Bibliographie
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Weber Max, Économie et société I. Les catégories de la sociologie (1921), Paris, « Pocket », 1995.
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Notes
Rappelons que Weber définit l’action sociale comme étant toute action « qui, d’après son sens visé, […] se rapporte au comportement d’autrui, par rapport auquel s’oriente son déroulement ». Voir Weber Max, Économie et société : I. Les catégories de la sociologie (1921), Paris, « Pocket », 1995, p. 28.
On ne prétend pas proposer une approche exhaustive de la question mais plutôt contribuer à réhabiliter sociologiquement l’émotion.
On se place du point de vue de l’analyse sociologique de l’action sans perdre de vue que la vie affective peut être abordée par d’autres disciplines des sciences humaines et sociales selon différentes perspectives épistémologiques.
Ibid.
Rappelons qu’une action « significativement orientée » suppose selon Weber un sens visé : on agit en vue de.
Kalberg Stephen, « La sociologie des émotions de Max Weber », Revue du MAUSS, n° 40, 2012, p. 289 [souligné par nous].
Citons la théorie du choix rationnel (par exemple James Coleman), la sociologie analytique (par exemple en France Pierre Demeulenaere), la théorie de la rationalité ordinaire (Raymond Boudon), l’interactionnisme symbolique, l’ethnométhodologie.
Leroy Marie-Laure, « Jeremy Bentham ou la sympathie pour le plus grand nombre », Revue du MAUSS, n° 31, 2008, p. 122-136.
Crozier Michel, Friedberg Erhard, L’acteur et le système (1977), Paris, Seuil, « Points », 1981.
Crozier et Friedberg préfèrent utiliser le terme flou de « sentiment », qu’ils ne définissent d’ailleurs pas (le terme est absent de l’index des notions dans L’acteur et le système), plutôt que celui d’émotion ou d’affect pour désigner la composante affective, c’est-à-dire énoncée par les acteurs en termes affectifs, des relations de travail.
Ibid., p. 410 (souligné par nous).
Notons que cette formulation (« les sentiments des acteurs ne manquent pas d’exprimer… ») est reprise presque à l’identique dans la citation (voir supra) tirée de L’acteur et le système.
Crozier Michel, « Sentiments, organisations et systèmes », Revue française de sociologie, vol. 12, numéro spécial, 1971, p. 144 (souligné par nous).
Crozier Michel, Le Phénomène bureaucratique, Paris, Seuil, « Points », 1963.
La position de Crozier et Friedberg n’est pas si éloignée que celle de Bentham puisqu’elle annexe l’émotion au raisonnement conséquentialiste des acteurs, plus précisément à leur stratégie.
Bourdieu Pierre, Le Sens pratique, Paris, Éditions de Minuit, 1980.
Bourdieu Pierre, La Domination masculine, Paris, Seuil, 1998.
Bourdieu Pierre, « À propos de la famille comme catégorie réalisée », Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 100, décembre 1993, p. 32-36.
Voir notamment Bourdieu Pierre, La Misère du monde, Paris, Seuil, 1993 et Bourdieu Pierre, Méditations pascaliennes, Paris, Seuil, 1997.
Bourdieu Pierre, Méditations pascaliennes, op. cit., p. 203, souligné par l’auteur.
Pareto Vilfredo, Traité de sociologie générale, Lausanne et Paris, Payot, 1916.
Deonna Julien, Teroni Fabrice, Qu’est-ce qu’une émotion ?, Paris, Vrin, 2008.
Voir Hirschman Albert, Les passions et les intérêts (1977), Paris, PUF, 1980. Il montre comment, à partir de Montesquieu, la notion d’intérêt va servir à « moraliser » le jeu irrationnel et dangereux des passions. L’intérêt devient la passion compensatrice par excellence capable, parce qu’elle est prévisible, canalisable, calculable, de remédier aux ravages de l’honneur.
Fiske Susan T., Taylor Shelley E., Cognition sociale. Des neurones à la culture, Wavre (Belgique), Mardaga, 2011.
Ogien Albert, Les règles de la pratique sociologique, Paris, PUF, 2007.
Cette hypothèse élémentaire a été explorée par d’innombrables auteurs : citons tout le courant de l’interactionnisme symbolique, Alfred Schütz, Erving Goffman, Pierre Livet, etc.
Livet Pierre, « Le paradigme de l’incomplétude », in Ramognino Nicole et Vergès Pierre (dir.), Sociologie et cognition sociale, Marseille, Publications de l’Université de Provence, 2005, p. 179-194.
Lawler Edward J., Thye Shane R., Yoon Jeongkoo, Social Commitments in a Depersonalized World, New York, Russell Sage Foundation, 2009.
Pour une présentation du dilemme du prisonnier et des études qui lui sont consacrées, voir Eber Nicolas, Le Dilemme du prisonnier, Paris, La Découverte, « Repères », 2006.
Axelrod Robert, Comment réussir dans un monde d’égoïste. Théorie du comportement coopératif (1984), Paris, Odile Jacob, « Poches », 2006.
Lawler Edward J., Thye Shane R., Yoon Jeongkoo, op. cit.
Coleman James, Foundations of Social Theory, Cambridge (MA), Belknap Press of Harvard University Press, 1990.
L’inverse est vrai aussi : l’endogamie est rendue possible par la confiance mutuelle entre diamantaires. Il s’agit d’un processus circulaire dans lequel confiance et parenté s’alimentent mutuellement.
Au sens de Coleman, c’est-à-dire désignant les propriétés « structurales » d’un réseau favorisant pour les acteurs l’établissement des liens. Le capital social est une donnée extérieure, collective. On reviendra plus bas sur ce point qui montre bien l’origine externaliste des émotions.
Berthoz Alain, « La conscience du corps », in Berthoz Alain et Andrieu Bernard (dir.), Le Corps en acte. Centenaire Maurice Merleau Ponty, Presses universitaires de Nancy, 2010, p. 9-22.
James William, La Théorie de l’émotion (1884), Paris, Alcan, 1902.
Deonna Julien, Teroni Fabrice, Qu’est-ce qu’une émotion ?, op. cit., p. 58.
Du nom de Conrad Lange qui a élaboré à peu près au même moment une thèse similaire à celle de William James. Voir Fiske Susan T., Taylor Shelley E., op. cit., p. 366.
Damasio Antonio, L’Erreur de Descartes. La raison des émotions, Paris, Odile Jacob, 1995.
Selon James-Lange, on a peur parce qu’on tremble et qu’on s’enfuit, et non l’inverse.
Fiske Susan T., Taylor Shelley E., Cognition sociale, op. cit., p. 413.
Merleau-Ponty Maurice, Phénoménologie de la perception, Paris, Gallimard, 1945, cité par Pecqueux Antoine, « Les affordances des événements : des sons aux événements urbains », Communications, n° 90, 2012, p. 217.
Le Breton David, « Sociologie des émotions : critique de la raison darwinienne », Recherches sociologiques, vol. 29, n° 1, 1998, p. 51.
Le Breton David, « Les émotions dans la vie quotidienne : approche critique de Klaus Scherer », Informations sur les sciences sociales, vol. 43, n° 4, 2004, p. 626.
Berthoz Alain et Andrieu Bernard (dir.), Le Corps en acte, op. cit.
Damasio Antonio, L’Erreur de Descartes. La raison des émotions, Paris, Odile Jacob, 1995, p. 284.
Les jeux de balle (lancers et réceptions) ou encore l’activité du dribbler au football illustrent cette coordination par corps qui semble quasi-instantanée. Voir Pacherie Elisabeth, « La dynamique des intentions », Dialogue, vol. 42, n° 3, 2003, p. 447-480.
« Presque toujours » parce qu’il existe aussi des dispositions affectives ou des humeurs qui ne sont pas dirigées vers des objets particuliers.
Deonna Julien, Teroni Fabrice, qu’est-ce qu’une émotion?, op. cit.
Ebbersmeyer Sabrina, « Conduire ou séduire la raison ? Réflexions sur l’ambivalence des émotions à partir de la Rhétorique d’Aristote », Revue de métaphysique et de morale, n° 66, 2010, p. 233-248.
Commentant Aristote, Ebbersmeyer écrit : « Une émotion est plus complexe qu’une sensation de plaisir ou de peine, puisqu’à l’émotion sont liées certaines conditions cognitives et sociales. Pour qu’une certaine émotion soit déclenchée, il est nécessaire de se trouver devant une certaine situation spécifique qui est évaluée d’une certaine manière et dans laquelle la relation aux autres est centrale. C’est-à-dire que les émotions présupposent aussi bien des évaluations cognitives et des convictions que des relations sociales à d’autres hommes » (Ibid., p. 240).
Je dois cette remarque à Maks Banens que je remercie.
Il va sans dire que cette détermination sensible n’est pas le seul facteur des croisades morales consistant à retourner le stigmate dont la pratique déviante fait l’objet. Il faut aussi des alliances et des appuis sociaux pour mettre sur pied une mobilisation collective.
Cette analyse trouve un écho wébérien. Elle suggère en effet qu’il peut exister une porosité entre « action affectuelle » et « action rationnelle en valeur ». Les entrepreneurs de morale sont des « experts » de la conversion des émotions en normes.
Elster Jon, Le désintéressement. Traité critique de l’homme économique, Paris, Seuil, 2008.
Le qualificatif « négatif » (ou son inverse, « positif ») ne doit pas être entendu dans un sens normatif mais relatif à la valence de l’émotion et à ses effets sur l’action. Est négative une émotion pénible ou douloureuse qui a pour effet d’empêcher d’agir. Est positive l’émotion plaisante ou agréable qui invite à agir pour la satisfaire. La première est rétention, la seconde est relâchement.
Nous revenons sur ces notions plus bas.
Durkheim Émile, Les Formes élémentaires de la vie religieuse (1912), Paris, PUF, « Quadrige », 1990, p. 567.
Ibid., p. 572.
Déchaux Jean-Hugues, « Neutraliser l’effroi. Vers un nouveau régime de deuil », in Lenoir Frédéric et de Tonnac Jean-Philippe (dir.), La Mort et l’immortalité. Encyclopédie des savoirs et des croyances, Paris, Bayard, 2004, p. 1154-1171. On se détache ici, en s’inspirant de la distinction entre « forme » et « contenu » empruntée à Georg Simmel, d’une vision « sociologiste » qui réduit intégralement l’être humain à une construction sociale et historique.
Comprendre « mise en forme » et non détermination.
Goody Jack, La Famille en Europe, Paris, Seuil, 2001.
Déchaux Jean-Hugues, « Rousseau et la médiation symbolique entre les hommes. Contribution à un individualisme structurel », Sociologie, vol. 1, n° 2, 2010, p. 273-286.
Searle John, La Construction de la réalité sociale (1995), Paris, Gallimard, 1998.
Selon Searle (ibid.), les « règles constitutives » ne se contentent pas de réguler des actions qui leur préexistent (ce que font les « règles régulatives »), elles en créent la possibilité, elles les définissent.
On peut ranger la confiance dans la catégorie des « sentiments » ; voir supra.
Luhmann Niklas, La Confiance. Un mécanisme de réduction de la complexité sociale (1968), Paris, Economica, 2006.
Ibid., p. 105.
Eber Nicolas, Le Dilemme du prisonnier, op. cit..
Dans un DP à plusieurs manches, la stratégie donnant-donnant consiste à coopérer au premier coup, puis à répéter le coup précédent de l’autre joueur : si mon partenaire a coopéré au coup précédent, je coopère ; s’il a fait défection, je fais aussi défection. Axelrod a démontré que c’était la stratégie la plus rationnelle. Voir Axelrod Robert, Comment réussir dans un monde d’égoïste, op. cit.
Luhmann Niklas, La Confiance, op. cit.
La distinction empruntée à Luhmann est de degré : dans les faits, la confiance accordée personnellement est souvent rendue possible par une configuration plus large qui postule l’existence d’une communauté de confiance. Par exemple, la confiance entre parents est une sorte de moyen terme entre les deux types.
Elias Norbert, Qu’est-ce que la sociologie ? (1981), Paris, « Pocket », 1993.
Voir supra.
Lawler Edward J., Thye Shane R., Yoon Jeongkoo, Social Commitments in a Depersonalized World, op. cit.
On rejoint ici l’insistance de Crozier et Friedberg sur le caractère concret du système d’action à la fois cause et conséquence des stratégies des acteurs.
Coleman James, Foundations of Social Theory, op. cit.
Ponthieux Sophie, Le Capital social, Paris, La Découverte, « Repères », 2006.
Voir supra, paragraphe 1, point 2.
Déchaux Jean-Hugues, « Agir en situation : effets de disposition et effets de cadrage », Revue française de sociologie, vol. 51, n° 4, 2010, p. 721-747.
Deonna Julien, Teroni Fabrice, Qu’est-ce qu’une émotion?, op. cit.
Hochschild Arlie R., « Travail émotionnel, règles de sentiments et structure sociale », Travailler, n° 9, 2003, p. 38. La version originale date de 1979 : « Emotion Work, Feeling Rules, and Social Structure », American Journal of Sociology, vol. 85, n° 3, 1979, p. 551-575.
Comme le précise Hoschchild dans l’article précité, ce travail peut réussir comme échouer. Le fait qu’il y a travail des acteurs montre que l’influence exercée par la grammaire affective n’est pas de type matériel mais idéel ou épistémique.
Origgi Gloria, Qu’est-ce que la confiance ?, Paris, Vrin, 2008.
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