« Notre Comité Technique serait très ennuyé si, après avoir travaillé tant d’années
sur des véhicules aérospatiaux atomiques, les clairvoyants étaient les premiers à aller sur Mars. »
Arthur Clarke à Olaf Stapledon (Stapledon 1948)

1Ainsi s’exprima l’écrivain de science-fiction Arthur Clarke lors d’une conférence donnée par son confrère Olaf Stapledon à la British Interplanetary Society en 1948, alors que ce dernier explorait l’idée que la conquête spatiale offre une possibilité d’un développement non pas tant matériel que spirituel d’une « conscience cosmique » (Stapledon 1948).

L’« exo-tech » : étude de cas

« On peut qualifier cette machine d’ésotérique parce qu’elle implique un chemin de connaissance complexe et caché pour l’étudier et en comprendre les principes. Mais pour moi, elle contient surtout les pistes de la physique de demain, une physique et un regard sur le monde qui bouleversent complètement nos conceptions du Temps et de l’Espace. »

La télémobile de Sankhyananda

7On sait l’attirance exercée par les philosophies orientales, indiennes en particulier, sur les occultistes du xix^e siècle. Le roman initiatique de Sédir, grand érudit, contient à ce titre de bien curieux ingrédients. L’auteur décrit un temple-laboratoire où il n’y a « ni minéraux rares, ni essences précieuses, ni appareils de magie psychologique », mais où « les savants qui y travaillent n’étudient que ce que les Européens appellent les forces physiques, et cela, au moyen d’instruments très sensibles » (1917 [1901] : 24). On y isole ces forces des courants magnétiques du sol et de l’atmosphère et on obtient ces conditions pures d’expérimentation par « des procédés de fabrication manuels. Jamais de machines ; les pièces métalliques, les fils, tout est martelé, forgé, laminé, embouti à la main, avec une patience incroyable. » L’auteur mentionne qu’un des ouvriers « tapotait sans arrêt une pièce de cuivre depuis le lever du soleil jusqu’au coucher avec un marteau d’horloger ; pendant la nuit, un autre le remplaçait » et que ce travail durait plusieurs mois. Le maître des lieux, Sankhyananda, un yogi, nous promène alors dans ce qui s’apparente à un musée de machines. Il s’arrête devant l’une d’entre elles dont « l’usage invraisemblable », nous dit l’auteur, « dépasse les plus extraordinaires imaginations des romans scientifiques ». Il s’agit d’« une sorte de grande caisse cubique faite d’une substance jaune comme l’or et transparente comme le verre », appelée « Duracôpôlom », traduisible par « télémobile » et dont Sankhyananda dit qu’ils s’en servent pour « voyager dans les planètes de notre univers matériel ».

9On comprend tout l’intérêt de cette théorie vibratoire de l’univers où le mouvement atomique est conçu de manière modale et où les éléments et les sens se répondent jusqu’à trouver des équivalents au sein du psychisme humain. Parmi ces mouvements, Sankhyananda et ses disciples ont notamment porté leurs efforts expérimentaux sur le classement des sons et des fréquences, selon leurs propriétés caloriques, sur le mouvement dégagé et sur comment en augmenter l’intensité grâce à « diverses recettes psycho-physiologiques ». Ainsi, dit-il, il est possible de « s’élever en l’air et demeurer suspendu un certain temps par l’emploi d’un certain son sous une certaine tension nerveuse ; en d’autres termes, de la force nerveuse peut agir sur de la matière par le moyen du son. Voilà un point acquis » (ibid. : 25). Mais là n’est pas le seul des « points acquis » par Sankhyananda et ses disciples. L’autre concerne la notion même d’espace, « l’un des plus difficiles à fixer », dit-il. « Vous autres Européens, vous ne concevez que l’espace physique. Vous le nommez espace réel. Pour nous, il est l’illusoire ; tandis que notre espace réel est celui que quelques-uns de vos géomètres et de vos mathématiciens ont appelé l’hyperespace. » Un espace qui selon Sankhyananda a une forme finie, sphérique, « parce qu’il n’y a pas de raison qu’il s’étende dans un sens plutôt que dans un autre » et qui comporte différents plans, ses habitants étant soumis à « la loi inéluctable de la transformation » (ibid. : 26).

10C’est alors que le yogi expose les principes de la télémobile, un appareil qui doit pouvoir « se transporter sur tous les plans de l’espace et y subsister », sans sortir de l’univers visible. Ce qui paraissait jusque-là inconcevable, un transport sur place qui n’a rien à envier à ce que Paul Virilio a appelé un jour les technologies de l’« inertie polaire » (Virilio 1990), a été rendu possible grâce à une bureaucratie impressionnante de fiches et de tableaux consignant plus de deux cents siècles d’observations astronomiques et astrologiques du firmament « au point de vue mécanique, mathématique et biologique ». « Aujourd’hui encore », ajoute-t-il, « chaque nuit, des fiches sont dressées. On les centralise, on les classe, on les synthétise. Et nous établissons ainsi pour chaque corps céleste un tableau hypothétique de toutes ses propriétés physiques, chimiques et naturelles. Ce ne sont que des probabilités que nous dégageons ainsi, mais le calcul démontre que les chances d’erreur sont infimes. »

11Cette drôle de bureaucratie au service d’une conquête de l’espace intersidéral n’a pas grand-chose à voir avec celle des agences aérospatiales contemporaines. Le projet de Sankhyananda est celui d’une conquête énergétique de l’espace et la télémobile n’a rien d’un vaisseau comme les autres. Ce n’est même pas à proprement parler un véhicule, même s’il s’agit d’un dispositif qui permet tout de même d’effectuer un déplacement, car comme le dit son concepteur : « si un observateur se transportait en télémobile au plus près de la planète la plus voisine, il pourrait rectifier le tableau dressé pour cette planète. Ensuite nos chimistes et nos ingénieurs pourraient inventer une seconde machine, pour l’examen de la planète suivante. » Dans le sempiternel débat sur les origines magiques de la science et le contenu scientifique de la magie, Sankhyananda semble avoir tranché. Soulignant que les magiciens ne sont pas « des demi-savants exaltés, mais des ingénieurs, des physiciens, des chimistes de l’Invisible », il invite à se replonger dans la magie pour en extraire une « cinématique inconnue », voyant dans la littérature védique bien plus qu’une poésie rituelle, les éléments d’une science expérimentale des énergies en acte. « Les naïfs qui s’hypnotisent sur des pentacles ou des mantrams pour obtenir un pouvoir ne savent pas que ces dessins sont les schémas d’une cinématique inconnue, dont les domaines sont les mystérieux espaces à quatre, cinq, six et sept dimensions. Imaginer cela semblerait déjà une pure folie à vos philosophes. Il existe cependant des entités actives, dans ces espaces ; des intelligences y pensent, des organismes corporels y travaillent, y fabriquent des machines, y enfantent des œuvres d’art. Les pentacles, ce sont les lignes de forces de ces machines, les charpentes de ces statues invisibles, de ces symphonies inaudibles […] ».

12La télémobile condense les spéculations philosophiques et physiques d’une époque déjà fascinée par la matière pleine du vide. Il faut en décrire plus concrètement les contours. Véritable machine énergétique, cet accumulateur de particules part du principe que les atomes qui s’agitent à l’échelle de la matière baignent dans un milieu plus fluide encore « constitué par d’autres atomes bien plus petits, animés de vitesses vertigineuses, choquant sans cesse les atomes d’éther, et leur imprimant ainsi des mouvements vibratoires ». Sankhyananda invoque ici le Mandala Brahmana qui décrit les cinq formes d’éther, akasa-s, notamment le Vyoma-Panchaka-Akasa, « agent capable de modifier les positions des atomes dans un corps » et le Souryà Akasa qui « se caractérise par une propriété spéciale de condensation ». Et il mentionne qu’il a trouvé un corps capable de recevoir « une charge considérable de ces molécules spiritueuses, auxquelles toutes les formes matérielles à trois dimensions restent perméables ».

14On l’aura compris, au lieu de nous conduire dans l’espace par un véhicule motorisé, nous avons affaire à une caisse transparente localisée sous terre et dont l’emplacement a été choisi sur une carte des « courants magnéto-telluriques ». Cette caisse est conçue pour résister aux « changements de température, orages électriques, incursions de visiteurs imprévus, toutes sortes d’incidents possibles au cours d’une traversée interplanétaire ». Sankhyananda prétend avoir utilisé des principes de géométrie hyperbolique et s’être inspiré de la figure de l’horocycle, cette « courbe fantastique, parallèle à une droite, qui engendre des surfaces et des volumes se développant naturellement à l’intérieur des surfaces et des volumes euclidiens », pour concevoir ce qui s’apparente à un grand coffre cubique, dans un métal précieux transformé à force de battages et de trempes spéciales, « inattaquable à tous les agents mécaniques et à tous les réactifs physiques connus » (ibid. : 28) et capable d’élasticité dans d’autres plans de réalité. Le coffre cubique peut en effet condenser « l’éther lumineux du Taijjas » (feu) et se remplir de la « substance impondérable du Souryà Akasa » (énergie solaire). Ces états transitoires de la matière, accessibles à la perception uniquement par un intense entraînement psychique selon le samkhya, sont rendus tangibles au sein d’une centrale qui préfigure les accélérateurs de particules les plus modernes, sauf qu’elle est à échelle humaine et permet à l’humain d’effectuer un voyage à l’intérieur de l’énergie du vide. La caisse transparente porte d’ailleurs en son centre un petit appareil qui ressemble à un livre de cristal et qui n’est rien d’autre qu’un accumulateur conçu dans « un métal extrait de certaines alumines avec des soins infinis » capable d’absorber la « force sonique » et « le fluide nerveux au moyen duquel l’être humain perçoit des sensations et conçoit des idées ».

15La technologie vient prendre le relais de la gnose visionnaire du samkhya, mais c’est le rituel qui donne tout son sens à cette machine d’initiés. Il faut pour rentrer dans le caisson avoir suivi un yoga spécial, afin que l’organisme supporte d’énormes tensions électriques. Il est nécessaire aussi de charger l’accumulateur. Et pour cela, sept prêtres se soumettent pendant quarante jours à une discipline drastique, « à des périodes fixées par les astrologues au moyen d’une étude minutieuse des variations magnéto-telluriques ». Ils suivent un régime alimentaire spécial, à base d’avoine, de cervelle d’animaux et de « poissons très électriques » et s’enferment dans une cellule peinte en mauve ornée des schémas de la force à capter. Ils répètent des mantras, se concentrent sur les propriétés de la force qu’ils doivent arriver « à voir, toucher, déguster, sentir et entendre ». Trois jours de sommeil continu sont ensuite imposés aux opérateurs et pendant sept jours, six d’entre eux « chargent la machine par l’imposition des mains, sans se reposer, sans manger, sans dormir ».

16La suite s’apparente à un grand rituel qui a lieu à une centaine de mètres sous terre et dont la pleine efficacité dépend de la mise en condition de ses opérateurs. Au bout du septième jour de préparation, « leur aspect était fantastique », dit le narrateur. « Vivant dans l’obscurité depuis sept semaines, car la lumière solaire contient des rayons impropres à l’expérience projetée, la peau de ces hommes avait pris la couleur du vieil ivoire ; leurs yeux creux brillaient d’un éclat fixe sous les paupières bistrées ; ils mesuraient tous leurs mouvements pour économiser leurs forces. » C’est alors qu’on les conduit « dans la cellule où repos[e] la télémobile à une vingtaine de mètres sous terre » et qu’on les fait asseoir « en des points fixés d’avance sur des peaux de lynx » (ibid. : 29).

17Il faut imaginer nous dit le narrateur, « le silence absolu de cette cave, son atmosphère étrange, l’allure fantomatique des personnages ». Un tel spectacle ne laisse pas indifférent. Voici comment il décrit, à la fin du texte, l’entrée du septième opérateur dans la caisse transparente. Il est « placé en diagonale, les jambes repliées et les mains jointes, selon une certaine asana » tandis que derrière lui se trouve l’accumulateur et « à hauteur des yeux un disque d’or bruni, sous ses coudes deux manettes en cristal communiquant par deux tiges d’argent avec l’accumulateur ». En silence, sous la lueur d’une mèche trempée dans de l’huile de camélia, l’homme est assis, immobile sur son siège creux, rempli d’un charbon en poudre de bois de laurier, « la respiration suspendue, les prunelles déjà révulsées, en dharana (état de concentration avec arrêt du souffle) ». Quant au narrateur, il nous dit qu’il est « accroupi dans un réduit extérieur et observe tout par une épaisse vitre violette » et que « les courants intenses qui la traversent rendent le séjour de la cellule dangereux si on n’a pas suivi l’entraînement ». Le voyage proprement dit est décrit de la manière suivante : « L’opérateur pèse sur les manettes, deux ou trois fois. Un sifflement perçant me vrille les oreilles, suivi d’une rumeur énorme de mer démontée. Et la caisse disparaît soudain de mon regard… je fus tellement surpris que je crus avoir été hypnotisé. Cependant je voyais toujours les six aides immobiles, j’entendais mon maître me parler, je n’avais pas de fièvre. Je venais donc d’assister à une désintégration, et de la sorte la plus extraordinaire. » Sankhyananda explique que le métal de cet appareil mystérieux est « saturé si intimement de fluide sonique, que son image, sa carcasse invisible persiste dans la cellule ». Il en est de même pour le corps de l’opérateur dont le double reste dans la cellule, « visible pour un clairvoyant » et fixé par une figure géométrique dessinée sur le sol. Une semaine plus tard, Sankhyananda fait redescendre le narrateur dans le réduit d’observation où il s’aperçoit que les six psychonautes sont toujours là « comme autant de statues ». Le narrateur raconte qu’au bout d’une heure, « une fluorescence traversa la pénombre ; les aides étendirent leurs mains vers le schéma. Une vapeur flotta dans l’air, et, silencieusement, d’un coup, la caisse translucide fut, avec l’opérateur, dans la même position qu’au départ. On le sortit, rigide comme une momie, on le transporta rapidement dans une pièce voisine où un bain chaud était préparé ; frictions, massages, onctions, soins minutieux lui furent prodigués. Puis on le remonta à l’air, on lui fit prendre quelques aliments, et il se mit à faire son rapport au chef de la communauté, en se promenant de l’allure la plus tranquille, comme s’il n’était pas le héros d’une incroyable odyssée. »

18Rien n’est dit curieusement de l’odyssée proprement dite. Pas de mondes spectaculaires visités, pas d’extraterrestres, pas de message particulier. Mais dans une version antérieure du texte, sensiblement plus longue et éclatée, parue en 1903 dans les Lettres magiques, Sédir donne d’autres éléments. Il parle d’un cérémoniel shivaïte préalable, une cérémonie « orgiaque » organisée en surface, au milieu des ruines et de la jungle luxuriante. La machine, tellement extraordinaire, « semble une histoire si vraisemblablement signée Jules Verne » (ibid. : 60). Les opérateurs passent leur temps dans un état « analogue à l’hypnose » pour réciter les mantras dans la chambre mauve. Le métal vibrant s’active par les formules et on enduit le septième opérateur qui est l’expérimentateur, d’un vernis pour en obturer les ouvertures. Il est explicitement dit que l’homme nu ne peut pas respirer durant le voyage tandis que les auxiliaires restent assis le long des murs de ce qu’il appelle le « local d’expérimentation » sachant que « les ondes fluidiques qui y sont condensées peuvent affecter gravement les nerfs cérébro-spinaux » (1903 : 91). Avant la désintégration, on peut voir « les mains de l’opérateur abaisser deux leviers, comme font nos chauffeurs en Occident pour changer de vitesse » avant qu’un sifflement perçant se fasse entendre. Puis plus rien. L’opérateur disparaît. Dans cette version, Sankhyananda commente la désintégration ainsi : « Tous les jours, votre pensée vagabonde en Chine, en France, dans la lune, mais ces voyages-là sont réels ; vous émettez des petits voyageurs, invisibles à vos yeux de chair, et qui retournent à leur point de départ, qui est, pour vous, l’endroit où repose votre moi physique. Mais pour nous, notre moi est là où est notre volonté. Si je pense à Paris, mon moi est réellement à Paris. Donc, il m’est possible d’y transporter aussi mon enveloppe physique, à condition que je laisse ici un noyau où elle pourra se reconstruire ; c’est ce qui a lieu dans la chambre sous nos pieds. Avez-vous remarqué qu’une figure géométrique était dessinée sur le sol à l’endroit où se trouvaient les accumulateurs ? C’est cela le noyau de reconstitution de la machine et du voyageur » (ibid. : 91-92). Et on apprend qu’une fois l’expérience terminée, les aides réinstallent le Duracôpôlom dans le laboratoire et passent le reste du jour à « inspecter minutieusement les parois de la cellule, pour y combler les moindres fissures. »

19C’est plus loin que le sens de ce « conte fantastique » semble se révéler à son auteur. Ces « logiciens absolus » pensent que « les forces physico-chimiques qu’ils étudient ne sont pas éparses çà et là dans le vaste domaine des faits biologiques ; ils estiment qu’il y a sur la terre des analogues plus vastes de ce que nos physiciens appellent un champ électrique, qu’il y a une région électrique ou mieux un règne de l’électricité, du magnétisme, du son, ainsi de suite comme il y a un règne des minéraux ou des plantes ». L’enjeu était donc de trouver « des appareils sensibles à leur action, pour prolonger le pouvoir de nos sens » et de se livrer à « une éducation spéciale de notre système nerveux sensoriel », conciliant « les extrêmes du matérialisme et de la mystique » dans ce que l’auteur qualifie de « méthode mixte ». Celle-ci consiste à produire les conditions d’un véritable voyage au cœur de l’univers sans quitter la terre, à créer pour cela un « plan magnétique artificiel » et à « mettre un sujet entraîné en rapport avec le point de l’espace et le moment où devait se produire un fort rayonnement magnétique ». Dans cette vague, l’expérimentateur serait « entraîné tout en conservant un « point d’attache avec le plan physique » (ibid. : 97), tel un plongeur dont le séjour dans la mer ne serait pas restreint par la contrainte de la respiration. Plus loin, l’auteur raconte comment il s’est soumis à cette expérience qui n’était rien d’autre qu’une expérience de yoga. « Je vis clairement », dit-il, « les forces qui mènent le monde se dévoiler peu à peu suivant la mesure de celui qui les regarde. Elles apparaissent d’abord comme des hasards ; ensuite, on les découvre sous forme de fluides, d’ondes, de vibrations ; après, longtemps après, on voit que ce sont des êtres individuels » (ibid. : 101).

Les « terrestrialités » suspendues : désintégration versus régénération

« En T4, mouvements très rapides, en spirales verticales qui se produisent deux fois : l’un monte et descend deux fois à raison de 13 mm/seconde. Quelque chose s’agite et crée le champ magnétique. En T1, T2, T3, des mouvements lents, d’amplitude à 42.75°, en rotation, six rotations/minute (mise en cohérence cardiaque ?) En T1 et T2 : mouvement droite-gauche (sens horaire). En T3 : mouvement gauche-droite (sens antihoraire). Rotation spiralée. »

22La zone T4 fonctionne, quant à elle, « comme un mixeur ». Le faisceau lumineux entre verticalement dans la pyramide par son sommet et une fois que « la mixture de fréquences et de lumière » est prête dans cette zone, elle « descend à travers la personne ». Dans sa transparence, la zone permet « la réflexion » tandis que le corps est situé de telle façon que la lumière irisée puisse atteindre la personne « par le sommet du crâne ». « L’œuf-diamant-cristal à facettes » à l’intérieur de la pyramide à degrés mentionné dans les premières communications a évolué vers « une pure fonction à multiples facettes » aux zones T1-T2-T3 de la pyramide C. Il s’agit d’un vide et non pas d’un objet, constitué de « particules en mouvement qui occupent l’espace ». Les trois espaces (T1, T2, T3) ne sont pas physiquement segmentés, mais le mouvement qui s’y produit reste confiné dans des segments qui agissent comme des « mini-facettes réfléchissantes ».

23On entre dans la pyramide par en dessous, via un tunnel, mais l’ensemble de la pyramide pourrait bien être en fait un hologramme. « Dans cette construction, il y a vraiment matière et non-matière », précise Irène. Il y a un fort écart entre la première et la dernière communication concernant la matérialité du dispositif. L’anneau visualisé au départ, par exemple, semblait physique, puis est devenu « une lumière qui tourne » à l’extérieur de la pyramide, « un champ magnétique lumineux qui permet d’en activer le mouvement interne. Le bouton ON. » Si la pyramide est projetée sans aucune matérialité, il pourrait s’agir simplement d’« un code à inscrire à l’horizontale ou bien les gens pourraient être mis dedans sous forme d’hologramme, soit s’y projeter en dissociation, ce qu’on fait en hypnose ». « Je dissocie et dédouble la personne et l’imagine aller dedans », commente Irène.

24L’utilisation de la pyramide se fait toujours à deux : « une personne qui entre dedans pour recevoir le soin et une autre qui reste à l’extérieur et active la pyramide une fois que le patient y est entré ». Le but de la pyramide est bien d’opérer une transformation de l’être vivant, un rééquilibrage ou une régénération qualifiée de « cellulaire ». On ne sait pas bien comment, mais c’est un moment particulier d’accès à des « informations du futur, du passé, de l’au-delà pour créer notre futur ». Quand on est dans cet état-là, « la matière se transforme ». II ne s’agit pas simplement d’un « état de conscience expansée » de l’individu mais de la matière. Le chat l’a clairement dit et Irène s’est faite l’interprète de son étrange prophétie : nous serions dans « une période vraiment instable, au niveau des changements dans la matière, comme si le noyau terrestre se fissurait, comme si ce qui semble maintenir la masse terrestre se disloquait ». La pyramide interviendrait alors à un niveau terrestre pour en opérer la guérison. « On soigne l’état de la matière, avant qu’il ne soit trop tard. »

25Alors que j’arrête ce récit, ce décélérateur de particules (plutôt qu’accélérateur) destiné à réparer la Terre et les vivants est encore en chantier, à la fois dans ses composantes et ses modalités de fonctionnement. Tout indiquait que la pyramide ne répondait pas seulement à une suite de Fibonacci dans sa structure, créant des « ondes stationnaires » permettant le redressement énergétique de l’individu, mais que le maelström d’ondes lui-même suivait cette logique omniprésente dans la nature qui étonna Alan Turing et bien d’autres étudiant la morphogenèse des ammonites, des tournesols ou même, selon certaines hypothèses, les mécanismes de résonance à l’échelle de l’ADN (Pérez 2020).

26Ariane eut longtemps après ces communications de drôles de visions, notamment une où elle guérissait une de ses connaissances atteinte d’une tumeur. Elle était debout au centre de la pyramide et se mit à ressentir « une grande intensité de fourmillements (comme une connexion s’opérant) » traversant son corps « de la tête (fontanelle) jusque dans les pieds », avant de sentir son corps osciller dans des mouvements d’ellipses « en forme de pétales de fleur » puis de « se repositionner au centre de la pyramide, de se pencher fortement en avant, et de maintenir cette position avant de revenir presque à la verticale ». Les vibrations dans la pyramide ont alors cessé. Le processus était terminé.

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