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Chroniques

La maison de la Résistance franco‑belge 1940‑1945

Frédéric Crahay
p. 5-7

Résumé

EXPO : Depuis plus de trois ans, Jo Peeters et son épouse Sofie Van Krunkelveldt accueillent des visiteurs dans leur maison située à Sint-Joris-Winge (Winghe-Saint-Georges) dans le Brabant flamand. Ceux-ci peuvent remonter le temps, et se retrouvent plongés quatre-vingts ans en arrière dans l’univers des mouvements de la Résistance. Quand on pénètre dans ce musée, on entrevoit l’exposition en un seul coup d’œil, néanmoins beaucoup de choses restent à découvrir dans cet espace réduit, dont le fond sonore est constitué de musique des années 1940.

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Notes de l’auteur

Plus d’infos.
La Maison de la Résistance Franco-Belge
Halensebaan, 45 – 3390 Tielt-Winge
. www.hbfv.be
. www.belgiumbattlefield.be

Texte intégral

© Frédéric Crahay/Fondation Auschwitz, 2021

1Soixante pour cent de la collection présentée a été rassemblée par Calixte Vandevelde, résistant pendant la Seconde Guerre mondiale, et grand-père du conservateur Jo Peeters. Calixte Vandevelde est décédé en 2016 et Jo Peeters a alors estimé qu’il était important de mettre en valeur cette collection de plus de 800 pièces (photos, émetteurs, récepteurs, véhicules…) à laquelle s’ajoute une section d’archives en développement constant. Jo Peeters a grandi avec des histoires de résistance ce qui l’a amené naturellement à s’intéresser à l’Histoire. Il connaît désormais l’origine de chaque objet de sa collection, qui l’a utilisé, dans quel contexte il a servi et ce qu’il est advenu de son propriétaire, ce qui constitue, bien entendu, une valeur ajoutée importante pour le visiteur. L’exposition raconte une histoire, à laquelle Jo Peeters apporte une structure en évoquant différents groupes de Résistance, et en changeant tous les quelques mois les pièces de sa collection présentées dans les vitrines. Il se charge personnellement de toutes les visites guidées (sur rendez-vous) qui sont proposées en néerlandais et en français.

2L’exposition reflète le choix pertinent d’aborder à la fois les mouvements de Résistance belges et français qui entretenaient des liens étroits étant donné qu’une partie de la France – les départements du Nord et du Pas-de-Calais – était administrativement contrôlée depuis Bruxelles par l’occupant allemand. Cela permet au visiteur d’appréhender un sujet fascinant de manière comparative. En France, la Résistance a été exaltée après la Seconde Guerre mondiale en raison de l’importante implication de l’État français de Philippe Pétain dans la collaboration avec les nazis. En Belgique, la situation était différente, puisque c’est la Militärverwaltung in Belgien und Nordfrankreich (l’administration militaire de la Belgique et du Nord de la France) qui s’en est chargée. En Belgique, après la guerre, les déportés des camps de concentration nazis ont été davantage mis en avant que les résistants, qui avaient pour des raisons évidentes opéré en secret.

3Jo Peeters a délibérément choisi d’utiliser sa surface limitée pour présenter principalement des objets, choix judicieux pour captiver un (jeune) public. Les archives couvrent la période allant du début de la guerre, avec des documents très rares provenant du Brabant, à la veille de la Libération en septembre 1944. Le souvenir de la Première Guerre mondiale, et en particulier de la lutte clandestine non armée pratiquée à l’époque, a poussé certaines personnes à s’engager très tôt dans la lutte clandestine. Néanmoins, la Belgique reste un État où ni les esprits ni les structures n’offrent de cadre pour organiser rapidement une résistance armée ou non armée. C’est pourquoi il a fallu de nombreux mois pour passer d’une résistance isolée et désorganisée à un appareil clandestin capable d’agir face aux envahisseurs. La disproportion des forces armées disponibles a rendu toute initiative particulièrement difficile. De 1940 à 1944, quelque 160 000 hommes, femmes et enfants ont participé à la Résistance en Belgique. Environ 40 000 d’entre eux ont été arrêtés par les occupants allemands et plus de 16 000 ont payé leur engagement de leur vie.

4La volonté du conservateur est de fonctionner de manière totalement autonome, sans aucune subvention, mais cette stratégie menace la pérennité de ce musée. Celui-ci pourrait être davantage développé sur le plan audiovisuel, mais le propriétaire a délibérément choisi de ne pas en faire un « musée de la Lecture ». Le souhait exprimé est de laisser les visiteurs s’approcher des objets, sans les toucher, et de leur donner la possibilité de questionner immédiatement leur guide.

5L’un des défis pour les années à venir sera de survivre en tant que musée, déclare le conservateur. De ce point de vue, la recherche de partenariats n’est pas un luxe. Depuis 2021, la Maison de la Résistance franco-belge est un partenaire officiel de l’initiative Belgium, Battlefield of Europe (voir encadré). Avec son petit musée, Jo Peeters souhaite contribuer à combler une lacune éducative et culturelle. Il déplore le fait que la Résistance ne fasse pas véritablement partie des programmes d’enseignement et ne soit pas une matière obligatoire dans les derniers niveaux de l’enseignement secondaire. Peut-être la guerre actuelle en Ukraine remettra-t-elle la Résistance sur le devant de la scène.

© Frédéric Crahay/Fondation Auschwitz, 2021

Belgium, Battlefield of Europe

© Frédéric Crahay/Fondation Auschwitz, 2021

© Frédéric Crahay/Fondation Auschwitz, 2021

L’Institut du patrimoine de guerre, l’institution fédérale chargée de promouvoir le patrimoine militaire de la Belgique, a lancé en 2019 le réseau Belgium, Battlefield of Europe. Ce réseau est une association informelle d’institutions belges d’histoire militaire qui souhaitent coopérer dans les domaines de l’histoire militaire (de la guerre), de la mémoire et du tourisme. Crucial est le rôle de notre pays qui, de par sa situation au cours de l’histoire, s’est trouvé au carrefour des sphères d’influence des puissances européennes. Belgium, Battlefield of Europe repose essentiellement sur trois piliers : premièrement, un réseau de musées, de sites et d’organisations dans le domaine de l’histoire et de la mémoire militaire en Belgique, deuxièmement, une recherche historique sur 2 000 ans d’histoire des conflits et troisièmement, la transmission de la mémoire de ces conflits.

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Table des illustrations

Crédits © Frédéric Crahay/Fondation Auschwitz, 2021
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Crédits © Frédéric Crahay/Fondation Auschwitz, 2021
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Pour citer cet article

Référence papier

Frédéric Crahay, « La maison de la Résistance franco‑belge 1940‑1945 »Témoigner. Entre histoire et mémoire, 135 | 2022, 5-7.

Référence électronique

Frédéric Crahay, « La maison de la Résistance franco‑belge 1940‑1945 »Témoigner. Entre histoire et mémoire [En ligne], 135 | 2022, mis en ligne le 27 avril 2023, consulté le 19 avril 2024. URL : http://journals.openedition.org/temoigner/11354 ; DOI : https://doi.org/10.4000/temoigner.11354

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Auteur

Frédéric Crahay

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