Navigation – Plan du site

AccueilPré-publicationArticlesMarché hebdomadaire de Diaobé : h...

Marché hebdomadaire de Diaobé : hot spot de la migration clandestine des Jakartamen en haute Casamance ?

Diaobé weekly market: hot spot for illegal Jakartamen migration in Upper Casamance?
Dramane Cissokho

Résumés

La migration clandestine vers l’Europe est devenue à partir du milieu des années 2000 un objet politique mais aussi scientifique. Elle affecte le sud du Sénégal et particulièrement la haute Casamance. L’article se propose d’analyser la migration clandestine piroguière à partir du marché hebdomadaire de Diaobé en mettant en évidence l’implication des réseaux marchands et des moto-taxis qui desservent ladite place marchande. Il s’appuie sur des données qualitatives issues des entretiens semi-directs auprès des conducteurs de moto-taxi, des notables, des ONG et des pouvoirs publics.
Les jeunes des espaces ruraux de la haute Casamance qui se livrent à la conduite de moto-taxi en réponse à la crise agricole convergent à Diaobé pour tirer profit des opportunités dans le secteur du transport en commun créées par la demande de mobilité autour du marché hebdomadaire. Ils utilisent les revenus que cette activité leur procure pour financer le voyage par pirogue vers l’Espagne. Les réseaux marchands constituent les intermédiaires entre les candidats à la migration à Diaobé et les organisateurs des voyages situés sur les lieux de départ au niveau des zones côtières. Pour mettre fin à la migration clandestine, certaines actions sont entreprises mais elles sont dérisoires et inadaptées.

Haut de page

Texte intégral

Introduction

1Au cours de ces deux dernières décennies, la migration clandestine par pirogue en partance du Sénégal a pris de l’ampleur. Beaucoup de migrants clandestins interceptés dans l’océan Atlantique en direction de l’Europe sont des Sénégalais (Gueye et Deshingkar, 2020). A titre illustratif les Sénégalais constituent 75% à 95% des 31 000 migrants clandestins arrivés en Espagne en 2006 (Ba, 2008 ; Ndiaye et Robin, 2009).

2Pour endiguer les flux de départ et dissuader les jeunes de prendre les pirogues, un dispositif de surveillance des côtes sénégalaises est mis en place avec l’appui des pays membres de l’Union européenne. Au-delà de la surveillance des côtes, la migration clandestine est un délit au Sénégal. Les procès des personnes arrêtées par les gardes côtières sénégalaises dans les tribunaux des régions de Dakar, Saint-Louis, Thiès et Ziguinchor n’ont pas eu un effet dissuasif. La migration clandestine par pirogue vers l’Espagne continue, au point que l’ex président de la république du Sénégal, Macky Sall, ordonne la mise en œuvre de plus de mesures sécuritaires, économiques, financières et sociales pour combattre le phénomène à la suite du Conseil des ministres du 8 novembre 2023.

3Courant 2024, la migration clandestine se caractérise par une forte médiatisation. Elle est régulièrement à la une de la presse sénégalaise. Elle est aussi le thème récurrent des débats socio-économiques et politiques du pays. A chaque fois qu’un chavirement de pirogue est annoncé, on signale des centaines de jeunes disparus dans l’océan.

4Les travaux sur la migration clandestine par pirogue au Sénégal considèrent le phénomène comme l’apanage des communautés de pêcheurs (Sall et Morand, 2008) et des zones littorales (Tandian, 2006 ; Bouilly, 2008 ; Tall et Tandian, 2010 ; Ngom, 2017). Pourtant, un article publié par le site de presse en ligne senePlus (https://www.seneplus.com/​) le 8 août 2017 soulignait que le marché hebdomadaire de la ville de Diaobé, connu également sous le vocable de loumo de Diaobé, est considéré comme une place marchande qui favorise la migration clandestine des jeunes conducteurs de moto-taxi (localement appelés Jakartamen) de la haute Casamance. Cette petite ville, loin du littoral sénégalais (figure 1), est devenue la cible des organisations non gouvernementales (ONG) et d’une diversité d’acteurs qui œuvrent dans le développement d’activités génératrices de revenus en faveur de la jeunesse dans le but de l’empêcher de partir à l’aventure.

5A travers cette étude de cas au Sénégal, il s’agit d’analyser la migration clandestine des jeunes de la haute Casamance autour du marché hebdomadaire de Diaobé en mettant en évidence l’implication des réseaux marchands et des moto-taxis qui desservent ladite place marchande.

6Le premier point de l’article porte sur le marché hebdomadaire de Diaobé en tant que carrefour des Jakartamen de la haute Casamance, qui sont autant de candidats potentiels à la migration clandestine. Le deuxième point traite de l’implication des réseaux marchands du marché dans le recrutement des candidats. Le troisième aborde le financement des projets migratoires par l’argent généré par les moto-taxis desservant le marché. Les deux derniers points mettent l’accent successivement sur les effets de la migration clandestine et les tentatives de lutte contre le phénomène.

Figure 1 : Localisation de Diaobé

Figure 1 : Localisation de Diaobé

Réalisation : D. Cissokho, 2023

Méthodologie

7L’Afrique de l’Ouest se caractérise par une migration clandestine à partir de ses propres côtes et de celles de la Méditerranée (Libye, Maroc, Tunisie, Mauritanie et Algérie). La migration clandestine dont il est question ici, est celle qui se fait à partir du littoral sénégalais vers l’Espagne.

8L’article s’appuie sur des données qualitatives issues d’entretiens semi-directifs menés auprès des jeunes conducteurs de moto-taxi autour du marché hebdomadaire de Diaobé. Certains parmi eux étaient parvenus à atteindre les côtes espagnoles mais ils avaient été rapatriés, d’autres avaient été arrêtés par les garde-côtes sénégalais. D’autres jeunes enquêtés n’avaient jamais tenté la migration clandestine mais aspiraient à leur tour à prendre les pirogues en direction des îles Canaries. Ces entretiens ont été réalisés en mars 2023, et portaient sur les raisons du choix de l’activité de moto-taxi et les motifs de la venue à Diaobé pour les jeunes originaires des zones rurales. Les entretiens ont également abordé la source de financement des projets migratoires, l’accès à l’information migratoire et les réseaux marchands impliqués dans la migration clandestine.

9Les jeunes sont privilégiés dans cette étude car les organisateurs et les intermédiaires de la migration clandestine n’acceptent pas de parler et d’être identifiés. La loi au Sénégal est sévère envers eux. En revanche, les jeunes acceptent de parler de la migration clandestine parce qu’ils ont été arrêtés pour quelques temps puis libérés. D’autres entrevues ont été réalisées avec les responsables des structures chargées de l’emploi des jeunes, des ONG et des notables. Elles ont porté sur les effets de la migration clandestine et sur les dispositifs de lutte contre le phénomène. Le traitement des données qualitatives procède d’une analyse thématique.

1. Marché de Diaobé : carrefour de Jakartamen de la haute Casamance, potentiels candidats à la migration clandestine

10On connaît bien Diaobé en tant que place marchande au rayonnement sous-régional. En effet, la ville est le lieu d’un d’important marché hebdomadaire où les marchands sénégalais, gambiens, guinéens, bissau-guinéens, maliens et mauritaniens viennent acheter et vendre des produits de diverses natures. On connaît moins Diaobé comme carrefour de conducteurs de moto-taxi (ou Jakartamen) en haute Casamance. Diaobé est en effet connectée aux centres urbains par des véhicules de transport de personnes et/ou de marchandises mais les moto-taxis (ou Jakartas) sous-tendent la mobilité dans le cadre de ses relations avec les zones rurales sous son influence (Ndao et al, 2024). L’absence des véhicules de transport tient à la prédominance des pistes difficilement praticables par les voitures, témoignant du caractère très peu développé du réseau routier bitumé (figure 2). Il s’y ajoute la faible taille démographique de certains villages qui ne sont pas rentables pour les opérateurs de transports en commun conventionnels. Le manque de desserte par voiture a favorisé la diffusion de la moto-taxi comme moyen de transport en commun dans les connexions de Diaobé avec son arrière-pays rural pour répondre à la demande de mobilité. La ville est au cœur d’un vaste espace agricole constitué par les zones de production de coton et de riz localisées entre les villes de Kolda et Vélingara. L’insécurité alimentaire résultant de la crise des systèmes de production vivrière pluviale qui affecte les espaces ruraux haute casamançais incite les paysans à intégrer la mobilité quotidienne vers Diaobé dans leur stratégie de recherche de subsistance (Sy, Séne et Mballo, 2019). Les paysans s’y rendent chaque jour pour écouler le peu de produits de maraîchage ou de cueillette dont ils disposent et y acheter ensuite des denrées alimentaires. Dans chacun des villages sous l’influence de la ville, des jeunes proposent une offre de transport de moto-taxi. À tout moment de la journée, en fonction de la disponibilité de la clientèle, ils amènent des personnes à Diaobé. Si c’est en fin de journée et dans le cas où les clients ne restent pas longtemps dans la ville, ils les attendent pour le retour. Au cas contraire, les Jakartamen rentrent avec un autre client originaire de leur village ou bien ils se contentent d’un client d’une autre localité, située sur leur trajet. Avec la forte affluence liée à l’arrivée des marchands des pays voisins le mercredi, qui correspond au jour officiel de la tenue du marché, la ville devient le point de ralliement des Jakartamen de la haute Casamance. Ils quittent leur village très tôt le matin avec un client pour rallier la ville. Ils y passent toute la journée pour assurer avec les Jakartamen natifs de la ville l’acheminent des personnes et des marchandises entre le marché et la gare routière et entre les quartiers centraux et ceux périphériques en ce sens que la moto-taxi est le seul système de transport en commun intramuros. Les tarifs varient en fonction de la destination. Ils oscillent de 300 à 500 FCFA pour des déplacements intramuros. Les déplacements entre la ville et les villages coûtent entre 500 à 2 500 FCFA.

Figure 2 : Réseau routier de la haute Casamance

Figure 2 : Réseau routier de la haute Casamance

Réalisation : D. Cissokho, 2023

11L’observation permet de remarquer la présence d’un nombre important des jeunes de la haute Casamance avec leur moto-taxi dans les rues de la ville pour satisfaire la demande de mobilité des vendeurs et des clients, et ce surtout les mercredis. Les lieux de stationnement de Jakartas s’égrènent le long de la route nationale numéro 6 (RN6) (photographie 1), qui traverse la ville d’est en ouest, et le long de laquelle on trouve des commerces, des stations d’essence et de l’hôtel de la ville. Les réseaux de Jakartamen sont structurés autour de ces lieux de stationnement. Les Jakartamen de l’arrière-pays rural qui viennent dans la ville le mercredi matin et qui ne souhaitent pas retourner chez eux pour motif de vouloir travailler jusqu’à tard dans la soirée sont hébergés par les collègues de leur réseau, natifs de la ville. Un conducteur de moto-taxi peut fréquenter un à plusieurs lieux de stationnement et être membre de plusieurs réseaux, ce qui est révélateur du chevauchement des réseaux. Ce chevauchement des réseaux facilite la circulation rapide de toute information auprès des jeunes Jakartamen.

Photographie 1 : Conducteurs de moto-taxi en attente de clients sur la RN6 à Diaobé

Photographie 1 : Conducteurs de moto-taxi en attente de clients sur la RN6 à Diaobé

Source : D. Cissokho, 2023

12Qu’ils soient natifs de la ville ou originaires des espaces agricoles de la haute Casamance, les Jakartamen qu’on rencontre à Diaobé sont déscolarisés et n’arrivent pas à trouver une place dans le commerce. En effet, l’activité marchande y est contrôlée et dominée par des marchands venus du centre-ouest du Sénégal qui sont installés dans la ville et des marchands mobiles originaires de la République de Guinée, de Guinée-Bissau, de Gambie, du Mali et de Mauritanie. Les marchands venus du centre-ouest du pays et les fonctionnaires locaux qui cherchent des revenus supplémentaires pour arrondir les fins de mois difficiles ou diversifier leurs sources de revenus sont généralement les propriétaires des moto-taxis que les jeunes conduisent. Le recours des jeunes à l’activité de moto-taxi doit être appréhendé à l’aune de leur marginalisation dans les activités commerciales, de leur décrochage scolaire et de leur désintérêt pour l’agriculture à cause des rendements décevants des cultures vivrières et de la faillite du système de production de coton imputable au coût élevé des entrants et le faible prix de vente du coton (Cissokho et al., 2021).

13La conduite de moto-taxi n’est pas une activité viable. Les Jakartamen en sont tout à fait conscients. Ils la pratiquent juste pour ne pas rester désœuvrés mais ils se préparent pour la migration clandestine qui est à leur portée compte tenu des politiques restrictives européennes d’octroi de visa (Ngom, 2017). Lorsqu’il est interrogé, un jeune du nom de Daouda le souligne ainsi : « il n’y a rien pour s’en sortir ici. Je conduis le Jakarta pour ne pas rester sans rien faire. Je peux compter plus de 300 jeunes ici, ils le font pour s’occuper momentanément. On veut tous partir, on attend juste le moment opportun pour prendre la pirogue ». C’est le même discours qui ressort des discussions avec les autres Jakartamen. Ce n’est plus seulement une question d’aspiration à migrer. On peut dire dans une certaine mesure que beaucoup d’entre eux sont dans une logique de préparation de départ à la migration clandestine (Cissokho et al., 2024). Ces jeunes considèrent la migration clandestine comme la seule porte de sortie de la précarité dans la durée, mais également la source de réussite et de promotion sociale. Même les jeunes qui ont une fois tenté la migration clandestine, qui ont échoué dans la réalisation de leur projet migratoire et qui sont revenus dans le secteur, aspirent à une nouvelle tentative. « J’étais arrivé en Espagne, on m’a rapatrié. Je suis sur le point de voir comment repartir encore » raconte un jeune de 22 ans. La mobilisation des Jakartamen de la haute Casamance autour du marché de Diaobé, prêts à braver l’océan Atlantique pour atteindre les côtes européennes, se révèle comme une « mine d’or », autrement dit une opportunité que les réseaux marchands exploitent dans le cadre du recrutement des candidats pour les départs clandestins.

2. Un marché loin du littoral, lieu de recrutement des candidats par les réseaux marchands

14La ville de Diaobé est très éloignée des points de départ de la migration clandestine piroguière situés sur les côtes du Sénégal en direction des îles Canaries en Espagne. Cependant, elle y est très connectée par ses réseaux marchands qui animent le commerce de poissons et mollusques fumés et séchés. Ces réseaux marchands jouent un rôle de connexion entre les pêcheurs, organisateurs de la migration clandestine piroguière au niveau du littoral, et les candidats qui s’engagent dans le périple à travers l’océan Atlantique depuis Diaobé (figure 3). Les marchands situés à Diaobé sont informés des départs prévus et du montant de la commission pour chaque client qu’ils ramènent par leurs fournisseurs de marchandises, situés dans les villages de pêcheurs qui sont les zones de départ sur le littoral. Selon les informations du terrain, le montant de la commission varie de 25 000 à 75 000 FCFA. Ce sont les organisateurs qui payent la commission après avoir encaissé l’argent auprès des candidats au départ. Les fournisseurs des marchands de Diaobé en produits halieutiques, les marchands de Diaobé et les conducteurs de moto-taxi-rabatteurs chargés du recrutement sur le terrain se partagent la commission. En effet, les marchands informent un jeune conducteur de Jakarta de confiance en toute discrétion qui joue le rôle de rabatteur. Ce dernier se charge de diffuser l’information avec la date de départ, les conditions financières afférentes dans les réseaux de conducteurs de moto-taxi du marché de Diaobé mais sans l’identité et le contact des marchands. Il recense les jeunes intéressés et les met en contact avec les marchands deux jours avant la date de départ. Les marchands, après s’être assurés de l’engagement des candidats et de leur capacité à régler financièrement le coût du voyage, les mettent en relation avec leurs fournisseurs de marchandises qui les présenteront aux pêcheurs, organisateurs du voyage dès leur arrivée sur le littoral. Les candidats à la migration clandestine quittent souvent Diaobé la veille du jour de départ de la pirogue. Sur place, ils versent auprès des organisateurs le coût du voyage. Un jeune qui avait échoué dans sa tentative, met en lumière comment il a été mis en lien avec l’organisateur du voyage : « c’est un commerçant de yohosse (mollusque séché) qui nous avait mis en contact avec un pêcheur sur le littoral pour s’embarquer avant d’être arrêtés en Espagne ». Les multiples connexions de la gare routière de la ville facilitent les déplacements des jeunes vers les points de départ. Cette gare routière est directement connectée à Elinkine, porte d’entrée des îles de la basse Casamance qui sont parmi les principales zones de départ de la migration clandestine au Sénégal et les principales zones de pêche du littoral sud sénégalais. Or ces zones de pêche sont pourvoyeuses de produits d’origine halieutique qui transitent par le marché de Diaobé en direction du Mali et de la République de Guinée et vers les zones rurales de la haute Casamance. La connexion quotidienne de la gare routière de la ville à celle de Dakar via Louga favorise le déplacement des candidats au départ qui veulent tenter leur chance à partir de Kayar et Fass Boye, situés à la périphérie de Dakar et à Mbour ou Saint-Louis.

Figure 3 : L’implication des réseaux marchands dans le recrutement des candidats

Figure 3 : L’implication des réseaux marchands dans le recrutement des candidats

Réalisation : D. Cissokho, 2023

15L’implication des réseaux marchands permet aux organisateurs de la migration clandestine de recruter dans une zone située dans la partie continentale du Sénégal. Pour les candidats, elle les évite de séjourner plus d’une journée dans les zones de départ de pirogue. Un séjour qui peut être source de dépense supplémentaire et d’éveil des soupçons des agents chargés de la lutte contre la migration clandestine. Le séjour d’un groupe de personnes, non pêcheurs dans une localité de pêcheurs sur le littoral est en effet systématiquement associé à une tentative de départ et peut donc faire l’objet d’arrestations.

16La connexion des réseaux marchands à plusieurs zones de départ de la migration clandestine sur le littoral fait de Diaobé, par moment, un lieu où les candidats peuvent choisir leurs options, comme en témoignent les propos de Malang : « il arrive que plusieurs offres circulent. Quand je partais j’avais le choix entre deux offres. J’ai choisi la moins chère ». La variation du coût de la migration dépend des modes d’organisation du voyage qui sont de deux types. Le premier est plus cher en ce sens que les pêcheurs qui organisent le voyage ne sont eux-mêmes pas candidats à la migration et ne pilotent pas l’embarcation : ils financent la confection d’une pirogue, l’achat de deux moteurs et d’autres équipements ; ils payent aussi deux pêcheurs capables de conduire l’embarcation à destination. Les prix proposés aux clients dépassent généralement 500 000 FCFA car ils intègrent les dépenses engagées et les marges bénéficiaires attendues par les organisateurs du voyage. Par contre pour le second, le voyage est initié par une équipe de pêcheurs, eux-mêmes candidats à la migration clandestine. Compte tenu du fait qu’ils utilisent leur propre matériel (pirogue, moteur) et conduisent eux-mêmes l’embarcation, les prix qu’ils proposent aux autres candidats sont souvent compris entre 100 000 et 300 000 FCFA. Les jeunes de la haute Casamance recourent à l’argent généré par les moto-taxis pour payer le coût de leur migration clandestine.

3. Moto-taxis de la place marchande de Diaobé, source de financement des projets migratoires clandestins

17Les travaux sur le financement de la migration clandestine au Sénégal, au début des années 2000, mettent globalement en exergue deux types de mobilisation des fonds : le soutien financier familial et la vente du bétail et/ou du matériel agricole. En milieu urbain, le soutien financier familial est considéré comme la source de financement des projets de départs des jeunes en aventure clandestine. Il est souvent l’œuvre des mères de famille qui vendent leurs parures ou mobilisent les économies de leur petit commerce pour financer la migration clandestine des jeunes. Ceci a poussé en 2007 l’ancien président du Sénégal, Abdoulaye Wade lors du congrès annuel de la Renaissance des femmes d’Afrique de l’Ouest à demander aux femmes sénégalaises de mettre fin à leur stratégie d’incitation et de financement de la migration clandestine. L’explication de la contribution des femmes au financement du voyage de leurs enfants est à rechercher dans la volonté de se trouver une relève dans la prise en charge des besoins familiaux. Face à l’incapacité de bon nombre de pères de famille à assumer financièrement les charges pour l’achat des denrées alimentaires, surtout en cas de situation de polygamie, l’entretien familial revient aux femmes (Bouilly, 2008). L’autre raison est liée aux rivalités entre coépouses qui cherchent chacune à garantir rapidement la réussite et la promotion sociale de son ou ses fils pour son prestige social au sein de la communauté. En milieu rural, la vente de bétail et celle du matériel agricole sont identifiés comme les principales sources de financement de la migration clandestine. Les deux types de mobilisation de fonds montrent en filigrane que les jeunes ne disposent pas de revenus ou ne pratiquent pas une activité génératrice de ressources financières capable de financer leur projet migratoire, ce qui les rend dépendants de l’appui financier familial pour migrer. Cela explique en partie les dynamiques actuelles dans le secteur du transport en commun au Sénégal dont l’une des manifestations est la diffusion des moto-taxis. Ces engins, outre le fait qu’ils entraînent une fluidité dans les déplacements et répondent à la demande de mobilité, procurent aux jeunes des moyens financiers, quoique modestes, qui permettent de s’affranchir de l’aide familiale dans certains domaines (Riccio et Zingari, 2022) notamment dans le cadre de la prise en charge financière de la migration clandestine comme c’est le cas dans le contexte de Diaobé. Les Jakartamen qui avaient tenté la migration et avaient échoué ou avaient été rapatriés, ont signalé qu’ils avaient financé le coût de leur tentative avec les gains de leur activité. « Ce sont les revenus de l’activité moto-taxi que j’avais utilisés pour partir en Espagne » déclare Hamidou. Ceux qui se préparent à partir comptent aussi sur les économies tirées du Jakarta pour financer le voyage.

18Les données d’une enquête réalisée par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM, 2019) représentées sur la figure 4, montrent que les jeunes qui ont payé 100 000 FCFA, 200 000 FCFA, 300 000 FCFA et 400 000 FCFA pour migrer clandestinement vers l’Espagne au Sénégal représentent respectivement 2%, 7%, 19% et 23% des départs. L’analyse de la figure 4 permet de mettre en lumière que 51% des jeunes voyagent sans dépenser plus de 400 000 FCFA. Théoriquement, le revenu moyen mensuel de Jakartamen étant de 45 000 FCFA, il est possible de financer le coût de la migration piroguière avec trois à six mois de travail dans le secteur de moto-taxi à Diaobé. Le coût de la migration équivaudrait seulement à quelques mois de travail dans le secteur Jakarta, ce qui expliquerait les tentatives de départ à répétition. Souvent les jeunes qui ne réussissent pas à la première tentative, repartent pour une deuxième fois. Ils se permettent même parfois une troisième tentative voire davantage.

Figure 4 : Montant payé pour la traversée de l’Atlantique en pirogue vers l’Espagne

Figure 4 : Montant payé pour la traversée de l’Atlantique en pirogue vers l’Espagne

Source : OIM, 2019

4. Migration clandestine à Diaobé et son hinterland rural : quels effets ?

19De nombreux jeunes rapatriés d’Espagne ou ayant été arrêtés lors de la tentative de départ en migration clandestine qui conduisent actuellement des moto-taxis sont de plus en plus visibles au niveau du marché hebdomadaire de Diaobé. Cependant, il n’existe pas de données statistiques sur l’effectif des jeunes qui tentent la migration clandestine autour de Diaobé. Il est également impossible de donner une quelconque appréciation quantitative des migrants qui ont atteint les îles Canaries et y sont restés. Certains peuvent y arriver mais ils sont rapidement rapatriés, en raison d’un accord de réadmission vers le Sénégal. Par ailleurs, le dénombrement de ceux qui périssent dans l’océan Atlantique est tout aussi impossible. Néanmoins, si on en croit les médias et la presse sénégalaise qui évoquent presque chaque mois le chavirement de pirogues, on peut raisonnablement penser que les disparitions lors de la traversée seraient non négligeables.

20Il ressort des discussions menées au gré des circonstances dans les quartiers de Diaobé 1, Diaobé 2 et Dialicounda dans la ville de Diaobé et dans les villages de Saré Yoba, Kabendou, Néma Taba ou encore Pakour, que les migrants qui ont eu la chance d’arriver et de rester en Espagne contribuent dans une certaine mesure à la prise en charge de besoins familiaux en termes d’achat de denrées alimentaires. Quelques rares pères de familles rapportent que les migrants investissent dans le secteur de moto-taxi. Ce type d’investissement, largement marginal pour le moment, s’inscrit en réalité aussi dans la prise en charge des dépenses liées à l’acquisition des produits de consommation courante. Dans l’incapacité d’envoyer régulièrement de l’argent à leur famille en raison de leur situation irrégulière, quelques migrants ont acheté des Jakartas qu’ils ont confiées à d’autres jeunes à Diaobé. A chaque fin de mois, l’argent généré est versé à leur famille d’origine. L’investissement des migrants dans l’immobilier destiné uniquement à la captation de la rente locative ne s’observe pas même s’il n’est pas exclu que certains construisent ou du moins participent à la construction de leur maison familiale.

21En dépit de ces quelques effets positifs, la migration clandestine est une problématique qui préoccupe largement les autorités publiques sénégalaises et des organisations non gouvernementales qui développent des initiatives pour décourager la jeunesse de s’y engager.

5. Tentative de lutte contre la migration clandestine à Diaobé

5.1. Complexe CEDEAO du marché de Diaobé, panacée à la migration clandestine ?

22En 2013, l’ancien président du Sénégal Macky Sall avait pris l’engagement de doter Diaobé d’un complexe commercial appelé localement « complexe CEDEAO » qui devait occuper une superficie de 6 ha pour un budget d’1,2 milliards de FCFA. Ce complexe commercial était en grande partie cofinancé par la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), ce qui justifie d’ailleurs son appellation. Pour la première phase du projet qui s’étalait de 2015 à 2023, était prévue la réalisation d’un bloc administratif composé de bureaux et de salles de réunion, de 8 hangars de 600 m² chacun, de 200 magasins de 20 m2 l’unité, d’une esplanade pour le petit commerce et d’une aire de manœuvre des gros porteurs. Officiellement les bâtiments prévus pour la première phase du projet ont été réceptionnés mais le complexe n’est toujours pas opérationnel.

23Certains responsables des structures étatiques chargées des questions de l’emploi présentent le complexe comme la panacée au chômage des jeunes et une alternative crédible à la migration clandestine en haute Casamance. Dans un contexte sénégalais marqué par un discours politique sur la nécessité de créer de l’emploi afin de limiter la migration des jeunes, les 200 magasins du complexe et les activités connexes qu’il est susceptible de générer sont considérés par ces responsables comme une création d’emplois non agricoles attrayants pour la jeunesse rurale qui fuit l’agriculture. La haute Casamance est constituée à 72 % de ruraux et d’agriculteurs. Depuis 1970, la région est au centre des politiques agricoles sénégalaises dans le domaine de la production de coton. Ces politiques agricoles n’ont pas apporté les résultats escomptés. Pire, elles ont plutôt contribué au désintérêt des jeunes pour l’agriculture (Cissokho et al, 2024). Le monopole de la fourniture d’engrais, de semences ainsi que l’achat du coton qu’elles ont conféré à la Société de développement et des fibres textiles sont à la base des prix d’achat élevés d’intrants et les faibles prix de vente de la production ; ce qui est pénalisant pour les paysans, notamment les jeunes en proie à la précarité qui cherchent refuge dans le secteur de moto-taxi à Diaobé et la migration clandestine. Par ailleurs, la gestion chaotique des aménagements agricoles et les faibles rendements des cultures vivrières concourent aussi au caractère répulsif de l’agriculture.

24Il est fort à craindre que le complexe ne puisse constituer une alternative au chômage des jeunes de la haute Casamance et à la migration clandestine. Avant même la mise en service du complexe, des témoignages recueillis font état de l’accaparement de 200 magasins par les marchands venus du centre-ouest sénégalais et certains marchands mobiles guinéens, bissau-guinéens, maliens et gambiens qui veulent s’installer dans la ville. En réalité, ces marchands sont la population cible du projet. La participation de la CEDEAO dans le financement du projet en dit long sur le but du complexe qui s’inscrit dans l’intégration économique sous-régionale et la consolidation de l’ancrage du marché de Diaobé dans les circulations marchandes en Afrique de l’Ouest. En effet, depuis les années 1990, c’est à travers ce marché hebdomadaire que se diffusent au Sénégal les produits forestiers de cueillette en provenance de deux Guinées (République de Guinée et Guinée Bissau). Le marché est le sas de passage des marchandises d’origine sénégalaise vers les marchés guinéens. Il expédie aussi des produits halieutiques vers le Mali qui y envoie à son tour divers produits.

25Le marché hebdomadaire de Diaobé, qui existe depuis 1974, n’a pas impulsé un développement local. Ainsi la ville de Diaobé n’est pas une localité prospère en dépit de la forte activité marchande et l’intense mobilité par moto-taxis qu’elle structure (PDC, 2017). Les raisons évoquées au début pour expliquer ce faible développement local étaient sa tardive promotion au rang de commune de plein exercice et le fait que les marchands investissaient leurs profits dans l’immobilier de leurs pays d’origine et dans les villes sénégalaises comme Dakar, Touba, Thiès, Diourbel au détriment de Diaobé. Pourtant depuis 2008, la ville a le statut de commune de plein exercice mais presque rien n’a changé en termes de développement. La raison serait liée à la mauvaise gestion des ressources fiscales. Cette situation peu favorable laisse penser que le complexe commercial ne sera pas source, à court terme, d’un développement local profitable aux jeunes au point de les empêcher de prendre les pirogues.

5.2. Des actions de lutte contre la migration clandestine dérisoires et inadaptées

26Les initiatives de lutte contre la migration clandestine apparaissent ainsi dérisoires et inadaptées. En 2017, l’ONG « Association Guné » et ses partenaires avaient financé la construction de deux poulaillers d’une capacité de 500 poussins à Diaobé dans le cadre du projet intitulé « actions de contraste à la dynamique migratoire irrégulière dans les régions de Kolda au Sénégal et de Gabou en Guinée Bissau ». Le but du projet était de stopper le départ des jeunes. Il était soutenu par l’Agence italienne pour la coopération au développement. Les bénéficiaires étaient les Associations sportives et culturelles (ASC) des jeunes des différents quartiers de la ville de Diaobé. Chaque ASC est constituée d’un groupe de jeunes d’un quartier. Il y a lieu de souligner que chaque poulailler appartenait à deux ASC de quartiers voisins. Au regard du nombre de jeunes de chaque ASC et dans la ville, le projet est dérisoire. D’ailleurs, les jeunes ne voulaient pas s’y investir sérieusement du fait qu’il s’agissait d’un projet collectif où chacun d’entre eux ne pouvait même pas avoir un poussin.

27La stratégie sénégalaise de lutte contre la migration clandestine est axée sur la création de l’emploi pour les jeunes pour endiguer les flux de départ comme évoqué plus haut. Face aux importants effectifs des potentiels migrants et des jeunes qui sont rapatriés, il est évident que le financement des projets individuels est difficile avec des moyens limités. Ainsi, le financement des projets collectifs pour des ASC ou d’autres formes d’associations de jeunes dans le secteur de l’élevage (poulaillers) ou de l’agriculture (maraîchage) peut sembler être une solution, mais inadaptée dans sa forme actuelle. Une étude réalisée par Ngom (2020) révèle que ce sont des poulaillers et des périmètres maraîchers qui étaient financés pour les associations de jeunes dans le cadre des projets « Alternatives endogènes contre les migrations irrégulières » et « Action pour gérer l’immigration irrégulière » mis en œuvre par le gouvernement du Sénégal en collaboration avec l’appui financier d’organismes internationaux. Les poulaillers et les périmètres maraîchers de ces deux projets, comme les poulaillers initiés par l’ONG « Association Guné » dans la ville de Diaobé, sont, au-delà de leur caractère dérisoire, inadaptés. En effet, les jeunes mentionnaient que si l’ONG « Association Guné » leur avait préalablement demandé leur avis, ils auraient choisi un financement de projets individuels dans le commerce, qui est une activité bien plus adaptée aux réalités de Diaobé. Les projets collectifs, dérisoires et non attractifs pour les jeunes sont réalisés dans l’urgence avec des délais souvent très courts et sans suivi dans le temps. Les responsables chargés de leur mise en œuvre sur le terrain se lamentent dans les coulisses de leur inefficacité (Zingari et al., 2022).

28Un autre projet a été développé dans la ville. Celui-ci était en faveur des femmes dans le domaine du maraîchage au nom de la lutte contre la migration clandestine. Il a consisté au financement d’un périmètre maraîcher équipé d’un puit avec une pompe solaire pour l’accès à l’eau (photographie 2). Le responsable de l’ONG « Association Guné » explique l’intégration des femmes dans la lutte contre la migration clandestine du fait que ce sont leurs enfants qui partent, voire parfois leur mari. Ainsi, en leur donnant une source de revenus, elles ne les inciteraient plus à partir. Toutefois, le projet s’apparente plus à un dispositif d’autonomisation des femmes qu’à un véritable moyen de lutte contre la migration clandestine dont les projets de départ se trament au marché hebdomadaire de Diaobé à l’insu des femmes en particulier et en général des parents. Il y a lieu d’indiquer le caractère dérisoire de ce projet destiné à une dizaine de femmes. La superficie réelle mise en valeur ne dépasse pas un demi-hectare. La production est destinée à l’autoconsommation, seule une infime partie est commercialisée. Contrairement aux poulaillers dont la durée d’existence n’a pas dépassé un mois, le périmètre maraîcher a connu une certaine persistence grâce au dynamisme des femmes qui pratiquaient le maraîchage avant le projet, facilitant de ce fait aussi l’accès à l’eau.

Photographie 2 : Puits et panneaux alimentant la pompe solaire du projet de maraîchage destiné aux femmes

Photographie 2 : Puits et panneaux alimentant la pompe solaire du projet de maraîchage destiné aux femmes

Source : D. Cissokho, 2023

Conclusion

29Le marché hebdomadaire de la ville de Diaobé, par la forte mobilité qu’il engendre, exerce une attraction sur les jeunes Jakartamen de la haute Casamance qui viennent y saisir les opportunités dans le secteur du transport en commun informel. Une fois sur place, le marché permet aussi la mise en réseaux des jeunes Jakartamen, le marché servant de lieu de connexion avec les pêcheurs proposant des opportunités de migration clandestine. S’ils n’ont pas une fois tenté l’aventure par l’océan Atlantique vers l’Espagne, ces jeunes gens sont des potentiels candidats au départ pour faire face à la précarité et aux difficiles conditions de vie induites par la crise agricole et la mainmise des acteurs étrangers sur les activités commerciales. Ils se servent des revenus tirés de leur activité pour financer les départs. Le recrutement des candidats se fait avec la participation des réseaux marchands implantés chez les conducteurs de moto-taxi. Bien qu’il soit difficile d’en évaluer les effets, la migration clandestine est un fléau à endiguer.

30Les mesures déployées pour enrayer la migration clandestine concernent les projets collectifs de poulaillers et périmètres maraîchers qui manquent d’impacts sur le développement local. Ils ne stimulent pas l’économie locale et ne génèrent pas de revenus pour les jeunes et les femmes qui sont les bénéficiaires directs. Au-delà de leur caractère dérisoire, leur déploiement dans l’urgence et le manque de suivi, leur échec découle du faible engagement des bénéficiaires qui préfèrent des projets individuels dans le secteur du commerce, adaptés aux réalités locales.

31Cette étude de cas illustre simplement la dynamique de recrutement et de financement dans la migration clandestine au Sénégal vers l’Espagne. Le recrutement ne se réalise plus seulement dans les zones littorales, il s’effectue directement dans les régions de l’intérieur. L’autre élément qui s’attache à cette dynamique est l’implication des moto-taxis dans le financement des projets migratoires qui étaient jadis assurés par le soutien familial et la vente de bétail et de matériel agricole. Il est ainsi pertinent de prêter une attention particulière à un possible lien entre le développement du secteur Jakarta et la recrudescence actuelle de la migration clandestine sur le territoire sénégalais. Enfin, le dernier élément en lien avec cette dynamique est la participation des réseaux marchands qui approvisionnent le marché de Diaobé. A partir de cette étude de cas, il est possible d’affirmer que les marchés hebdomadaires sénégalais en tant que lieux de rencontre sont des espaces de recrutement de candidats au départ.

Haut de page

Bibliographie

Ba C O, et Ndiaye A I, 2008, L’émigration clandestine sénégalaise. Revue Asylon (s), N°3, mars 2008, Migrations et Sénégal, url de référence: http://www.reseau-terra.eu/article717.html.

Bouilly E, 2008, Les enjeux féminins de la migration masculine : Le collectif des femmes pour la lutte contre l’immigration clandestine de Thiaroye-sur-Mer. Politique africaine 2008/1 (N° 109), pp. 16-31.

Cissokho D, et al., 2024, Politiques de développement rural et migration internationale des jeunes de la région de Kolda (Sénégal), Belgeo [En ligne], 1 | 2024, mis en ligne le 06 mai 2024, consulté le 16 juillet 2024. URL : http://journals.openedition.org/belgeo/ 67863 ; DOI : https://doi.org/10.4000/11nd9.

Cissokho D, et al., 2021, Migchoice country report: Senegal, University of Birmingham, 32 p.

Gueye D, et Deshingkar P, 2020, Irregular Migration in Senegal Faith, Dreams and Human Smuggling through the Desert and Sea, Working Paper, Migrating out of poverty 67, 50 p.

Ndiaye M, et Robin N, 2009, Le migrant criminalisé, le temps d’une traversée : l’exemple de l’émigration récente par voie maritime depuis les côtes sénégalaises. In : Trémolières M. (dir.). Les enjeux régionaux des migrations ouest-africaines : perspectives africaines et européennes. Paris (FRA), Paris : OCDE, CSAO, 2009, pp. 185-206.

Ndao A et al., 2024, Mobilité, commerce, transport aux frontières du Sénégal : retour dans les Terres neuves et à Diaobé. https://movida.hypotheses.org/11304.

Ngom A, 2020, Les stratégies de lutte contre la migration clandestine à Kolda, région sud du Sénégal. Revue sénégalaise de sociologie, pp. 97-119.

Ngom A, 2017, Les tentatives d’émigration par la mer de jeunes Sénégalais de Casamance. Revue des sciences sociales [Online], 57 | 2017, Online since 15 July 2017, connection on 05 May 2023. URL : http://journals.openedition.org/revss/353 ; DOI: https://doi.org/10.4000/revss.353.

OIM, 2019, Nouvelles dynamiques migratoires au Sénégal. Situation sur la reprise de la route ouest-africaine, Rapport de recherche, 2019, 62 p.

Riccio B, et Zingari G N, 2022, Generazione Jakarta. (Im)mobilità e neoliberismo ordinario trai giovani di Louga (Senegal), Archivio Antropologico Mediterraneo, XXV, 24 (1): pp. 1-21.

PDC, 2017, Diaobe ville prospère : carrefour d’échange à l’échelle de la sous-région ouest africaine, 75 p.

Sall A, Morand P, 2008, Pêche artisanale et émigration des jeunes africains par voie piroguière. Dans Politique africaine 2008/1 (N° 109), Éditions Karthala, pp. 32- 41.

SénePlus, 2017, https://www.seneplus.com/developpement/la-promotion-dactivites-economiques-freiner-le-phenomene.

Sy O, Séne A M, et Mballo I, 2019, Aménagements agricoles et sécurité alimentaire au Sénégal : cas de la Haute Casamance (Sénégal). Revue espace géographique et société marocaine, N° 27, pp. 85-103.

Tall S M, et Tandian A, 2010, Regards sur la migration irrégulière des sénégalais : Vouloir faire fortune en Europe avec des pirogues de fortunes. Notes d’analyse et Synthèse-Série sur la migration irrégulière module socio-politique, CARIM-AS 2010/50, 17 p.

Tandian A, 2006, Barça ou Barsaax: (Aller à Barcelone ou mourir). Le désenchantement des familles et des candidats sénégalais à la migration. In : Diasporas. Histoire et sociétés, n°9, 2006. Chercher fortune. pp. 124-137; doi : https://doi.org/10.3406/diasp.2006.1073 https://www.persee.fr/doc/diasp_1637-5823_2006_num_9_1_1073.

Zingari G N, et al., 2022, L’impact des interventions de développement sur la prise de décision à migrer en Afrique Occidentale. Projet MIGCHOICE, Antropologia Pubblica, 8 (2) 2022, pp. 177-191. http://dx.doi.org/10.1473/anpub.v8i2.286.

Haut de page

Table des illustrations

Titre Figure 1 : Localisation de Diaobé
Crédits Réalisation : D. Cissokho, 2023
URL http://journals.openedition.org/tem/docannexe/image/12058/img-1.png
Fichier image/png, 31k
Titre Figure 2 : Réseau routier de la haute Casamance
Crédits Réalisation : D. Cissokho, 2023
URL http://journals.openedition.org/tem/docannexe/image/12058/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 220k
Titre Photographie 1 : Conducteurs de moto-taxi en attente de clients sur la RN6 à Diaobé
Crédits Source : D. Cissokho, 2023
URL http://journals.openedition.org/tem/docannexe/image/12058/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 252k
Titre Figure 3 : L’implication des réseaux marchands dans le recrutement des candidats
Crédits Réalisation : D. Cissokho, 2023
URL http://journals.openedition.org/tem/docannexe/image/12058/img-4.png
Fichier image/png, 31k
Titre Figure 4 : Montant payé pour la traversée de l’Atlantique en pirogue vers l’Espagne
Crédits Source : OIM, 2019
URL http://journals.openedition.org/tem/docannexe/image/12058/img-5.png
Fichier image/png, 25k
Titre Photographie 2 : Puits et panneaux alimentant la pompe solaire du projet de maraîchage destiné aux femmes
Crédits Source : D. Cissokho, 2023
URL http://journals.openedition.org/tem/docannexe/image/12058/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 295k
Haut de page

Pour citer cet article

Référence électronique

Dramane Cissokho, « Marché hebdomadaire de Diaobé : hot spot de la migration clandestine des Jakartamen en haute Casamance ? »Territoire en mouvement Revue de géographie et aménagement [En ligne], Articles, mis en ligne le 29 janvier 2025, consulté le 15 mars 2025. URL : http://journals.openedition.org/tem/12058

Haut de page

Auteur

Dramane Cissokho

Enseignant chercheur
Université Cheikh Anta Diop de Dakar
N°109, Comico, Mermoz, Dakar (Sénégal)
Dakar (Sénégal) 
dramane.cissokho@ucad.edu.sn

Haut de page

Droits d’auteur

CC-BY-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search