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II. Objets à dater : les méthodes appropriées

La datation des cuirs dorés : confirmer et affiner la chronologie d’un objet d’art décoratif

Dating gilt leather: confirming and narrowing the chronology of an object of the decorative arts
Céline Bonnot-Diconne, Lucile Beck, Jean-Pierre Fournet, Felix de la Fuente Andrés et Ingrid Caffy
p. 68-74

Résumés

Dans le domaine des arts décoratifs, l’utilisation de cuir doré, le plus souvent peint, semble apparaître dans les royaumes ibériques à la fin du Ier millénaire après J.-C., peu après la conquête arabe. Ces cuirs dorés connurent leur apogée dans la péninsule espagnole au xvie siècle. Ils étaient souvent employés pour confectionner des tentures murales et des images pieuses. Comparativement à leur importante production, peu de ces décors sont parvenus jusqu’à nous et les plus anciens semblent avoir disparu. La conservation et l’étude des exemplaires encore existants sont donc essentielles. Si la documentation historique et l’analyse stylistique apportent des informations sur leur origine géographique et leur période de production, ces données restent le plus souvent insuffisantes et très imprécises. Cette recherche démontre qu’il est possible grâce au carbone 14 de confirmer et même d’affiner les hypothèses de datation traditionnelle.

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Texte intégral

Introduction

  • 1 Fournet, 2019, p. 41-71.

1La datation d’un bien culturel est indispensable à son identification. Facile à établir quand il existe des références documentées, la datation précise ne peut être déterminée quand ces éléments manquent. Seule une estimation à partir de critères stylistiques peut alors être proposée, mais cette approche chronologique comporte une marge d’erreur. C’est notamment le cas pour ces décors anciens que sont les cuirs dorés. Apparus il y a plus de mille ans, ils connurent leur apogée en Espagne au xvie siècle avant d’être copiés dans toute l’Europe jusqu’à la fin du xviiie siècle1. Ils servirent à confectionner de riches tentures murales et d’autres éléments d’ameublement (nappes, portières, coussins, etc.) ; dans le domaine religieux, on en fit des devants d’autel et des panneaux de dévotion porteurs d’images pieuses, comme des Saintes Faces.

2Les cuirs dorés ont une structure semblable (fig. 1) : sur le support de cuir est collée une couche de feuilles d’argent, elle-même recouverte d’un vernis jaune qui induit la couleur dorée ; un décor peint est habituellement posé en surface ; enfin, les fonds et certains motifs présentent souvent des empreintes de poinçonnage, appelées ciselures, réalisées avec des petits fers. Les cuirs dorés repoussés n’apparaîtront qu’au xviie siècle aux Pays-Bas.

Fig. 1. Coupe stratigraphique d’un cuir doré polychrome

Fig. 1. Coupe stratigraphique d’un cuir doré polychrome

© C. Bonnot-Diconne.

3De nombreux décors en cuir doré ont été fabriqués, mais peu nous sont parvenus. La plupart des informations les concernant se limitent aux courtes descriptions des inventaires ; les contrats de commande sont rares et les œuvres sont très exceptionnellement signées. Leur datation ne peut donc, le plus souvent, qu’être approximative. Bien que les cuirs dorés soient des productions relativement récentes, l’utilisation du carbone 14 a été envisagée pour confirmer les hypothèses de datation et éventuellement les affiner.

4Cet article rend compte de ces recherches afin d’informer les historiens de l’art et d’avertir les restaurateurs quant aux possibilités de datation existantes et aux conditions indispensables à mettre en place pour pouvoir les réaliser.

La méthode de datation

  • 2 Dumoulin et al., 2017.
  • 3 Moreau et al., 2020.

5Des prélèvements de 1,6 à 13 mg de matière (effectués sur le cuir présent au revers des œuvres) ont été soumis à un traitement par des solutions acides et basiques, ou acides seules quand l’échantillon était trop petit, afin d’éliminer les contaminations2. Le résidu a été brûlé pour produire du dioxyde de carbone qui a ensuite été réduit en graphite. Les teneurs en 14C d’échantillons de 0,32 à 1,26 mg de carbone ont été mesurées sur le spectromètre de masse ARTEMIS3. Les âges radiocarbone ont été calibrés en utilisant le logiciel Oxcal et la courbe IntCal20.

  • 4 En 1733, Jean-Baptiste Delfosse, peintre en cuir doré à Paris, possède en stock 804 peaux de mouton (...)

6Concernant le cuir, c’est le moment de la mort de l’animal qui est daté. Dans le travail des peaux, la transformation en cuir se fait très rapidement après l’abattage. Pour éviter qu’ils ne perdent leurs qualités, les cuirs obtenus sont rapidement commercialisés. Les fabricants de cuirs dorés interviennent ensuite pour réaliser les décors, lesquels seront alors stockés sous forme de carreaux jusqu’à leur vente4. On peut donc considérer que les datations obtenues pour ces œuvres suivent de quelques mois la date de mort des animaux. Les données 14C sont obtenues en âge BP (Before Present) avec une incertitude de ± 30 ans. La courbe de calibration permet de les convertir en âges calendaires, calBC (avant J.-C.) ou calAD (après J.-C.). Le résultat est donné sous forme de densité de probabilité à 95,4 %, ce qui se traduit par un intervalle de dates.

7Cette méthode a été appliquée sur une série de sept panneaux de dévotion d’origine espagnole et sur des tentures murales fabriquées aux Pays-Bas et en France.

La datation des Saintes Faces

  • 5 Des Saintes Faces et des Voiles de Véronique sur cuir doré sont conservés dans plusieurs musées et (...)
  • 6 Ces décors proviennent du Museu de l’Art de la Pell à Vic (Espagne) et d’une collection privée (Fra (...)
  • 7 La Sainte Face du Christ est tantôt isolée, tantôt portée sur le Voile de sainte Véronique. Ces pan (...)

8Très nombreuses en Espagne5, des images pieuses ont été fréquemment peintes sur cuir doré. Pour tenter de mieux appréhender leur chronologie, un corpus de sept de ces panneaux de dévotion espagnols a été constitué ; six représentent la Sainte Face du Christ (fig. 2 a) et un représente le Voile de sainte Véronique (fig. 2 b)6. Ils sont considérés comme datant du xvie ou du début du xviie siècle7. Toutes les Saintes Faces sélectionnées obéissent à un canon archaïque identique avec un visage allongé, des yeux grands ouverts, des pommettes saillantes, un nez légèrement aquilin, une petite bouche, une barbe pointue et des cheveux qui partent d’une raie médiane et se terminent en pointe de chaque côté. Sur certaines représentations figurent des signes de la Passion (la couronne d’épines notamment) (fig. 2 b). Traditionnellement, les fonds sont abondamment ciselés.

Fig. 2 a-b. a. MAP 730, Sainte Face du Christ, panneau de cuir doré ciselé (35,5 x 27,5 cm), Vic, Catalogne, Museu de l’Art de la Pell ; b. MAP 734, Voile de sainte Véronique, panneau de cuir doré ciselé (37 x 30 cm), Vic, Catalogne, Museu de l’Art de la Pell

Fig. 2 a-b. a. MAP 730, Sainte Face du Christ, panneau de cuir doré ciselé (35,5 x 27,5 cm), Vic, Catalogne, Museu de l’Art de la Pell ; b. MAP 734, Voile de sainte Véronique, panneau de cuir doré ciselé (37 x 30 cm), Vic, Catalogne, Museu de l’Art de la Pell

© J.-P. Fournet.

  • 8 Sur 32 exemplaires répertoriés par F. de la Fuente, 20 portent des inscriptions en espagnol, un exe (...)

9Les datations obtenues par le carbone 14 sur des prélèvements de cuir de ces sept œuvres vont de 1404 à 1664 (fig. 3) ; elles témoignent donc d’une production d’images très semblables étalée dans le temps. L’œuvre la plus ancienne s’avère être la Sainte Face CBD 637 (fig. 5) pour laquelle les résultats des mesures de carbone 14 permettent de reculer et d’affiner la datation traditionnelle : 1404-1452 (fig. 3). Comparativement aux autres, ce panneau est particulier : le cuir a malheureusement été découpé en forme de cercle, ce qui a fait disparaître les inscriptions qui l’entouraient. En effet, ces figures étaient souvent cernées d’épigraphes en espagnol8 vénérant le Christ. La présence de telles écritures pourrait donc être un marqueur chronologique, mais ce point reste à vérifier avec d’autres datations au carbone 14 sur des œuvres équivalentes.

Fig. 3. Résultats de datations 14C de sept panneaux de dévotion en cuir doré

Fig. 3. Résultats de datations 14C de sept panneaux de dévotion en cuir doré

Référence objet

Intitulé

Provenance

Masse de carbone

(mg)

Dates BP
(± 30 ans)

Dates calibrées

(ap. J.-C.)

CBD 636

Sainte Face

0,322

285

1500-1600 (60 %)

1615-1664 (34 %)

1786-1794 (1,4 %)

MAP 734

Sainte Véronique

0,911

320

1484-1644 (95,4 %)

MAP 730

Sainte Face

1,052

355

1458-1529 (42,7 %)

1540-1635 (52,8 %)

MAP 736

Sainte Face

0,658

380

1447-1525 (59,1 %)

1558-1632 (36,3 %)

CBD 677

Sainte Face

0,381

385

1445-1525 (63,1 %)

1559-1631 (32,4 %)

MAP 760

Sainte Face

1,264

415

1429-1515 (84,2 %)

1590-1621 (11,2 %)

CBD 637

Sainte Face

0,766

490

1404-1452 (95,4%)

Fig. 4. Résultats de datations 14C du cuir et du bois de support pour CBD 636 et CBD 677

Fig. 4. Résultats de datations 14C du cuir et du bois de support pour CBD 636 et CBD 677

© C. Bonnot-Diconne.

Fig. 5. CBD 637, panneau représentant la Sainte Face du Christ (diam. 27,5 cm), collection privée (France)

Fig. 5. CBD 637, panneau représentant la Sainte Face du Christ (diam. 27,5 cm), collection privée (France)

© C. Bonnot-Diconne.

10Originellement, il est possible que les Saintes Faces en cuir doré aient été vendues collées sur des planches de bois, lesquelles étaient ensuite encadrées de baguettes. Les archives ne font pas mention de ce point mais, sur un répertoire de 32 exemplaires, 21 conservent ce type de montage. CBD 636 et CBD 677 se présentaient sur de tels supports. Les datations au carbone 14 du bois et du cuir ont donc pu être confrontées (fig. 4) : pour l’un, le bois est plus ancien et pour l’autre, il est plus récent que le cuir, témoignant sans doute d’un remontage postérieur. Il semble donc que la datation du support ne soit pas pertinente pour préciser celle du cuir doré proprement dit.

  • 9 Durliat, 1951.
  • 10 Malgouyres, 2015, p. 24 et suiv.
  • 11 « Portrait dans le linge » en grec. Voir Belting, 2007, p. 277 et Malgouyres, 2015, p. 29.
  • 12 Belting, 2007, p. 292.
  • 13 Jaen est située à une centaine de kilomètres de Cordoue.
  • 14 Martínez Rojas, 2012.
  • 15 En 1550 puis en 1556, Francesco de Oliver, peintre de Cordoue, se voit commander 288 « Veronicas » (...)

11Stylistiquement, ce sont des caractéristiques ancestrales du visage du Christ qui sont reprises sur les panneaux de dévotion en cuir doré fabriqués en Espagne à la fin du Moyen Âge et à la Renaissance. C’est un témoignage – parmi d’autres – de l’influence byzantine qui s’est exercée en Espagne à partir du xiiie siècle et surtout au xive siècle9. Ce type d’image, empreinte de sérénité, trouve sa genèse dans les traditions et légendes religieuses. En effet, depuis son origine, la chrétienté a eu le souci de représenter la « vraie » image du Christ sous sa double nature, divine et humaine. Selon les textes apocryphes et divers récits, ce serait le Christ lui-même qui aurait porté la marque de son visage sur des tissus humides10 comme en témoignent deux croyances fondamentales distinctes : celle, en Orient, de l’histoire du roi Abgar d’Édesse, en Syrie, guéri après avoir reçu le portrait du Christ sur un linge, portrait qui sera appelé le Mandylion11, et celle, en Occident, de sainte Véronique qui a recueilli les traits du visage du Christ lors de la montée au Golgotha. Le Mandylion sera très vénéré dans le monde byzantin, surtout après son transfert à Constantinople au xe siècle (fig. 6 a). À partir du xiiie siècle, c’est une autre icône, le Voile de Véronique, conservée à Rome, qui fut vénérée dans l’Église d’Occident12, où elle supplanta l’icône de Constantinople. Mais le Mandylion oriental et le Voile de Véronique occidental comportent de grandes similitudes puisque le visage du Mandylion se retrouve sur le Voile de Véronique. Plus spécifiquement, en Espagne, la ville andalouse de Jaen13 conserve, au moins depuis la fin du xive siècle, le Santo Rostro, un voile avec la Sainte Face14 (fig. 6 b). Cette relique très vénérée était montrée deux fois par an aux fidèles. À cette occasion, d’importantes commandes étaient passées pour fabriquer des panneaux de dévotion en cuir doré destinés à être vendus aux pèlerins15.

Fig. 6 a-b. a. Le Mandylion de Rome (ou Sainte Face de San Silvestro), peinture sur bois représentant la Sainte Face du Christ (40 x 29 cm), Rome, Vatican, chapelle Mathilde. CC BY-SA 3.0 ; b. Santo Rostro, huile sur lin avec support en bois doré et argenté (35,5 x 25,5 cm), Jaen, cathédrale. © Catedral de la Asunción de Jaén

Fig. 6 a-b. a. Le Mandylion de Rome (ou Sainte Face de San Silvestro), peinture sur bois représentant la Sainte Face du Christ (40 x 29 cm), Rome, Vatican, chapelle Mathilde. CC BY-SA 3.0 ; b. Santo Rostro, huile sur lin avec support en bois doré et argenté (35,5 x 25,5 cm), Jaen, cathédrale. © Catedral de la Asunción de Jaén

12La datation au carbone 14 de CBD 637, qui fait remonter la fabrication de ce cuir doré à la première moitié du xve siècle, est donc tout à fait probable.

La datation des tentures en cuir doré

13La plupart des grandes tentures murales en cuir doré conservées encore aujourd’hui datent du xviie et du xviiie siècle, périodes où les datations au carbone 14 sont plus imprécises. Toutefois, nous avons tenté des datations combinées en prélevant sur ces types de décor à la fois du cuir et du fil de couture originel : cela s’est avéré très informatif.

  • 16 Bonnot-Diconne et al., 2020, p. 114.

14La tenture murale de La bataille de Gelboé, conservée aujourd’hui au Musée national de la Renaissance à Écouen, est une œuvre originaire des Flandres, stylistiquement datée du milieu du xviie siècle (fig. 7)16. Plusieurs échantillons ont été prélevés pour une datation par radiocarbone. Par chance, il a été possible de combiner deux datations : celle du cuir et celle d’un fil qui avait servi à assembler un élément de bordure à un carreau principal. Le résultat obtenu permet de connaître la date de la mort de l’animal pour le cuir et celle de la récolte des fibres végétales pour le fil de couture. Si l’on considère que le décor a été fabriqué dans les années qui ont suivi ces deux événements, les résultats permettent d’affirmer que sa datation est comprise dans l’intervalle 1490-1646 (fig. 7). La date de 1646 peut être retenue comme la datation la plus récente, ce qui vient conforter l’hypothèse que cette tenture date au plus tard de la première moitié du xviie siècle.

Fig. 7. Résultats de datations 14C du cuir et du fil de couture pour La bataille de Gelboé, Écouen, Musée national de la Renaissance

Fig. 7. Résultats de datations 14C du cuir et du fil de couture pour La bataille de Gelboé, Écouen, Musée national de la Renaissance

© C. Bonnot-Diconne.

  • 17 Fournet, 2019, p. 252-253.
  • 18 A. D. des Bouches-du-Rhône, dépôt d’Aix-en-Provence : Notaire G. Fazende 306 E 919 f° 632.

15La tenture murale dite « aux serpents », conservée au musée du Vieil-Aix, à Aix-en-Provence, est un décor de fabrication française. Elle pourrait être attribuée au fabricant de cuir doré aixois André Reynier dit « Manolly » et datée vers 166817. En effet, le décor des carreaux et surtout celui des bordures évoquent une description figurant dans un acte notarié du 5 avril 1668 où André Reynier passait contrat avec une certaine « Gabrielle d’Oraison, veuve d’Antoine François de Pontevès » pour lui fournir une tapisserie de cuir doré dont « les montans seront de rellief de fleurs et serpens et autres éléments au naturel18 ». Les datations obtenues par carbone 14 donnent respectivement 270 ± 30 pour le cuir et 320 ± 30 années BP pour le fil de couture assemblant les carreaux. Après calibration, en excluant l’intervalle le plus récent pour le cuir qui n’est historiquement pas recevable, on obtient 1510-1669 (89,7 %) et 1484-1644 (95,4 %) pour chacun des matériaux. La combinaison de ces datations permet donc, à défaut d’attribution, de confirmer l’hypothèse de datation : cuir et fil sont compatibles en âge calibré et datent d’avant 1669 (fig. 8).

Fig. 8. Résultats de datations 14C du cuir et du fil de couture pour la tenture « aux serpents », Aix-en-Provence, musée du Vieil-Aix

Fig. 8. Résultats de datations 14C du cuir et du fil de couture pour la tenture « aux serpents », Aix-en-Provence, musée du Vieil-Aix

© C. Bonnot-Diconne.

Conclusion

  • 19 Beck et al., 2019 ; Messager et al.. 2020.

16La datation au carbone 14 d’une série de panneaux de dévotion espagnols, représentant la Sainte Face du Christ, a permis de montrer que certaines de ces œuvres avaient été réalisées au tout début du xve siècle, alors qu’elles étaient jusqu’alors systématiquement considérées comme plus tardives, du xvie ou du xviie siècle, ce qui confirme le caractère souvent approximatif et aléatoire des datations jusqu’ici établies dans les collections. Par ailleurs, la datation d’un bois associé se révèle peu intéressante dans la mesure où ce matériau peut être conservé longtemps avant son emploi ou réemploi ; en revanche, l’analyse d’échantillons provenant de grands décors du xviie siècle a montré qu’il existe un intérêt à dater simultanément le cuir et le fil de couture utilisé pour l’assemblage des différentes pièces, s’il a été conservé. Pour d’autres tentures, il est aussi possible de dater, en complément, les décors peints à base de blanc de plomb19. Ces analyses sont certes destructives mais, effectuées sur quelques milligrammes de matière, elles permettent de préciser des datations qui, jusqu’ici, n’étaient que des approximations, parfois à un siècle près.

  • 20 Les restes de fil de couture, lorsqu’ils doivent être retirés, devraient être conservés et claireme (...)

17Comme pour tout examen, les prélèvements d’échantillons doivent être rigoureux si on veut obtenir des résultats fiables. Il est notamment indispensable de prélever dans des parties qui ont été épargnées lors d’interventions antérieures ; cela devrait inciter les conservateurs-restaurateurs à préserver des zones pour des analyses futures et à conserver des échantillons vierges20.

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Bibliographie

Beck L., Messager C., Coelho S., Caffy I., Delqué-Količ E., Perron M., Bonnot-Diconne C. et al., 2019, “Thermal decomposition of lead white for radiocarbon dating of paintings”, Radiocarbon, 61 (5), p. 1345-1356.

Belting H., 2007, Image et culte. Une histoire de l’art avant l’époque de l’art, Éditions du Cerf, Paris.

Bonnot-Diconne C., Fournet J.-P., Barbier M., Robinet L., Radepont M., Beck L., Heran M., Heu-Thao S., 2020, « L’histoire mouvementée de cinq tentures historiées en cuir doré peint et ciselé du 17e siècle représentant des scènes de l’Ancien Testament », Postprints of the 11th Interim Meeting of the ICOM-CC Leather & Related Materials Working Group (musée du quai Branly-Jacques Chirac, 6-7th June 2019, Paris), L. Robinet, C. Dignard et T. Sturge (dir.), p. 109-117.

Dumoulin J., Comby-Zerbino C., Delqué-Količ E., Moreau C., Caffy I., Hain S., Beck L., 2017, “Status report on sample preparation protocols developed at the LMC14 Laboratory, Saclay, France: From sample collection to 14C AMS measurement”, Radiocarbon, 59 (3), p. 713-726.

Durliat M., 1951, « L’atelier de Maître Alexandre en Roussillon et en Cerdagne », Revue des Études Roussillonnaises, 1, p. 103-119.

Ferrandis Torres J., 1955, Cordobanes y guadamecíes: Catálogo ilustrado de la exposición, Sociedad Española de Amigos del Arte, Madrid, p. 123-130.

Fournet J.-P., 2019, Cuirs dorés, « cuirs de Cordoue », un art européen, Éditions Monelle Hayot, Saint-Rémy-en-l’Eau.

Gudiol i Cunill J., 1921, « Les Veròniques I », Vell i Nou, II-nº XIII, p. 1-11.

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Martínez Rojas F. J., 2012, “Santo Rostro”, Cien obras maestras de la catedral de Jaén, F. Serrano Estrella (dir.), Editorial Universidad de Jaén, p. 14-17.

Messager C., Beck L., Caffy I., Delqué-Količ E., Dumoulin J.-P, Mussard S., Perron M., Moreau C., Bonnot-Diconne C., 2020, « Datation par la méthode du radiocarbone de peintures au blanc de plomb apposées sur des cuirs dorés », Postprints of the 11th Interim Meeting of the ICOM-CC Leather & Related Materials Working Group (musée du quai Branly-Jacques Chirac, 6-7th June 2019, Paris), L. Robinet, C. Dignard et T. Sturge (dir.), p. 122-125.

Moreau C., Messager C., Berthier B., Hain S., Thellier B., Dumoulin, J., Beck L. et al., 2020, “ARTEMIS, the 14C AMS facility of the LMC14 national laboratory: a status report on quality control and microsample procedures”, Radiocarbon, 62 (6), p. 1755-1770.

Romero de Torres E., 1924, Exposición de Guadamecíles, catálogo ilustrado de la exposición, Excmo. Ayuntamiento de Córdoba, Córdoba.

Sureda i Jubany M., 2017, “From holy images to liturgical devices. Models, objects and rituals around the Veronicae of Christ and Mary in the Crown of Aragon (1300-1550)”, The European Fortune of the Roman Veronica in the Middle Ages, Convivium Supplementum, Lausanne, p. 194-217.

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Notes

1 Fournet, 2019, p. 41-71.

2 Dumoulin et al., 2017.

3 Moreau et al., 2020.

4 En 1733, Jean-Baptiste Delfosse, peintre en cuir doré à Paris, possède en stock 804 peaux de mouton comparativement à 6 131 carreaux de cuir doré déjà réalisés. A. N. Minutier central, CV 1178, 9 juin 1733.

5 Des Saintes Faces et des Voiles de Véronique sur cuir doré sont conservés dans plusieurs musées et églises, surtout en Espagne, et dans diverses collections particulières.

6 Ces décors proviennent du Museu de l’Art de la Pell à Vic (Espagne) et d’une collection privée (France).

7 La Sainte Face du Christ est tantôt isolée, tantôt portée sur le Voile de sainte Véronique. Ces panneaux en cuir doré mesurent le plus souvent de 25 à 35 cm sur 20 à 27 cm.

8 Sur 32 exemplaires répertoriés par F. de la Fuente, 20 portent des inscriptions en espagnol, un exemplaire porte des inscriptions en latin et un autre porte des inscriptions indéterminées.

9 Durliat, 1951.

10 Malgouyres, 2015, p. 24 et suiv.

11 « Portrait dans le linge » en grec. Voir Belting, 2007, p. 277 et Malgouyres, 2015, p. 29.

12 Belting, 2007, p. 292.

13 Jaen est située à une centaine de kilomètres de Cordoue.

14 Martínez Rojas, 2012.

15 En 1550 puis en 1556, Francesco de Oliver, peintre de Cordoue, se voit commander 288 « Veronicas » (144 avec couronne d’épines et 144 sans couronne), puis 300 « rostros de Christo » (Visages du Christ) en cuir doré (Archivo Historico Provincial de Cordoba – AHPCO –, of. 37, t. 20, fol. 421r, 18/febrero/1550 ; of. 8, t. 5, fol. 188v, 28/julio/1556, mentionnés par Teresa Alors Bersabé dans sa thèse de doctorat, El gremio cordobés de Guadamecileros y su producción durante los siglos XVI y XVII, université de Cordoue, 2012).

16 Bonnot-Diconne et al., 2020, p. 114.

17 Fournet, 2019, p. 252-253.

18 A. D. des Bouches-du-Rhône, dépôt d’Aix-en-Provence : Notaire G. Fazende 306 E 919 f° 632.

19 Beck et al., 2019 ; Messager et al.. 2020.

20 Les restes de fil de couture, lorsqu’ils doivent être retirés, devraient être conservés et clairement identifiés.

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Table des illustrations

Titre Fig. 1. Coupe stratigraphique d’un cuir doré polychrome
Crédits © C. Bonnot-Diconne.
URL http://journals.openedition.org/techne/docannexe/image/9969/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 140k
Titre Fig. 2 a-b. a. MAP 730, Sainte Face du Christ, panneau de cuir doré ciselé (35,5 x 27,5 cm), Vic, Catalogne, Museu de l’Art de la Pell ; b. MAP 734, Voile de sainte Véronique, panneau de cuir doré ciselé (37 x 30 cm), Vic, Catalogne, Museu de l’Art de la Pell
Crédits © J.-P. Fournet.
URL http://journals.openedition.org/techne/docannexe/image/9969/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 356k
Titre Fig. 3. Résultats de datations 14C de sept panneaux de dévotion en cuir doré
URL http://journals.openedition.org/techne/docannexe/image/9969/img-3.png
Fichier image/png, 92k
Titre Fig. 4. Résultats de datations 14C du cuir et du bois de support pour CBD 636 et CBD 677
Crédits © C. Bonnot-Diconne.
URL http://journals.openedition.org/techne/docannexe/image/9969/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 200k
Titre Fig. 5. CBD 637, panneau représentant la Sainte Face du Christ (diam. 27,5 cm), collection privée (France)
Crédits © C. Bonnot-Diconne.
URL http://journals.openedition.org/techne/docannexe/image/9969/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 664k
Titre Fig. 6 a-b. a. Le Mandylion de Rome (ou Sainte Face de San Silvestro), peinture sur bois représentant la Sainte Face du Christ (40 x 29 cm), Rome, Vatican, chapelle Mathilde. CC BY-SA 3.0 ; b. Santo Rostro, huile sur lin avec support en bois doré et argenté (35,5 x 25,5 cm), Jaen, cathédrale. © Catedral de la Asunción de Jaén
URL http://journals.openedition.org/techne/docannexe/image/9969/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 484k
Titre Fig. 7. Résultats de datations 14C du cuir et du fil de couture pour La bataille de Gelboé, Écouen, Musée national de la Renaissance
Crédits © C. Bonnot-Diconne.
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Titre Fig. 8. Résultats de datations 14C du cuir et du fil de couture pour la tenture « aux serpents », Aix-en-Provence, musée du Vieil-Aix
Crédits © C. Bonnot-Diconne.
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Pour citer cet article

Référence papier

Céline Bonnot-Diconne, Lucile Beck, Jean-Pierre Fournet, Felix de la Fuente Andrés et Ingrid Caffy, « La datation des cuirs dorés : confirmer et affiner la chronologie d’un objet d’art décoratif »Technè, 52 | 2021, 68-74.

Référence électronique

Céline Bonnot-Diconne, Lucile Beck, Jean-Pierre Fournet, Felix de la Fuente Andrés et Ingrid Caffy, « La datation des cuirs dorés : confirmer et affiner la chronologie d’un objet d’art décoratif »Technè [En ligne], 52 | 2021, mis en ligne le 14 avril 2023, consulté le 16 mars 2025. URL : http://journals.openedition.org/techne/9969 ; DOI : https://doi.org/10.4000/techne.9969

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Auteurs

Céline Bonnot-Diconne

Conservatrice-restauratrice de cuir, 2CRC, Moirans (cbonnotdiconne[at]aol.com).

Articles du même auteur

Lucile Beck

Responsable du Laboratoire de Mesure du Carbone 14 (LMC14/LSCE), CEA Saclay, Gif-sur-Yvette (lucile.beck[at]cea.fr).

Articles du même auteur

Jean-Pierre Fournet

Historien de l’art, Paris (j-p.fournet163[at]orange.fr).

Articles du même auteur

Felix de la Fuente Andrés

Directeur-adjoint du musée national des Arts décoratifs,
Madrid (felix.delafuente[at]cultura.gob.es).

Ingrid Caffy

Assistante ingénieur, Laboratoire de Mesure du Carbone 14 (LMC14/LSCE), CEA Saclay, Gif-sur-Yvette (ingrid.caffy[at]lsce.ipsl.fr).

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Droits d’auteur

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