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I. Corpus

Identification naturaliste et production des céramiques à décor rustique (1550-1650) : nouveaux axes de réflexion pour une recherche en construction

Species identification and production of rustic wares (1550-1650) : new lines of thinking for ongoing research
Laetitia Métreau, Françoise Barbe, Aurélie Gerbier and Cécile Callou
p. 19-23

Abstracts

The Figulines project is the fruit of thirty years of cross-disciplinary research dedicated to 16th- and 17th-century lead-glazed earthenware moulded in relief. The focus is on rustic ceramics, with naturalist decoration. Although Palissy’s production is now well characterised, some questions still remain unanswered regarding the origin and production of a hundred or so objects, probably mass-produced by later anonymous pottery workshops. This study explores two new methods of investigation. The first seeks to identify the animal and plant species represented, with the aim of detecting technical characteristics common to several production groups, and geographic information about the site of such workshops. The second focuses on the manufacturing chronology of these objects, combining a typological approach with 3D imaging.

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Author's notes

Ce travail a bénéficié du soutien de l’École universitaire de recherche PSGS HCH Humanités, Création, Patrimoine, Investissement d’Avenir ANR-17-EURE-0021 – Fondation des Sciences du Patrimoine, et d’une allocation de recherche de la Région Île-de-France dans le cadre du Domaine d’intérêt majeur « Matériaux anciens et patrimoniaux ».

Full text

  • 1 Palissy, 2010, p. 82.

Puis les herbes qui pres du naturel verdoyent,
Et les petits poissons qui dans les eaux ondoyent,
Aussi des clercs esmailz la tenue couverture.
Au vray te feront dire, en voyant ça & la,
Les animaux rempens à l’entour de cela,
Que l’art ingenieux surmonte la nature
1.

Introduction

  • 2 Né dans l’Agenais vers 1510 et mort emprisonné à la Bastille en 1590. Se reporter à Trombetta, 2010 (...)
  • 3 La philosophie naturelle s’appliquait à l’étude objective de la nature et de l’univers physique qui (...)
  • 4 Du latin rusticus, relatif à la campagne, et figulus, potier (Bouquillon et al., 2013, p. 152). Fig (...)
  • 5 La glaçure est une fine pellicule de verre transparent ou opacifié appliquée à la surface des céram (...)
  • 6 Palissy, 2010, p. 13 et p. 80, note 132.
  • 7 Palissy, 2010, p. 43 ; Perrin, 2001, p. 189.
  • 8 Palissy, 2010, p. 53-59.

1Bernard Palissy2, « philosophe naturel3 » et céramiste de génie, invente vers 1550 les rustiques figulines4, vaisselle d’apparat en terre cuite glaçurée5 à l’étonnant décor naturaliste moulé en relief avec la plus grande délicatesse (fig. 1). Cette production couronne de succès sa longue et difficile quête de la céramique initiée autour de 15306 à Saintes (Charente-Maritime). Elle syncrétise aussi ses préoccupations scientifiques et ses convictions religieuses calvinistes : la Nature, intermédiaire entre Dieu et l’homme qui imite, est à la fois modèle et but à atteindre7. Dès 1555, ces œuvres originales gagnent les faveurs de la cour et de l’aristocratie puis se déclinent bientôt sous forme monumentale pour l’agrément des jardins8. Ces projets titanesques de grottes artificielles semblent éclipser la production d’objets, dont la trace se perd vers 1565, quand l’atelier de Palissy s’établit à Paris.

Fig. 1. Atelier de Bernard Palissy, Paris, fouilles des Tuileries, troisième quart du xvie siècle (fabrication à Saintes vers 1555-1565 ?), Moule de bassin en nacelle à décor de rustiques figulines, plâtre (L. 93 × l. 57 × H. 23 cm), Écouen, musée national de la Renaissance, EP 3434

Fig. 1. Atelier de Bernard Palissy, Paris, fouilles des Tuileries, troisième quart du xvie siècle (fabrication à Saintes vers 1555-1565 ?), Moule de bassin en nacelle à décor de rustiques figulines, plâtre (L. 93 × l. 57 × H. 23 cm), Écouen, musée national de la Renaissance, EP 3434

© RMN-Grand Palais (musée national de la Renaissance, château d’Écouen)/Mathieu Rabeau.

  • 9 Perrin, 2001, p. 61, 66, 70, 72.
  • 10 Dufaÿ et al., 1987.

2Au xixe siècle, la redécouverte des écrits de Palissy – et la construction du mythe national qui s’ensuivit –, des découvertes archéologiques fortuites dans le jardin parisien des Tuileries et la résurgence d’un courant artistique naturaliste favorisent l’apparition de pièces apparentées de qualité variable sur le marché de l’art (fig. 2). Rapidement, des créations contemporaines côtoient les œuvres anciennes de datation et de provenance incertaines : atelier de Palissy ? Suiveurs ? Imitateurs ? Malgré l’absence d’archives et d’objets de référence, collectionneurs et érudits distribuent les attributions, sans préciser les critères utilisés9. Les enjeux financiers et leurs dérives ajoutent à la confusion. Durant près de 150 ans, la recherche a avancé par tâtonnements. Enfin, dans les années 1980, les fouilles de l’atelier parisien du potier ont fourni des jalons tangibles pour la connaissance matérielle de ses productions10.

Fig. 2. Anonyme, Bassin parisien (?), vers 1590-1650, Bassin ovale à décor rustique, terre cuite glaçurée (L. 53 × l. 40 × H. 8,8 cm), Paris, musée du Louvre, en dépôt au musée national de la Renaissance à Écouen, E.Cl. 13202

Fig. 2. Anonyme, Bassin parisien (?), vers 1590-1650, Bassin ovale à décor rustique, terre cuite glaçurée (L. 53 × l. 40 × H. 8,8 cm), Paris, musée du Louvre, en dépôt au musée national de la Renaissance à Écouen, E.Cl. 13202

© RMN-Grand Palais (musée national de la Renaissance, château d’Écouen)/Stéphane Maréchalle.

  • 11 Technè, 2019, n° 47, « Dossier : Bernard Palissy. Nouveaux regards sur la céramique française aux x (...)
  • 12 Barbe et al., 2019 ; Denis-Dupuis, 2019 ; Plaziat, 2019.

3À ce jour, seules neuf rustiques figulines attribuées à l’atelier de Palissy nous seraient parvenues, probablement fabriquées à Saintes entre 1555 et 1565 environ11. Dès lors, d’où proviennent et de quand datent les autres céramiques à décor rustique, connues par plus d’une centaine d’objets de collection ? À l’exclusion des pièces du xixe siècle, les efforts conjugués de l’histoire de l’art, la malacologie, la paléontologie et l’archéométrie pointent désormais vers un centre producteur majeur, vraisemblablement situé en région parisienne et actif des années 1590 à 1650 environ12. Fort de ces avancées, le projet Figulines focalise dorénavant son attention sur une identification naturaliste plus large (malacologie incluse) et la chronologie de fabrication des objets, deux axes de réflexion inégalement développés ci-après car ils sont encore en cours de construction. La collaboration du musée du Louvre, du musée national de la Renaissance à Écouen et du Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF) s’enrichit pour l’occasion de l’expertise du Muséum national d’Histoire naturelle.

Des productions en cours de caractérisation

  • 13 Bouquillon, 2019.
  • 14 Le tressaillage est un défaut technique. Il désigne un réseau de fines fissures dans la glaçure.
  • 15 Bouquillon, 2019, p. 91, 94 ; au sujet du bore, voir aussi Lehuédé et al., 2019.
  • 16 Plaziat, 2019, p. 105 et note 12 : « Pour le décor d’insectes, de mini-serpents ou d’éléments diver (...)
  • 17 Plaziat, 1990, p. 80 ; Plaziat, 2011 ; Plaziat, 2019. Jean-Claude Plaziat note qu’Alexandre Brongni (...)

4Les recherches menées jusqu’alors sur les terres cuites glaçurées à décor rustique de la première moitié du xviie siècle ont révélé plusieurs caractéristiques : une fabrication sérielle proto-industrielle ; l’utilisation de pâtes blanches de texture fine riches en aluminium et probablement kaolinitiques13 ; l’emploi de glaçures transparentes à base de plomb, souvent tressaillées14 et pouvant contenir la présence notable de bore (0,5-10 % B2O3)15 ; l’introduction d’éléments décoratifs naturalistes et fantaisistes modelés16 ; et la présence de moulages de coquilles fossiles marines provenant de gisements du Nord et de l’Est de Paris17.

  • 18 Bouquillon, 2019, p. 98, 100.
  • 19 Étude en cours par Yvan Coquinot citée par Barbe et al., 2019, p. 9.
  • 20 Plaziat, 2019.

5Faute cependant de pouvoir localiser précisément les ateliers d’où proviennent ces objets – et donc de disposer de référentiels fiables pour comparaison (formes, décors, matériaux et techniques) –, comment différencier des groupes de production ? L’une des voies possibles consiste à croiser les données de la caractérisation physico-chimique des pâtes et des glaçures avec celles de l’identification naturaliste des spécimens représentés. Dans le contexte plus large de fabrication sérielle des céramiques glaçurées moulées en relief, les variations de composition chimique des glaçures signeraient des périodes ou des savoirs techniques particuliers18. Les résultats concernant l’origine des matières premières argileuses employées (études en cours19) fourniront d’autres éléments discriminants sur la provenance et la préparation des matériaux utilisés. Dans cette attente, l’ouverture novatrice de la problématique aux sciences du vivant, redevable aux travaux précurseurs de Jean-Claude Plaziat20, forme l’alternative la plus prometteuse.

Identification naturaliste

6L’identification naturaliste s’inscrit dans la recherche de critères objectifs d’attribution. La méthode vise à déterminer les espèces animales et végétales après avoir localisé l’ensemble des éléments décoratifs (naturalistes ou fantaisistes) à l’aide de repères et de coordonnées (fig. 3). Les techniques de façonnage (moulage sur nature partiel plus ou moins retouché de diverses qualités ou modelage) et les glaçures colorées – qui peuvent tout autant rehausser que fausser et masquer les détails – compliquent néanmoins la tâche des zoologistes et des botanistes.

Fig. 3. Anonyme, Bassin parisien (?), vers 1590-1650, Bassin ovale à décor rustique, terre cuite glaçurée (L. 49,8 × l. 38,8 × H. 6,8 cm), Paris, musée du Louvre, MR 3530

Fig. 3. Anonyme, Bassin parisien (?), vers 1590-1650, Bassin ovale à décor rustique, terre cuite glaçurée (L. 49,8 × l. 38,8 × H. 6,8 cm), Paris, musée du Louvre, MR 3530

Systèmes de coordonnées utilisés pour identifier et localiser les éléments décoratifs en vue de leur traitement statistique. Le relevé en haut à droite divise le plat en neuf compartiments et quatre points cardinaux : C, centre ; B, bassin (B1 à B4) ; A, aile (A1 à A4) ; N, nord ; S, sud ; E, est ; O, ouest. Conception : L. Métreau.

© RMN-Grand Palais (musée du Louvre)/Jean-Gilles Berizzi.

  • 21 Quatre objets attribués à Palissy (vers 1555-1565) : un moule en plâtre d’un bassin en nacelle déco (...)
  • 22 MR 2295.
  • 23 MR 3530.
  • 24 Se dit d’espèces de poissons qui vivent dans les eaux lentes.
  • 25 Se dit d’espèces de poissons qui vivent dans les eaux vives.
  • 26 MR 2294.
  • 27 E.Cl. 1141, E.Cl. 13202, MRR 133, R 231.

7Les premières investigations menées sur un corpus test de 25 œuvres21 révèlent l’exploitation d’environnements naturels variés pour réaliser les décors. Ainsi, sur un bassin de Palissy22, la communauté d’espèces de poissons est dans l’ensemble cohérente avec le milieu marin de la côte atlantique charentaise, située à proximité de son atelier de Saintes (famille des grondins Triglidae, bar européen Dicentrarchus labrax, raies Raja sp., famille des mulets Mugilidae). Sur des pièces postérieures au céramiste, ce sont des espèces d’eau douce qui sont représentées. Elles ont toutes une origine septentrionale, natives du Nord-Est de la France (bassins de la Seine, de la Meuse et du Rhin) et absentes à l’époque de la création des céramiques dans le Sud-Ouest (barbeau fluviatile Barbus barbus, brochet commun Esox lucius23), ou bien présentent un assemblage d’espèces limnophiles24 (brochet, perche commune Perca fluviatilis) et rhéophiles25 (goujon Gobio gobio, chabot Cottus sp. et loche franche Barbatula sp.26) caractéristiques des rivières de plaines comme celles du Bassin parisien, centre producteur potentiel à ce jour privilégié. Concernant les végétaux, d’autres objets27 réuniraient plutôt des espèces caractéristiques de milieux frais (sous-bois) et de prairies humides (probablement réglisse sauvage Astragalus glycyphyllos, lierre commun Hedera helix, fausse capillaire Asplenium trichomanes, famille des Asteraceae, potentille ansérine Argentina anserina). Il est par ailleurs intéressant de relever que la cohérence de ce microcosme végétal est ici contrariée par l’irruption d’un spécimen incompatible, la sauge officinale Salvia officinalis, une plante médicinale aussi cultivée comme aromate. L’interrogation ultérieure des données collectées combinera la présence/absence des éléments décoratifs à leur répartition à la surface des objets, l’objectif étant la recherche de combinaisons et de marqueurs discriminants des groupes de production des céramiques.

Séquence de fabrication

  • 28 Jacqmin, 2005 ; Viennet, Starosta, 2010, p. 283-292 ; Gerbier, 2019b.
  • 29 À l’exemple du biscuit au Sacrifice d’Isaac par Abraham associé à la production faïencière des Bois (...)

8L’autre axe de recherche en cours d’exploration considère le processus de création des pièces, en particulier les étapes liées à leur moulage. Il s’intéresse au potentiel de l’imagerie 3D pour comparer des types d’objets largement représentés et des détails des décors pour savoir s’ils proviendraient de mêmes moules. L’exécution d’une céramique rustique, qui comprend cinq phases principales, doit ici être explicitée : 1) la création d’un répertoire de moules (ou creux) individuels de formes d’objets et de spécimens d’animaux et de végétaux ; 2) l’élaboration d’un modèle original en terre crue, combinant les tirages d’une forme et de spécimens piochés dans le répertoire précédent ; 3) le coulage de plâtre liquide pour obtenir l’empreinte de la composition ; 4) l’estampage de terre crue dans ce nouveau moule, réutilisable, pour en tirer l’épreuve d’un objet avec son décor rustique ; 5) le séchage de l’épreuve en terre crue, sa première cuisson, la pose des glaçures et la seconde cuisson pour permettre leur vitrification28. Cette séquence initiale de production pose le problème de l’utilisation et de la circulation des moules, qu’il s’agisse des moules de formes, de spécimens ou d’objets décorés, glaçurés ou non. L’hypothèse d’une séquence secondaire, reposant sur la copie par surmoulage de pièces largement diffusées, doit aussi être envisagée29.

  • 30 Cette manière de faire semble plus adaptée que de dissocier les vases des plats puis de créer des c (...)
  • 31 La démarche est en cours de perfectionnement à l’heure de la rédaction de cet article. Elle doit s’ (...)

9L’objectif est, dans un premier temps, la recherche des modèles originaux communs à un lot d’objets. La démarche typologique intègre donc les étapes-clés de la séquence de façonnage (élaboration de la forme puis réalisation du décor30). Elle s’appuie avant tout sur une définition stricte des formes identifiées, rassemblées dans un vocabulaire normalisé. Ce dernier permet notamment de dissocier les bassins et les plats, termes indistinctement utilisés dans la littérature, mais qui se distinguent en réalité par leurs dimensions et l’inclinaison de leurs ailes entre autres critères. La typologie se décline ensuite selon la localisation et la composition des décors représentés. Par exemple, pour les récipients ouverts tels que les plats et les coupes, elle se subdivise selon le décor de l’aile et celui du fond. Ce mode opératoire, qui nécessite encore des ajustements au regard de la complexité des œuvres étudiées, révèle en l’état actuel plus de 60 types pour le corpus dit post-palisséen, constitué d’environ 140 œuvres31 : certains sont connus par un unique objet, d’autres en comptent jusqu’à huit, avec parfois des parallèles dans des techniques céramiques contemporaines comme la faïence anglaise, soulevant des questions sur la circulation des moules, des modèles et des artisans.

  • 32 E.Cl. 1141, E.Cl. 13202, MRR 133, R 231. Les données restent à traiter à l’heure de la rédaction de (...)
  • 33 La tomodensitométrie n’a pas été envisagée car les fortes teneurs en plomb des glaçures (50-70 % Pb (...)
  • 34 Lézard vert Lacerta viridis (MNHN-RA-1986.0473), scanné sur la plateforme Surfaçus du MNHN, avec le (...)
  • 35 Galvanoplastie d’un lézard réalisée par Fernand Lataste (1847-1934), bibliothèque Reptiles et Amphi (...)

10Il s’agira dans un second temps de reconstituer la séquence de fabrication d’une série d’objets aux décors similaires32. La captation de la surface des objets en 3D à l’échelle macroscopique (scanner optique 3D à projection de franges Smartscan AICON), parce qu’elle permet d’en enregistrer précisément les reliefs, autorisera des superpositions et des mesures comparatives précises impossibles à l’œil nu (fig. 4). Il faut cependant garder présent à l’esprit que le scanner reproduit une image de la surface glaçurée – donc lissée – et non les détails de texture de la terre cuite sous-jacente. La tomographie par neutrons et ses images en coupe, acquises de manière non-destructive, devrait permettre de pallier cette limite et ouvrira certainement de nouveaux débouchés33, mais cette technique ne sera pas utilisée dans le phasage actuel du projet. Celui-ci, initialement centré sur les collections de musées s’élargira aux collections archéologiques et de sciences naturelles, afin de cartographier la perte de détail qui s’opère de l’animal (par exemple un spécimen naturalisé34) jusqu’à son substitut décoratif (céramique glaçurée) ou encore scientifique (reproduction galvanoplastique35), et acquérir de nouvelles données sur la technicité des artisans.

Fig. 4. Superposition des numérisations 3D de deux objets d’une même série typologique (logiciel Geomagic XOS)

Fig. 4. Superposition des numérisations 3D de deux objets d’une même série typologique (logiciel Geomagic XOS)

En bleu, anonyme, Bassin parisien (?), vers 1590-1650, Bassin ovale à décor rustique, terre cuite glaçurée (L. 52,4 × l. 40,0 × H. 8,0 cm), Paris, musée du Louvre, MRR 133. En rose, anonyme, Bassin parisien (?), vers 1590-1650, Bassin ovale à décor rustique, terre cuite glaçurée (L. 56,0 × l. 39,6 × H. 7,6 cm), Écouen, musée national de la Renaissance, E.Cl. 1141.

© C2RMF/C. Hochart.

Conclusion

  • 36 Tirage en terre cuite (EP 1232, Écouen), moule en plâtre d’un objet décoré (EP 3434, Écouen), épreu (...)
  • 37 Thèse en cours de Fabien Noirot, Le moulage sur nature « retouché ». Analyse rétrospective des manu (...)

11Le projet Figulines, héritier de trente années de recherche transdisciplinaire, questionne la biodiversité et la chronologie de fabrication des céramiques à décor rustique. Il approfondit le potentiel de l’identification naturaliste, de la démarche typologique et de l’imagerie 3D, pour différencier des groupes de production et retracer la circulation des moules et des objets. La comparaison des textures à différents stades d’élaboration36 constituera de surcroît un visuel de référence pour les taxonomistes chargés de l’identification naturaliste et pour les études d’histoire de l’art consacrées au moulage sur nature « retouché37 ». Les données collectées par ces regards croisés accroîtront notre connaissance des techniques de moulage, des réseaux d’échange et des interactions entre l’homme et son environnement. Leur valorisation muséographique dans le cadre d’une exposition conjointe du musée national de la Renaissance à Écouen et du musée du Louvre en favorisera la diffusion auprès du grand public.

Ce projet a bénéficié du soutien technique et logistique de différents partenaires et de l’expertise de plusieurs spécialistes :
Le département des Objets d’art du musée du Louvre.
Le service imagerie du Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF) (C. Hochart, N. Mélard, C. Boust).
L’UMR 7209 MNHN-CNRS, Archéozoologie, Archéobotanique : Sociétés, Pratiques et Environnements (AASPE) (S. Bailon, P. Béarez, R. Berthon, C. Callou, F. Poplin, M.-P. Ruas).
L’UMR 7205, MNHN-CNRS-SU-EPHE-UA, Institut de Systématique, Évolution, Biodiversité (ISYEB) (G. Denys, A. Dettaï, P. Grandcolas, T. Haevermans, I. Ineich, A. Nel, A.-M. Ohler).
L’UMS 2006 MNHN-CNRS-AFB, Patrimoine naturel (PatriNat)(G. Denys, P. Noël).
L’UMS 3468 MNHN-CNRS, Bases de données sur la Biodiversité, Écologie, Environnements et Sociétés (BBEES) (I. Baly, C. Callou).

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Bibliography

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Bouquillon A., Barbe F., Lehuédé P., Castaing J., Crépin-Leblond T., 2013, “Bernard Palissy : scientist and potter of the Renaissance in France”, in D. Saunders, M. Spring, A. Meek, The Renaissance workshop : the materials and techniques of Renaissance art, Archetype Publications/British Museum, Londres, p. 152-159.

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Plaziat J.-C., 2019, « L’identification des moulages des coquilles fossiles et des organismes actuels des “rustiques figulines” : un apport naturaliste à la caractérisation des ateliers successifs de Palissy et de ses émules », Technè, 47, p. 102-115.

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Document inédit

Jacqmin J., 2005, Vaisseau d’émail, vaisselle d’écailles. Étude et restauration d’un bassin à « Rustiques figulines » attribué à Bernard Palissy (Lyon, musée des Beaux-Arts). Recherche d’une technique alternative pour le remontage d’une céramique poreuse anciennement agrafée. Mémoire de fin d’études, spécialité Arts du feu, Institut national du patrimoine, Paris.

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Notes

1 Palissy, 2010, p. 82.

2 Né dans l’Agenais vers 1510 et mort emprisonné à la Bastille en 1590. Se reporter à Trombetta, 2010, complété par Rousseau, 2019, pour une bibliographie exhaustive.

3 La philosophie naturelle s’appliquait à l’étude objective de la nature et de l’univers physique qui régnait avant le développement de la science moderne (Galilée).

4 Du latin rusticus, relatif à la campagne, et figulus, potier (Bouquillon et al., 2013, p. 152). Figulines désigne d’abord un vase, puis un objet en terre cuite. Au xvie siècle, ce terme latin francisé est mal fixé entre substantif (objet de terre cuite) et adjectif (en terre cuite) (Palissy, 2010, p. 62, note 52).

5 La glaçure est une fine pellicule de verre transparent ou opacifié appliquée à la surface des céramiques à des fins esthétiques et/ou utilitaires.

6 Palissy, 2010, p. 13 et p. 80, note 132.

7 Palissy, 2010, p. 43 ; Perrin, 2001, p. 189.

8 Palissy, 2010, p. 53-59.

9 Perrin, 2001, p. 61, 66, 70, 72.

10 Dufaÿ et al., 1987.

11 Technè, 2019, n° 47, « Dossier : Bernard Palissy. Nouveaux regards sur la céramique française aux xvie et xviie siècles », qui synthétise la recherche des trente dernières années. Pour la liste des pièces actuellement attribuées à l’atelier de Palissy, voir Gerbier, 2019a, p. 17, note 21.

12 Barbe et al., 2019 ; Denis-Dupuis, 2019 ; Plaziat, 2019.

13 Bouquillon, 2019.

14 Le tressaillage est un défaut technique. Il désigne un réseau de fines fissures dans la glaçure.

15 Bouquillon, 2019, p. 91, 94 ; au sujet du bore, voir aussi Lehuédé et al., 2019.

16 Plaziat, 2019, p. 105 et note 12 : « Pour le décor d’insectes, de mini-serpents ou d’éléments divers (dragon, nid d’oiseau) qui font plutôt penser à des moulages de pièces d’orfèvrerie. »

17 Plaziat, 1990, p. 80 ; Plaziat, 2011 ; Plaziat, 2019. Jean-Claude Plaziat note qu’Alexandre Brongniart est le premier à identifier ces fossiles, mais que les connaissances d’alors ne lui permettent pas de les attribuer aux bonnes couches (Plaziat, 2010, p. 135-136).

18 Bouquillon, 2019, p. 98, 100.

19 Étude en cours par Yvan Coquinot citée par Barbe et al., 2019, p. 9.

20 Plaziat, 2019.

21 Quatre objets attribués à Palissy (vers 1555-1565) : un moule en plâtre d’un bassin en nacelle décoré (EP 3434, Écouen), deux bassins en nacelle (A 2888 et H 475, musée des Beaux-Arts de Lyon), un bassin en carapace de tortue (MR 2295, Louvre) ; vingt et un objets attribués aux céramistes anonymes postérieurs (vers 1590-1650) : treize bassins ovales (E.Cl. 1141, E.Cl. 1142, E.Cl. 1143, E.Cl. 13202 à Écouen et MR 2294, MR 2296, MR 3530, MRR 133, OA 1335, OA 1358, OA 1360, OA 1361, R 231 au Louvre), une coupe (OA 1357 au Louvre) et sept plats ovales (E.Cl. 1144 à Écouen et MR 3543, MRR 137, MRR 138, N 165, OA 1359, R 206 au Louvre).

22 MR 2295.

23 MR 3530.

24 Se dit d’espèces de poissons qui vivent dans les eaux lentes.

25 Se dit d’espèces de poissons qui vivent dans les eaux vives.

26 MR 2294.

27 E.Cl. 1141, E.Cl. 13202, MRR 133, R 231.

28 Jacqmin, 2005 ; Viennet, Starosta, 2010, p. 283-292 ; Gerbier, 2019b.

29 À l’exemple du biscuit au Sacrifice d’Isaac par Abraham associé à la production faïencière des Boissier à Montpellier cité par Vayssettes et Vallauri, 2012, p. 288.

30 Cette manière de faire semble plus adaptée que de dissocier les vases des plats puis de créer des catégories artificielles basées sur des variations stylistiques (Perrin, 2001, p. 251-253).

31 La démarche est en cours de perfectionnement à l’heure de la rédaction de cet article. Elle doit s’accommoder d’un nombre toujours plus croissant d’objets recensés dans les collections publiques et privées.

32 E.Cl. 1141, E.Cl. 13202, MRR 133, R 231. Les données restent à traiter à l’heure de la rédaction de cet article.

33 La tomodensitométrie n’a pas été envisagée car les fortes teneurs en plomb des glaçures (50-70 % PbO) perturberaient l’acquisition des données. Avec la tomographie à neutrons, l’objet serait radioactif après examen.

34 Lézard vert Lacerta viridis (MNHN-RA-1986.0473), scanné sur la plateforme Surfaçus du MNHN, avec le bras Faro Edge Arm et le scanner FaroBlu TM sans contact. Les données sont encore à traiter à l’heure de la rédaction de cet article.

35 Galvanoplastie d’un lézard réalisée par Fernand Lataste (1847-1934), bibliothèque Reptiles et Amphibiens du MNHN ; au sujet du procédé, voir Lataste, 1924.

36 Tirage en terre cuite (EP 1232, Écouen), moule en plâtre d’un objet décoré (EP 3434, Écouen), épreuve en terre cuite (JC 121 239 46, Louvre) et épreuves en terre cuite glaçurée (A 2888 et H 476, musée des Beaux-Arts de Lyon).

37 Thèse en cours de Fabien Noirot, Le moulage sur nature « retouché ». Analyse rétrospective des manuels techniques du xixe siècle jusqu’aux Livres des secrets du xvie siècle en France. École du Louvre, résumé sur https://insculpture.hypotheses.org/ (13/03/2018).

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List of illustrations

Title Fig. 1. Atelier de Bernard Palissy, Paris, fouilles des Tuileries, troisième quart du xvie siècle (fabrication à Saintes vers 1555-1565 ?), Moule de bassin en nacelle à décor de rustiques figulines, plâtre (L. 93 × l. 57 × H. 23 cm), Écouen, musée national de la Renaissance, EP 3434
Credits © RMN-Grand Palais (musée national de la Renaissance, château d’Écouen)/Mathieu Rabeau.
URL http://journals.openedition.org/techne/docannexe/image/7496/img-1.jpg
File image/jpeg, 440k
Title Fig. 2. Anonyme, Bassin parisien (?), vers 1590-1650, Bassin ovale à décor rustique, terre cuite glaçurée (L. 53 × l. 40 × H. 8,8 cm), Paris, musée du Louvre, en dépôt au musée national de la Renaissance à Écouen, E.Cl. 13202
Credits © RMN-Grand Palais (musée national de la Renaissance, château d’Écouen)/Stéphane Maréchalle.
URL http://journals.openedition.org/techne/docannexe/image/7496/img-2.jpg
File image/jpeg, 880k
Title Fig. 3. Anonyme, Bassin parisien (?), vers 1590-1650, Bassin ovale à décor rustique, terre cuite glaçurée (L. 49,8 × l. 38,8 × H. 6,8 cm), Paris, musée du Louvre, MR 3530
Caption Systèmes de coordonnées utilisés pour identifier et localiser les éléments décoratifs en vue de leur traitement statistique. Le relevé en haut à droite divise le plat en neuf compartiments et quatre points cardinaux : C, centre ; B, bassin (B1 à B4) ; A, aile (A1 à A4) ; N, nord ; S, sud ; E, est ; O, ouest. Conception : L. Métreau.
Credits © RMN-Grand Palais (musée du Louvre)/Jean-Gilles Berizzi.
URL http://journals.openedition.org/techne/docannexe/image/7496/img-3.jpg
File image/jpeg, 936k
Title Fig. 4. Superposition des numérisations 3D de deux objets d’une même série typologique (logiciel Geomagic XOS)
Caption En bleu, anonyme, Bassin parisien (?), vers 1590-1650, Bassin ovale à décor rustique, terre cuite glaçurée (L. 52,4 × l. 40,0 × H. 8,0 cm), Paris, musée du Louvre, MRR 133. En rose, anonyme, Bassin parisien (?), vers 1590-1650, Bassin ovale à décor rustique, terre cuite glaçurée (L. 56,0 × l. 39,6 × H. 7,6 cm), Écouen, musée national de la Renaissance, E.Cl. 1141.
Credits © C2RMF/C. Hochart.
URL http://journals.openedition.org/techne/docannexe/image/7496/img-4.jpg
File image/jpeg, 238k
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References

Bibliographical reference

Laetitia Métreau, Françoise Barbe, Aurélie Gerbier and Cécile Callou, “Identification naturaliste et production des céramiques à décor rustique (1550-1650) : nouveaux axes de réflexion pour une recherche en construction”Technè, 50 | 2020, 19-23.

Electronic reference

Laetitia Métreau, Françoise Barbe, Aurélie Gerbier and Cécile Callou, “Identification naturaliste et production des céramiques à décor rustique (1550-1650) : nouveaux axes de réflexion pour une recherche en construction”Technè [Online], 50 | 2020, Online since 01 April 2022, connection on 28 March 2024. URL: http://journals.openedition.org/techne/7496; DOI: https://doi.org/10.4000/techne.7496

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About the authors

Laetitia Métreau

Chargée d’étude, Fondation des Sciences du Patrimoine (laetitia.metreau[at]mnhn.fr).

Françoise Barbe

Conservateur en chef, département des Objets d’art, musée du Louvre (francoise.barbe[at]louvre.fr).

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Aurélie Gerbier

Conservateur du patrimoine, musée national de la Renaissance – château d’Écouen (aurelie.gerbier[at]culture.gouv.fr).

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Cécile Callou

Maître de conférences, Muséum national d’Histoire naturelle (cecile.callou[at]mnhn.fr).

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