1Volume ! est né en 2002 comme une revue indépendante ayant émergé du magma de l’underground DIY, fondé par un trio constitué de Samuel Étienne, Gérôme Guibert et Marie-Pierre Bonniol, qui étaient impliqué·e·s, chacun·e de son côté, dans le monde des fanzines. Ils étaient aussi étudiant·e·s de troisième cycle en sciences humaines et apprenti·e·s chercheur·e·s. D’où l’idée naïve, un peu folle ou téméraire, de monter une revue de recherche qui traiterait des musiques dont personnes (ou si peu) ne parlait alors à l’université ou au CNRS (ni même dans la presse « sérieuse ») : le punk, le reggae, l’indie pop, le heavy metal, le rap ou la techno, et même le R‘n’B, la varièt’ ou la tektonik. Le projet rejoignait ce que la recherche anglophone, avec qui ils allaient bientôt entrer en relation, appelle les popular music studies (via des revues interdisciplinaires telles que Popular Music ou Popular Music and Society, IASPM Journal ou encore Popular Music History). Ce sera donc, après quelques essais, Volume ! « Musiques actuelles et problématiques plastiques » puis, plus sobrement, « la revue des musiques populaires ».

2Le projet était risqué par son objet, fréquemment déqualifié comme « mineur », « inutile » ou « populiste ». Si le manifeste était là, le projet était également inhabituel par sa forme : l’usage était (et est encore) que les revues de recherche émanent de collectifs certes, mais constitués de chercheurs confirmés, professionnel·le·s titulaires – ou pour le moins détenteurs ou détentrices d’un doctorat. Mais la demande sociale était forte, les étudiant·e·s et autres curieux mélomanes poussaient au portillon, et dès les premiers numéros, la revue eut un impact important, ses articles étant cités, et les auteurs potentiels soumettant des articles. Les chercheurs en poste, maîtres de conférences, professeur·e·s, chargé·e·s de recherche et directeur·ice·s de recherche CNRS acceptant volontiers une place dans le comité scientifique. C’est aujourd’hui près de 1000 chercheur·e·s internationaux qui ont relu et évalué au moins un texte soumis à Volume ! (la revue publiant majoritairement en français mais aussi en anglais). Et plusieurs étudiant·e·s en thèses sur le sujet furent motivé·e·s au cours de ces 20 années pour rejoindre l’équipe, confirmer la pluralité des approches en cultural studies, bien souvent établir une nouvelle impulsion, et parfois sauver la revue d’un épuisement à venir. Le parcours était long et semé d’embuches, mais les institutions les plus prestigieuses ont tendu la main à la revue pour certains numéros et l’ont soutenue pour des aides annuelles (CNL, CNRS, EHESS, Philharmonie de Paris, Labex et laboratoires de recherches d’universités, dont, régulièrement depuis plusieurs années, l’IRMÉCCEN de la Sorbonne Nouvelle et l’université Rennes 2).

3Certes, Volume ! peut être considéré comme une revue de spécialistes, parfois aride puisqu’elle publie le résultat de recherches sous forme d’articles qui proposent les résultats d’enquêtes ou d’analyses précises sur des sujets souvent techniques… mais ces sujets sont fréquemment aussi ceux du moment, animant des débats passionnés dans les médias, entre amis, sur les bancs de l’Université ou dans les bars. Volume ! a joué et joue encore ainsi comme une balise pour les passionnés de musique, ses articles complétant d’autres types d’écrits et de formes médiatiques. Par ailleurs, outre les articles et la rigueur de travail qu’ils nécessitent, Volume ! garde le souci d’un projet éditorial, l’âme des médias passionnés et concernés qui cherchent à embarquer le lecteur. La revue propose depuis ses débuts des notes de lecture sur les nouveautés en popular music studies, et des tribunes ouvertes vers la sphère publique (entretiens, opinions). Les membres du comité de rédaction et adhérents de l’association élaborent aussi, au moins pour la sortie des numéros, des évènements (sous forme de conférences, de débats et/ou de concerts).

Figure 1 : Vue de l’ensemble de la collection de la revue Volume ! et ses dos carrés

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4D’abord disponible, dès 2002, sous format papier tirée à 300 exemplaires, alors diffusée par l’IRMA (le Centre d’information et de recherche sur les musiques actuelles, un organisme professionnel soutenu par l’État, qui a désormais intégré le CNM), la revue entre sur les portails numériques à compter de 2011. Depuis lors, elle fait partie du club fermé des revues disponibles à la fois sur Cairn.Info et OpenEdition, les deux plateformes francophones les plus prestigieuses de la recherche en sciences humaines – pour qui elle apparaît dans le peloton de tête des revues de recherche les plus fréquentées. Mais ne lâchant rien sur le format physique, diffusé en librairie par les presses du réel depuis 2012, elle trouve acquéreur (parfois sur la durée, parfois plus brusquement) de ses 300 exemplaires physiques (qui accueillent en exclusivité depuis 2010 un plasticien, un illustrateur ou un curateur par numéro en lien avec le dossier – uniquement disponible sur papier).

Figure 2 : Couverture du fanzine publié à l’occasion de la soirée anniversaire des 20 ans de la revue au Bar à bulles (Paris 18^e) en 2022

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