Abstracts
Les sites mégalithiques déchaînent les passions et stimulent des tas d’hypothèses quant à leur construction. Une abondante littérature spéculative témoigne de cet intérêt. Aux marges de l’archéologie, certains sites renommés (Stonehenge, etc.) sont même devenus des terrains privilégiés pour une foule de chercheurs amateurs, de thérapeutes, d’énergéticiens, de clairvoyants, voire de néo-chamanes. Des pratiques énergétiques de « reconnexion terrestre » ont aussi lieu sur des sites moins connus, comme les chaos de pierre organisés qui font l’objet de cet article, en plein cœur du Massif central. On y observe comment des pierres peuvent devenir de véritables dispositifs pour une foule d’expériences peu ordinaires. Pour ceux qui s’y adonnent, il s’agit autant d’étendre sa sensibilité, de plonger dans des états modifiés de conscience, d’effectuer au contact de la pierre des voyages mentaux, que de venir se ressourcer, puiser une énergie ancestrale, éprouver du sentiment océanique ou capter des vibrations émanant des profondeurs de la terre. Aux frontières du minéral et de l’hallucinatoire, ces expériences sont décortiquées ici dans leurs ressorts.
Megalithic sites unleash passions and stimulate lots of hypotheses. An abundant speculative literature testifies to this interest. On the fringes of archaeology, certain renowned sites (Stonehenge, etc.) have become privileged areas for amateur researchers, therapists, energeticians, clairvoyants, even neo-shamans. Energy practices of “earth reconnection” also take place at lesser-known sites, such as the organized stone chaos explored in this article, in the heart of the Massif Central. We observe how stones can become real devices for unusual experiences. For those who indulge in it, it is as much about expanding one’s sensitivity, plunging into altered states of consciousness, carrying out mental journeys through contact with the stone, as it is about coming to get in touch with ancestral energies, experiencing oceanic feeling or capturing vibrations emanating from the depths of the earth. These experiences are dissected here in their psychedelic mechanisms.
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Outline
L’appel du minéral ou le sex-appeal de l’inorganique
Par où passent ces réseaux que la raison ignore ? Points d’activation, strates/plans et modules
L’effet lithique : chaos de pierres connectées, échelles de ressenti et harmoniques
First lines
Engloutis dans le champ à haute tension de la variabilité autonome, ils [les lignes, les plans et les cubes] deviennent d’éphémères reflets de surface, imparfaits et ténus, qui réverbèrent les interactions purement énergétiques se produisant dans une profondeur autonome (Dorner 2022 [1947] : 159-160).
Image d’ouverture
Pierre branlante, un point de passage obligé pour mettre en route les circuits neurolithiques. L’inorganique devient puissance d’attraction
© Emmanuel Grimaud et Stéphane Rennesson
Les sites mégalithiques sont des lieux d’expérimentation méconnus. Celles qui font l’objet des pages qui suivent ont été découvertes alors que nous enquêtions sur la « géobiologie ». Dans ce domaine, les recherches se font bien souvent loin des laboratoires ou des institutions, conduites par des chercheurs amateurs. Celui dont nous parlerons dans cet article, Marc, a la particularité d’être inclassable. Ce photographe de formation, à la sensibilité plus aiguisée q...
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References
Bibliographical reference
Emmanuel Grimaud and Stéphane Rennesson, “Neuro-lithique ou le sex-appeal de l’inorganique à l’épreuve du mégalithisme”, Techniques & Culture, 79 | 2023, 112-129.
Electronic reference
Emmanuel Grimaud and Stéphane Rennesson, “Neuro-lithique ou le sex-appeal de l’inorganique à l’épreuve du mégalithisme”, Techniques & Culture [Online], 79 | 2023, Online since 27 June 2024, connection on 19 September 2024. URL: http://journals.openedition.org/tc/19690; DOI: https://doi.org/10.4000/11zrk
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About the authors
Emmanuel Grimaud est anthropologue, directeur de recherche au CNRS (LESC-UMR 7186). Ses recherches portent sur les frontières de l’humain, de la perception, de la technique et de la communication. Auteur de Le jour où les robots mangeront des pommes (2012), L’étrange encyclopédie du Docteur K. (2014), Dieu Point Zéro, une anthropologie expérimentale (Puf, 2021), Metavertigo. Vertiges de l’humain augmenté par ses vies antérieures (La Découverte, 2024). Il a aussi réalisé les films Ganesh Yourself (Arte, 2016), Black Hole, Why I Have Never Been a Rose (La Bête, 2019) et été curateur de l’exposition Persona, étrangement humain (musée du quai Branly, 2016).
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Stéphane Rennesson est anthropologue au Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative (CNRS, UMR 7186). À partir d’enquêtes en Thaïlande et en France, il s’intéresse aux limites de la communication et de la perception à la frontière entre la culture, l’organique et le minéral. Il est auteur d’un livre sur la boxe thaïlandaise, cocoordinateur d’un numéro sur l’exploration des milieux-limites et coréalisateur de deux films sur des combats de scarabées et de poissons organisés autour de coopérations insolites entre joueurs et animaux.
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