L’indie est un genre de musique populaire qui, au cours des années 1990, s’est répandu bien au-delà de son premier public d’étudiants et de jeunes issus de la classe moyenne (inférieure). Il s’agissait originellement d’un phénomène britannique souvent rattaché à la catégorie « rock alternatif » aux États-Unis et ailleurs dans le monde. La façon dont le terme a été adopté et utilisé dans les années 1980 comme abréviation d’indépendant (comme dans label indépendant) est très significative. Jusque-là, aucun genre de musique ne devait son nom à la forme d’organisation industrielle dont il procédait. Car la supériorité proclamée de l’indie sur les autres genres se justifiait non seulement par sa plus grande pertinence ou son authenticité aux yeux des jeunes qui le produisaient et le consommaient (dans la lignée des valeurs portées par le rock), mais également par les nouvelles relations entre créativité et commerce sur lesquelles le genre se fondait. Pendant l’âge d’or du rock et de la s...
Indie : politique et esthétique organisationnelles d’un genre de musique populaire
Résumés
Cet article s’intéresse aux relations complexes entre politiques organisationnelles et esthétique dans les formes contestataires de culture populaire. L’indie est un genre contemporain dont les racines s’inscrivent dans la remise en cause par le punk de l’industrie des musiques populaires. Mais au cours des années 1990, ce genre s’est fondu dans la pop mainstream britannique. L’article étudiera le cas de deux « indépendants » importants, Creation et One Little Indian, dont il analysera les pratiques organisationnelles et esthétiques afin d’aborder deux questions étroitement liées. Premièrement, quelles sont les forces qui poussent les maisons de disques indépendantes « alternatives » vers des pratiques de professionnalisation et de partenariat/collaboration avec les grandes maisons de disques ? Deuxièmement, quelles sont les conséquences, d’un point de vue organisationnel, politique et esthétique de cette professionnalisation et de ces partenariats ? En réponse à la première question, l’article soutient que cette pression à se professionnaliser et à nouer des partenariats ne peut pas être comprise uniquement comme un abandon des positions idéalistes défendues auparavant (qui ferait de ces acteurs des « vendus ») et que les accords avec des majors ne sont pas nécessairement, en tant que tels, des sources de compromission esthétique. Face à la seconde question, l’article affirme que la collaboration avec les grandes maisons de disque suppose certes, de la part des maisons de disques indépendantes alternatives, un renoncement à une forme d’autonomie ; mais que les points de vue attribuant des conséquences néfastes sur le plan esthétique à de tels arrangements problématiques entre entités commerciales sont également biaisés.
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Mots clés :
industrie du disque / musicale, DIY / autoproduction / auto-organisation, travail / profession / carrière / salariat, underground / alternative, mainstream / commerce / marchandisation, capitalisme, normes / autonomie / hétéronomie, label / maison de disques, intermédiaires / médiateursKeywords:
music / recording industry, DIY / self-production / self-organization, work / profession / career / wage labor, underground / alternative, mainstream / commercialism / commodification, capitalism, norms / autonomy / heteronomy, label / music company, intermediaries / mediatorsGenre musical :
punk / hardcore punk, indie / alternative rock / shoegaze, new / no / cold wave / post rock / post punkNotes de la rédaction
Traduction partielle de David Hesmondhalgh, « Indie: the Institutional Politics and Aesthetics of a Popular Music Genre », Cultural Studies, vol. 13, no 1, 1999, p. 34-61, doi : https://doi.org/10.1080/095023899335365.
Ce texte est accompagné d’une postface inédite de l’auteur, qui revient à trente ans de distance sur l’évolution des phénomènes étudiés, ainsi que d’une réflexion de Gérôme Guibert sur sa fertilité pour penser la situation de l’indie en France, à la même époque.
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Texte intégral disponible via abonnement/accès payant sur le portail Cairn. Le texte intégral en libre accès sera disponible à cette adresse en janvier 2027.
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Référence papier
David Hesmondhalgh, « Indie : politique et esthétique organisationnelles d’un genre de musique populaire », Volume !, 21 : 1-2 | 2024, 191-214.
Référence électronique
David Hesmondhalgh, « Indie : politique et esthétique organisationnelles d’un genre de musique populaire », Volume ! [En ligne], 21 : 1-2 | 2024, mis en ligne le 02 janvier 2027, consulté le 14 janvier 2025. URL : http://journals.openedition.org/volume/12734 ; DOI : https://doi.org/10.4000/12vkj
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