1Les deux articles que nous publions dans ce module Stratégie reviennent sur deux thématiques qui nous tiennent à cœur de manière récurrente dans Terminal : à savoir, le rôle et la place des technologies de l’information dans les pays en développement d’une part, le logiciel libre et les communautés d’autre part.

2Le premier article de Georges Bertrand Tamokwe Piaptie, enseignant-chercheur en économie à l’université de Douala et au Crem (Centre de Recherche en Économie et Management) à l’université de Rennes I, porte son attention sur le potentiel d’activité et de croissance offert par le commerce électronique pour le développement des pays pauvres.

3La question posée par l’auteur est double et concerne à la fois la faisabilité, pour ces pays, de l’investissement dans ce type de commerce et les impacts économiques et sociaux que l’on peut attendre d’un tel investissement. Cette problématique suscite donc des interrogations qui se situent au croisement ou à la confrontation de problématiques d’infrastructures et de problématiques d’usages.

4La démarche de l’auteur est avant tout une démarche quantitative, fondée sur une analyse économétrique qui vise à tester, en s’appuyant sur l’expérience des pays industrialisés, si les usages liés au commerce électronique sur Internet peuvent ou non s’accommoder d’une moindre qualité de connexion telle qu’elle est généralement accessible dans les pays en développement.

5S’appuyant sur une réponse positive à cette première question, l’auteur s’interroge alors sur les opportunités pour ces pays d’investissement dans le e-commerce comme base d’un renforcement de l’efficacité transactionnelle, non seulement au niveau de la compétitivité internationale de ces économies, mais également en interne, entre les différentes régions et acteurs économiques nationaux.

6Le second article, qui est dû à Marie Coris, maître de conférence à l’université de Bordeaux IV, traite de la question de l’hybridation de la sphère des communautés du logiciel libre avec celle de la production marchande. L’article met en avant l’analyse des licences comme clef de la distinction entre les logiques sur lesquelles repose le fonctionnement de la communauté du libre d’une part, incarnée par la Free Software Foundation, et de celle de l’open source, d’autre part, née de l’Open Source Initiative en 1998.

7Les licences hybrides, qui combinent un ensemble de clauses issues du monde du libre et du monde propriétaire, respectivement, offrent à un grand nombre d’entreprises commerciales d’opter pour un positionnement intermédiaire qui permet une conciliation entre les deux mondes a priori opposés du Copyright et du Copyleft.

8Ces licences, combinées dans les pratiques de propriété intellectuelle de nombre de firmes révèlent en fin de compte des caractères complémentaires dont la meilleure illustration est sans doute celle de la coopération dans des consortiums ouverts, notamment ceux visant à la production d’un standard ouvert autour de Linux.

9On peut dès lors penser que c’est précisément l’explication des deux termes du compromis, à savoir la dimension ouverture et la dimension marchande, qui va pouvoir enfin réussir ce qu’un projet comme Posix avait en son temps échoué à faire valoir dans le monde Unix.