Méthodologie

1Afin de mener à bien cette recherche, l’enquête par instrumentation s’est avérée le meilleur choix. Nous avons utilisé pour la récolte des données, des questionnaires auto-administrés par internet dont l’un des avantages est de récolter des données de beaucoup de sujets en peu de temps.

Échantillonnage : critères d’inclusion et méthode de recrutement

2Le questionnaire en ligne a été envoyé par courriel aux écoles et enseignants de la FWB repris dans la base de données de l’ASBL Mémoire d’Auschwitz, un lien a été partagé sur la page Facebook de la Fondation Auschwitz ; publicité a également été faite par deux newsletters. L’enquête a été mise en ligne sur le site internet de la Fondation Auschwitz le 15 mars 2023 et a été clôturée le 15 juin 2023. Elle constitue un échantillon de participants volontaires de 255 enseignants.

Considérations éthiques de la recherche

3Dans cette enquête, les données recueillies au moyen du questionnaire auto-administré par internet sont anonymes.

Profil des enseignants

4La majorité des répondants (30,20 % soit 77/255) proviennent de la province du Hainaut, de Bruxelles (23,14 % soit 59/255) et de Liège (17,25 % soit 44/255). Viennent ensuite les provinces de Namur (12,55 % soit 32/255), du Brabant Wallon (10,55 % soit 28/255) et du Luxembourg (5,88 % soit 15/255).

5Ils travaillent majoritairement dans le réseau libre confessionnel (47,08 % soit 120/255), suivi de l’enseignement organisé (27,06 % soit 69/255) et subventionné (24,71 % soit 63/225) par la FWB. 78,82 % (201/255) sont nommés à titre définitif. Ils ont en moyenne 17,33 années d’ancienneté avec un écart type de 9,27.

6La catégorie de diplôme la plus représentée est l’AESS Histoire (26,27 % soit 67/255) suivi de l’AESS en langues et lettres françaises et romanes (12,94 % soit 33/255). Cependant, si nous regroupons le bachelier agrégé de l’enseignement inférieur (AESI) français indépendamment des options, il représente 23,15 %, soit 50/255 des répondants.

7Les enseignants travaillent en majorité dans l’enseignement général (76,08 % soit 194/255), dans l’enseignement technique (46,27 % soit 118/255) et dans l’enseignement professionnel (31,76 % soit 81/255). Ils enseignent majoritairement dans le troisième (69,41 % soit 177/255) et le deuxième degré (66,67 % soit 170/255).

8Les répondants enseignent principalement l’histoire (38,82 % soit 99/255), le français (34,12 % soit 87/255) et la religion (16,86 % soit 43/255).

Les outils pédagogiques privilégiés pour enseigner ces thèmes

9La visite de lieux de mémoire est l’outil le plus utilisé par les enseignants (67,06 % soit 171/255) suivi de très près par la vision de documentaires (66,27 % soit 169/255). La lecture de témoignages est plébiscitée par plus de la moitié (57,65 % soit 147/255). Ensuite viennent les dossiers pédagogiques (50,20 % soit 128/255) et la visite d’expositions et/ou de musées (48,24 % soit 123/255).

Les différents supports

Les ressources en ligne

10Les ressources en ligne comme support pédagogique pour enseigner ou communiquées aux élèves pour approfondir le cours sont utilisées par la moitié des répondants (52,16 % soit 133/255). 88/133 enseignants ont précisé les ressources en lignes qu’ils utilisent.

11Les sites officiels tels que ceux des musées, des centres de recherches ou institutions travaillant sur la Mémoire sont utilisés par 26,14 % (soit 23/88), les témoignages oraux par 23,86 % (soit 21/88), YouTube par 20,45 % (soit 18/88).

La lecture d’ouvrages3

13Les enseignants de français (50 %), d’histoire (31 %) et de religion/morale (20 %) sont les plus susceptibles d’utiliser la lecture comme ressource pédagogique.

Le visionnage de documentaires

1451,37 % (soit 131/255) des enseignants ont visionné un documentaire avec leurs élèves.

15Apocalypse est le documentaire le plus utilisé en classe (17/131) au cours d’histoire (15/17) dans le deuxième (11/17) et troisième degré (11/17) de l’enseignement général (14/17).

16Il est suivi de Nuits et Brouillard (A. Resnais) (10/131) au cours de français (7/10) du troisième degré (9/10) de l’enseignement général (8/10), de Modus Operandi (8/131) au troisième degré de l’enseignement général (8/8) au cours de religion, morale, CPC (6/8).

Le visionnage de films de fiction

1747,45 % (soit 121/255) des enseignants ont visionné au moins un film en classe. Parmi les films utilisés comme support pédagogique, La liste de Schindler est visionnée par 13/121 enseignants au cours de français (6/13) dans le troisième degré (8/13) de l’enseignement général (11/13). Le pianiste est également visionné (13/121) au cours d’histoire (7/13) du troisième degré (12/13) de l’enseignement général (9/13). Le film La Rafle (12/121) est visionné majoritairement au cours de français (9/12) du deuxième degré (9/12) de l’enseignement général (9/12). Vient ensuite Simone et le voyage du siècle (10/121) visionné au cours d’histoire (7/10) dans le deuxième degré (9/10) de l’enseignement général (8/10), La vie est belle (10/121) au cours de religion/CPC (5/10) au deuxième degré (9/10) de l’enseignement général (6/10) et L’enfant au pyjama rayé (8/121) au cours de français (5/8) du premier degré (7/8) de l’enseignement général (7/8).

La venue d’un témoin

1836,08 % (soit 92/255) des enseignants ont invité un témoin en classe.

1939,03 % (soit 36/92) ont invité des témoins rescapés du camp de concentration d’Auschwitz.

2022,83 % (soit 21/92) sont des enfants cachés et 21,74 % (soit 20/92) des évadés lors de la déportation.

2114 répondants ayant répondu « oui » à la question n’ont pas précisé le vécu du témoin.

La visite d’expositions et/ou de musées

2273,73 % (188/255) des enseignants ont visité des expositions avec leurs élèves.

23L’exposition permanente de Breendonk est la plus visitée (72,34 % soit 136/255) suivie de celle de Kazerne Dossin (60,11 % soit 113/255) et l’exposition Plus jamais ça ! des Territoires de la Mémoire (33,51 % soit 63/255).

La visite d’expositions itinérantes

2416,86 % (soit 43/244) ont visité une exposition itinérante avec leurs classes.

25Les expositions les plus fréquentées sont les expositions des Territoires de la Mémoire (23,26 % soit 10/43) et les expositions organisées par Hainaut Mémoire (18,60 % soit 8/43).

Assister à une pièce de théâtre en rapport avec la thématique

26En ce qui concerne les pièces de théâtre, peu d’enseignants (12,16 % soit 31/225) y assistent avec leurs élèves.

La visite d’un lieu de mémoire

2766,27 % (soit 169/255) des répondants se sont déjà rendus avec leurs classes sur un lieu de mémoire. La grande majorité (93,49 % soit 158/169) des enseignants ont choisi d’aller au Fort et Mémorial de Breendonk. Plus de la moitié (66,86 % soit 113/169) se sont rendus au musée et mémorial Kaserne Dossin.

La participation à un voyage de mémoire

28Seulement 29,41 % (soit 75/255) des enseignants ont effectué un voyage de mémoire avec leurs classes.

29Parmi ces 75 enseignants, la moitié (38/75) a effectué un voyage de mémoire de 5 jours à Auschwitz, tandis que 7 d’entre eux (7/75) ont participé à un voyage de 3 jours au camps de Struthof, et 4/75 ont visité Prague également pendant 3 jours

Conclusion

30L’enquête a permis de recueillir des informations sur les différents supports utilisés par les enseignants. La visite de lieux de mémoire est l’outil le plus utilisé par les enseignants (67,06 % soit 171/255). Viennent ensuite les documentaires (51,37 %) et les films de fiction (47,45 %). Les premiers permettent aux élèves d’acquérir des connaissances sur la Shoah et de comprendre les événements historiques ainsi que le contexte qui ont conduit à ce génocide, tandis que les seconds peuvent être utilisés pour sensibiliser les élèves à la Shoah.

31La venue d’un témoin est une expérience très enrichissante pour les élèves. Elle leur permet d’écouter directement le témoignage d’une personne qui a été confrontée à la Shoah et de mieux en comprendre les conséquences. Cependant, il y a de moins en moins de témoins directs qui ont vécu l’Occupation et les déportations. L’utilisation de témoignages filmés permet de combler en partie leur inéluctable disparition, mais n’a pas la force d’une rencontre en direct. C’est pourquoi, les enseignants apprécient également la venue de témoins dits « de la deuxième génération » qui, même, s’ils n’ont pas vécu la guerre, peuvent en témoigner à travers le vécu de leurs parents.

32Les résultats de l’enquête montrent que les enseignants qui nous ont répondu utilisent une variété de supports et d’outils pédagogiques pour sensibiliser les élèves à ces thèmes complexes et leur permettre de développer leur esprit critique. En effet, 95,3 % des répondants pensent que les enseignants ont un rôle à jouer en tant que « passeur de mémoire ». Ils considèrent qu’ils sont ceux qui, dans la société actuelle, sont souvent les seuls amenés à transmettre cette mémoire. Cette question n’étant pas nécessairement abordée à la maison, ils se sentent investis de la mission d’informer les élèves pour que cela ne se reproduise pas. Pour de nombreux répondants, enseigner cette matière est essentiel et apparaît comme l’essence même de l’enseignement.

33Cependant, il faut relativiser les données obtenues concernant cet engagement et se montrer prudent quant à une extrapolation sur l’ensemble du corps enseignant. En effet, l’échantillon pris en compte dans cette enquête est constitué de professeurs déjà sensibilisés par le travail de mémoire.