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AccueilTous les numéros22 : 1DossierLe music-hall : paradoxes et pers...Un music-hall rouge ?

Dossier
Le music-hall : paradoxes et perspectives

Un music-hall rouge ?

Le dispositif musical communiste et l’industrie du spectacle, entre Jdanov et Montand (1945-1958)
A Red Music Hall? The Communist Musical Apparatus and Show Business, From Zhdanov to Montand (1945-1958)
Jedediah Sklower
p. 119-136

Résumés

Cet article s’intéresse aux rapports du Parti communiste français au music-hall, entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et l’année 1958, une période paradoxalement marquée à la fois par la permanence de la politique d’ouverture culturelle entamée dans les années 1930 et par les échos de la guerre froide dans son dispositif musical. Le mouvement communiste promeut le chant choral ainsi que de grandes fresques musicales et théâtrales composées et écrites par des compagnons de route, incarnant une esthétique, des thèmes, un musiquer conformes à sa doctrine et à sa propagande, et opposées tant au « formalisme » et au « cosmopolitisme sans attaches » de la « musique bourgeoise » qu’aux variétés produites par une industrie musicale florissante. Il poursuit également son soutien à des vedettes de la chanson et du music-hall, dont la figure la plus représentative et populaire est le compagnon de route Yves Montand. L’histoire des liens de la vedette avec le phénomène communiste, du compagnonnage à la rupture de 1958, ainsi que l’échec de sa stratégie contre-culturelle, sont révélateurs de la crise tant politique que culturelle que traverse le parti dans la seconde moitié des années 1950 – le prélude à son aggiornamento culturel.

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Extrait du texte

Cairn

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Plan

Jdanov vs le music-hall ?
La guerre froide musicale et l’enrôlement des artistes de parti
Un musiquer rouge
Une antithèse du music-hall ?
L’entrisme rouge au music-hall
Le tournant du milieu des années 1950
Une économie politique du music-hall
L’amusie rouge
Montand, l’idole du poulailler
Une « indiscipline à la vertu révolutionnaire »
Conclusion : les deux versants de l’aggiornamento musical

Aperçu du texte

« Music-hall rouge » : oxymore ? Le terme anglais renvoie au tropisme anglo-américain là où, bien sûr, le Parti communiste français (PCF) porte ses espoirs vers l’Est. Comme lieu et forme de spectacle, le music-hall symbolise l’industrialisation et la marchandisation des loisirs populaires ; longtemps, dans le discours communiste officiel (comme ailleurs : socialistes, catholiques, etc.), il est considéré comme un dévoiement du temps libre qui, pour être digne, doit être encadré, utile, voire émancipateur (Richez et Strauss, 1995 : 513). Exacerbées, les caractéristiques de ces spectacles – que l’on se penche sur leur contenu (apolitisme, exotisme, américanisme), leur forme (sophistication, éclectisme, primat du visuel), ou leur organisation (technicisation, rationalisation) (Klein, 1985 : 41-44 ; Guibert, 2006 : 75-80) – sont diamétralement opposées à la politique de la culture rouge. Dans le Paris des Ann...

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Pour citer cet article

Référence papier

Jedediah Sklower, « Un music-hall rouge ? »Volume !, 22 : 1 | 2025, 119-136.

Référence électronique

Jedediah Sklower, « Un music-hall rouge ? »Volume ! [En ligne], 22 : 1 | 2025, mis en ligne le 01 janvier 2028, consulté le 18 juin 2025. URL : http://journals.openedition.org/volume/13347 ; DOI : https://doi.org/10.4000/140ps

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Auteur

Jedediah Sklower

Jedediah Sklower est actuellement postdoctorant au sein du LabEx ICCA, où il travaille sur les pratiques écologiques des lieux culturels alternatifs, sous la direction de Fabrice Rochelandet. Sa thèse (Le Gouvernement des sens. Militantisme jeune communiste, médias et musiques populaires en France [1955-1981]) portait sur l’histoire des rapports entre la Jeunesse communiste et les musiques populaires, des années 1950 aux années 1980. Il a publié Free jazz, la catastrophe féconde (L’Harmattan, 2006), co-dirigé Countercultures and Popular Music (avec Sheila Whiteley, Routledge, 2014) et Politiques des musiques populaires au  siècle (avec Elsa Grassy, Mélanie Seteun, 2016), et a notamment traduit Musiquer de Christopher Small (Philharmonie de Paris, 2019) et Guerre sonore de Steve Goodman (Audimat/Sans Soleil, 2023). Il est membre depuis 2008 du comité de rédaction de Volume !
https://cv.hal.science/jedediahsklower

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