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  • 1 Hervé Théry, « Cancún, un complexe touristique créé ex nihilo », Confins n° 32, 2018, http://journa (...)

1Un géographe ne se promène jamais : il « fait du terrain », « analyse des paysages », « recueille des observations », « échange avec les habitants », « mène une reconnaissance »… Et même quand en apparence il est en vacances il arrive qu'il rapporte de son voyage les éléments d'un article, ou du moins d'une courte note, comme je l’ai fait dans la rubrique »images commentées » de la revue Confins1.

2À la fin d’un bref séjour de recherche au Mexique, j’avais profité de l’offre faite par la compagnie aérienne de passer quelques jours à Cancún, bien décidé à prendre quelques jours de repos complet dans un hôtel avec la formule « all inclusive » (tout repas et loisirs inclus). Toutefois, après un jour et demi de découverte de cette formule je m’en suis lassé et j’ai décidé que, contrairement à ce que faisaient la plupart des hôtes de l’hôtel, j’allais sortir un peu pour voir de quoi avait l’air cette ville.

3Je n’ai pas été déçu, alors que lors d’un premier séjour (en 1973 ; alors que j’étais un étudiant voyageant sac à dos et avec un budget minuscule), il n’y avait là qu’un embarcadère vers Isla Mujeres (une petite île avec de modestes hôtels un prix tout à fait raisonnable), la ville avait en 2020 934 189 habitants, selon le site du gouvernement mexicain en augmentation de 37,9 % par rapport à 2010. Construite dans les années 1970 sur le littoral alors presque désert du Yucatán, elle est devenue en cinquante ans un des hauts lieux mondiaux du tourisme de masse, 6 millions et demi de touristes internationaux sont déjà arrivés à son aéroport en 2022, soit 66,9 % de plus qu'à la même période en 2021. Son parc hôtelier était en septembre 2017 de 33 430 chambres, occupées à 64,5%, la période du Covid lui a évidemment fait beaucoup de tort, mais aujourd’hui l’arrivée des touristes a repris de plus belle.

4Quelques photos prises à cette occasion (un géographe digne de ce nom ne voyage jamais son appareil photo) permettent de donner une idée du paysage créé pour recevoir ce flot de touristes, du modèle de référence qui a été choisi et des quelques efforts qui ont été faits pour rappeler aux touristes qu’ils sont tout de même au Mexique.

Figure 1 : Le paysage de Cancún

Figure 1 : Le paysage de Cancún

Figure 2 : Le modèle de référence

Figure 2 : Le modèle de référence

Figure 3 : Mexicanité résiduelle et exotisme breton

Figure 3 : Mexicanité résiduelle et exotisme breton

5Un développement important de la station est envisagé au long des 131 kilomètres du corridor touristique Cancún-Tulúm, connu sous le nom de « Riviera Maya ». Le nom choisi pour désigner cet axe est révélateur des stratégies de communications mises en œuvre : se rattacher d'une part aux grands succès mondiaux du tourisme mondial, la Riviera italienne et à son prolongement français, la Côte d'Azur. Mais aussi au passé d'une des grandes civilisations précolombiennes du Mexique, même si peu de visiteurs se donnent la peine d'aller visiter les sites mayas, pourtant tout proches, de Tulum et Chichen Itza.

6On notera toutefois que ce choix peut être de mauvais augure quand on sait la fin tragique de cette grande civilisation, victime d'une crise écologique majeure, quand sa densité de peuplement dépassa les capacités de support offertes par les faibles ressources en eau du plateau karstique du Yucatán. La question se pose déjà à Cancún, ainsi que celle des problèmes de pollution causés par la production de quelque 750 tonnes d'ordures par jour. En outre, une autre menace pourrait affecter l'avenir de Cancún, la violence liée à la drogue qui a causé la mort de plus de 23 000 personnes en 2017, dont plus de 200 à Cancún.

7Au terme, de la « recherche », menée en parallèle de ce qui aurait dû être des vacances, je crois donc pouvoir conclure que malgré les brillants succès de cette station au rayonnement mondial créée ex nihilo, et malgré la volonté clairement affichée d'en faire un monde à part, une enclave auto-suffisante loin des bruits et des dangers du monde, Cancún est donc bien au Mexique…

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Notes

1 Hervé Théry, « Cancún, un complexe touristique créé ex nihilo », Confins n° 32, 2018, http://journals.openedition.org/confins/14719 , DOI : https://doi.org/10.4000/confins.14719

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Table des illustrations

Titre Figure 1 : Le paysage de Cancún
URL http://journals.openedition.org/viatourism/docannexe/image/9238/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 720k
Titre Figure 2 : Le modèle de référence
URL http://journals.openedition.org/viatourism/docannexe/image/9238/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 4,8M
Titre Figure 3 : Mexicanité résiduelle et exotisme breton
URL http://journals.openedition.org/viatourism/docannexe/image/9238/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 1,0M
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Pour citer cet article

Référence électronique

Hervé Thery, « Hervé Thery : Vacances, quelles vacances ? », Via [En ligne], 22 | 2022, mis en ligne le 12 décembre 2022, consulté le 18 avril 2024. URL : http://journals.openedition.org/viatourism/9238 ; DOI : https://doi.org/10.4000/viatourism.9238

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Auteur

Hervé Thery

Université de São Paulo

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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