1Il est difficile de prédire exactement comment l’histoire sera écrite à l’avenir, car cela dépend en grande partie des avancées technologiques, des changements culturels et de la manière dont nous recueillons et interprétons les informations. Avec la numérisation croissante de l’information, l’histoire pourrait être documentée et préservée principalement sous forme numérique. Il pourrait s’agir de documents, d’images, de vidéos et de simulations interactives. Les technologies d’archivage devront évoluer pour garantir l’accessibilité et l’authenticité à long terme des documents numériques. Les historiens auraient alors accès à un plus large éventail de sources multimédias, ce qui leur permettrait de reconstituer des événements historiques de manière plus immersive. La réalité virtuelle, la réalité augmentée et les expériences interactives permettraient de mieux comprendre les contextes historiques. L’analyse de données avancées et l’intelligence artificielle aideraient les historiens à traiter de grandes quantités d’informations, à identifier des modèles et à générer des idées qui auraient pu être ignorées avec les méthodes traditionnelles.

2Avec l’essor des technologies décentralisées comme la blockchain (une technologie de stockage et de transmission d’informations sans autorité centrale) et les plateformes crowdsourcées (gérées par un grand nombre de groupes ou de personnes), l’histoire serait documentée et vérifiée par le biais d’une approche plus collaborative et participative, réduisant potentiellement les préjugés et garantissant un éventail de perspectives plus diversifié. À mesure que les outils de communication deviennent plus accessibles, les gens ont la possibilité de contribuer à un plus grand nombre de récits personnels et d’histoires locales, ce qui amènerait à un récit plus complet et plus diversifié. Les médias sociaux, les blogs et les vidéos personnelles pourraient constituer des sources primaires précieuses. D’autant plus, l’interconnexion de notre monde conduirait à une perspective plus globale de l’histoire, en mettant l’accent sur les interdépendances entre les différentes régions et cultures. Les événements qui se produisent dans une partie du monde peuvent entraîner des répercussions sur l’ensemble de la planète. Les historiens de demain seraient ainsi en mesure de se concentrer davantage sur les voix précédemment marginalisées, en mettant en lumière des histoires et des perspectives qui ont été négligées dans le passé. Cela amènerait à un récit historique plus inclusif et plus équilibré.

3Cependant, avec la prolifération des fausses informations et des deepfakes, les historiens seront – en fait, ils le sont déjà – confrontés à des difficultés pour distinguer les sources authentiques des contenus manipulés. De nouvelles méthodes de vérification des sources et d’analyse critique seront plus que jamais essentielles. Alors que les formats numériques domineront probablement, des efforts pourraient être faits pour préserver les documents physiques et les artefacts, afin de s’assurer que les sources historiques importantes ne sont pas perdues en raison de l’obsolescence technologique. Récemment, nous avons assisté à l’émergence du concept de l’« Internet de la mémoire ». Cet écosystème numérique interconnecté, qui relève encore de la fiction, stockerait et partagerait les souvenirs collectivement, transcendant les limites de la mémoire individuelle. D’une simple pensée, les gens accéderaient à un vaste réseau de connaissances, d’expériences et d’événements historiques partagés. Ce serait le début d’une nouvelle ère de conscience collective et d’histoire partagée, mais aussi de questions de droit à la vie privée qui se posent déjà fréquemment de nos jours.

4En résumé, l’avenir de l’écriture de l’histoire sera probablement façonné par les avancées technologiques, l’évolution des valeurs culturelles et l’évolution de nos modes de production, de partage et d’interprétation de l’information. Il est important de se rappeler que si les méthodes et les formats peuvent changer, l’objectif fondamental de comprendre notre passé et d’en tirer des enseignements restera au cœur de la discipline historique.