certaines galeries anciennes ont été creusées au pic, ouvertes au feu [technique de fracturation par la chaleur], d’autres ont été creusées à l’explosif. Certains puits n’ont pas été descendus pour des questions de sécurité, mais un assemblage de plusieurs caméras et d’éclairages a permis d’observer leurs dimensions et leur profondeur. Kan-i-Gut est typique d’un monde souterrain existant en parallèle d’activités humaines qui ont un impact sur les conditions générales de l’environnement. La poussière, la pollution par le plomb de l’eau de l’unique source, le climat aride, glacial en hiver, désertique en été, ont des conséquences évidentes sur les conditions de vie et la santé. L’altitude différente des entrées et les nombreux recoupements de galerie produisent une circulation anormale de l’air qui dessèche tout. On y trouve des chauves-souris, des chèvres, des carpeaux secs et momifiés. Il y a juste un peu d’humidité à deux ou trois endroits, mais aucune trace de circulation d’eau souterraine.

Si on évoque des conditions particulières dangereuses pour la santé, on peut aussi s’attendre à trouver des dépôts de CO2 [dioxyde de carbone] dans les parties basses ; ces poches de CO2 existent même dans les grottes naturelles, suite à la décomposition d’organismes et de végétaux. Cela a déjà entraîné des accidents. Il faut donc être très attentif. Avant, on repérait ces poches par le clignotement de la flamme des lampes au carbure, voire, par leur extinction, qui indiquait un manque d’oxygène. La flamme nous permettait aussi de suivre le courant d’air qui est souvent notre guide pour trouver la suite de la grotte. À l’inverse, il y a des grottes qui sont utilisées comme sanatorium. Certains médecins considèrent que leurs conditions d’humidité et leur atmosphère sont bénéfiques contre les affections pulmonaires et l’asthme. En Slovaquie, près de Brezno, des curistes viennent dans une grotte jour pour y passer quelques heures.

« Comment a-t-on fait ? »

  • 1 Spéléologue belge, photographe de formation et initiateur des explorations du Massif de Siebenheng (...)

En exploration, il y a aussi une grande différence entre la visite d’une grotte connue, dont la topographie a déjà été levée, et la découverte d’une nouvelle grotte, ou de nouvelles galeries. L’ambiance est toute différente. En « première », la relation personnelle à l’environnement nouveau est vraiment spéciale. L’attrait de l’inconnu et la motivation de la découverte se manifestent par des poussées d’adrénaline. Aux Siebenhengste (fig. 2), au-dessus d’Interlaken dans le canton de Bern, le jour où l’on a « jonctionné » deux rivières, mon coéquipier Francis Spinoy1 enfonçait un spit [cheville à expansion]… Je suis derrière lui avec les 2 kits bags. J’arrive, je regarde. Il termine de mettre un amarrage au sommet d’un petit puits de 7 mètres. J’enjambe le vide en opposition [technique de progression avec une main et un pied sur chaque paroi], mais il me dit : « Attends Jean-Pierre, j’ai presque terminé. » Avant qu’il ait fini, j’étais en bas. Pour aller au bivouac de -300, on passe toujours devant ce puits que je regarde avec étonnement. Tu peux me proposer 10 000 euros, je ne descends pas ! Parce que c’est un puits en bouteille dont la base est plus large que le compas de mes jambes. Je ne sais pas comment je suis descendu… Et je n’ai pas sauté ! À un autre endroit, on est remonté en opposition dans un méandre d’une vingtaine de mètres. Comme l’exploration n’était pas terminée, on y est retournés le lendemain : « Tiens, on est monté par où ? » Ça nous a paru vraiment large pour monter aussi facilement que la veille. On était dans un état second. En situation de première, on fait des choses qu’on ne ferait pas en temps normal.

1. Galerie « stalinienne » de la grotte-mine de Kan-i-Gut, Kirghizstan, 2017

1. Galerie « stalinienne » de la grotte-mine de Kan-i-Gut, Kirghizstan, 2017

© Maria Louisa Garbieri et Giovanni Belvederi, Speleozitan 2017

  • 2 Spéléologue belge, décédé en initiation de plongée dans la grotte de Remouchamps (Belgique) le 8 m (...)

Mais pour moi la spéléologie ce n’est pas la « reccordite », la quête du record, être celui qui a été le plus profond, ou le plus vite. C’est plutôt d’essayer de se surpasser. Non pas lutter pour survivre, ni lutter contre l’environnement, mais dans un milieu naturel relativement hostile où il fait froid, humide, d’un noir absolu, parfois avec la hantise de perdre son chemin, de se retrouver seul ou bloqué par une crue. Le risque existe toujours. Pendant une descente d’exploration avec Philippe Landuyt2, mon coéquipier du jour, nous nous trouvions devant deux galeries. On décide d’en repérer chacun une, durant 10 minutes, puis de revenir au point de départ. Je m’enfile dans la mienne et je me retrouve rapidement devant des blocs et une étroiture. Je dégage des blocs et m’engage à plat ventre. Une fois le bassin passé, je sens qu’un bloc s’affaisse sur mes jambes. J’arrive à me dégager mais impossible de faire marche arrière. Devant moi il y a un petit espacement où il est possible de se retourner, d’être à quatre pattes. Moment de panique puis de réflexion : Philippe va sûrement venir vers moi en ne me voyant pas revenir. Après un moment, j’entends le bruit du matériel qui s’entrechoque. Il est là. Il finit par dégager le passage et je suis libéré du piège. Mais ce n’est pas tout. Surprise en arrivant à l’emplacement où on s’équipe généralement pour passer les deux siphons de -450 : un bloc mastodonte de plusieurs mètres était tombé du plafond à l’endroit exact où on a l’habitude de s’asseoir.

De la flamme à la LED

Avec notre éclairage, l’appréciation de l’espace et des volumes était difficile. Il y avait des éclairages en faisceau et des éclairages larges. Francis Spinoy avait fait un petit article à l’époque (Spinoy 1978). On comparait deux marques de lampes électriques qui étaient le complément de secours des lampes au carbure, les Marbach et les Petzl. Marbach était « optimiste » parce qu’elle proposait une lumière en faisceau, doublant la lumière au carbure, plus large et non directionnelle. Petzl était « pessimiste » parce qu’avec son faisceau large, elle pouvait remplacer la carbure en cas de panne.

L’impact de l’éclairage sur la vision du monde souterrain des grottes est considérable. Je dirais même qu’il n’y a pas la lumière d’un côté, et, la grotte, de l’autre, mais deux versions ou deux incarnations de la même grotte, selon le type de lumière utilisée. La torche, la lampe à l’huile, la bougie, la lampe sur batterie, de plus en plus puissante, l’angle d’éclairage « optimiste » ou « pessimiste », la portée de plus en plus longue – tout ça change les contrastes et presque la nature du milieu.

Et quand on réglait nos lumières, sur place, on avait le sentiment de changer de lieu. De lieu, mais aussi d’ambiance, selon la « température » de la lumière, froide ou chaude. Elle était généralement jaune, mais en passant aux LED, elle est devenue blanche. La LED à longue portée et à faisceau large, au choix, pleine ou diffuse, permet une bien meilleure connaissance de l’espace et des volumes où l’on circule. Et le sentiment de sécurité est accru. Comme on peut en mettre plusieurs, il y a aussi moins d’ombres portées. Leur puissance peut remplacer les flashs asservis des photographes.

2. Plan partiel des Siebenhengste, mis au net à la main par Francis Spinoy, 1980

2. Plan partiel des Siebenhengste, mis au net à la main par Francis Spinoy, 1980

Extrait de Spéléo flash n° 100, juin 1977, Bulletin de la fédération spéléologique de Belgique

© Francis Spinoy, 1980. Avec son aimable autorisation

3. Carnet de notes prises sur le terrain et « squelette » sous Visual topo montrant l’entrelacs de galeries et la complexité de sa mise au net. Yinhédòng, Pintang, Guizhou

3. Carnet de notes prises sur le terrain et « squelette » sous Visual topo montrant l’entrelacs de galeries et la complexité de sa mise au net. Yinhédòng, Pintang, Guizhou

© Jean-Pierre Bartholeyns (notes et carte) et Florence Guillot (carte), Chinexplo 2019

C’est en voyant plus loin, dans les plafonds notamment, qu’on a pu découvrir de nouvelles galeries dans des grottes déjà bien connues. Ça a été le cas aux Siebenhengste : avec un éclairage LED on n’aurait pas hésité à escalader, comme à l’époque ; on aurait tout de suite vu le prolongement. On y est allé et on a découvert une belle galerie sur quelques centaines de mètres (fig. 4).

Le carbure de calcium a été si important, parce qu’en descendant un faible volume de carbure, on avait de l’éclairage longtemps, grâce à un dispositif très simple : un goutte-à-goutte sur les cailloux dégage le gaz d’éclairage [l’acétylène]. Pour avoir la même autonomie avec des batteries, il aurait fallu en prendre beaucoup. Donc on passe d’une représentation de proximité, avec la flamme – qui va de pair avec l’idée de mystère, du noir profond qui favorisent les expériences initiatiques –, à une lumière qui, avec le laser et la modélisation, apporte une connaissance précise de l’espace et des volumes. En plus, la carbure était une source de chaleur. Quand on arrivait au bivouac, les lampes servaient de fer à repasser pour sécher nos sous-combis. Avec les éclairages actuels, on prend mieux et plus vite connaissance du relief, du cheminement et des volumes parfois prodigieux.

4. Dessin de Francis Spinoy, Spéléo flash, 1977

4. Dessin de Francis Spinoy, Spéléo flash, 1977

© Francis Spinoy, Spéléo flash, 1978

Les topographes souterrains sont bien aidés maintenant par l’électronique. Avec le Disto X2, en un seul clic on enregistre la longueur, la pente et l’azimut, et ça dispense le topographe de les noter. Si on n’a pas ce type appareil, la prise de notes sous terre n’a pas beaucoup évolué. La grande évolution vient des programmes informatiques qui effectuent automatiquement les fastidieux calculs et fournissent un squelette (fig. 3) qu’on habille ensuite avec un programme de dessin assisté par ordinateur (DAO).

Pontonnière, cagoule Marboré et chambres à air

Les progrès techniques ont considérablement facilité les explorations en milieux hostiles ou confinés. Le matériel et les vêtements techniques actuels contre l’humidité et l’eau n’ont rien de comparable avec les habits traditionnels. L’étanchéité ou la conservation de la chaleur sont de vraies conquêtes. On ne met plus des élastiques coupés dans des chambres à air pour tenir le pantalon serré autour des bottes. Maintenant, on porte des chaussons en néoprène, on va dans l’eau avec des chaussures ad hoc. On est mouillé mais on n’a pas froid.

5. La pontonnière gonflable, dessin de Francis Spinoy, Spéléo flash, 1978

5. La pontonnière gonflable, dessin de Francis Spinoy, Spéléo flash, 1978

© Francis Spinoy, Spéléo flash, Bulletin de la Fédération Spéléologique de Belgique no 100, juin 1977, p. 88

La chimie du latex a permis aux spéléos ingénieux de concevoir, pour rester entièrement au sec, une « pontonnière ». Ce sont des grandes chaussettes qui montent jusqu’au torse. Et puis il y a eu une cagoule qui se prolonge en manches et veste avec des gants, le tout soudé. On appelait ça « la cagoule Marboré » parce que c’est pour passer les cascades glacées, dans le Marboré [Pyrénées], que ça a été mis au point. Et nous, au GIPS [Groupe interclub de perfectionnement par la spéléologie, fondé en 1975], pour faire l’étanchéité entre la cagoule et nos visages barbus, on se plaquait de la vaseline, et pour l’étanchéité entre la « veste » et le « pantalon » on découpait une lanière dans une chambre à air et on serrait. On n’avait pas la place pour descendre des combinaisons néoprènes déjà en usage. Ce dispositif nous permettait, de passer au sec, deux siphons successifs de 10 ou 15 mètres, dans de l’eau de 3 à 5 degrés. On tremblait de froid mais on n’était pas mouillés. On entrait dans l’eau, masque sur le nez, casque sur la tête, et les lampes électriques allumées. La pression de l’eau faisant ressortir de grosses bulles d’air au niveau du visage. L’inconvénient c’est qu’on finit par mijoter dedans par transpiration. Comme le latex est fin, il ne fallait pas oublier le tube de colle et les rustines. Ça n’a donc rien à voir avec les chaussettes en laine et les habits traditionnels par-dessus desquels on enfilait un sac plastique agricole dans lequel on ménageait un trou pour le cou et deux trous pour les bras – par exemple, pour passer les cascades de la grotte de Gournier dans le Vercors. C’est ainsi qu’on se débrouillait en 1963-1964. Le K-way, qui date d’ailleurs aussi du milieu des années 1960, était trop fragile et le matériel pour la mer peu commode pour les mouvements.

Descendre et toujours remonter

Il y a évidemment eu l’évolution des techniques de descente. Après l’échelle de corde en chanvre des débuts, il y a eu l’« échelle d’électron », d’étroites échelles flexibles en câble d’acier et barreaux en aluminium, inventée par Robert de Joly [1887-1968]. Son usage se répand vers 1950. Puis, la remontée sur corde fixe a commencé, vers 1958, avec l’invention du Jumar. C’est une poignée bloquante qu’on fait glisser le long de la corde. Le premier bloqueur, c’est Bruno Dressler qui l’a mis au point, en 1963, amélioré et produit par Fernand Petzl en 1967. On appelait ça un « bloqueur Dressler ».

6. Progression, à l’échelle d’électron, en suivant la rivière dans la « faille du polonais »

6. Progression, à l’échelle d’électron, en suivant la rivière dans la « faille du polonais »

© Francis Spinoy, 1977. Avec son aimable autorisation

7. Dans les entrailles de la grotte de Gournier (Vercors, France), coulée stalagmitique

7. Dans les entrailles de la grotte de Gournier (Vercors, France), coulée stalagmitique

Francis Desmet (debout) et Guy Ryckaert alimentant en eau sa lampe à carbure

© Francis Spinoy, 1964. Avec son aimable autorisation

Les techniques d’investigation ont aussi totalement changé. Maintenant, les grottes ne sont plus découvertes et explorées par hasard. On étudie la géologie, l’hydrogéologie, les résurgences, les pertes, les failles et, sur la base de ces données, on se dit : « Tiens, là, il devrait y avoir quelque chose. » Alors, on prospecte dans ces zones, on trouve, puis on prévoit une descente d’exploration.

Combien de temps es-tu resté le plus longtemps sous terre ?

  • 3 Spéléologue et plongeur belge, ingénieur civil des mines, hydrologue au Service public de Wallonni (...)
  • 4 Spéléologue et plongeur belge, docteur en Sciences, alors attaché au Centre d’étude pour l’énergie (...)

Une semaine. C’était aux Siebenhengste en Suisse. Il fallait rentabiliser la descente, surtout quand on avait mis la pontonnière et la cagoule Marboré pour passer les siphons. Il y avait bien un autre passage par lequel on pouvait passer à sec, mais en cas d’orage, et donc de crue, il était impraticable, pris par une rivière où on se serait fait noyer. On l’a baptisé le « passage des diaboliques ». Pour aller à -800, en franchissant les 2 siphons en apnée, sans bouteille, on gagnait un jour à la descente et un jour à la remontée. C’était beaucoup plus court pour arriver au même point. On le savait parce que ces parcours étaient topographiés. On était d’abord passé par les Diaboliques, et puis certains sont remontés et sont arrivés au siphon. On savait donc qu’il y avait un hiatus de 250 mètres. Des plongeurs sont passés et ont constaté les distances à parcourir. Un siphon de 15 mètres, une « rue d’eau » de 200 mètres, et un second siphon. Ces siphons étaient installés avec des cordes parce qu’à la remontée il faut avancer à contre-courant. Pour franchir les siphons, il faut lester les kits bags sinon ils vont se coller au plafond. À la remontée, pour compenser le poids du matériel qu’on n’avait plus, on les remplissait de cailloux. C’était au début des années 1980, j’avais 36-38 ans. J’ignore si certains l’ont encore fait après nous. Luc Funcken3 était passé en premier. Je m’engage à mon tour dans le siphon… Je tire deux fois sur la corde, « dé – part » pour prévenir. Quand tu as passé le siphon, tu tires trois fois, « ar – ri – vé ». Ce code était connu. En anglais, c’est évidemment différent. Je ne sais pas combien de mètres j’avais parcourus quand le kit bag se retourne et va se coincer dans les reliefs du plafond, décrochant mon masque au passage. Le copain n’avait pas suffisamment lesté mon kit bag. Je n’ai pas continué, je suis retourné en arrière. Je ne sais pas pourquoi. Il y a des moments où on réagit sans prendre le temps de réfléchir. Sans doute par instinct. Après coup, je me suis dit que c’était logique, puisque je bénéficiais au moins de la force de l’eau pour me pousser vers la sortie. Alors, j’ai dit à Pierre De Cannière4: « Je repasse mais sans kit, et je repasse tout de suite ! » Un autre est quand même passé avant pour aller prévenir Luc Funcken de ce qui se passait. Et tout ça se passe en quelques secondes.

Le nombre de jours sous terre dépendait de la longueur et des difficultés du cheminement, de la lenteur de la progression, et du temps pour équiper. Mettre un spit, par exemple. Avant, les coéquipiers se refroidissaient pendant qu’un autre tamponnait pendant 10 minutes pour installer l’amarrage. Avec un marteau et un trépan, on fait un trou, on mate la roche en tournant, puis on enfonce la cheville et, en tapant, le cône inséré s’écarte jusqu’à bloquer la cheville dans le trou. On met une plaquette et un écrou dans la plaquette, puis on accroche la corde par un mousqueton. Maintenant, pour faire la même chose, il y a des foreuses sur accu.

C’est toujours dans le calcaire ? Peut-il y avoir différentes roches dans un réseau ?

Il y a du calcaire plus dur que d’autres roches. Le marbre, évidemment, c’est le plus dur ; la craie l’est beaucoup moins. Il y a aussi des grottes dans le gypse, le poudingue, le grès et le sel. L’entrée du Faustloch, du réseau Siebenhengste-Hogant, s’ouvre par un puits de 90 mètres dans la couche de grès qui couvre le calcaire et où se jette une rivière en cas d’orage. La faille se prolonge dans le calcaire sous-jacent. En dessous, il y a le « niveau de base », qui est, dans cette région, du schiste ou du calcschiste. Le niveau de base, c’est le niveau imperméable qui empêche l’eau de descendre plus bas et donc elle suit ce plan. Il faut imaginer le pendage [l’inclinaison] des strates de la roche. On peut ainsi descendre de 1 000 mètres dans le pendage sans avoir plus de 300 mètres de calcaire au-dessus.

Il faut souvent trouver des solutions de progression, qui sont en partie des solutions techniques. Quels sont les « petits trucs » qui changent tout ? En technologie, il y a les innovations, bien sûr, et il y a ce qu’on appelle les techniques créoles, la low tech. Comment faire avec ce qu’on a ? Pour qu’une technique soit opérante dans un milieu qui n’est pas son milieu d’origine, il faut souvent la modifier. Ou alors, au contraire, il faut créer cette technique en marge des techniques officielles, courantes. Il y a une pré- ou une post-technicité en spéléo que j’imagine conséquente. L’exemple des élastiques de chambre à air est une technique anodine mais elle change tout. Les « bananes » de chambre à air pour mettre les cailloux de carbure, c’est à la fois léger, facile, pas cher et imperméable, redimensionnable à souhait… On ne voit pas pourquoi un produit répondrait à cette nécessité. En spéléo, il me semble qu’il y a cette mètis, cette ruse favorable, qui consiste à faire mieux avec peu. Quelles sont les situations où il a fallu « inventer » une technique, par un ajout ou en complément d’une technique existante ? Qu’est-ce que l’industrie n’a pas mis en place, parce que la solution « sauvage » fonctionne très bien, qui serait un détournement, une modification de l’existant ?

Le spéléo a une intelligence pratique indéniable. C’est souvent un bricoleur ingénieux en tout. Face à un problème sous terre, il n’a pas d’autre choix que de se « débrouiller », de faire avec ce qu’il a. Par exemple, la lampe à carbure, ce sont deux pots l’un sur l’autre, l’eau au-dessus, les cailloux de carbure en dessous, et par réaction chimique avec l’eau, du gaz est émis jusqu’au bec sur le casque. J’étais dans le réseau du Far West aux Siebenhengste quand le tuyau qui sort de ma carbure s’est dessoudé. J’étais à 9 heures de la surface et les piles de l’éclairage de sauvegarde ne tiennent pas 9 heures. J’ai donc repositionné le tuyau, cherché de la glaise, de l’argile compacte et humide pour compenser la soudure. Avec la chaleur, elle a séché. J’ai utilisé les élastiques de chambre à air que j’avais autour de mes pantalons pour maintenir le tuyau et l’ensemble en position fixe. Je suis sorti sans que ma lampe ne s’éteigne. Là, c’est une réparation temporaire, un bricolage pour se tirer d’affaire, mais c’est vrai qu’on peut faire une différence avec la création d’une technique. L’ingéniosité qu’on développe face à un pépin est une chose, les techniques vernaculaires, qui ne sont pas des techniques déjà établies, en sont une autre. Dans cet ordre idée, il y a la jonction cagoule Marboré/pontonnière, à coups d’élastiques. Au départ, ce n’était pas conçu pour aller ensemble. Mais on a créé un nouvel ensemble qui s’est diffusé ensuite. Les fabricants n’y avaient pas pensé. L’un fabriquait des « capotes », l’autre concevait une tenue étanche. Sans chambre à air, tu n’étais pas un spéléo. Ça servait à tout.

Le bloqueur est mis au point en 1963 par Bruno Dressler et fabriqué par Fernand Petzl, deux spéléos français, pour apporter une solution technique propre aux situations souterraines. Mais il ne suffit pas d’avoir des bloqueurs pour remonter sur une corde fixe et en toute sécurité. C’est dans un assemblage, dans une configuration technique que réside la solution. Il faut que les bloqueurs soient correctement positionnés : un bloqueur de pied, le pantin ; un bloqueur de torse, le croll, fixé au baudrier et collé à la poitrine ; et un bloqueur de point relié au baudrier et muni d’une pédale étrier pour utiliser la force de l’autre jambe. Et il faut pouvoir le mettre en œuvre une fois sur place.

Il y a aussi les nœuds. Les nœuds, c’est d’abord le monde de la marine, mais la spéléo en a apporté quelques-uns, adaptés à ses besoins, principalement pour répondre à des critères de résistance en cas de chute ; de glissement, notamment avec les cordelettes en dyneema ; ou pour mieux répartir les charges aux amarrages. Ce sont les grandes lignes mais les exemples précis sont nombreux.

8. Bambous d’escalade pour la prise de concrétions

8. Bambous d’escalade pour la prise de concrétions

Longniandòng (grotte de Longnian), Donglan, Chinexplo 2019

9. Fistuleuse. Grotte du Cirque à Assier (Lot, France)

9. Fistuleuse. Grotte du Cirque à Assier (Lot, France)

© Jean-François Fabriol. Avec son aimable autorisation

Et puis, en expédition, on découvre des « montages techniques » qui nous font dire que l’exploration n’est pas l’apanage des Occidentaux. Au Mexique, dans la grotte de Aztutla de la Sierra Negra, des locaux sont descendus dans un puits de 30 m à peine incliné sur des troncs d’arbre taillés d’encoches pour faire des marches, en parvenant à caler les troncs en oblique les uns à la suite des autres, jusqu’à atteindre le fond, sans doute pour des cérémonies rituelles, puisqu’un piédestal fait de grosses pierres plates surmontées par des pierres levées se dresse au milieu de la salle. Quand nous avons découvert la cavité, plusieurs troncs étaient encore en place, mais inutilisables, prêt à s’effondrer.
Les structures de bambous impressionnantes qu’on trouve en Chine en disent beaucoup sur les capacités « techniques » à explorer, ou à exploiter les lieux (fig. 8). J’ai été sidéré par l’aisance de notre guide dans la grotte de Longnian (Longniandòng) dans le Guangxi en 2019. Il est âgé de 60 ans, mais à 20 ans il faisait la collecte et le trafic de concrétions, de spéléothèmes. Les restes de gigantesques échafaudages en bambous, construits pour atteindre les monuments naturels à des dizaines de mètres dans la voûte du plafond attestent des prouesses de jeunesse de son équipe – et aussi de leur totale inconscience ! – tant ils sont aériens et défient la verticalité (Bartholeyns 2020).

Quels sont quelques-uns des émerveillements que réservent les mondes souterrains ? Quels sentiments « terrestriels », pour reprendre le néologisme de Jules Verne, provoquent l’exploration inédite ?

Le premier choc qui me vient à l’esprit, c’est la découverte de peintures rupestres. J’avais vu beaucoup de formations naturelles rares, des vraies splendeurs. J’avais lu pas mal d’articles sur l’art pariétal et vu beaucoup de photos. Mais je n’ai pu en admirer qu’en 2005, dans la grotte de Pech Merle où les visites sont extrêmement réglementées. Les arrêts, minutés, se font à des endroits stratégiques pour voir, à distance, des œuvres datées de 14 000 à 24 000 ans. Malgré mon expérience, j’étais ébahi devant les panneaux de chevaux, de bisons, d’aurochs, de mammouths, devant le pochoir d’une main ou l’empreinte d’un pied. Et le guide de me dire sans cesse : « Pourriez-vous avancer, Monsieur, le groupe suivant arrive… » En 2013, au Gabon, dans la grotte du Caillou de la Lune, près du village de Doussegoussou dans la région de Tchibanga, j’effectuais des mesures avec Michael Laumans, un spéléo allemand. Il tenait la mire. Subitement, je ne réponds plus à ses appels. J’étais béat devant des petits dessins rupestres. C’est le hasard de l’heure qui m’a donné la chance de les voir et qui explique pourquoi l’artiste a choisi cet endroit. Je me trouvais dans une faille oblique assez redressée, et juste à cette heure le soleil éclairait la paroi. J’étais hypnotisé. Michael Laumans a dû m’appeler plusieurs fois. Ce genre de moments porte une magie particulière.

Alors évidemment on sait gré à Verne d’avoir si bien fait le portrait du mystère, des dangers, du bonheur du regard des hommes qui vont au centre de la terre. Je pense à ces mots : « Le lendemain, à mon réveil, je regardai autour de moi… une grotte charmante, ornée de magnifiques stalagmites, dont le sol était recouvert d’un sable fin. » Combien de vocations ce livre a fait naître – à côté des photographies iconiques qu’on peut voir maintenant un peu partout ? Elles suscitent aussi l’envie d’aller sous terre pour faire soi-même des images de ces lieux invisibles. La photographie souterraine n’est pas seulement un plaisir en soi. Il y a la satisfaction de faire partager la grandeur et la diversité des paysages rencontrés. Remontrer avec des « belles » photos du karst, de vastes salles, des puits colossaux, des excentriques ou un animal d’une espèce relictuelle, fait prendre conscience de la nécessité de respecter et de protéger ces milieux exceptionnellement fragiles et retirés. Le non-initié n’imagine pas la difficulté d’une randonnée de photographie spéléologique, et moins encore la patience obéissante des assistants porteurs de flash !

Au retour de chaque découverte, j’ai le sentiment d’avoir effectué un voyage sans mesure, d’avoir remonté le temps de plusieurs millions d’années, le temps nécessaire à l’eau pour construire tant d’astucieuses combinaisons cristallines qui, dans la lumière brusque de notre arrivée, scintillent comme la mer. Déambuler pieds nus dans des salles immaculées, miraculeusement concrétionnées, c’est voir la nature en fête et assister à un spectacle grandiose. Dans ces moments, on se sent vraiment privilégié. Il y a une poésie écologique des paysages karstiques. Dans la nuit du monde minéral, aussi motivant que la peur, l’inconnu fait monter l’excitation de la découverte. Quelle récompense après des heures d’efforts ! Le cœur bat plus fort, et nos brèves incursions donnent toute la mesure de notre place sous terre.

La spéléologie, c’est aussi se sentir à l’aise dans un décor multimillénaire, sensible et fragile, de stalagmites et de stalactites multiformes aux couleurs chaudes. C’est profiter de la légèreté du silence minéral ponctué par l’éclatement d’une goutte d’eau sur la surface limpide d’un gour d’un blanc immaculé qui dessine des cercles concentriques parfaits – avant de nous effacer à nouveau devant la fragile éternité.

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Bibliographie

Bartholeyns, J.-P. 2020 « Caves. Quarries of speleothems », UIS Bulletin 62 (2) : 34-37.

Spinoy, F. 1978 « Marbach est optimiste, Petzl est pessimiste », Spéléo Flash. Entre-Deux. Bulletin de la Fédération Spéléologique de Belgique 111 : 7.

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Notes

1 Spéléologue belge, photographe de formation et initiateur des explorations du Massif de Siebenhengste-Hogant.

2 Spéléologue belge, décédé en initiation de plongée dans la grotte de Remouchamps (Belgique) le 8 mai 1988, à 32 ans.

3 Spéléologue et plongeur belge, ingénieur civil des mines, hydrologue au Service public de Wallonnie.

4 Spéléologue et plongeur belge, docteur en Sciences, alors attaché au Centre d’étude pour l’énergie nucléaire (SCK-CEN).

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Table des illustrations

Titre Image d’ouverture
Légende Franchissement du lac d’entrée de la grotte de Gournier par Georges Thys sur « Le Gaillard » en 1964, Choranche, Vercors, France
Crédits © Francis Spinoy. Collection Georges Thys
URL http://journals.openedition.org/tc/docannexe/image/15660/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 4,6M
Titre 1. Galerie « stalinienne » de la grotte-mine de Kan-i-Gut, Kirghizstan, 2017
Crédits © Maria Louisa Garbieri et Giovanni Belvederi, Speleozitan 2017
URL http://journals.openedition.org/tc/docannexe/image/15660/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 1,0M
Titre 2. Plan partiel des Siebenhengste, mis au net à la main par Francis Spinoy, 1980
Légende Extrait de Spéléo flash n° 100, juin 1977, Bulletin de la fédération spéléologique de Belgique
Crédits © Francis Spinoy, 1980. Avec son aimable autorisation
URL http://journals.openedition.org/tc/docannexe/image/15660/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 859k
Titre 3. Carnet de notes prises sur le terrain et « squelette » sous Visual topo montrant l’entrelacs de galeries et la complexité de sa mise au net. Yinhédòng, Pintang, Guizhou
Crédits © Jean-Pierre Bartholeyns (notes et carte) et Florence Guillot (carte), Chinexplo 2019
URL http://journals.openedition.org/tc/docannexe/image/15660/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 667k
Titre 4. Dessin de Francis Spinoy, Spéléo flash, 1977
Crédits © Francis Spinoy, Spéléo flash, 1978
URL http://journals.openedition.org/tc/docannexe/image/15660/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 494k
Titre 5. La pontonnière gonflable, dessin de Francis Spinoy, Spéléo flash, 1978
Crédits © Francis Spinoy, Spéléo flash, Bulletin de la Fédération Spéléologique de Belgique no 100, juin 1977, p. 88
URL http://journals.openedition.org/tc/docannexe/image/15660/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 763k
Titre 6. Progression, à l’échelle d’électron, en suivant la rivière dans la « faille du polonais »
Légende © Francis Spinoy, 1977. Avec son aimable autorisation
URL http://journals.openedition.org/tc/docannexe/image/15660/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 1023k
Titre 7. Dans les entrailles de la grotte de Gournier (Vercors, France), coulée stalagmitique
Légende Francis Desmet (debout) et Guy Ryckaert alimentant en eau sa lampe à carbure
Crédits © Francis Spinoy, 1964. Avec son aimable autorisation
URL http://journals.openedition.org/tc/docannexe/image/15660/img-8.jpg
Fichier image/jpeg, 1,4M
Titre 8. Bambous d’escalade pour la prise de concrétions
Légende Longniandòng (grotte de Longnian), Donglan, Chinexplo 2019
URL http://journals.openedition.org/tc/docannexe/image/15660/img-9.jpg
Fichier image/jpeg, 1,4M
Titre 9. Fistuleuse. Grotte du Cirque à Assier (Lot, France)
Crédits © Jean-François Fabriol. Avec son aimable autorisation
URL http://journals.openedition.org/tc/docannexe/image/15660/img-10.jpg
Fichier image/jpeg, 1,2M
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Pour citer cet article

Référence papier

Jean-Pierre Bartholeyns et Gil Bartholeyns, « L’esprit de profondeur »Techniques & Culture, 75 | 2021, 120-135.

Référence électronique

Jean-Pierre Bartholeyns et Gil Bartholeyns, « L’esprit de profondeur »Techniques & Culture [En ligne], 75 | 2021, mis en ligne le 01 janvier 2024, consulté le 19 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/tc/15660 ; DOI : https://doi.org/10.4000/tc.15660

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Auteurs

Jean-Pierre Bartholeyns

Jean-Pierre Bartholeyns, professeur d’éducation physique, a commencé la spéléologie en 1964 en adhérant au Spéléo-club de Bruxelles « Les Stalacs ». Il fonde avec trois amis, en 1975, le Groupe Interclub de Perfectionnement par la Spéléologie (GIPS) qui a pour vocation l’exploration du Massif des Siebenhengste en Suisse. Il est un des premiers à obtenir un brevet de Moniteur sportif en spéléologie de l’Administration générale du sport (ADEPS) où il a été Conseillé technique, encadrant de nombreux stages de formation. Dès 1970, il milite pour protéger et sauvegarder les milieux souterrains et devient administrateur de la Commission Nationale de Protection des Sites Souterrains (CNPSS) puis, suite à la régionalisation, de la Commission Wallonne d’Étude et de Protection des Sites Souterrains (CWEPSS). Il sera également administrateur puis secrétaire général de la Fédération Spéléologique de Belgique, responsable de sa publication Spéléo Flash, puis administrateur de l’Union Belge de Spéléologie (UBS), responsable notamment de sa Commission Exploration. 57 ans de pratique spéléologique l’ont conduit dans les grottes belges, françaises, suisses, autrichiennes, allemandes, roumaines, bulgares, grecques, macédoniennes, tchèques, libanaises, chinoises, sud-coréennes, brésiliennes, australiennes, indonésiennes, birmanes (Myanmar), nord-américaines ; à en découvrir et explorer en France, en Suisse, en Grèce, au Gabon, en Inde, au Laos, au Mexique, aux Philippines dans le cadre d’équipes internationales scientifiques où il est souvent responsable d’expédition. En 1997, il accepte la responsabilité du Département Protection du Karst et des Grottes et celle de Secrétaire adjoint (2009-2017) de l’Union Internationale de Spéléologie (UIS).

Gil Bartholeyns

Gil Bartholeyns est historien. Il enseigne les cultures matérielles et visuelles à l’Université de Lille et est co-rédacteur en chef de Techniques&Culture. Il a publié récemment Le Hantement du monde. Zoonoses et Pathocène aux Éditions Dehors, 2021.

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