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Informations

Expositions temporaires du Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme (MAHJ), Paris

p. 156-158

Expositions au MAHJ
Hôtel de Saint-Aignan
71 rue du Temple, 75 003, Paris

« René Goscinny. Au-delà du rire »

Du 27 septembre 2017 au 4 mars 2018, et quarante ans après la disparition de René Goscinny, le MAHJ, en partenariat avec l’Institut René Goscinny, expose de nombreuses planches originales des bandes dessinées auxquelles le père, avec d’autres, d’Astérix (sans compter Oumpah‑Pah, Lucky Luke et autre Iznogoud) a collaboré et du journal Pilote qui lança plusieurs de ces héros vaillants et facétieux, sans oublier les pages du Petit Nicolas.

Selon le livret de l’exposition, 500 millions de livres et d’albums ont été vendus dans le monde, une œuvre qui a été traduite dans 150 langues et connut des adaptations au cinéma.

Pourquoi le MAHJ s’intéressa-t-il à Goscinny qui, dans aucun de ses ouvrages ne fait allusion au judaïsme en général et à ses origines juives plus particulièrement ? En fait, comme le montrent les commissaires de l’exposition (Anne Hélène Hoog, Virginie Michel, Aymar du Chatenet et Didier Pasamonik), dans une première partie biographique, la famille Goscinny illustre le parcours de nombreuses familles venues en France en provenance d’Europe centrale, au début du xxe siècle.

Les grands-parents de René Goscinny étaient originaires d’Europe centrale. Côté paternel, son père, un chimiste polonais, s’installa en France immédiatement après la Première Guerre mondiale. Côté maternel, ses grands-parents venus d’Ukraine en 1912, ont ouvert une imprimerie qui se spécialisa dans l’édition d’ouvrages en yiddish et en russe. Le jeune René naquit en 1926 à Paris mais rapidement il quitta la France car son père avait trouvé une activité en tant que chimiste à Buenos Aires, en Argentine. Les enfants Goscinny, deux garçons, fréquentèrent l’école et le lycée français, si bien que l’adolescent René fit ses premières armes d’humoriste dans un journal de classe, en français, langue qui fut celle de son éducation. Ses parents exprimaient ainsi leur attachement à un pays où ils n’étaient pas nés mais qui les avait accueillis en tant qu’immigrés.

Cette installation outre atlantique fut salutaire pour René Goscinny, ses parents et son frère. Toutefois il n’en fut pas de même pour les oncles et tantes du jeune René qui étaient restés en France et recevaient des colis de leur famille d’Argentine mais ils n’échappèrent pas aux rafles et à la déportation. En décembre 1943, alors que René n’avait que 17 ans, son père décéda. Il dut renoncer à des études et trouver une activité professionnelle.

En 1945, sa mère s’établit à New‑York où René l’accompagna et en 1946 il dut accomplir son service militaire aux USA. C’est alors que René Goscinny manifesta sa grande fidélité à la France malgré le gouvernement de Vichy qui venait de se rendre responsable de la disparition d’une partie des siens. En effet, il préféra accomplir son devoir militaire en France, pays où il avait vécu ses deux premières années seulement mais dont il maîtrisait parfaitement la langue et dans laquelle il écrivait déjà. Après son service dans l’armée française, il s’établit en France.

Commença alors sa carrière de scénariste de bandes dessinées, récits, films etc., non sans difficultés à ses débuts durant lesquels il bénéficia de l’aide financière de sa mère. L’œuvre de ce fils d’immigrés juifs et lui‑même expatrié en Argentine dès son plus jeune âge est devenue universelle tout en enrichissant le patrimoine culturel français. C’est en français qu’il sort ses calembours, ses parodies, ses caricatures de nombreux peuples européens : les Gaulois et ces fous de Romains bien sûr mais aussi les Belges, les Goths, les Bretons, les Ibères, les Hellènes, et même au‑delà de l’Europe avec les Numides et les Égyptiens et avec les cow‑boys du Far West.

Sa disparition prématurée en novembre 1977 a privé ses lecteurs de nouvelles aventures même si des successeurs se sont risqués à prolonger sa verve. Mais René Goscinny fait partie de ces nombreux juifs qui vécurent de l’humour.

C’est bien « au‑delà du rire » que nous convie cette exposition qui évoque le parcours familial de René Goscinny.

Jusqu’au 7 mars 2018, la Cinémathèque de Paris prolonge cette exposition sur le thème : « Goscinny et le cinéma. Astérix, Lucky Luke & Cie ».

« Héritage inespéré, une découverte archéologique en Alsace »

Il reste peu de temps pour admirer cette belle exposition puisqu’elle se terminera le 27 janvier 2018. Les objets exposés dans de petites salles, hélas, parchemins, livres imprimés, mappot (tissus servant à la circoncision, brodés par la suite), mezouzot (boîtiers contenant un petit parchemin avec des versets bibliques et apposés au montant des portes), tefillin (phylactères), talit katan (châle de prière porté sous les vêtements) etc. proviennent de la genizah découverte tout à fait par hasard lors de travaux de réfection de la synagogue de la petite ville de Dambach dans le Bas‑Rhin.

Une genizah est un dépôt d’objets sur lesquels est écrit le nom de Dieu mais aussi d’objets de culte servant aux communautés juives. Il est interdit de détruire le nom de Dieu alors parchemins, manuscrits, livres et autres objets s’amoncellent des siècles durant et finissent par être oubliés. Fort heureusement, Dambach étant une modeste ville, sa synagogue fut épargnée par les destructions antisémites de la Seconde Guerre mondiale car ses combles recelaient ces trésors.

On peut s’émerveiller devant des parchemins du xve siècle, des livres remontant aux débuts de l’imprimerie au xvie siècle et différents objets appartenant aux xviie, xviiie et xixe siècles.

Il faut être reconnaissant envers Claire Decomps, conservatrice en chef du patrimoine au service de l’inventaire général du patrimoine culturel de la région Grand Est et commissaire de l’exposition, d’avoir reconnu rapidement l’inestimable valeur de ces centaines d’objets alors que les ouvriers s’apprêtaient à les envoyer à la benne !

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